ft @clarke

La soirée avançait et n'ayant toujours pas sommeil, j'avais décidé de me rendre au cinéma. Bon, le cinéma n'est toujours pas mon loisir préféré mais ça passe le temps, ça me divertie durant une période suffisamment longue. Oui, pouvoir occupé quatre-vingt-dix minutes de mon temps, c'est toujours bien. Entrant dans la salle, je constate que l'écran est déjà allumé, qu'un film est déjà entamé. Bien, me glissant à travers les allées de sièges, je cherche à repérer celui qui occupe la salle et c'est avec une certaine satisfaction que je me rends compte qu'il s'agit de Clarke. Nous n'avons pas eu la chance de discuter depuis longtemps et je considère ce moment comme une chance à saisir. Sans attendre, je me glisse à ses côtés, le gratifiant d'un large sourire. «J'espère que je peux me joindre à toi.» Je murmure, pour ne pas le faire sursauter et surtout, pour ne pas le couper entièrement du film qu'il est occupé de visionner. La question, c'est surtout pour la forme puisqu'en réalité, je viens déjà de m'installer dans le siège à côté du sien. «Ca fait tellement longtemps que l'on ne s'est plus retrouvés pour discuter, encore un peu et je pourrais croire que tu m'évites» Bien entendu, ce sont des taquineries. Je ne pense pas avoir fait quelque chose qui pousserait mon camarade à me fuir. «C'est quoi ton film ?» Comme je n'ai aucune idée sur la question, je préfère le lui demander. Il connait peut-être des belles choses à visionner.

Ce soir là, j'avais choisi de m'isoler un petit peu, et c'était en passant la porte du cinéma que j'avais trouvé mon refuge. Parfois, c'était bien oppressant d'être entouré de beaucoup trop de monde, surtout pour un garçon comme moi qui n'était simplement pas habitué aux foules, pire, qui les fuyait. Aussi un peu anxieux, j'avais dégainé mon livre, peu enclin à suivre le film qui était entrain de tourner, je décidais même d'en faire totalement abstraction. J'avais trouvé le bouquin sur un coin de table, et me disant que quelqu'un avait du le terminer du à l'absence de marque pages, j'avais choisi de l'embarquer avec moi. Il parlait de la vie et de la mort d'une jeune mannequin, la difficulté de ce business là, l'envers du décor si je puis dire. Je savais que je n'aurais pour ma part pas pu vivre une vie comme celle ci, les projecteurs ne m'ayant jamais fait envie. Je me disais que c'était mieux, oui, ma place, elle était mieux. Pourtant je me retrouvais ici, avec ces milliers de paires d'yeux qui m'observaient chaque jour. C'était perturbant, mais je ne réalisais pas bien, non. Peut-être que le choc de l'extérieur serait brutal, certainement même. C'est lorsque je remarquais des mouvements à mes côtés que ma bulle se fissura, y laissant entrer Mackenzi qui semblait particulièrement heureuse d'être tombée sur moi... Ou d'assister au visionnage de ce film, mais je préférais la première option. « Désolé, si c'est le cas, ça n'est pas volontaire. » il était tellement compliqué de rester en contact avec plus de vingt personnes à la fois, surtout pour un garçon aussi discret que moi. « A vrai dire, j'en ai tout bonnement aucune idée, je me suis dit qu'ici il y aurait moins de bruit. Mais il n'a pas l'air franchement intéressant. » du moins c'était ce que les quelques premières secondes m'avaient inspiré.

Je ne tiens pas à ce que le candidat se tracasse ou qu'il puisse penser que je lui en veux, ça n'est pas le cas. Je suppose que nous passons des journées bien différentes, qu'il s'occupe d'une façon et que je le fais autrement. En soit, cela n'est pas très grave. A mes yeux, ce qui compte le plus c'est certainement de ne pas perdre entièrement contact, de ne pas s'oublier et devenir des inconnus. Clarke n'est pas mon plus grand ami au sein du jeu mais il reste le premier avec qui j'ai sympathisé, le premier avec qui j'ai eu une véritable discussion et cela compte. Je me rappelle encore de notre discussion dans la cuisine d'ailleurs et c'est fou à quel point cela peut me paraître loin désormais. Un fin sourire se peint sur mes lèvres lorsqu'il me confirme que la distance qui s'est doucement instaurée entres-nous n'était pas volontaire. Tant mieux, je m'en serais sans doute voulu si il m'avais fuis intentionnellement. «T'es pas le seul à faire ça ! Je suis aussi déjà venue ici sans avoir envie de visionner un film.» Ce qui n'est guère étonnant lorsque l'on sait que le septième art n'est pas franchement celui que je préfère le plus. «Je ne suis pas très film à vrai dire.» Ca, ça n'est pas la première fois que je le dis mais comme le candidat ne doit pas réellement le savoir, je le lui précise. Mon regard se pose sur l'écran. Cela dure à peine quelques secondes avant que je ne me reconcentre correctement sur Clarke, fixant une nouvelle fois le candidat de mon regard noisette. «Mais je m'ennuyais un peu aujourd'hui !» Lui fis-je remarquer. Si j'étais venue ici, c'était seulement pour voir s'écouler le temps jusqu'au moment où je rejoindrai mon lit. Je n'allais pas aller me coucher tout de suite étant donné que la fatigue n'était pas encore au rendez-vous. Cela ne tarderai certainement pas mais je trouvais inutile de tourner dans mon lit sans parvenir à dormir. «Ca va au fait, tu te plais ici ? Y a des candidats que tu penses pouvoir considérer comme tes amis ?»

Mackenzi et moi ne nous étions que vaguement croisés durant ces dernières semaines. Il faut dire que je restais quelqu'un de particulièrement discret, voire d'insaisissable par moment, préférant les courtes conversations et quelques échanges de regard à de longues pauses à deux ou tirades excessives. C'était pour cette raison que je ressentais parfois le besoin de me faire plus discret, de ne me montrer que de temps en temps. Je m'étonnais moi même de persister dans ce genre d'aventure, lorsque l'on savait que par ici, c'était bel et bien les liens qui définissaient le cours du jeu. A croire que les gens m'appréciaient bien malgré mon manque d'échanges. L'américaine me disait donc qu'elle était déjà venue par ici sans même avoir envie de visionner le film, et je crois qu'au final, c'était le lot quotidien de pas mal de candidats puisque ces films là ne pouvaient de toute évidence pas plaire à tout le monde. « Moi non plus. » repris-je lorsqu'elle me dit qu'elle n'était pas très septième art. Je n'aimais pas franchement regarder des films, trouvant bien plus de plaisir à lire un bon livre et à m'imaginer tout le décor de moi même. La jeune femme s'ennuyait donc aujourd'hui. « Je ne sais pas comment tu trouves le temps de t'ennuyer. Entre ne rien faire... et ne rien faire, ici, tu as franchement le choix. » ironisais-je en un léger sourire. Parce que qu'on se le dise, le nid avait beau être grand, nous en faisions pourtant rapidement le tour. Ça n'était pas comme si nous avions une activité à tenir par ici, et oui, je trouvais presque le moyen de me plaindre d'être en pseudo-vacances, pour vous dire. « Oui, je crois que je me plais bien ici. Hm... J'apprécie le soutien d'Adélie, la douceur de Kira, la fragilité d'Imma, la fraicheur de Shay... La sagesse d'Allen, et puis Simone, Gekko, Gigi, toi évidemment. Sayid aussi, même si je crois bien que lui et moi avons un peu de mal à nous comprendre. » en fin de compte, ça faisait un sacré paquet de monde tout ça. Et évidemment, j'appréciais également les autres mais ça aurait peut-être fait un peu trop de monde à citer. « Et toi, qui apprécies-tu le plus ? »