La cuisine était toute enfumée après le passage éclair de Lula, desperate housewife si il en est. Plus desperate qu'housewife, d'ailleurs. La brunette n'était pas des plus douées en cuisine et en tâches ménagères. Elle n'était pas assez attentive pour suivre une recette à la lettre, et manquait de patience pour faire briller une maison des heures durant sans ciller. Pourtant, elle était rompue à ce genre de choses. Lula vivait uniquement avec son père, handicapé physique et elle avait tendance à l'infantiliser plus que de raison, lui interdisant de se fatiguer avec des trucs aussi futiles que la cuisine. Bon, elle ne lui disait pas clairement, mais Louise avait tendance à mettre les ingrédients de base dans les tiroirs du haut histoire d'être sûre que son père resterait bien sagement à se reposer. Déjà qu'il souffrait d'une dépression au sens le plus pathologique du terme, elle ne voulait pas qu'il se tue à la tâche. Elle était la fille de la maison et c'était son travail après tout. Pensée fort contradictoire quand on savait que Louise était une artiste anti conformiste écolo de surcroît, aux idées souvent arrêtées... mais progressistes. Bref, ne vous méprenez pas, les repas provenaient le plus souvent du traiteur du coin, ou se composaient de pâtes même pas al dente. Quant au rangement il était comment dire... conceptuel. Voilà. Mais la brunette mettait vraiment de l'entrain à la tâche, parfois. Comme aujourd'hui. Elle avait décidé de concocter des pizzas pour la maisonnée. Premier problème : elle n'en avait jamais fait. Deuxième problème : elle n'y connaissait rien. Une heure plus tard, une pizza plutôt expérimentale siégeait fièrement dans le four... du moins jusqu'à ce que la pâte, clairement trop élastique décida de glisser entre les grilles du four pour aller s'écraser à moitié au fond et à moitié sur les résistances électriques. Ca sentait le crâmé partout, le four fumait et la pizza était comment dire.... ruinée ? Oui, tout à fait. Les ingrédients restants attendaient maintenant le jugement dernier avec une sacrée appréhension tandis que Lula tâchait d'atténuer les dégâts. « Non mais c'est pas possible d'être aussi peu douée, bordel. Merde, merde & remerde ! »

Lula se releva brusquement en entendant Warris l'apostropher et prit le temps de jeter l'amas de pâte crue & la garniture cramoisie dans la poubelle à l'aide du gant maintenant ruiné qu'elle avait revêtu (histoire d'éviter de se retrouver brûlée au troisième degré pour couronner le tout.) La moue agacée qu'elle arborait s'effaça péniblement pour laisser place à un sourire un peu forcé. Oui, la jolie brune ne voulait surtout pas paraître de mauvaise humeur devant ses camarades dès le deuxième jour. C'est pourquoi elle préféra jouer la carte de l'humour, comme souvent : « J'ai l'air en détresse là ? » lança-t-elle d'un ton railleur en se redressant. Les cheveux en bataille, les joues rougies par la chaleur du four, le gant brûlé à la main, la pièce enfumée & la pizza saccagée... oui, ce charmant tableau devait parler pour elle. Lula jeta un nouveau coup d'oeil à la table, puis à Warris, et enfin au four. « Dis-moi que tu es une cuisinière émérite et que les pizzas sont ta spécialité. S'il te plaît. » continua Lula, offrant à la jolie Warris son plus bel air suppliant, digne du Chat Potté de Shrek tandis qu'elle affichait déjà un sourire malin. Cuisiner à deux était franchement moins pénible, non ?

Ok, elle était totalement en détresse. Et étrangement, malgré que Lula faisait d'aider autrui sa priorité, elle détestait être dans la position inverse. Elle n'aimait pas franchement qu'on l'aide et préférait en général parvenir par elle même à s'en sortir : c'était nettement plus gratifiant. Mais, relativisons : ça n'était qu'une pizza n'est-ce pas ? Qui l'aiderait, qui plus est, à faire connaissance de façon plutôt originale avec Warris. Voilà, maintenant qu'elle s'était présenté la situation de manière positive, tout allait drôlement mieux. Tellement mieux que la jolie brune était prête à recommencer le carnage. Pardon, la pizza. Lula écouta attentivement les conseils de Warris et son visage s'illumina d'un grand sourire sincère lorsque sa sauveuse clama modestement se débrouiller en cuisine. Meaning : je cuisine comme une déesse mais je ne m'en vante pas. Parfait en somme. « Oh, c'est le plateau le coeur du problème. Dingue, j'en ai jamais mis et c'est la première fois que ça m'arrive. Enfin, après réflexion, c'est sûrement parce que d'habitude, mes pizzas sont surgelées. » Et donc plus solides, se railla elle même la petite Anglaise. Oui, l'auto-dérision était son truc : Lula se prenait très rarement au sérieux, parce que c'était rasoir et bien trop déprimant, surtout. « Warris... c'est original & ça sonne bien, j'aime. » commença-t-elle avec sa franchise habituelle. « Moi c'est Lula. Enfin Louise, mais on évitera, d'accord ? » ironisa-t-elle, espérant que sa petite fleur du désert ne s'amuse pas à l'appeler par son vrai prénom : ce que personne ne faisait. Même à l'université, elle s'était inscrite sous son diminutif, tellement Louise lui donnait envie la nausée. Ladite Louise finit par se rapprocher de la table maudite et à se munir d'un couteau, histoire de couper les poivrons. Se rendant compte que la table était parsemée de légumes mais exempte d'une quelconque viande, elle crut bon de prévenir Warris : « Si tu veux rajouter du jambon ou-je-ne-sais-quoi, n'hésite pas. J'ai pas pu m'y résoudre : je suis végétarienne depuis que je connais la signification de ce mot et rien que le fait de songer à couper de la viande me répugne. »

[list][*]Nous étions à présent toutes les deux tout près de la table, je venais de lui expliquer son problème avec la pâte. Cette dernière était maintenant sur le plan de travaille prette à être de nouveau travaillée. « Oh, c'est le plateau le coeur du problème. Dingue, j'en ai jamais mis et c'est la première fois que ça m'arrive. Enfin, après réflexion, c'est sûrement parce que d'habitude, mes pizzas sont surgelées. » Je souriais bêtement, puis je me mis à chercher un plateau sur lequel on pourrait y déposer la pâte de la jeune fille. Je cherchais dans les multiples armoirs qui se trouvaient dans la cuisine, mais ces dernières ne cachaient que des verres, assiettes, ou encore plat à salade. Ce n'est que dans le fond de la pièce, dernière porte, que je découvris un moule à pate. Je rejoins alors la jeune fille et l'écoute attentivement. « Warris... c'est original & ça sonne bien, j'aime. » J'hochais la tête tout en souriant. « Moi c'est Lula. Enfin Louise, mais on évitera, d'accord ? » Lula est un beau prénom, mais Louise aussi. Warris est quelqu'un d'assez taquin, elle n'allait certainement pas tomber l'affaire Louise. " Très joli prénom, Lula ca me fait penser à la lune , j'aime beaucoup Louise aussi " Puis je dépose le moule sur la table et attends que Lula dépose la pâte de ce dernier. Elle était entrain de déposer de nouvelles garnitures, je la regardais faire. « Si tu veux rajouter du jambon ou-je-ne-sais-quoi, n'hésite pas. J'ai pas pu m'y résoudre : je suis végétarienne depuis que je connais la signification de ce mot et rien que le fait de songer à couper de la viande me répugne. » Alors Lula était donc végétarienne, je n'avais aucun problème avec ceci car pas mal de amis sont eux aussi végétarien, c'est vrai que la manière dont les animaux sont tuésest aussi horrible. " C'est ta pizza avant tout, je ne vais pas y mettre de la viande si tu es végétarienne. Jaime beaucoup les animaux aussi, cela passe de la petite fourmie, par le poney en terminant par les crabes. Par contre j'ai horreur des chats. Quel est ton animal préféré ? Attends je vais deviner , hm, les hérissons ? Pourquoi ? Je ne sais pas! "[/list]

Tandis que Warris partait à la recherche d'un plat adéquat, Lula regardait tristement sa pâte trouée et à moitié brûlée avant de jeter les derniers morceaux à la poubelle, pour qu'ils rejoignent gaiement le reste de leur famille. Bon, ça c'était à refaire. Génial. Décidément, la cuisine était un truc bien trop compliqué pour elle. Ou pas assez excitant et enivrant, allez savoir. Enfin, il lui manquait un truc primordial qui faisait que la jeune anglaise ne s'y intéressa pas le moins du monde. Dire qu'à l'époque où sa mère était encore au domicile conjugal, elle était une vraie chef... Lula se souvenait encore de l'odeur délicieuse qui l'accueillait dès qu'elle franchissait le seuil, lui rappelant qu'un dessert sympa l'attendait pour le goûter. A croire qu'elle avait décidé de bouder la cuisine qui lui rappelait sa mère ingrate. Tout en continuant à couper consciencieusement son poivron, la jeune anglaise esquissa une grimace lorsque Warris affirma bien aimer son prénom. Blague du siècle. « Tu es bien la première à me dire ça. En général, les gens s'accordent sur le fait que Louise est un prénom affreusement pompeux et qu'il aurait davantage convenu à une petite snobinarde du dix neuvième siècle. » rétorqua-t-elle d'un ton résolument railleur avant de s'attaquer à une tomate innocente. Les yeux rivés sur sa préparation, la jeune anglaise s'arrêta néanmoins pour reporter son attention sur Warris et sa question pour le moins originale. Tout comme ses goûts. Qui détestait les chats, ces petits félins miniatures ? Personne. Lula leur préférait les chiens, plus fidèles & démonstratifs, mais elle adorait la grâce et la nonchalance d'un chat. Sa réponse déjà toute prête, elle la dégaina à la vitesse de l'éclair : « Les crabes ? Original. Quant à moi, je dirai l'écureuil. Suivi de très près par le renard. Ou la girafe. Mais l'écureuil en premier. J'ai toujours adoré nourrir ceux de Hyde Park quand j'étais gamine. » Lula esquissa un sourire amusé en se replongeant un instant dans ses souvenirs d'enfant, avant de faire glisser avec dextérité le paquet de farine jusqu'à Warris, bien plus douée qu'elle. « Je te laisse t'occuper de la nouvelle pâte, je parie que tu fais des miracles ! »