Fallait dire que depuis qu'on était arrivé, les diversions se faisaient assez rare. On était tous un peu timide dans notre genre, plutôt normal, et il fallait voir ce qui était mis à notre disposition. La liste était brève. On n'avait même pas de bouquin à disposition, c'est dire. Ca craignait à max, comme dirait l'autre. Je m'ennuyais déjà, et pourtant, il était encore tôt dans l'aventure, pour dire qu'on s'ennuyait. Je n'étais tout simplement pas habitué au manque d'entrain, au manque d'activités et de toutes ces choses-là. Heureusement pour nous, il y avait quand même du terrain, des pièces à découvrir, et j'avais passé tant de temps à glander qu'il était temps pour moi de partir en quelques sortes en exploration des lieux. L'extérieur m'attirait, profiter de prendre le soleil un peu, pour une fois qu'il faisait beau, en Irlande… J'avais l'impression d'être ici depuis une éternité, les jours passaient si lentement et pourtant, cela ne faisait que trois nuits que nous demeurions, ou plutôt que nous périssions dans cette maudite prison.

Dans mon exploration, je décidai de jeter mon dévolu sur la petite cabane en bois. Son allure rustique avait quelque chose d'attirant, et après tout, qui sait, y trouverai-je peut être quelque chose d'intéressant. Mais ma déception vu de taille. Il n'y avait que quelques outils, rien de plus. Je me penchais pour ramasser ce qui ressemblait à un ballon de foot abîmé par le temps. Je le prenais, et essayai vainement de faire quelques jonglages avec. Non, il n'était absolument pas en état pour ce genre d'exercice. Je fus surpris par l'arrivée d'un autre candidat à l'entrée de la cabane. « Même un ballon de foot potable, c'est trop leur demander apparemment ! » dis-je alors en me retournant vers lui. L’abominable vérité. Cupidon n'était pas décidé à nous gâter cette saison. « Toi aussi t'en as ras le bol des quatre murs gris de la prison ? » lui demandai-je. Moi, c'était le cas en tout cas. J'avais perdu cette habitude de vouvoyer les autres candidats, à force d'en rencontrer plusieurs, pour certains, je me posais même la question de savoir si nous nous étions déjà parlé ou pas. « Je sais franchement pas comment c'est possible de survivre ici ! » dis-je à haute voix, mais finalement plus pour moi que pour lui.

Nous étions là depuis combien de temps ? Deux jours ? Trois mois ? Un an ? En fait je suis même plus sûr de rien, tellement le temps passe lentement ici. Pourquoi on a même pas une petite horloge qui fait du bruit chaque seconde ? Je me serais amusé à compter les secondes, là je peux pas. J’imagine que l’ennui on apprend à s’y habituer, c’est comme tout, mais personnellement, pour moi qui aime bouger, qui aime l’action, le temps d’adaptation risque d’être long. Il faut dire que l’environnement n’aide pas. A savoir une prison. Passer mon temps à rien foutre sur une plage des bahamas, pas sûr que ce soit si chiant que ça. J’avais remarqué une cabane en bois en fin fond de la prison et entre deux siestes de chacune onze heures, je m’étais décidé à aller visiter le lieu, ma curiosité m’y obligeant. En arrivant dans la cabane en bois, je vois un mec entrain de jongler avec ce qui semblerait être un ballon. Ce dernier se retourna vers moi râlant sur la qualité du ballon, ce qui me décrocha un léger sourire, rassuré de pas être le seul un peu dégoûté des conditions dans lesquelles on nous a mis. « A mon avis, ils cherchent à nous pousser à bout. » Panne de courant au premier prime, douches froides, une seule et même tenue, pas beaucoup de divertissements.. Ca m’étonnerai pas qu’ils cherchent à tester nos limites. Il me demanda ensuite si moi aussi j’en avais marre de vivre dans cette prison. « Ouais mais je pense pas qu’il y en ai beaucoup qui se font une joie d’être ici. » Si ces personnes-là existent, qu’on me les présente, et qu’elles m’expliquent leur façon de voir les choses, ça m’intéresse. Il rajouta enfin qu’il se demandait comment c’était possible de survivre ici. « Encore ca va, dis-toi qu’il y en a, ils passent plusieurs années ici.. et avec des gros blacks en manque de sexe.. Nous c’est qu’une semaine, ça m’aide à relativiser. » dis-je en riant légèrement. Après bon, ceux qui passent leurs années en prison, l’ont pour la plupart mérités je pense, donc au pire on s’en fout d’avoir de la compassion pour ces gens-là.