Je tourne en rond, je marche depuis je ne sais combien de temps. J'ai besoin de m'aérer de temps à autre, c'est difficile de vivre avec autant de personnes, j'ai besoin d'avoir un peu de temps pour moi parfois. Je ne suis pas nécessairement solitaire, j'ai toujours eu besoin malgré moi d'être entourée, mais je n'aime pas avoir autant de personnes qui m'entourent. Je me sens un peu étrangère parfois, parce que j'ai du mal à savoir qui est qui, mis à part certaines personnes qu'il m'est facile de reconnaître. Alors de temps en temps je pars dehors, simplement marcher sans but précis en tête. Il fait assez chaud, mais ce n'est pas un problème, j'ai l'habitude d'avoir chaud au garage. Je ne m'en formalise pas, mais au bout d'un moment je suis fatiguée de marcher sans m'arrêter, sans boire, alors j'ai besoin de faire une pause. J'arrive au niveau de la gare, et je m'assois sur le train qui est arrêté. Je n'ai pas envie de le mettre en marche, je suis bien là et puis j'ai déjà assez fait le tour des studios pour la journée. Je me sens bien ici, je n'ai pas envie de bouger pour le moment. Je vois une silhouette au loin qui s'approche, et j'attends qu'elle soit plus proche pour savoir de qui il s'agit. Une fois arrivée à ma hauteur, je remarque les traits asiatiques de Sun-Hi. Je lui souris. « Ça va mieux depuis l'autre jour ? Tu n'as plus eu de crise ? » Oh j'ai déjà eu l'occasion de lui demander si elle allait mieux depuis, je voulais en être certaine, mais je préfère lui demander une nouvelle fois on ne sait jamais. « Tu voulais peut-être faire un tour de train ? » Non parce que moi j'y suis assise depuis plus d'une dizaine de minutes et elle a peut-être envie de le mettre en marche.

Il fait beau. Il fait chaud. C’est merveilleux. Que ça continue ainsi…Mais il n’y a pas de raisons. On est à Los Angeles. Pas à Londres. Les risques de pluie sont beaucoup moins importants. En plus depuis le début de l’aventure, nous avons été chanceux jusque là. Alors espérons que ça dure. Du coup, forcément, avec un beau temps, on a envie de profiter de l’extérieur. Ne pas rester enfermé dedans, ça serait dommage. En marchant, sans réel but, j’aperçois Avalon assise sur le petit train. Je décide d’aller à sa rencontre. « Ça va mieux depuis l'autre jour ? Tu n'as plus eu de crise ? » Elle est mignonne de s’inquiéter de ma santé. Elle fait référence à jeudi dernier, où je me suis senti mal alors que nous nous trouvions en haut de la tour de verre. Elle a eu le malheur d’assister à une de mes crises. La première fois qu’on se parlait réellement en plus. On a vu mieux comme première rencontre. « Oui ça va mieux je te remercie. Je n’en ai pas eu d’autres, dieu merci. T’as été la seule petite veinarde à pouvoir y assister… » La bien évidemment, c’est ironique. Je m’installe à ses côtés. « On a déjà fait mieux comme première rencontre n’empêche, tu ne trouve pas ? » Que je demande en souriant. « Et merci encore une fois d’avoir été là, ça me touche » Oui elle ne peut pas savoir à quel point j’apprécie. Concernant le petit train, si je voulais faire un tour ? « Non pas forcément… Je me suis dis que tu voudrais peut être de la compagnie » Mais peut être ais je tort, et que justement, elle recherchait de la tranquillité, être seule.

Je suis habituée à la chaleur, à la chaleur de mon garage. Elle est étouffante, celle-ci est agréable. Au bout d'une heure je ressens tout de même le besoin de me poser, de me mettre un peu à l'abri du soleil. Je me pose sur le petit train, je me sens bien, je sens un léger vent frais souffler sur mon visage. Je n'ai pas envie de m'en déloger pour le moment. J'y suis bien, je ne vois pas pourquoi j'en aurais envie. Puis je vois quelqu'un qui s'approche, maintenant qu'elle est proche de moi je vois qu'il s'agit de Sun-Hi. Je lui souris et je m'enquiers de son état de santé. Il faut dire qu'elle n'allait pas bien jeudi dernier quand je l'ai croisé en haut de la tour de verre. Visiblement elle va mieux, pas d'autre crise depuis jeudi dernier. Tant mieux. « Oh j'ai eu beaucoup de chance alors. » Je reprends ses propos tandis qu'elle s'assoit à côté de moi. On peut dire ça comme ça après tout non ? Pas vraiment, mais bon. Sa prochaine remarque me fait sourire, elle a parfaitement raison c'est vrai. « C'est vrai, mais t'as de la chance je ne t'en veux pas ! » Je plaisante bien entendu, encore heureux que je ne lui en veuille pas, ce serait totalement ridicule. Le plus important c'est qu'elle aille mieux depuis, et que ça n'ait pas recommencé. « Il n'y pas de problème, c'est normal. » Oui elle n'a même pas besoin de me remercier, je n'allais pas la laisser toute seule. C'était bien évidemment normal que je reste avec elle et que je m'assure qu'elle allait bien. Puis je lui parle du train, je lui demande si elle voulait aller quelque part en particulier. « Tu as bien fait alors. Mais j'ai un peu peur que tu refasses une crise, si ça se trouve c'est moi qui les provoque. » Et toutes celles qu'elle a eu envie l'émission aussi bien entendu ... Mais vu qu'ici pour le moment ça n'était arrivé qu'en ma présence, j'avais de quoi douter quand même. Enfin je plaisantais bien évidemment.

« Oh j'ai eu beaucoup de chance alors. » Et oui, quelle chanceuse, elle a assisté en exclusivité mondiale à une de mes crises. Personne d’autre par ici n’a eu autant d’honneurs. Hm. En réalité, elle s’en serait surement passé, je me doute bien. Mais pas de chance pour elle à ce moment là, il n’y avait qu’elle de présente. Donc ouais, pour une première rencontre on a déjà fait mieux. Elle déclare ne pas m’en tenir rigueur. Encore heureux, manquerait plus qu’elle m’en veuille d’être malade. Je n’y peux rien moi. Quitte à chosir, je préfèrerais encore être en parfaite santé, vous vous en doutez bien. « Je te remercie de ne pas m’en tenir rigueur, tu as un grand cœur » Que j’ajoute en plaisantant. Quel grand geste de sa part. Je lui confie alors que je ne suis venue ici, simplement parce que je l’ai aperçu au loin. Je n’avais pas spécialement envie de faire un petit tour de train. Même si on peut en faire un ça ne me dérange pas. « Tu as bien fait alors. Mais j'ai un peu peur que tu refasses une crise, si ça se trouve c'est moi qui les provoque.» J’esquisse un sourire à sa remarque. « Ou si ça se trouve, c’est juste moi qui ait fait semblant, pour pouvoir passer plus de temps en ta compagnie » Et oui, j’aurais simulé, pour qu’elle reste à mes côtés, et prenne soin de moi. Quelle machiavélique je fais, n’est ce pas ? « Bon alors dis moi, pourquoi tu as décidé de participer à ce jeu ? Avec tout ça, on a pas vraiment eu le temps d’apprendre à se connaître » Alors autant rattraper cette erreur, et en profiter pour en apprendre plus sur elle.

Il est vrai qu'on avait connu mieux comme première rencontre. En même temps je pouvais aisément imaginer qu'elle aurait préféré ne pas avoir de crise à ce moment-là. Mais comme je venais de lui dire en plaisantant je ne lui en voulais pas. Ce serait très malvenu si c'était le cas. Je souris quand elle me répond. C'est vrai que j'ai un grand cœur. Enfin je plaisante, je sais bien que ce n'est pas vrai. Ce n'est pas réellement le cas. Puis j'émets en riant l'hypothèse selon laquelle je provoquerais ses crises, puisque ici j'avais été la seule à en être témoin. Elle me répond sur le même ton, et je continue de sourire. « Oh oui ? J'ai de quoi être flattée alors, et puis tu joues très bien la comédie. » Oui il fallait voir ses talents d'actrice. Enfin ce n'était pas vrai alors bon. J'espérais simplement qu'elle n'aurait plus de crise avant longtemps, ce serait mieux pour elle. Peut-être que son corps pourrait la laisser tranquille. Puis elle me demande pourquoi je suis ici. C'est vrai que la dernière fois nous n'avons pas tellement eu le temps de discuter. Maintenant nous avions tout le temps pour ça. « Je voulais voir autre chose que ce que je connaissais, voir si j'avais raté quelque chose. Briser mon quotidien en quelque sorte. » Oui la monotonie de ma vie commence à me lasser, j'ai l'impression que j'ai manqué des choses, que ma vie n'est pas complète. Je ne sais pas ce qu'il me manque réellement, je voudrais simplement voir quelque chose de différent pour une fois. « Et toi alors ? » J'imaginais qu'elle devait avoir de bien meilleures raisons que moi. Ce n'était pas non plus très compliqué.

« Oh oui ? J'ai de quoi être flattée alors, et puis tu joues très bien la comédie. J’hoche la tête. « Je sais, à ma sortie Holywood va me tendre les bras ! Une grande carrière dans la comédie m’attend, tu ne trouves pas ? » C’est cela oui. Une future sourde en plus, on va s’arracher mes services c’est certain. « Mais en tout cas tu as de quoi être flatée oui. En plus tu parles à l’une des deux candidates les plus séduisantes du nid, ce n’est pas rien. » Petit mouvement de cheveux, en mode je me la pête. Evidemment je suis dans l’humour, parce que bon d’ailleurs, je me trouve loin d’être la plus séduisante. Toutes les filles sont sublimes ici. Avalon la première d’ailleurs. Je la questionne alors sur les raisons de sa participation dans le jeu. « Je voulais voir autre chose que ce que je connaissais, voir si j'avais raté quelque chose. Briser mon quotidien en quelque sorte. » Je peux comprendre oui. « Oh rien d’extraordinaire, profiter de ma jeunesse, tenter de nouvelles expériences, m’amuser… Et puis faire un break de mes parents. Je les adore, mais j’ai dû revenir m’installer chez eux. Et après avoir gouté à la liberté, ce n’est pas évident. » Quant on a eu son propre appartement, son indépendance…Et devoir se retrouver à revenir crécher chez ses vieux…Une régression en quelque sorte. Même si je sais qu’eux sont ravis de m’avoir. « Et alors, c’est quoi ton quotidien ? » Celui là qu’elle voulait briser.

Un léger rire s'échappe de mes lèvres quand elle me dit qu'elle a de l'avenir dans la comédie. Oh oui si sa crise était feintée il n'y a aucun doute. « Je t'aurais plutôt vu dans quelque chose de plus dramatique tu vois. » Oh vu son talent à jouer une crise, c'est certain qu'elle a un destin tout tracé dans les drames plutôt que les comédies. Elle me parle du fameux sondage des personnes les plus attirantes dans le nid, je l'avais oublié celui-là, il faut dire que je ne lui ai pas prêté beaucoup attention. « C'est vrai j'avais oublié. Je dois te faire la révérence à chaque fois que je te vois ou comment ça se passe ? » Pour tout dire, je ne savais plus qui avait été classée première, je m'en moque bien. Je ne sais pas non plus combien j'y avais figuré, ça m'est égal. Pour moi personne n'est attirant, tout le monde se ressemble, tout le monde est pareil, alors pour ce que j'en sais. Elle me demande alors pourquoi je suis ici, la réponse n'a rien d'extraordinaire, j'espère même ne pas l'ennuyer. Je l'écoute parler à son tour, et je hoche la tête. C'est vrai qu'elle a l'air jeune, je lui donnerais à peine la vingtaine, mais je ne sais pas quel est son âge véritablement. « Et je peux te demander pourquoi tu as dû retourner vivre chez eux ? » C'est peut-être trop indiscret je n'en sais rien, elle n'est de toute manière pas obligée de me répondre si elle n'en a pas envie. Elle me demande ce qu'est mon quotidien. Je risque de l'ennuyer un peu plus. « Je me lève tôt, je vais travailler. Je finis tard, et après je vais boire un verre avec mes collègues ou je vais faire un tour en voiture. Je vais me coucher, et je recommence. » C'est exaltant comme quotidien, c'est certain.

« Je t'aurais plutôt vu dans quelque chose de plus dramatique tu vois. » Oui enfin quand je parlais de comédie, c’était plus dans le sens une carrière d’acteur, pas le genre comique en particulier. D’autant que je doute avoir la fibre comique. « T’as raison, puis vaut mieux si je veux décrocher un Oscar un jour. » Parce qu’on a jamais vu d’acteurs qui aient remportés un oscar pour avoir jouer dans une comédie, il me semble. Non ce sont souvent les films dramatiques récompensés. Avec des interprétations intenses, tout ça. En tout cas, Avalon parle à une des deux plus séduisantes du nid, je en sais pas si elle se rend compte de l’honneur là. « C'est vrai j'avais oublié. Je dois te faire la révérence à chaque fois que je te vois ou comment ça se passe ? » Oh ce n’est pas bête, je n’y avais pas pensé. « Non tu n’es pas obligée, sauf si ça te fait plaisir » Je suis gentille, je lui laisse le choix. J’évoque alors mes parents, le fait que j’ai dû retourner habiter avec eux. « Et je peux te demander pourquoi tu as dû retourner vivre chez eux ? » Oui elle peut. « Pour des raisons financières. Je n’ai plus de boulot, alors ce n’est pas évident. » Bien que mes parents, eux ont du fric. Ils pourraient me payer le loyer, s’ils le voulaient, mais bon je crois que ça leur faisait surtout plaisir que je revienne. Surtout ma mère. «Je me lève tôt, je vais travailler. Je finis tard, et après je vais boire un verre avec mes collègues ou je vais faire un tour en voiture. Je vais me coucher, et je recommence. » Elle se lève tôt, elle finit tard. Elle doit beaucoup travailler alors. J’espère qu’elle aime ce qu’elle fait au moins. « Et c’est quoi ton boulot ? »

Oh elle pouvait clairement espérer l'Oscar si sa crise avait été fausse. C'était certain, sauf que bien entendu sa crise n'avait pas été jouée une seule seconde. Alors je craignais qu'elle ne devait revoir ses attentes à la baisse. Même si bon gagner un Oscar ne devait certainement pas faire partie de ses rêves. Quant au classement des personnes les plus attirantes, j'avais oublié qu'elle avait eu le plus de voix. J'avais même oublié que ce classement existait, tellement il m'importait peu. Je ne saurais pas trop dire si je la trouve attirante, ce n'est pas elle spécialement c'est comme ça avec tout le monde, mais si le sondage le dit alors je vais lui faire confiance. « Pas spécialement, alors je vais m'en tenir aux salutations normales. » Oui je crois que ça ira comme ça. Je voudrais pouvoir continuer à lui dire bonjour normalement et ne pas avoir à me baisser à chaque fois que je la vois. A moins qu'elle ne soit reine du Japon, ou un truc dans le genre. Ouais bon, je vais arrêter de penser à tout ça, c'est ridicule. Je lui pose après une question, j'espère que ça ne l'embête pas. Si elle ne veut pas me répondre de toute manière je ne lui en voudrai pas. Elle a perdu son travail à ce qu'elle me dit, c'est pour ça qu'elle est retournée vivre chez ses parents. « Et tu fais quoi comme travail ? Pourquoi tu l'as perdu ? » Je continue à lui poser des questions, si je l'ennuie elle peut me le dire, je ne m'en offusquerai pas. Il est maintenant question de mon travail. « Je suis garagiste, j'ai repris le garage de mon père. » Et j'ai pas tellement eu le choix en réalité, il a bien fallu que je m'y fasse.

« Pas spécialement, alors je vais m'en tenir aux salutations normales. » Comment ? Elle ne tient pas à me tirer la révérence à chaque fois que je passe ? Cela m’étonne tiens. « Comme tu voudras » En mode limite déçue. J’évoque alors mes parents, et le fait que j’ai dû retourner vivre chez eux. J’ai vu ça comme un régressement un peu. On retourne en arrière. On a prit son envol, et paf, on vous coupe les ailes, obligé de revenir au domicile familial. C’est la loose. « Et tu fais quoi comme travail ? Pourquoi tu l'as perdu ? » Bonne question. Et cela ne me dérange pas d’y répondre, parce que bon, c’est un peu le but d’une conversation, de parler, de se répondre tout ça. Si on veut apprendre à se connaître, ce n’est pas plus mal hein. Sinon on va avoir du mal dans le silence. OU alors en langage des signes, mais bon, il a déjà été noté qu’elle ne le parlait pas, alors. « Enseignante en école primaire. Enfin j’étais remplaçante, mais voilà… Et justement, à propos de mes crises, bah j’en ai fais une en plein cours. Sauf que ce n’est pas comme jeudi dernier, ça m’est venu d’un coup, sans que je m’y attende, et dans un déséquilibre, je me suis cognée la tête. Résultat des courses, du sang, un petit séjour à l’hopital, quelques points de suture…Et des enfants effrayés. Quelques jours après j’ai été convoqué par le directeur, qui a décrété que c’était trop dangeureux avec ma condition de me laisser à la tête d’une classe… Et puis ce qu’il s’est passé, ça c’est su, et du coup, c’est la galère pour trouver… » Merci bien. Après je comprends que ça ai pu être effrayant pour les gosses, mais quand même…ça va, je ne les ai pas traumatisé non plus, il ne faut pas exagérer. Mais bon ça ferait désordre si ça se reproduirait. Mais en même temps il faut bien que je bosse pour gagner ma vie non ? Sauf que quand ils voient dans mon dossier que je suis malade, bah tout à coup, ils sont beaucoup moins intéressé par moi, c'est marrant. J’interroge à mon tour Avalon sur sa profession. « Je suis garagiste, j'ai repris le garage de mon père. » Garagiste. C’est plutôt original pour une fille. « Et ça te plait ? C’est ce que tu voulais faire ? »