J'avais toujours du mal à y croire. J'avais été sélectionné pour participer à Fake Lover. Même si, je dois bien l'avouer, j'aurais pu rêver plus souriant comme partenaire, je n'allais pas faire gâcher mon plaisir pour de si petits détails. Surtout que sa mine renfrogné était pleinement de circonstance, rare sont les garçons qui auraient apprécié vivre leur première semaine au sein du nid vêtus uniquement d'un caleçon. Alors que nous marchions, ensemble, vers le dressing, monsieur ronchonnait encore. Nota bene, il faudrait à l'avenir que j'apprenne à Lawrence à positiver un peu. Pas forcément d'accord avec ses propos je me permettais de le contredire :
Certaines filles peut-être, mais en tout cas pas moi. Perso ça m'aurait fait marrer de me balader en soutifs culottes toute la semaine.
Enfin, tout bien réfléchie pas tant que cela, puisque le port de cette tenue m'aurait empêché de sortir du manoir pour profiter du parc d'attractions et ça, je dois bien l'admettre, ça m'aurait pas mal dégouté. En attendant, à l'image de Lawrence, je récupérais ma valise, et commençais à ranger mes affaires continuant d'écouter le jeune homme d'une oreille attentive.
T'inquiète pas, je ne comptais pas non plus te sauter dessus le premier soir. Chacun notre côté du lit et on ne déborde sur l'espace de l'autre. Cela te convient comme programme ?
D'ailleurs en parlant de lit, une chose importante me revenait alors en mémoire :
Au fait, tu dors à droite ou à gauche ?
J'étais maniaque sur ce point de vue. Si je voulais passer de bonnes nuits, il fallait que je dorme sur le côté droit, c'était plus que nécessaire, c'était vital. Mais bon, pour éviter une crise diplomatique si cela gênait vraiment Lawrence, je serais prêt à tenter l'expérience de l'autre côté du lit. En attendant, j'installais mes premières affaires dans mon casier quand je l'entendais me reparler à nouveau. Des règles de vies, pour que notre partenariat se passe au mieux. Oui, pourquoi pas, c'était même plutôt une bonne idée.
Je suis d'accord. Enonce les tiennes, je ferais de même ensuite.
Mettre des règles à notre partenariat, c'était quelque chose que je trouvais logique. J'étais d'un tempérament plutôt volcanique et j'avais, il est vrai, très souvent tendance à m'emporter. Cela pouvait causer pas mal de malentendus. En régularisant cela, on éviterait peut-être pas tous, mais au moins une grande partie des conflits. Ce qui n'était pas plus mal.

En venant à Fake Lover, j'avais envie de m'amuser, de partir dans d'immenses délires sans aucun contrôle. Or, avec Lawrence, cela s'annonçait compliqué. Si dans ma vie professionnelle j'aurais adoré son sérieux et sa manière très cartésienne de concevoir les choses, dans une aventure comme celle-ci, cela avait plus tendance à m'ennuyer. Mais bon, ce n'était que le premier soir, nous avions bien le temps d'apprendre à se connaître et d'ainsi s'adapter à l'autre au fil des jours.
Vraiment oui. Je ne suis pas quelqu'un de pudique et de toute manière je suis ici pour jouer. Je me plierai donc à toutes les exigences de Cupidon puisqu'elles apportent du piquant à l'aventure.
En même temps je trouvais cela stupide de venir ici et à la moindre petite contrainte imposée par Cupidon, de se bloquer car c'est contraire à nos idéaux. Mais bon passons, nous n'en étions pas encore là. Il y avait pour l'instant des choses plus importante à régler. Toute d'abord le côté du lit, pour dormir. Il dormait donc lui aussi à droite… Cela allait poser un problème mais j'étais prête à faire des concessions :
Je dors moi aussi à droite donc à moins qu'on dorme l'un sur l'autre. Cela risque d'être compliqué. Si tu pouvais changer de côté ce serait magnifique, sinon pas grave je changerai.
Même si ça allait peut-être me bousculer un peu au début, sur le long terme cela n'allait pas bouleverser mon aventure non plus. En attendant, d'autres petites choses qui elles risqueraient de plus me perturber, c'était les règles très strictes de mon partenaire. Ouah, je me doutais bien qu'avec lui ça ne rigolais pas, mais à ce point-là, quand même pas. J'hochais donc la tête silencieuse, souriant à la fin de sa petite liste :
Ne t'inquiète pas, j'ai un sommeil de plomb. Sinon vu que je travaille dans une bibliothèque, j'ai l'habitude que tout soit bien rangé donc pas de soucis de ce point de vue-là. Pour ce qui est de tes affaires, tu n'as pas de soucis à te faire. Vu que je ne supporte pas que l'on touche aux miennes, je ne m'amuserai pas à aller toucher les tiennes.
J'arrivai tout doucement au bout de ma première valise. Il m'en restait encore une autre à vider, bon dieu… Je ne me rappelais pas avoir pris autant d'affaires. Mais pour l'instant l'heure n'était plus au rangement, mais il était plutôt venu le temps d'exposer mes petites règles :
Moi, je ne veux qu'une seule chose. Je veux qu'on s'amuse sans se prendre la tête. J'aimerai aussi que l'on soit le plus possible honnête l'un envers l'autre, si un truc nous énerve on le dit. Et puis surtout si Cupidon, nous donne un petit ordre on le fait sans rechigner, je n'ai pas envie de perdre de l'argent pour ne pas avoir suivie les directives de l'angelot…
À peine cette dernière phrase était prononcée, que la musique des bisous retentissait dans la pièce. Fidèle à mes principes, j'embrassais donc Lawrence sans aucune pudeur, ni préparation. Cela dura à peine quelques secondes, durant lesquels je me retenais de ne pas exploser de rire, tant la situation était comique. Une fois mes lèvres retirée, je m'excusais auprès de mon partenaire :
Désolé, c'était pour le jeu et le bien de notre cagnotte commune. À ton tour maintenant.
J'avais protégé nos sousous, j'attendais donc qu'il fasse de même. Même si connaissant le personnage ce n'était pas gagné d'avance. Après, sait-on jamais, on n'était pas à l'abri d'un miracle.