Catalina était plus ou moins une habituée des SPA. Du moins, avant. Elle avait l'impression que ça faisait une éternité qu'elle n'était pas entrée dans une de ces pièces, avec cette décoration zen, qui réussissaient à évaporer tous vos soucis en quelques minutes. La première semaine avait été la semaine de la nouveauté et cet endroit avait été plutôt prisé par les candidats, si bien qu'elle n'avait guère eu la chance d'en profiter autant qu'elle l'aurait voulu. Et elle était bien décidée à remédier à cela.
Habillée de son maillot de bain et d'une serviette blanche, enroulée autour de son corps, dissimulant ce dernier, elle arriva près du bain à remous. Dans lequel un jeune homme semblait, soit endormi, soit véritablement inspiré par le fait de garder les yeux fermés. Elle laissa tomber la serviette et entra, le plus doucement et silencieusement possible dans l'eau. Ce n'est qu'une fois bien installée qu'elle décida de prévenir son camarade de sa présence, s'il n'avait pas déjà deviné qu'elle était là. « Alors, Kenneth, tu profites de cette nouvelle semaine comme il se doit ? » lança-t-elle alors d'une voix douce. Si jamais il dormait vraiment, elle ne voulait pas le réveiller en sursaut. N'était-ce donc pas adorable de sa part ?

En voyant un sourire s'afficher sur son visage alors qu'il ouvrait les yeux, elle ne s'empêcha pas de sourire à son tour. Elle était de bonne humeur, certes, mais recevoir un sourire, à sa simple vue, n'était pas la chose la plus désagréable du monde. « Pour l'instant, je fais du mieux que je peux. » dit-il. Après sa nomination, il devait sans doute être soulagé d'être toujours là. Elle se doutait bien qu'être sur la sellette devait générer un certain stress et devait avoir un certain impact sur les gens. Clairement, elle espérait ne pas se retrouver sur le banc des nominés de si tôt. Quoique savoir si le public la soutenait ou pas pouvait être une bonne chose. Peu importe. « Tant mieux. » assura-t-elle.
Il lui demanda ensuite si elle se plaisait ici, comment se passait l'aventure jusque-là. Elle prit le temps de réfléchir. Les gens n'étaient pas si terribles, l'hôtel était plutôt sympa, les caméras n'étaient pas pesantes et jusque là, elle avait pu faire tout ce qu'elle avait eu envie de faire, donc... « Je ne pense pas avoir à me plaindre jusque là. » répondit-elle en un bref hochement d'épaules, sans s'étendre sur les détails. C'était bien, sympa. Rien de bien intéressant à signaler pour l'instant. C'était le début, c'était plutôt calme. « Content d'être resté, je présume ? D'ailleurs, si tu étais parti, qu'est-ce qui t'aurais manqué le plus ? » l'interrogea-t-elle à son tour, en s'enfonçant un peu plus dans l'eau, étendant ses jambes devant elle. Elle leva les yeux vers lui, curieuse de connaître sa réponse.

Partir la première semaine, ce n'était pas cool. Du tout. Être à peine arrivé et être déjà reparti, c'était clairement pas sympa. Les premières nominations, ça se jouait vraiment à la chance. Il fallait juste espérer ne pas être nominé. C'était le côté dur de ce jeu. Elle acquiesça à ses paroles. Elle pouvait comprendre ce qu'il ressentait. Le jeu ne ressemblait qu'à des vacances pour le moment, rien d'autre. Il n'y avait pas de réels attachements, ni de choses concrètes à regretter. C'était juste le début du jeu et ça ne voulait pas dire grand chose pour l'instant. « Je te comprends. En une semaine, même deux ou trois, on peut pas vraiment s'attacher aux gens. » se contenta-t-elle de commenter. Puis, il changea totalement de sujet en lui demandant d'où elle venait. Parler de sa nomination le mettait peut-être mal à l'aise, elle le nota dans un coin de son esprit, histoire de ne pas retourner sur les sujets déplaisants. « Je vis à Dublin. Je suis née en Italie. J'ai vécu quelques temps à Londres. » raconta-t-elle, résumant très brièvement les trois endroits où elle avait vécu. Ne sachant quoi rajouter, elle préféra lui retourner la question. « Et toi alors, d'où viens-tu ? Tu étudies quoi à l'université ? Qu'est-ce que tu viens faire dans Fake lover ? Pour résumer, raconte-moi ta vie. Dis-moi tout et n'hésite pas à rajouter des détails inutiles, j'adore ça. » Elle lâcha un petit rire et attendit qu'il parle de lui.

Il commença à se présenter plus en détails, racontant les grandes lignes de sa vie. Elle commentait intérieurement chaque chose qu'il disait, ne pouvant s'empêcher de faire le parallèle avec sa propre vie. Et de ce côté-là, ils étaient clairement l'opposé l'un de l'autre. Et elle se doutait bien qu'il avait vécu bien plus, des choses qu'il ne pouvait pas partager avec la première inconnue qui passait. C'était intéressant, de savoir comment les autres vivaient et de s'imaginer à leur place. Et de ce qu'elle en savait, Kenneth avait eu une belle vie.« Des parents heureux en amour, un frère, une sœur, New York, Dublin... » résuma-t-elle, souriante.« Eh bien, eh bien, ta vie a l'air d'être assez remplie. » qu'elle lui dit gentiment. C'était pas faux, sa vie était bien remplie. Certains avaient moins que ça.

« Du nord, à vrai dire. Je suis née à Milan.  » répondit-elle alors qu'il la questionna sur la ville exacte de sa naissance. Elle n'avait que peu de souvenir de sa vie là-bas. Elle se rappelait de sa maison, de son école et du musée qu'elle avait visité, quelques jours avant son déménagement. Milan n'avait jamais été sa maison, juste l'endroit où elle était née. Elle accordait de l'importance à ses origines, bien sûr. Mais l'Irlande avait toujours été sa maison, l'endroit où elle se sentait à sa place.

Fake Lover était une émission intéressante pour ça. Vous pensez connaître quelqu'un, vous vous dites que telle personne a eu une belle vie, que telle personne a eu une vie de merde. Et puis, les secrets tombent et vous réalisez que tout ce que vous saviez auparavant n'était qu'un gros mensonge par omission. Le secret du jeune homme allait la surprendre, c'était sûr. Mais quel secret ne surprendrait personne ? C'était tout le but du jeu.
Il lui demanda alors ce qu'elle faisait dans la vie, s'amusant à parler de la situation actuelle. Incontestablement, il n'avait rien à envier aux autres, côté physique. « Je ne fais que profiter des bains à remous avec de beaux garçons. C'est toute ma vie, je sais vraiment pas ce que je ferais si mes patrons décidaient de me jeter. Je suis l'attraction d'un spa. Je fais entrer les garçons et plus jamais ils ne veulent en sortir. Ils viennent tous quatre fois par semaine, je représente, à moi toute seule, 70% des bénéfices de la société. Tout le monde m'adore. Et tout ce que j'ai à faire, c'est me prélasser dans un bain à remous. J'adore mon job. » qu'elle lui lança, ayant l'air totalement sérieuse. Elle lâcha un bref rire et fit une petite moue. « Désolée. J'ai pour mauvaise habitude de raconter que des bêtises. » expliqua-t-elle, adoptant une attitude presque gênée face à ces quelques petites phrases sarcastiques. « Tout comme toi, je vais à l'université. J'étudie. » déclara-t-elle, pour de vrai cette fois, souriante.