Il avait eu le coeur brisé, ça en crevait les yeux. Le pauvre. Je comprenais pourquoi il ne faisait plus confiance en l’amour, mais tout de même, ce n’est pas parce que tu as vécu une mauvaise expérience que ce qui arrivera dans le futur ne sera pas remplie de bonheur. Fallait voir les choses de façon positive parfois. «Tu sais, ça se répare, un coeur brisé !» lui dis-je alors, même si je savais qu’il me trouverait surement très niaise et idiote de penser comme cela. Je m’en fiche. J'étouffai un rire à sa remarque sur le fait qu’il était un vrai romantique, mais surtout sur la partie où il serait dans l’obligation de me tuer. «Tu serais incapable de me tuer, tu me trouves beaucoup trop adorable !» Un petit rire enfantin s’échappa de mes lèvres. «J’ai 21 ans. Et tu peux m’épargner les remarques comme quoi j’ai l’air d’en avoir 15. Je le sais...» ajoutais-je en échappant un petit soupire. Non pas que cela me dérangeait de me faire dire cette remarque. Seulement, je l’avais tant entendu que cela en devenait blasant. Je suis surement plus forte que n’importe quel fille de 21 ans. Simplement, je ne le laissais pas paraître. «Et toi, le tombeur, t’as quel âge ?»

« Je n'ai pas le cœur brisé » répliquais je instantanément à la demoiselle. N'importe quoi. Comme si une fille pouvait avoir assez d'impact pour me briser le cœur. A moi. Non, complètement ridicule. D'accord j'avais eu quelques petits déboires amoureux, mais ça s'arrêtait là. Elle ne savait pas de quoi elle parlait, chut. Elle étouffa un rire lorsque je déclarai être dans l'obligation de la tuer. Trop adorable pour lui faire du mal ? Voyez vous ça. Bon il était vrai que j'aurais un peu de mal à blesser cette petite chose.  « Tssss, que tu crois » Ouais bon j'avais pas vraiment d'argument pour aller à son encontre. J'appris alors qu'elle avait 21 ans. Il est vrai qu'elle faisait plus jeune. Peut être pas 15 non plus, il ne fallait pas exagérer.  « Rassures toi je n'en avais pas l'intention. » Avant d'ajouter un sourire aux lèvres.  « Je comptais dire que t'en faisais 16 » Un peu de taquinerie ne faisait pas de mal.  « 25 ans. Ce qui fait que je suis ton aîné, alors tu me dois le respect jeune fille. » Et qu'elle tachait de ne pas l'oublier.  « Pourquoi t'as choisi de faire cette aventure ? » lui demandais je. Wouah j'étais déchaîné ce soir. On devrait me décerner une médaille pour être aussi gentil.

Bon, je m’étais trompée. Il n’avait pas le coeur brisé, mon erreur. N’empêche qu’habituellement lorsqu’on a quelque chose contre l’amour, c’est qu’on a vécue une mauvaise expérience dans le domaine. «Oui je le crois. Et je crois aussi que tu vas t’attacher à moi. Je pourrai être comme une petite soeur. Dans le genre chiante mais adorable !» lui dis-je donc, voulant le taquiner à mon tour. Puis il me fit la remarque que je n’avais pas l’air de 15 ans, mais bien de 16. Idiot. Je lui mis une claque, quand même douce, sur le bras. Je me sentais à l’aise avec lui, déjà. J’aimais ça. Bon, sa beauté m’intimidait un peu, je devais juste ne pas trop y penser. C’était maintenant le tour de la question à mille dollars, pourquoi est-ce que j’avais choisi de participer à FL. «Pour l’argent, évidemment. Sinon... Je sais pas trop. C’est attirant, les télé-réalités, je trouve. Pas que je participerais à n’importe quoi. Ça serait bien aussi, de devenir un peu célèbre... !» Ce n’était pas mon but premier, mais tout de même, je me voyais bien dans une grosse maison, vivant d’une célébrité éphémère mais bien réelle. «Toi, pour l’argent aussi, j’imagine ?»

Une petite sœur ? Grand dieu non ! Je n'en avais pas, et j'étais bien content. N'empêches elle était bien optimiste quant à l'avenir de notre relation. Probablement que dans deux jours elle pourra plus me saquer et vice versa.  « Pour ce qui est du côté chiante je n'en doute pas » répliquais je un sourire aux lèvres. Oh ouuuui elle allait être chiante. En même temps de mon côté j'étais le chieur de service, alors on s'équilibrerait peut être. En guise de représailles suite à ma boutade j'eus le droit à une petite tape sur le bras. Aouch j'ai trop mal. Ainsi donc elle était là pour l'argent. Rien de surprenant puisqu'elle m'avait avoué être pauvre, tout comme moi.  « Tu images bien. J'ai besoin de fric. Crois bien que sinon je me serais pas enfermé de mon plein gré dans cette maison de fou. Quant à la célébrité, très peu pour moi. Une fois sorti, j'ai bien l'intention qu'on m'oublie » Oh oui, être sous le feu des projecteurs, vu par des millions de personnes, non non non. Et à ma sortie, qu'on ne vienne pas m'emmerder dans la rue moi je vous le dis!

C’est qu’il aimait faire son rabat-joie, lui. J’étais à peine chiante. Il voyait juste en moi la petite fille positive et tout et c’est ça qu’il trouvait chiant. On verra bien. Il allait surement changer d’idée. Ou pas. J’avais cependant bien visé en lui disant qu’il voulait l’argent. S’en était évident tout de même. «T’aurais la gueule pour être célèbre, n’empêche !» avouais-je, mes joues redevenant rosée. Bah oui, j’y peux rien. Mes yeux commençaient à être lourds et je sentais la fatigue doucement m’envahir. Normal, il était plus de 4h30 du matin surement. « Je crois qu’on ferait peut-être mieux de dormir. On aura tout le temps pour apprendre à se connaître de toute façon !» Ce n’était pas que je n’aimais pas notre conversation. Au contraire, j’avais été agréablement surprise de notre échange. Mais là je n’en pouvais plus. Je lui souris une dernière fois, avant de tranquillement fermer les yeux. Puis je pensai à une chose. D’une grande importance pour moi. «Je te demande une dernière chose, Cooper.» commençais-je, dans un murmure. «Ne me prend jamais en pitié, s’il te plait. C’est tout ce que je demande.» finis-je par dire, gardant les yeux fermés, prête à rejoindre les bras de Morphée.

La gueule pour être célèbre ? Petit compliment. Elle voulait me brosser dans le sens du poil ou bien ? Conséquence, ses joues prirent une nouvelle teinte rosée. Décidément. A croire que je l'intimidais la petite. En même temps, j'avais conscience que je devais l'être. Esther décidé qu'il serait peut être temps de faire dodo. Excellente idée. Il se faisait tard, et j'étais passablement crevé. Et comme elle l'a si bien dit, on aura tout le temps de parler une autre fois.  « T'as raison » dis je en baillant. Je me mis sur le dos, fermai les yeux, lorsque la voix d'Esther se fit entendre une nouvelle fois. Qu'est ce qu'elle voulait encore ? Je tournai la tête et la regardai. De son côté elle avait toujours les yeux clos. «Ne me prend jamais en pitié, s’il te plait. C’est tout ce que je demande.» Grrr, c'est vrai que là comme ça, elle était attachante.  « T'inquiètes pas, ça ne risque pas d'arriver. » Comme si j'étais de ce genre là. Pas de pitié. De toute façon moi le premier, je détestais qu'on puisse me prendre en pitié. Bien que vous en conviendrez, ce n'était pas vraiment ce sentiment là que j'inspirais en premier. Loin de là.  « Bonne nuit » Que de politesses. Sur ce, je refermai les yeux, bien décidé à rejoindre les bras de morphée

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