25.01, 21H41 w/ EVEY

Une des passions que Lhoas avait caché à la production, étant bien son amour pour la musique et plus particulièrement pour la guitare. Nombreuses avaient été les fois où il avait joué un morceau guitare voix dans un pub de Belfast pour gagner un peu d'argent, et sa voix sèche et rauque plaisait beaucoup aux spectateurs. Les ténèbres avaient gagné l'espace vert du parc et les bruits des animaux nocturnes commençaient à se faire entendre. Muni de sa veste en fourrure, Lhoas avait gagné un banc de pierre du parc avec sa guitare à son épaule pour gratter un peu son instrument préféré, histoire de changer un peu d'air et de penser à autre chose. Il commença alors un air de Nina Simone qu'il adorait, Feeling Good. Il commença à gratter sur les cordes de sa guitare et bien vite sa voix accompagna la musique, d'une voix remarquable, rauque sèche et masculine. C'est dans ces moments-là qu'il se sentait bien, qu'il se sentait libéré de toute pression. Grâce à la musique, tout pouvait s'échapper de votre tête. Mais bien vite, il entendit un bruit de pas dans l'herbe, un craquement de branche. Son jeu de guitare pas du tout altéré par cette approche, il continua à chanter et à jouer, comme si de rien n'était, attendant que la personne se manifeste.

Les journées passaient et se ressemblaient toutes, dans cette baraque. Toujours les mêmes visages, les mêmes voix, les mêmes querelles stupides, les mêmes rengaines. Pas étonnant que je m’évertuasse de m’éclipser du troupeau quand l’occasion se présentait. Toutes les excuses étaient bonnes pour fausser compagnie à mes compagnons d’infortune – on s’entend que celle qui était le plus à plaindre, c’était justement moi. Mon prétexte du moment n’était toutefois pas luxuriant, mais il en valait d’autres. Piquant clope et briquet dans le premier paquet à croiser ma route – et diantre que je me fichais bien à qui il pouvait bien être - je m’empressais de revêtir mon manteau et me sauvait dehors. Une petite balade dans le parc, désert à cette heure, s’imposait. J’allumais bien vite ma cigarette et en tirait deux ou trois avant de sortir de ma poche mon iPod, que je branchais dans l’une de mes oreilles, laissant l’autre libre pour être au fut de ce qui se passait aux alentours. La mélodie de Wind of Chance de The Scorpions résonna bien vite et je soupirais d’aise. Ça, c’était le bonheur. Je m’enfilais d’ailleurs la discographie complète du dit-groupe tout au long de ma promenade, quand le grattement d’une guitare se fit entendre dans la nuit. Un fin connaisseur, si je me fiais à sa maitrise de l’instrument. Scrutant le paysage autour de moi, je repérais bien vite le musicien. Enfin une personne digne de mon attention – j’avais, contre toute attente, un respect irréprochable pour les amoureux de la musique. Et en plus, il y avait sa voix. Rauque, sèche, mais agréable à l’oreille. Ce n’était pas un petit débutant, mais un habitué. Ça faisait plaisir à entendre, et à voir. Rangeant mon iPod là où je l’avais trouvé, j’allais me poser sur le banc au côté de l’homme, silencieuse. Je pris deux ou trois bouffées, expirant l’air vicié de ma bouche dans l’air, formant des petits nuages de fumée. J'appréciais le moment, le spectacle, sans rien dire. On ne pouvait pas vraiment dire que j'étais de mauvaise compagnie.