Gabrielle

Plusieurs jours avaient passé depuis ma dernière escapade à la salle de sport. J'avais gardé un goût amer de ma dernière visite... Il faut dire que celle-ci avait donné lieu à une rencontre que j'aurais préféré ne jamais faire. Ce jour-là, un petit con albinos avait bousillé mon plus beau t-shirt et le ton était vite monté. Aujourd'hui, je me dis que tout ne pourrait se passer que mieux. Avant d'entrer dans la salle de sport, je pris quelques instants pour scruter autour de moi et vérifier qu'il n'y avait pas de Jackson "Mr Malabar" aux alentours. C'est qu'il valait mieux être prudent, enfin surtout pour lui. Un coup de poing dans la gueule était si vite arrivé. Je faisais quelques pas dans cette grande salle que je connaissais désormais quelque peu, et aperçu au fond de celle-ci une jolie jeune femme aux cheveux de feu. Il n'y en avait pas deux dans le nid mais je préférais m'assurer qu'il s'agissait bien de la candidate à laquelle je pensais. Et oui, en m'approchant de plus en plus d'elle, je pouvais confirmer qu'il s'agissait bien de Gabrielle. La jeune femme, que je n'avais pas eu encore l'occasion d'apprendre à connaitre, faisait des exercices de yoga au sol. Le moins que l'on pouvait dire, c'est qu'elle était très souple. Je posai alors mon sac de sport sur un banc non loin d'elle, et m'assis en face d'elle. « Salut beauté. Dis-moi, tu m'apprendrais pas quelques exercices de yoga ? » Bon, moi par contre, j'étais loin d'être souple. Rien que pour m'asseoir, déjà, j'avais un peu galéré. Mais je ne devais pas le montrer au risque de donner raison à tous ses jeunes qui me prenaient pour le senior de l'aventure. « A mon âge, je me dois de garder la forme tu comprends... » Justement je n'étais pas vraiment d'une forme olympique, ces derniers jours. Je n'avais pas non plus le moral dans les chaussettes, loin de là, mais une petite remise en forme s'imposait. Ce que j'espérais, maintenant, c'était de ne pas me péter le coccis.

Après avoir terminé son bouquin, assise sur le canapé du salon, à côté d'un candidat qui faisait la même chose. Gabrielle le ferma brusquement, faisait sursauter son compagnon, lui adressant un pauvre sourire désolé, la jeune femme se leva et partit en direction de sa chambre. Gabrielle avait dans l'idée de se rendre à la salle de sport, elle cherchait ses affaires. Puis s'énervant, la rousse vida le contenu de sa valise sur son lit, avec une certaine rage, il fallait bien l'avouer. Elle trouva enfin son bonheur, enfilant son jooging gris clair, assez épais et sa brassière de sport, la jeune femme rangea ensuite ses affaires. Elle finirait le reste plus tard, avec un peu de chance, elle le ferait avant que Syssoï ne voit ce désastre. La belle française se rendit à la salle de sport, en marchant lentement. Elle essayait de faire deux actions en même temps, marcher et se nouer les cheveux en chignons. Cela ne lui réussissait pas elle. Elle marchait comme une alcoolique, et son chignon ne ressembait à rien, trop de meches rebelles. Une fois sur place, Gabrielle se posta au centre de la salle, s'improvisant une petite séance de yoga, juste pour tester ta souplesse. Elle se trouvait dans cetteposition lorsque Ruben débarqua, la surprenant, elle relâcha le tout pour retrouver une position traditionnelle. « Si tu veux. » répondit-elle gentiellement. « Ah ton âge ? Si on t'écoutait on aurait l'impression que tu as quarante balais. » déclara t-elle amusée. Alors que Ruben devait avoir à peine trente ans.

Lorsque je fis mon entrée dans la salle de sport et m'approchai de Gabrielle qui était en pleine séance de yoga, la demoiselle se trouvait dans une position que j'aurais été incapable de prendre... Il faut dire que nous n'avions pas le même âge, et probablement pas la même souplesse. Elle était très gracieuse. Je lui avais demandé de m'apprendre quelques positions de yoga, ce qu'elle accepta avec le sourire. « Si tu veux. » Je ne la connaissais pas vraiment, mais d'emblée je sentais que cette fille était adorable. J'ignore si c'était parce que j'adorais les rousses, mais elle avait un côté angélique qui me plaisait beaucoup. Je lui avais confié qu'il me fallait garder la forme à mon âge, ce qui ne manqua pas de la faire rire. « Ah ton âge ? Si on t'écoutait on aurait l'impression que tu as quarante balais. » Je n'en étais pas si loin, des quarante balais quand même... Il me restait encore quelques années devant moi avant d'atteindre ce stade décisif mais les années passaient si vite que je les voyais s'approcher à une vitesse folle. « Bah mine de rien j'ai quand même trente-trois ans. Bientôt trente-quatre d'ailleurs. Je suis le vieux pépère du nid, tu sais. » Je plaisantai moi aussi, mais il y avait une part de vrai là-dedans. J'étais considéré par tous les candidats -dont la moyenne d'âge ne dépassait pas vingt-deux ans- comme un ancêtre, limite un dinosaure. Ils n'étaient probablement pas habitués à vivre en cohabitation avec un mec aussi mûr que moi... Eux sortaient tout juste de la fac, moi je bossais depuis plus de dix ans. Nous n'étions pas du même monde, visiblement. Mais je sentais néanmoins que Gabrielle se foutait pas mal de mon âge, comme quelques rares personnes en ces lieux. J'ignorais l'âge de la demoiselle, mais à vu d'œil je lui donnais une vingtaine d'années. Contrairement à moi, elle avait encore toute la vie devant elle... et sans doute de beaux projets. « Je peux te demander ce que tu fais dans la vie, Gabi ? » Mine de rien je m'intéressais quand même à la vie de mes camarades. Cette jolie rouquine m'intriguait. J'avais dans l'idée d'en apprendre un peu plus sur elle. Si bien sur celle-ci acceptait de se confier un peu à moi. Avec tout ça, j'en oubliais presque le yoga.

La voix de Ruben l'avait presque surprise, mais elle ne sursauta pas. Même pas d'un millimètre. « Bah mine de rien j'ai quand même trente-trois ans. Bientôt trente-quatre d'ailleurs. Je suis le vieux pépère du nid, tu sais. » N'importe quoi. « C'est pas vieux. T'es encore jeune à trente-trois ans.» répondit-elle innocement. Elle ne comprenait pas pourquoi la plupart des habitants du nid rapellaient sans cesse à Ruben son âge, c'était completement débile et inutile. « Et puis tu as de l'expérience par rapport aux autres, ça sert. » compléta t-elle d'une voix douce. Pour la rousse, vieux c'était à partir de quarante-cinq ans. C'est vrai que cela devait quand même être embêtant pour Ruben de trainer avec des gens plus jeune, par exemple Celeste qui devait être à peine majeure, et qui était en plus sa partenaire. Mais l'âge ne faisait pas tout, les mentalités comptent le plus. Et y en a pas que des belles, de mentalités, ici. De toute façon, Gabrielle n'était pas très regardante lorsqu'on lui parlait d'âge, elle s'en fichait à vrai dire. On pouvait avoir trente ans et être bien plus interessant que quelqu'un de vingt ans. « Je peux te demander ce que tu fais dans la vie, Gabi ? » Absolument. « Oui tu peux. » annonça t-elle avant de remonter ses jambes à la poitrine, et de les entourer de ses bras. C'était sa position favorite, à croire qu'elle ne savait même pas s'asseoir correctement la petite. « Je suis pompier. » déclara t-elle avec un timide sourire. « Et toi ? » lui renvoya t-elle.

J'étais ravi de constater que tous les habitants du nid ne s'arrêtaient pas à mon âge. Si il était vrai que j'étais sensiblement plus âgé que mes camarades, le plus vieux d'entre eux devait avoir vingt-huit ans ou un truc dans le genre, il y en avait quand même quelques un, très peu cela dit, pour qui mon âge n'était pas un soucis. Gabrielle ne me considérait visiblement pas que le plus vieux des vieux, ce qui me fit bien plaisir. « C'est pas vieux. T'es encore jeune à trente-trois ans.» Enfin quelqu'un qui voyait plus loin que mon âge. Encore jeune à trente-trois ans ? Mouais, peut être en fait... J'avais bien conscience de ne plus être un petit jeune, mais il était vrai que je ne me sentais pas non plus vieillir comme un vieux crouton. « Ah bah alors si tu le dis, je veux bien croire que je suis encore jeune à mon âge. » Il fallait vraiment être con pour m'attaquer sur mon âge. J'étais juste né avant eux tous, et alors ? Qu'est ce qui leur permettait de me juger sur ça ? « Et puis tu as de l'expérience par rapport aux autres, ça sert. » C'est sur que j'en connaissais un peu plus sur la vie que la plupart des petits jeunes que je pouvais côtoyer ici. Le travail, les galères... A vingt ans, on sort tout juste des études tandis qu'à trente ans, on sait déjà ce que c'est que d'avoir des responsabilités. J'avais d'ailleurs hâte de les voir tomber dans l'âge adulte. Parce que très honnêtement, ils n'étaient encore que des gamins. « Ouais c'est sur. Vu comme ça, y'a quand même quelques avantages à être le doyen du nid. » J'ajoutai à mes paroles un clin d'œil. Je trouvais Gabrielle adorable, vraiment très compréhensive et d'une douceur extrême. Ça me changeait des autres. Je venais de demander à la jolie rousse si je pouvais la questionner sur ce qu'elle faisait dans la vie. « Oui tu peux » fit-elle, avant d'ajouter « Je suis pompier. » Alors ça, je ne m'y attendais vraiment pas. Gabrielle, pompier ? Soit. Après tout, elle avait des cheveux de feu. Alors ça lui allait bien. « Ah sérieux ? J'ai du mal à t'imaginer avec l'uniforme et le saut, mais si tu le dis. » Elle n'allait quand même pas inventer ça. « Et toi ? » Elle me demanda ce que je faisais moi aussi dans la vie. « Moi j'ai monté ma propre boite, il y a quelques années. Je suis mon propre patron, si tu veux. » Je n'avais pas grand chose à dire de plus sur mon activité professionnelle. C'était le principal à savoir, selon moi.

« Ah bah alors si tu le dis, je veux bien croire que je suis encore jeune à mon âge. » Un sourire se fendit sur le doux visage de la jeune femme. « Crois-moi, je dis toujours la vérité. » répondit-elle avec un sourire amusé. Il ne fallait pas que Ruben se fasse une fixette sur son âge, il avait encore le temps pour cela. « Ouais c'est sur. Vu comme ça, y'a quand même quelques avantages à être le doyen du nid. » Oui, il avait raison.
Vint le sujet des professions. « Ah sérieux ? J'ai du mal à t'imaginer avec l'uniforme et le saut, mais si tu le dis. » La rousse soupira longuement. Combien de fois avait-elle entendu cette phrase ? Des centaines et des centaines. Personne ne la prenait au sérieux lorsqu'elle disait sa profession. De manière général, on ne la prenait jamais au sérieux. Mais la jolie rousse commençait à avoir l'habitude. On lui sortait toujours la même chose, Gabrielle était trop douce, trop fragile, trop frêle pour être pompier. C'est ce que pensaient ses collègues au début, avant qu'ils ne se rendent compte que les apparences étaient trompeuses, et que Gabrielle savait faire son boulot. « Pourtant l'uniforme me va super bien.. » répondit-elle malicieusement. « Mais tu n'es pas la première personne à me le dire. » ajouta t-elle doucement en haussant légèrement les épaules. « Moi j'ai monté ma propre boite, il y a quelques années. Je suis mon propre patron, si tu veux. » La belle hocha lentement la tête, à vrai dire elle s'attendait à un boulot de ce genre, elle n'était pas trop surprise. « C'est bien. Tu es libre. Une boîte de quoi ? » lui demanda la française, avec un brin de curiosité car une boîte s'était bien trop vague pour satisfaire la belle rousse.