Connor

Difficile, une fois encore, de se lever ce matin. J'avais pourtant fait l'effort de me coucher un peu plus tôt la veille, mais cela ne m'avait pas empêché de mettre près d'une heure à sortir de mon lit. Enfin levé, je me dirigeais vers la salle de bains. En entrant dans celle-ci, je constatai avec joie qu'elle était inoccupée. La première chose que j'y fis fut de regarder la gueule que j'avais. Argh. Je n'aurais peut-être pas du, tout compte fait. Je tirais une de ses gueules ! Je me trainais des cernes pas possibles, et j'avais un teint de mort. Je ressemblais à un cadavre, ça faisait vraiment peur. Déjà que beaucoup se moquaient de mon physique ici, avec une gueule comme celle-là ça ne risquait pas de s'arranger. Mon petit rituel du matin était de me laver les dents. Ouais, c'était con quand on savait que dix minutes plus tard j'allais prendre mon p'tit dej'. Mais je m'en foutais, j'aimais avoir la sensation de dents propres au réveil. Hélas, ce matin, quelqu'un avait décidé de me mettre de mauvaise humeur. Alors que je venais de remplir mon verre d'eau et de saisir ma brosse à dent, je constatai avec stupeur que le tube de dentifrice était resté ouvert, et que BIEN SUR tout le dentifrice en était sortit... allez savoir comment, d'ailleurs. J'étais plus que vénère, et cela pouvait se comprendre non ? Trouver le tube de dentifrice débouché, et tout le dentifrice répandu tout autour, c'était tout ce qui pouvait me faire débuter une journée de merde. A ce moment-là, alors que je cherchais désespérément comment remédier à ce problème sans me salir les mains, un candidat entra. Je me retournai alors vers cette tierce personne, et découvris qu'il s'agissait de Connor. Et merde, je pouvais pas le voir ce mec-là. Soit-disant j'étais jaloux de lui... Mais oui, bien sur. Bien décidé à savoir qui était responsable de ce carnage, je pris la décision de l'interroger pour lui faire tout avouer. « C'est toi qu'a foutu ce putain de bordel ? » A m'entendre, on croirait qu'on avait retrouvé tout le nid en désordre. Il ne s'agissait pourtant que d'un tube de dentifrice non rebouché, mais j'aimais en faire des tonnes pour rien. « Je sais que c'est toi ! Mais merde, tu sais pas reboucher un pauvre tube de dentifrice ? T'es handicapé du bulbe ou quoi ? » Je voulais me laver les dents, moi ! Alors il était hors de question que l'un de nous sorte sans avoir éclaircit cette affaire. « Tu sors pas d'ici sans avoir nettoyé ça, hein. Regarde-moi ça c'est dégueulasse, yen a partout. Merde. » Le dentifrice étalé tout autour du tube, c'était vraiment quelque chose qui me répugnait. Et tout ça parce qu'un con, peut-être Connor, ne savait pas revisser un bouchon. Un travail de flemmard, quoi.

Première grasse matinée de l'aventure, j'ouvre les yeux vers onze heure, la tête dans le cul mais de très bonne humeur, je ne traîne pas au lit. Je ne serais dérangé par personne puisque tout le monde a déserté. D'un pas lent, je me dirige vers la salle de bain pour enfiler quelque chose, avant de descendre au rez-de-chaussée, il ne fait pas très froid ce n'est pas le problème. Seulement, je n'ai aucune envie d'exposer les cicatrices que je trouve disgracieuses marquant mon corps de par en par. Je suis sur le point de me diriger vers la penderie où se trouve mes fringues lorsque je me fais agresser par Ruben. Je me gratte la tête tandis qu'il m'accuse d'un crime, oui parce que vu la vigueur qu'il met dans ses paroles, ça ne peut décemment qu'être un crime. Bordel, quel bordel ? Sur le coup je ne comprends, rien mais je n'ai pas le temps de riposter puisque monsieur est plus remonté qu'une horloge, je le fusille du regard lorsque je comprends ce dont il m'accuse. Non mais il est pas bien ce type ? Il a été bercé trop près d'un mur c'est pas possible. Je le laisse hurler, de toute façon il est tellement en rogne que quoi que je dise, il ne l'entendrais même pas. « C'est bon t'as fini ? » Je le regarde avant de lever les yeux au ciel, puis je me dirige vers mon placard pour enfiler un bas de training gris, et un tee-shirt blanc. « Oui oui, bien sûr c'est moi, je me suis levé dans la nuit, j'savais pas quoi faire alors je me suis dit. Tiens, si je jouais le gros dégueulasse juste par faire gueuler Ruben comme un putois... » Je m'approche légèrement des lavabos pour observer ce qui le tracasse à ce point pour constater qu'il en fait un peu beaucoup pour pas grand chose. « Tu salues toujours les gens comme ça au réveil ou c'est un traitement de faveur? » Je sais que le courant ne passe pas de son côté, d'ailleurs je ne sais pas ce qu'il a envers moi, mais de là à m'accuser de tous les maux de la terre, non merci.

Quand je me levais du pied gauche le matin, je pouvais facilement me mettre en colère. Ce matin, en découvrant le tube de dentifrice non rebouché et tout le dentifrice autour, je me disais que cela ne pouvait être qu'une bonne grosse blague de quelqu'un de vachement lourdingue. Cela aurait pu être n'importe qui -mine de rien on était une bonne trentaine dans ce nid- mais en tombant nez-à-nez avec Connor, qui n'était pas plus réveillé que moi d'ailleurs, je pensai immédiatement que cela devait être lui. Ne cherchez pas à comprendre, je n'avais vraiment aucune logique et encore moins les matins comme celui-ci. Je décidai de faire porter le chapeau à ce mec qui ne comprenait pas vraiment pourquoi je m'énervais contre lui ce matin. Bah ouais, il me fallait un bouc émissaire et c'était tombé sur lui. « C'est bon t'as fini ? » J'avais l'impression d'avoir tout dit, d'avoir bien pété mon câble comme il fallait. Donc ouais, à mes yeux j'avais terminé mon speech. « Ma foi oui, concernant mes accusations je n'ai rien à ajouter. » Je voulais entendre de sa bouche qu'il était l'auteur de ce bordel. Et même si ça n'était pas lui, au moins qu'il avoue pour quelqu'un d'autre. Mais je devais savoir qui avait fait ça. C'était un peu ma mission à accomplir aujourd'hui, éclaircir cette histoire. « Oui oui, bien sûr c'est moi, je me suis levé dans la nuit, j'savais pas quoi faire alors je me suis dit. Tiens, si je jouais le gros dégueulasse juste par faire gueuler Ruben comme un putois... » Déjà la comparaison avec le putois était des plus appréciées. Le pire était que je le voyais tout à fait me faire ce genre de coup en pleine nuit, pour ensuite arriver comme un fleur dans la salle de bain le lendemain matin afin d'observer ma réaction. Parano, moi ? Point du tout. « Ah ! Tu avoues ! Parce que c'est exactement ce qui a dû se passer, ça. Tu m'as l'air tout à fait capable de faire ce genre de débilités. » Si ça ne ressemblait pas vraiment à des aveux, je ne le lâchai pas des yeux une seconde dans l'espoir d'en obtenir de véritables. Avec mon regard qui tue, il allait bien finir par craquer et tout avouer. « Tu salues toujours les gens comme ça au réveil ou c'est un traitement de faveur? » C'est vrai que j'étais particulièrement de mauvais poil le matin, et ça n'était pas pour s'arranger aujourd'hui. Si Connor s'était senti attaqué, tant pis pour lui. « Parfois c'est bien pire que ça encore. Estime toi heureux de ne pas avoir reçu un verre d'eau froide dans la tronche. » Il était tout prêt, en plus mon verre. A la base je devais me laver les dents, mais la découverte de toute cette merde m'en avait empêché. De toute manière je n'allais pas me laver les dents avec un tube de dentifrice vide. Et il ne fallait pas compter sur moi pour racler avec ma brosse à dents le dentifrice éparpillé sur le lavabo. Hey oh, il n'y avait pas écrit "désespéré" sur mon front non plus.