ft. baptiste

Le nid est calme alors que je fouille les pièces de l'étage une par une, à la recherche de Baptiste. Je ne tolère plus cette barrière dressée entre nous et qui m'empêche de partager une réelle complicité avec mon partenaire. Alors cette semaine, puisque le sort a voulu que nous restions ensemble coûte que coûte, j'ai décidé de le coller jusqu'à suffocation. Puisqu'il ne semble pas trainer ni dans les chambres, ni dans la salle de bain, j'en conclus que le français flâne au rez de chaussé et d'un pas dansant, je dévale les escaliers quatre à quatre pour le rejoindre. Je le trouve effectivement sur l'un des canapés du salon, je m'avance alors vers lui et sans trop savoir si je le dérange ou non, m'installe sur ses genoux. Je passe un bras autour de son cou et lui souris amicalement. « Qu'est-ce que tu fabriques? » Je lance tout en fronçant légèrement le nez.

Est-ce que vous me croiriez si je vous racontais que j’avais la tête dans le cul ? Après avoir passé la nuit dans le cellier, enfermé avec le beau Lukas à cause de cette maudite poignée j’avais cru pouvoir fuir au lit pour le reste de la journée. Raté, j’avais été très vite été remué par une envie de faire une bonne séance de sport, je m’y étais appliqué une bonne partie de l’après-midi, suant et perdant toutes les calories apportées par la vodka du prime. J’aimais avoir le contrôle sur mon alimentation, j’avais un besoin maladif de savoir que je ne faisais pas trop d’excès. Bref, après avoir pris une douche et profiter de l’occasion pour emmerder Winifred qui ne s’était pas gênée pour me mettre une baffe en plein prime je m’étais ensuite tourné vers le salon. J’avais besoin de calme… Enfaite non, ce n’était pas utile, j’avais juste envie de me trouver quelque chose d’intéressant à faire. « Qu'est-ce que tu fabriques? » Madeleine, ma charmante coéquipière me sautait dessus, assise sur mes genoux, le bras autour de mes épaules. Je lui souriais, ces dernières semaines j’avais été un peu déçu de ne pas avoir appris à la connaitre plus, elle était quand même censée être LA fille de mon aventure, celle avec qui je partageais tout jusqu’à mon propre secret et pourtant… Bah rien, je ne lui en voulais pas… C’était de ma faute, j’avais été pas mal occupé après tout. « Oh… Je rêves d’animation… Et toi jolie blonde ? »

« Je viens tenir compagnie à mon partenaire adoré. » Je lui réponds d'une voix douce tout en l'observant sans grand gêne, déposant un léger baiser sur sa tempe. Je remarque que le jeune homme n'était même pas occupé à écouter de la musique, ou encore lire un livre. Pourquoi s'isole-t-il ainsi? Peut-être que quelque chose le tracasse, je me demande si c'est l'agression de Winifred pendant le prime qui le tourmente autant. Je ne pense pas. Baptiste n'est pas de ce genre, néanmoins j'en viens à me poser la question puisque je ne connais de mon partenaire par grand chose mis à part ce que l'on a pu s'échanger au moment du couché. Je fronce un peu les sourcils, je pense à l'issue de ce prime justement, je me sens obligée de demander d'une voix inquiète: « Tu aurais préféré avoir une autre partenaire que moi cette semaine? » Il est vrai que je ne suis pas la plus amusante ou divertissante de toutes. J'aimerai beaucoup que Baptiste m'apprécie, se sente aussi complice avec moi que certains autres couples entre eux. Je me pince les lèvres tout en baissant le regard sur mes jambes.

Aujourd’hui j’en avais marre, j’étais fatigué et je n’avais pas eu une seule chose vraiment intéressante à faire pour retrouver ce sourire qui avait disparu de mon visage dans la journée. Peut-être que ma très jolie partenaire viendrait me donner un coup de pouce sur ce point, elle était gentille et plutôt rigolote même si elle trainait avec Caesar… Je n’étais pas très ami avec ce dernier. « Je viens tenir compagnie à mon partenaire adoré. » Je lui souriais, ne me gênant pas non plus pour venir lui déposer un petit bisou sur le bout du nez. « Oh c’est gentil… » Je rigolais, passant ma main autour de sa taille pour éviter qu’elle ne s’étale par terre si je faisais le moindre petit geste brusque. « Tu aurais préféré avoir une autre partenaire que moi cette semaine? » Elle baissait la tête, rah, à trop faire la gueule j’entrainais une remise en question des autres, je détestais ça. Passant ma main contre son visage, je décidais de clarifier la situation. « Hey penses surtout pas ça… Je vais pas être très bon pour un discours avec la petite heure de sommeil qui m’a été accordée cette nuit donc… Franchement… T’es la meilleure partenaire que je puisse avoir et, en plus j’adore ton parfum. » Je me mettais à rire, ouai je détendais tout de même l’atmosphère, pourtant, j’étais maintenant soucieux de savoir ce qu’elle en pensait. « Et toi ? Tu es pas trop soulée d’être avec moi ? »

Sa main sur ma joue me réchauffe le cœur, je croise son regard et mes paupières papillonnent. Il ne s'en rend sans doute pas compte mais il me fait vraiment plaisir, peut-être dit-il cela par principe mais j'ai envie de croire qu'il pense vraiment chacun de ses mots. D'autant plus qu'il aime mon parfum. Décidément, il n'est pas le premier à me complimenter sur mon odeur. Je ris doucement. « Si tu adores mon parfum alors.. » Je fais dans un murmure tout en esquissant un sourire enfantin. Il me retourne la question. Pour moi il n'y a aucun doute, même si je ne connais que trop peu mon partenaire, j'aime l'image que les autres me renvoient de lui. Je fais mine de réfléchir, me gratte le menton du doigt et le plisse. Hum... « Ouais bon, autant t'avouer que ça dépend, t'entendre me soupirer à l'oreille le prénom de Winifred dans tes rêves m'impatiente un peu... » Je lance d'un air songeur avant de lui tirer la langue. Je reprends une expression plus sérieuse tout en me raclant la gorge. « Bien sûr que non tu ne me saoules pas idiot, tu me manques même. » Je lui avoue tout en glissant mes doigts dans ses cheveux. Je me saisis d'une mèche que je divise en trois, et commence à lui faire une petite natte sur la tempe, distraite. « Qu'est-ce qui te tracasse autant pour que tu t'isoles ainsi? »

S’il y avait bien quelque chose que Madeleine pouvait s’assurer me concernant, c’était bien mon incapacité à mentir. J’avais été doté d’une franchise sans égards, j’étais un boulet parfois à cause de ça, je me mettais à sortir les quatre vérités sur tout le monde sans avoir peur de leur réaction, au moins, j’étais fixé quand à mes vrais amis et vice versa, ils étaient rassurés, je n’allais jamais leur faire un coup de pute sans prévenir. Tout ce que j’étais donc en train de dire à Madeleine était vrai. « Si tu adores mon parfum alors.. » Je lui souris. Depuis la première semaine je me disais qu’il n’y avait pas eu suffisamment d’heures pour que je puisse faire connaissance comme je le désirais avec la jeune femme, elle devait être importante pour moi. Non seulement parce que nous étions en « couple » mais également parce qu’elle le méritait. « Ouais bon, autant t'avouer que ça dépend, t'entendre me soupirer à l'oreille le prénom de Winifred dans tes rêves m'impatiente un peu... » Je toussais d’une manière un peu trop risible pour être réelle, moi vivant, jamais je ne pourrais rêver de Winifred. « Ouai… Mais si je parle de pikachu c’est parce que tu me soules avec ton Caesar. » Je lui tirais la langue, en vérité je n’étais pas au courant de grand-chose, j’avais juste entendu et constaté lors des primes qu’ils étaient plutôt proches. « Bien sûr que non tu ne me saoules pas idiot, tu me manques même. » Je souriais, frissonnant au contact de ses mains sur mes cheveux. J’étais heureux d’entendre ça, je dirais même que j’étais touché. Depuis le début de l’aventure je me montrais beaucoup trop sentimental, faible et soumis… Peut-être que je me voilais la face avant d’arriver ici ? « C’est gentil, tu sais… Je me suis dit qu’il serait bien qu’on essaye de se trouver une journée, ou une soirée n’importe rien que pour nous… Histoire de se retrouver, de rigoler… De décompresser quoi. » Je la laisse me concocter une petite coupe de cheveux, lui caressant le cou du bout des doigts avec un petit sourire affiché sur les lèvres. « Qu'est-ce qui te tracasse autant pour que tu t'isoles ainsi? » Je levais la tête, réfléchissant une minute. Fallait-t-il vraiment que je me laisse aller à des confessions de ce genre ? « Je préfère ne pas embêter les autres avec mes états d’âmes… On va dire que je commence à me rendre compte qu’on avance dans l’aventure et que je vais bientôt être séparé de personnes que j’apprécie… Puis… Ma famille me manque un peu. »