W/ OONA
lundi 13 février, 17h20

Ils avaient quand même bien de l'aspirine dans cette baraque ? Sur les centaines de mètres carré de bâtisse, de pièces, de choses, machins, trucs inutiles qui composaient le nid d'amour de fake lover, il était impossible qu'il soit impossible de trouver de simples cachetons contre le mal de tête. Pourtant, Milan commençait à sérieusement désespérer. Les sourcils froncés, il avait farfouillé dans la cuisine, le cellier, la salle de bain, partout où il était susceptible de mettre la main sur l'objet de ses recherches. Le plus simple aurait sans doute été de demander à l'un ou l'autre candidat s'il savait où on pouvait se procurer des médocs, voire même s'il n'en avait pas lui-même, mais c'était quelque chose que le gars détestait faire. La plupart du temps, personne ne le savait lorsqu'il se sentait mal, ou se tordait un doigt, ce genre de truc. Ayant une résistance à la douleur relativement élevée, ça lui épargnait de quémander de l'aide à quelqu'un, et de là venait sans doute son dégout pour la quête d'entraide. Bizarre pour un mec qui passe son temps à aider autant que possible de parfaits inconnus. Le côté contradictoire des gens trop généreux, sans doute. Bref, agacé, Milan était finalement monté dans sa chambre en jetant de bref coups d'œils dans les valises exposées des autres candidats, un peu gêné de regarder de trop près leurs affaires. C'est finalement dans un sac appartenant à une blonde appelée Oona qu'il repéra un petit flacon. Enfin. Attrapant deux cachets, il remis le flacon à sa place, descendit en trottinant la volée de marches pour aller se servir un verre d'eau. Un léger soupir s'évanouissant sur ses lèvres, il rejoignit quelques personnes dans le salon, laissant ses pieds le guider vers, bah vers Oona, tiens. S'approchant, il goba l'un des cachetons et le fit passer avec une gorgée d'eau. « T'as eu chaud, hier » murmura-t-il simplement. En effet, la demoiselle avait été repêchée à la suite de l'abandon d'Enya, la partenaire provisoire que le pouvoir des chiffres lui avait attribué. Résultat, il se retrouvait à devoir se coltiner Lhoas. Super. Désignant le deuxième cachet qu'il tenait entre son pouce et l'indec, il ajouta « j'ai pris ça dans ton sac, j'espère que ça ne te dérange pas » presque de mauvaise grâce, se sentant obligé de l'avouer néanmoins. « Je suis tombé sans faire exprès sur ta tenue de Saint-Valentin » plaisanta-t-il, un sourire railleur aux lèvres. Sa façon à lui de dire qu'il n'avait pas laissé son côté voyeur l'emporter sur sa retenue.

Une fois le prime passé et le soulagement d’être finalement toujours là, dans le château, je n’avais eu qu’une seule envie : en profiter. Je ne savais pas vraiment comment, parce que je ne suis pas du tout du genre à me lâcher, mais j’en avais vraiment envie. Je m’étais rendue compte, sur l’infime laps de temps où j’avais cru partir, qu’en partant, j’avais raté pas mal de chose. Ca faisait trois semaines que nous étions entrés dans le nid et j’avais l’impression d’être passée inaperçue comme tous les grands absents de l’émission. J’ai tout de même comme ambition de gagner le jeu, même si je suis plutôt discrète. Bref, j’avais envie d’en profiter… et pourtant je me retrouvais à traîner depuis que je m’étais levée. Un peu à la bibliothèque, un peu dans la salle de musique à écouter des gens jouer et maintenant dans le salon. On pourrait croire que je n’étais pas heureuse, pourtant je le suis. Carrément même. Certes, j’avais beau me souvenir des conseils du Sir, je n’allais toujours pas vers les gens si facilement ; mais je me sentais encore plus chez moi qu’avant. Avachie dans le canapé, ma tête posé sur ma main, je regardais au loin d’autres candidats parler, s’engueuler ou rigoler. « T'as eu chaud, hier » Une voix me tira de ma rêverie. Je levais les yeux en l’air, pour regarder le propriétaire de cette voix. Bien que, ne lui ayant jamais adressé la parole, je reconnaissais le minois de Milan, à qui j’adressais un mouvement de la tête positif, tout en haussant légèrement les sourcils. « On peut même dire que j’ai vraiment eu chaud au cul ! » Lui répondais-je, en m’asseyant un peu mieux dans le canapé. Et dire que sans l’abandon d’Enya, je ne serais plus là. J’aurai repris mon quotidien, après seulement trois semaines de jeu. Je ne baissais pas les yeux, regardant le jeune homme avec son cachet à la main. « j'ai pris ça dans ton sac, j'espère que ça ne te dérange pas » J’esquissais un sourire à demi-amusé. Il fallait être sans gêne pour aller fouiller dans les affaires des autres. « Pour maintenant… on va dire que ça ne me dérange pas, non ! » Lui lançais-je, d’un ton sarcastique, mais très vite un sourire se peignit sur mon visage. « Si je besoin de quelque chose, je sais dans quel sac chercher maintenant ! » Cette fois, je lui adressais un sourire en coin, amusée, qui vira presque aussitôt pour une expression faussement choquée. « Je suis tombé sans faire exprès sur ta tenue de Saint-Valentin » J’avais encore assez de discernement pour comprendre qu’il plaisantait. De toute manière, il aurait eu beau chercher dans mon sac, il ne serait pas tombé sur une seule tenue sexy. Pas une. J’entrais tout de même dans son jeu, me dressant droite comme un « i » directement après son aveux. « C’est pas vrai ? La petite nuisette avec la fourrure et tous ? » Lançais-je, un ton en dessous. « J'avais réservé ça à mon partenaire ! Pffff »

Milan n'avait jamais été gêné par le fait d'aborder des gens plus ou moins inconnus, des mecs de sa fac, des passants dans la rue, des fêtards en soirée. Des candidats d'une émission à laquelle il participait lui aussi. La timidité, la pudeur, n'avaient jamais été un problème pour lui, et il se rendait compte parfois que ça devait être franchement handicapant pour les personnes craintives. Même si c'était tout aussi chiant, des fois, pour les personnes qui leur adressait la parole. Cela dit, la Oona ne semblait en l'occurrence pas de cette trempe. Bonne chose. Ses lèvres se courbèrent en un léger sourire à sa réponse. Faut dire qu'elle avait pas trop eu le choix. Elle n'avait pas le sacrifier sur place ou plonger le bras dans sa gorge pour rechercher le cacheton déjà gobé. « Oh je suis certain que t'en connais déjà le contenu, ma partenaire n'a pas l'air d'être le genre à cacher des trucs à ses amis » C'était bien une des potes de Sixtine, nan? Si, si, il en était sûr. On sait toujours tout dans cette baraque. À moins qu'elles ne se soient disputées entre temps, sans qu'il le sache. Fourrant discrètement le deuxième cachet entre ses lèvres, il avala une énième gorgée d'eau puis posa finalement son verre sur la table. « J'pense que quoi que tu portes, ça ne changera pas grand chose pour lui. » Parce que son binôme, c'était le bigleux de service. Pas que Milan s'en branlait voire méprisait le fait qu'il soit aveugle, mais il refusait de mesurer ses paroles plus que de mesure sous prétexte que ça pouvait choquer le cœur de monsieur. Ou de madame. Le tact? La diplomatie? Connait pas. L'observant un quart de secondes, il eut l'air vaguement pensif. Cette gosse et sa dégaine de bobo, ses traits angéliques et ses longs cheveux blonds, on aurait dit une version réelle et moderne de Cendrillon. Loin de ce qu'elle lui présentait là. « Les apparences sont vraiment trompeuses, en définitive... » constata-t-il à voix haute, sans réellement parler à quelqu'un en particulier. Mais bon. Pour être honnête, il préférait quand même qu'elle soit capable de ce genre d'ironie plutôt que d'être tombé sur une gosse écervelée et trop gentille. Le genre de personne qu'il ne supportait pas.