Ainsi donc, ce château contenait une salle de musique. Ouais, effectivement, Jackson en avait vaguement entendu parler. C'était pas ici, d'ailleurs, qu'une soirée karaoké avait été organisée ? Si, probablement. Quoi qu'il en soit, Jackson ne s'y était jamais rendu par réel intérêt, ni même par curiosité. Mais aujourd'hui, il avait bien envie d'aller y faire un tour. Mais que personne ne s'attende à le voir pousser la chansonnette. Ça n'était pas son genre. Il n'aimait pas chanter, c'était comme ça. Alors s'il se rendait dans cette salle aujourd'hui, c'était pour l'unique et excellente raison qu'il voulait contempler les lieux. En entrant dans la salle, il constata bien vite que c'était le véritable repère des petits musiciens. Rien n'avait semble-t-il été oublié. L'atmosphère qui se dégageait de cette pièce était par ailleurs assez particulière. Sans doute était-ce dû à l'insonorisation des lieux. Ouais, ça devait être ça. Quoi qu'il en soit, Jackson ne tarda pas à prendre place sur l'un des poufs que comptait l'espace. Confortablement assis, il observa d'avantage ce qui se trouvait autour de lui. Et alors qu'il sentit une certaine fatigue s'emparer de lui, la porte s'ouvrit subitement. Si bien qu'il sursauta légèrement. Qui voulait lui faire avoir un arrêt cardiaque ? Gabrielle, visiblement. Posant son regard sur la belle rousse, Jackson hésita à ouvrir la bouche pour tâcher d'en sortir quelques paroles. Finalement, il décida de ne pas rester muet. Ça n'était clairement pas l'endroit adéquate. Ainsi, il lâcha un « Hey » qui faisait office de « bonjour. » C'était mieux que rien.

La rousse entre dans la baraque, elle revient de dehors. Elle venait juste de finir sa clope. Elle fumait souvent en ce moment. Elle venait juste de s'en compte, bien plus que d'habitude, à mettre sur le compte de l'enfermement surement, il fallait qu'elle se surveille un peu, elle faisait un paquet pour deux jours, c'était bien trop. Elle ne préférait pas imaginer l'état de ses poumons dans dix ans, noir surement, abimé.
Cela fait quatre jours que Clément est partit, elle sent un vide, son départ a été éclipsé par celui de Sixtine. Il lui manquait, il était celui avec qui elle pouvait parler, se confier sans se prendre la tête, il lui ressemblait. Il était calme, et ça l'apaisait, mais maintenant, il était partit. Mais Gabrielle savait qu'elle le reverrait, elle le lui avait promis, et puis, elle lui avait piqué une chemise..
Elle se dirige naturellement vers la salle de musique, pour se divertir, parce qu'elle trouvait le temps long. Et comme mue d'un certain reflexe, la jeune femme vint loger entre ses lèvres une cigarette, elle pousse la porte sans délicatesse et la laisse claquer derrière elle. Elle n'est pas seule, la rousse apperçoit Jackson. Gabrielle hésite à faire demi-tour, mais elle reste, elle enlève sa clope et la glisse dans la poche arrière de son jean. « Hey » Cela ne ressemble pas à Jackson. « Salut. » murmure t-elle avec douceur. Elle va s'asseoir sur un pouf à côté de lui. Gabrielle se racle la gorge. « Tu joues d'un instrument ? » demande t-elle simplement pour combler le vide.

Jackson se coucherait moins ignorant qu'à son réveil. Il aurait vu la salle de musique, sous tous les angles. Pas sûr qu'il y revienne souvent, mais c'était déjà ça. Mais alors qu'il aurait pu profiter du calme ambiant de la petite pièce pour se reposer, il n'eut même pas le temps de fermer un œil que Gabrielle entra dans la salle. Ça faisait longtemps, dites donc. Longtemps que Jackson ne s'était pas retrouvé dans une pièce seul avec elle. Spontanément, il s'était adressé à la jeune femme, bien qu'il ait au départ envisagé de se la fermer, ni plus ni moins. Mais une chose n'étant pas coutume, il se montra un tant soit peu sociable. Enfin, si on considérait qu'un pauvre petit « Hey » était une marque de sociabilité, bien sûr. Mais bon, venant de lui, c'était déjà pas mal. Naturellement, Gabrielle le salua en retour. Puis elle prit place non loin de là où il était assis. Et sans tarder, elle lui posa une question. Est-ce qu'il jouait d'un instrument, le Jackson ? Assez légitime comme question. Elle était en tout cas en droit de se la poser, puisque le grand blond se trouvait dans une salle remplie d'instruments en tous genres. Certains qu'il était d'ailleurs bien incapable de nommer. Mais qu'importe. « Bien sûr ... que non » fit-il alors. Non, il ne jouait d'aucun instrument. Oh, il avait bien joué un peu de clarinette au temps du lycée, mais ça remontait à si loin. « Et toi ? » reprit-il. Bah oui, autant lui retourner la question. Si ça se trouve, elle était aussi bonne musicienne qu'elle était belle. Ainsi, ça vaudrait probablement le détour.

Cela fait quoi, trois semaines qu'elle n'avait pas adrssé la parole à Jackson, le temps passait vite. Mais trois semaine, c'était assez énorme quand même pour la petite française. Au départ, elle s'était dit qu'elle n'allait pas lui parler pendant deux semaines, histoire de marquer le coup, car le mot 'jouet' résonnait encore dans sa tête lorsqu'elle le voyait. c'était affreux. Et le pire, c'est lorsqu'elle se surprenait penser qu'il n'avait peut-être pas tord dans le fond, et que certaines personnes avaient une grande emprise sur elle. C'était assez énorme. Jackson lui répond, négativement. « Bien sûr ... que non » La réponse de Jackson fit naître un léger sourire sur le joli minois de notre rousse nationale. Sourire discret néamoins. Puis il lui retourna la question. « Un peu de piano.. » répond t-ele doucement. Elle en avait fait quelques années, lorsqu'elle avait arrêté ses études, pour combler son manque cruel d'activité. Elle se débrouillait quoi, mais elle n'était pas une musicienne hors-pair, ça c'était sûr. La rousse se lève du pouf, elle est trop mal assise, et va s'installer sur un sofa à quelques mètres, non loin. Elle y est en deux en trois mouvements. Gabrielle s'y allonge de tout son long, elle est désormais à l'horizontal, ses mêches rousses pendent dans le vide.

Jackson n'irait jamais l'avouer, mais la compagnie de Gabrielle lui avait manqué. Ils ne s'étaient pas toujours bien entendu - ses joues n'iraient certainement pas prétendre le contraire - pour autant, le jeune homme s'était en quelques sortes pris d'affection pour la jolie rousse. Ce qui était d'ailleurs assez surprenant venant de lui. Quoi qu'il en soit, il se réjouissait intérieurement de pouvoir à nouveau converser avec Gabrielle. Bien sûr, il était bien conscient qu'un certain malaise était toujours présent entre eux. La faute à Jackson, il n'irait pas le nier, qui s'était permis de traiter la jeune femme de « jouet » quelques semaines plus tôt. Est-ce qu'il s'en voulait ? Un peu, oui. Il s'en voulait rarement d'avoir dit ou fait quoi que ce soit, mais c'était pourtant bien le cas dans cette situation. Lorsque la jeune femme lui répondit qu'elle jouait un peu de piano, Jackson esquissa un fin sourire. Justement, il l'avait imaginée derrière un tel instrument. Sans doute parce que cela se rapportait à une certaine délicatesse et que ça allait parfaitement avec ce qu'était Gabrielle à ses yeux. Soudain, Gabrielle se leva du pouf sur lequel elle était assise depuis quelques minutes. Elle ne tarda pas à s'installer sur le sofa qui se trouvait dans la pièce. Jackson l'observa alors s'allonger. Là, il eut bien envie de faire quelque chose qu'il avait rarement osé faire. Non, il n'allait pas lui sauter dessus. N'importe quoi. Le grand blond se contenta d'ouvrir la bouche, et son coeur fit le reste. « Ça ne me ressemble pas de faire ce genre de choses, mais ... » Allez, maintenant qu'il était lancé, il se devait de poursuivre. « ... Je te demande pardon. » Non, Jackson n'était pas souffrant. Du moins, pas à sa connaissance. « Pour t'avoir traitée comme je l'ai fait, mais aussi pour t'avoir ... » Petite pause. Inspiration. Expiration. « ... embrassée. » Jackson se trouvait toujours assis sur le pouf et fixait sa camarade. « Le truc du "jouet", c'était quand même le pire je pense. » Ouais, sans nul doute.

Un silence s'installe. Ce n'est pas gênant, l'autrefois aussi, lors du prime, ils étaient restés assis en silence, 'lun à côté de l'autre. A croire qu'ils avaient l'habitude de s'observer en silence. Rien de nouveau. Elle s'allonge, ses cheveux pendent, elle entoure une meche rousse autour de son doigt. Elle soupire, la rousse plie un genou. Gabrielle entend la voix de Jackson, elle tourne sa tête vers lui, puis l'observe. La belle attend, elle se demande ce qu'il va lui dire cette fois. « Ça ne me ressemble pas de faire ce genre de choses, mais ... » Okay, maintenant sa curiosité est piquée, la belle l'observe avec un peu plus d'attention, elle scrute le moindre détail, la moindre expression qu'arbore son visage. Elle se demande ce qu'il va bien pouvoir lui dire, pendant une seconde, elle s'attend au pire. Il s'exécute, il se lance. Gabrielle tique sur le mot 'pardon', elle se demande même si elle n'hallucine pas, mais non, c'est bien vrai, tout est bien réel. Gabrielle se redresse, passe une main dans ses cheveux, remettant de l'ordre dans sa chevelure de feu rebelle. « Tu ..tu t'excuses ? » répète t-elle, non parce qu'elle a du mal à y croire, il s'agit quand même de Jackson là, hein. Elle vrille ses prunelles bleues ciel à celles de Jackson, elle se demande s'il ne se fout pas de sa gueule, mais non, il lui semble sincère. « Je t'en voulais pas tellement pour le fait de m'avoir embrassé, mais pour m'avoir traité de jouet... » répond t-elle douceur en croisant ses jambes. « Je ne l'avais pas mérité.. » conclut-elle en repensant au fameux épisode de la salle de bain.

S'excuser. Voilà une chose que Jackson était bien rarement amené à faire. Et pour cause, il ne voyait pas tellement l'utilité des excuses. Il ne regrettait jamais rien, et n'avait donc pas le moindre besoin de demander pardon à qui que ce soit. Mais ici, cela lui semblait nécessaire. Ainsi donc, il s'était lancé. Il s'excusa tout d'abord d'avoir traité Gabrielle de « jouet », la fois où ils étaient tous deux dans la salle de bain et que Syssoï avait débarqué. A la réflexion, ça n'avait pas été très sympathique de traiter la jeune femme de la sorte. Non, vraiment pas. Puis, il s'excusa de l'avoir embrassée. Cela remontait déjà à un peu plus loin. Au tout début de l'aventure en fait. Au jour où Jackson se trouvait dans la cave, en compagnie de la jolie rousse, et qu'il l'avait effectivement embrassée. Belle erreur que celle-ci. Des erreurs, il en faisait semble-t-il beaucoup avec elle. Tandis qu'il lui demandait donc pardon, Gabrielle prit la parole. S'il s'excusait ? Non, il triait des tomates. « Je sais, c'est surprenant » fit-il alors, d'un ton neutre. Jackson qui faisait des excuses, c'était en effet assez surprenant. Entre temps, Gabrielle s'était redressée. Elle le fixait et lui aussi. Lorsque la jeune femme s'adressa à nouveau à lui, Jackson l'écouta attentivement. Ainsi donc, elle lui en voulait d'avantage de l'avoir traitée de « jouet » que de l'avoir embrassée. Cela n'avait rien de bien étonnant. Le coup du « jouet » n'était franchement pas fameux. Elle renchérit en prétextant ne pas l'avoir mérité. Effectivement, elle ne l'avait pas mérité. Et pourtant, il n'avait pu s'empêcher de la qualifier de la sorte ce fameux jour, dans la salle de bain. « C'est vrai » dit-il, tout en portant ses mains dans ses poches. « J'hésitais à venir m'excuser. J'en avais envie, je savais que c'était nécessaire, mais je n'osais pas. » Jackson marqua une petite pause, avant de reprendre. « C'est ... C'est Syssoï qui m'a convaincu qu'il fallait que je le fasse. » Ça n'était pas forcément avec plaisir qu'il évoquait Syssoï. Mais il devait admettre que celui-ci l'avait éclairé sur bien des points, comme il lui avait conseillé d'aller parler à Gabrielle. Ce qu'il fit.

La scène semblait légèrement suréaliste, c'est pour cela que la jeune femme avait voulu vérifier qu'elle ne rêvait pas, et que Jackson était réellement entrain de s'excuser, bon sa question était conne, mais elle s'en fichait pas mal. « Plutôt oui. » ajoute t-elle simplement, elle ne quitte pas des yeux. Jackson répondit qu'il avait hésité, comme si la rousse était intimidante, elle trouvait que son excuse était bi-don, tout simplement.
La rousse pose ses pieds sur terre, elle se lève, et se dirige lentement vers Jackson. La belle s'agenouille au pieds de du grand blod qui était toujours installé sur son gros pouf. Ses genoux sont posés sur le sol, la française pose une main sur le genou de Jackson. C'est leur première contact depuis un certain temps, à vrai dire, dès que le mot 'jouet' avait franchi les lèvres du blond, la rousse n'avait plus adressé volontairement la parole au candidat, elle ne l'avait pas touché non plus. « Pourquoi tu n'osais pas ? » lui murmure t-elle en levant la tête vers lui. Elle ne comprend pas pourquoi il a tant tardé, bien sûr vaux mieux tard que jamais, mais elle aurait aimé qu'il vienne la voir plus vite, genre, le lendemain, si ce n'était pas trop demandé. Il lui a fallu trois semaine avant de s'y mettre, mais c'est déjà ça. « C'est ... C'est Syssoï qui m'a convaincu qu'il fallait que je le fasse. » La rousse fronce les sourcils, créant un léger pli sur son front. Mais qu'est-ce que Syssoï venait foutre dans cette histoire ? Et pourquoi il a parlé à Jackson ? Elle a vraiment l'impression que des choses se passent -dans son dos- et elle n'en n'avait pas conscience, elle ne pouvait rien faire. « Pourquoi Syssoï t'a parlé de ça ? » lui demande t-elle simplement, elle le fixe, elle ne le lâche pas des yeux.

Il avait tardé à le faire, mais Jackson s'était excusé. Si pour certains ça semblait être le minimum dans une telle situation, il faut tout de même savoir que cela n'était pas du tout habituel chez lui. Et même, cela représentait un certain effort. Comme quoi, il était parfois capable de mettre de coté la haine qui consumait son corps mais aussi son cœur depuis des années. Là par exemple, il voulait être sincère. Parce qu'il s'agissait de Gabrielle et qu'il pouvait enfin profiter à nouveau de sa présence. C'était peut idiot, mais celle-ci lui faisait du bien. Pour une fois qu'il n'avait pas envie de se servir de sa ceinture pour étranger quelqu'un. Avec elle, tout était si ... différent. Le jeune homme venait d'avouer à sa camarade qu'il n'avait au départ pas osé venir s'excuser. Et c'était bien vrai. Gabrielle, qui s'était agenouillée et avait posé une main sur le genou de Jackson - hum - voulut aussitôt savoir pourquoi. Pourquoi avait-il hésité ? Pourquoi n'était-il pas venu plus tôt ? Pourquoi avait-il tant tardé pour venir lui faire des excuses ? Jackson réfléchit un instant. Il n'était pas sûr de savoir pourquoi, à vrai dire. Sans doute avait-il eu peur, d'une certaine manière. Peur d'être rembarré tant que c'était encore frais. Peur d'être rejeté. Encore une fois. « Je n'en sais rien. Je n'osais pas, c'est tout » fit-il simplement. Pour le coup, il préférait rester évasif. A quoi bon passer pour un con, franchement ? S'en suivit une évocation de Syssoï de la part du grand blond. Sans doute celui-ci n'apprécierait pas d'être cité dans cette conversation, mais Jackson jugea préférable de signaler à la rousse que, d'une certaine manière, c'était bien grâce à ce dernier qu'il était venu s'excuser. Gabrielle souhaita savoir pourquoi Syssoï lui avait parlé de ça. Là, il hésita à lui répondre. Devait-il lui parler de la discussion qu'il avait eu avec le brun ? Probablement pas, non. « C'est venu au fil de la conversation » déclara-t-il alors. Là encore, il faisait preuve de beaucoup d'imprécision. Il trouva même le moyen de détourner le regard de celui de la belle. Ce serait tellement plus simple de continuer d'éluder de la sorte.

« Je n'en sais rien. Je n'osais pas, c'est tout ». « Tu sais que c'est pas une réponse ça. » lui répond t-elle avec un léger sourire sur les lèvres. Il le sait, et il le fait exprès, mais elle le laisse faire. « C'est venu au fil de la conversation » Il détourne son regard du sien, il reste evasif, vague. Gabrielle se demande ce qu'il se passe. « Regarde-moi. » déclare t-elle d'une voix ferme. Elle sent un truc pas clair, qui lui échappe, elle ne comprend pas, et cela n'énerve. Gabrielle essaye de deviner ce qu'il a pu se passer, ou même se dire entre Syssoï et Jackson. Elle a presque peur de savoir, et elle n'est plus sûre de vouloir savoir. Elle a peur que cela ne lui plaise pas. Cela l'énerve encore plus de cette discussion entre les deux candidats se soient passée lorsqu'elle était indisponible, traduction lorsqu'elle était malade et ne pouvait pas faire un pas en dehors de sa chambre ou juste pour se rendre à la salle de bain quoi. C'était complétement débile mais cela ne plaisait pas du tout à la rousse, il ne fallait pas chercher bien loin, c'est juste ça.
Jackson devait se douter qu'elle n'allait pas lâcher l'affaire si facilement, à vrai dire, la française s'était toujours montrée assez têtue et peu conciliante avec ce dernier, il fallait bien l'avouer. Le pauvre, elle ne lâchait rien. La jolie rousse se relève légèrement, elle plaque une de ses fines mains contre la joue de Jackson, et l'oblige -le force- à la regarder. Il n'a pas le choix. « Dis-moi Jackson. » lui murmure t-elle doucement, elle veut savoir, elle ne lui demande pourtant pas grand chose, mais il ne veut pas lui répondre.