S'il y a bien une chose pour laquelle Jackson n'était pas mauvais - mis à part mentir, coucher et emmerder les autres - c'était bien éluder les questions un peu gênantes. Il était capable d'esquiver avec adresse ce qui le mettait légèrement mal à l'aise, une chose qui l'avait jusqu'ici sorti de bien des galères. Mais avec Gabrielle, ça n'était jamais simple. Parce qu'elle était têtue, péniblement même, et qu'ainsi il semblait bien improbable qu'il puisse continuer à se dérober bien longtemps. Pourtant, il ne désespérait pas d'y arriver. Il était Jackson, bon sang, alors il pouvait bien résister. Mais le problème, voyez vous, c'est qu'il n'aimait pas faire ça. Il n'aimait pas la laisser dans l'incompréhension, l'ignorance. Elle voulait savoir de quoi il retournait. C'était assez drôle, d'ailleurs, parce qu'en y réfléchissant bien, la discussion qu'il avait eu avec Syssoï n'avait pas à rester top secrète, pour la simple et excellente raison qu'ils n'avaient pas discuté de choses trop personnelles, en fin de compte. Quoi que ... Jackson tentait alors de se souvenir de la dite conversation. Il revoyait le début, lorsque Syssoï lui avait adressé quelques paroles incompréhensibles à ses yeux. Puis la suite, le grand blond se permit d'évoquer Gabrielle, pour soit disant prendre de ses nouvelles. Et tout était allé bien vite. Syssoï lui avait confié se voir comme un type pas fréquentable, puis l'avait incité à tomber le masque qu'il semblait porter, à se livrer. Et Jackson le fit, étrangement. Et c'est là que son esprit s'embrouillait quelques peu. Il avait continué à parler de Gabrielle. Il s'était montré étonnement sincère, au point qu'il en eut honte ensuite. En fait, il était très probable qu'il en ait encore un peu honte aujourd'hui. Et puis Syssoï avait repris la parole, lui conseillant d'aller parler à la belle. Et il était là, aujourd'hui. La belle en question souhaitait savoir, elle souhaitait qu'il lui parle de cette discussion. Mais Jackson ne voulait pas, lui. Parce que s'il en parlait, il en viendrait à parler de ce qu'il avait pu dire à son sujet, de ce qui lui faisait encore honte aujourd'hui. Il ne voulait pas qu'elle le sache. C'était idiot, mais c'était ainsi. Alors, quand elle lui demanda de le regarder, il ne le fit pas. Pas de lui même du moins. Tout comme il se refusa à lui parler quand elle le lui demanda. Gabrielle venait de déposer une main sur sa joue, pour le forcer à la regarder. Le regard planté dans celui de la jeune femme, il resta un temps muet. Il se décida finalement à se lever, repoussant délicatement la main de sa camarade et faisant quelques pas à travers la salle. « Il n'y a rien à dire » lança-t-il alors, tandis qu'il lui tournait désormais le dos. Alors qu'au contraire, il y avait bien trop à dire.

Jackson évite son regard, même lorsqu'elle lui ordonne de la regarder, la belle fronce les sourcils. Son regard clair ne croise le sien le sien que lorsqu'elle le lui oblige. Jackson se lève soudainement, elle n'en voit pas tellement la raison, le fait qui s'èleve la force à reculer. Il la repousse, et sa main tombe mollement dans le vide.« Il n'y a rien à dire » Mensonge, voici le mot qu'elle semblait voir clignoter sur le front de Jackson, en lettres lumineuses rouges. La jeune rousse pousse un soupir agacé, mais pourquoi ne veut-il rien lui dire ? Ses lèvres se pincent, son attention est focalisée sur le grand blond qui lui fait désormais dos. Elle s'approche d'un pas de lui. Elle hésite. Elle fixe son dos. « Arrête. » le contredit-elle en croisant les bras sur sa poitrine. La belle était tenace, et son refus lui donnait encore plus envie de savoir. Gabrielle était comme ça, elle veux ce qu'elle n'a pas. C'est malheureux mais c'est ainsi.

« Pourquoi tu veux rien me dire ? » lui souffle t-elle en faisait un pas dans sa direction. Il ne se retourne pas. Il l'énerve, il l'agace. Pourquoi ne veut-il pas cracher le morceau ? C'est quoi son problème ? Voilà toutes les questions qui fusaient dans la tête caboche de notre rousse préférée. « S'il te plait.. » murmure t-elle en s'approchant encore de lui, reduisant la distance qui les séparait. Elle sait qu'elle va l'avoir à l'usure, c'est toujours comme cela. Alors pourquoi résister ? Qu'il parle maintenant. La belle se rapproche encore de lui, elle se colle contre son dos, et entoure ses bras autour de son torse, et pose son menton sur l'épaule de Jackson. Fallait pas lui en vouloir, Gabrielle était une fille assez tactile, et avec tout le monde, bien sûr. Elle attend une réponse, et elle ne le lâchera pas tant qu'elle n'aura pas obtenu ce qu'elle veut.

Non, il ne voulait pas le lui dire. Mais lui dire quoi, au juste ? Et bien, ce qu'il avait précédemment dit à Syssoï, bien sûr. Ça n'était pas parce que cette conversation ne regardait pas la jeune femme, attention. Parce qu'entre nous, ça la regardait un minimum quand même. Le fait qu'elle y ait été citée un bon paquet de fois suffisait à lui donner le droit de savoir ce qui y avait été dit, d'ailleurs. Mais Jackson ne souhaitait pas qu'elle sache. Parce qu'elle risquerait de le voir différemment après ça, et il ne le souhaitait pas. Si elle venait à savoir qu'elle avait beaucoup, beaucoup, beaucoup d'importance à ses yeux, il serait mal barré. C'est clair. Qui sait ce qu'elle irait s'imaginer, ou pas. Et si elle lui ricanait au nez ? On lui avait bien souvent ricané au nez, après tout. Alors, pourquoi pas elle ? Il ne voulait pas prendre le risque. Il ne voulait pas le lui dire, c'est tout. Mais Gabrielle étant Gabrielle, ça ne serait pas aisé. Elle était très têtue, et n'en démordait pas. Son « Arrête » témoignait très probablement de l'agacement qu'elle commençait à ressentir. Il devait l'agacer, oui. Et le fait d'imaginer qu'elle pouvait effectivement lui en vouloir de s'obstiner à ne rien dire lui donnerait presque envie de tout lui déballer, spontanément. Gabrielle lui demanda pourquoi il ne voulait rien lui dire. Mais Jackson resta impassible. Il lui tournait toujours le dos, bien décidé à rester comme cela. Pour tout vous dire, il envisagea un court instant de prendre la porte, de sortir d'ici. Ce serait le plus simple. Mais il n'en fit rien. Parce qu'une partie de lui souhaitait rester ici, malgré tout. Le « s'il te plait » qu'elle lui adressa ensuite le fit légèrement réagir. Il ne se retourna pas, non, mais baissa doucement la tête. Très vite, il sentit la jeune femme s'approcher considérablement de lui. Jusqu'à ce qu'il la sente se coller contre son dos, et entourer son torse de ses petits bras. Et lorsque le menton de la jeune femme vint trouver place sur son épaule, Jackson fut comme paralysé. Il était désormais bien incapable de faire le moindre geste, même s'il le voulait. Ce n'est qu'après quelques instants qu'il parvint finalement à bouger. Il délogea doucement le menton de sa camarade - lui faire mal n'étant pas le but - et se tourna vers elle, le regard planté dans le sien. Là, on s'attendait légitimement à ce qu'il se décide enfin à lui dire ce qu'elle attendait depuis déjà quelques minutes. Mais tout ce qui sortit de sa bouche fut un « Stop. » Oui, ce fut légèrement décevant.

Gabrielle s'apperçoit que Jackson baisse la tête, vers le sol. Elle maitrise la situation une minute, même pas, puisse que Jackson reste immobile suite à son étreinte, il tient même pas une minute avant de se dérober une nouvelle fois. A croire qu'il excèle dans cet art, il dévie, se dérobe, fuir, la belle pourrait faire une longue liste d'ajectifs qui se rapportait à ce cher Jackson. « Stop. » Un refus supplémentaire, roh, ça l'énervait. Une moue boudeuse s'installe sur le joli minois de la rousse qui trépine d'impatience. Elle avait envie de s'implanter dans la tête du grand blond, pour savoir ce qu'il pensait. « Jackson.. » commence t-elle, oui, elle veut lui arracher les mots de la bouche, elle veut qu'il parle. A croire que Gabrielle s'entraine à la torture mentale. « ..aller. » finit t-elle en plantant ses prunelles clairs dans celle de son camarade. Elle attend quelques explications, qu'il parle bon sang. S'il ne voulait pas lui dire, c'est que cela devait être important -voir gênant pour Jackson- sinon il ne se bloquerait pas de la sorte. Pitié, elle veut savoir. Un jour sa curiosité la perdra, c'est sûr. La belle se mordille la lèvre inférieure, elle cherche un angle d'attaque, pour le faire flancher, pour le faire fléchir. Pour qu'il avoue enfin. La rousse appuye délicatement son front contre le torse de ce pauvre Jackson qui tente de résister à ses attaques, et il y arrive vraiment bien jusque là. C'est justement cela qui l'agace. « Ecoute, tu me le dis, et après, on n'en parle plus et c'est régler. » tente t-elle de négocier. C'est une attaque ultime. « Dis-moi. » ajoute t-elle doucement une fois de plus, elle ne le lui laisse même pas le temps de répondre, même pas le temps de souffler. Aucun temps de répis pour le grand blond.

Ce « Stop » était censé la dissuader de continuer dans cette voie. Elle devait cesser de vouloir à tout prix savoir ce qu'il s'était dit entre Syssoï et Jackson. Il ne fallait pas qu'elle sache. Ça ne serait pas une bonne chose, aux yeux de Jackson. Il était préférable qu'elle reste dans l'ignorance, même si cela la conduisait à le maudire de s'être montré aussi borné. Désormais face à la jeune femme, Jackson espérait qu'elle finirait par comprendre qu'elle ne devait pas insister, que c'était fini. Mais elle reprit. Elle était décidément si têtue, si déterminée à savoir. Et tandis qu'elle sembla plus ou moins le supplier de cracher enfin le morceau, Jackson resta aussi impassible que possible. Parce qu'il n'était pas aussi sûr de lui que dans d'autres situations. Ici, c'était différent. Elle cherchait à tout prix à savoir, mais lui ne voulait toujours rien lui dire. Alors la jeune femme appuya son front contre son torse, l'immobilisant à nouveau. Et cette fois-ci, ça n'était même plus qu'il ne pouvait pas bouger, mais surtout qu'il ne voulait pas. Gabrielle chercha alors à négocier. Elle n'abandonnera pas, c'est clair. Mais lui non plus, vous savez. Comment faire, alors ? Non, il ne lui dirait rien. On pourrait croire que tout cela l'amusait, que c'était comme un jeu pour lui. Mais non, absolument pas. Il cherchait simplement à se protéger, voilà tout. Et pour ça, il était véritablement prêt à tout, soyez en sûrs. C'était difficile de résister à Gabrielle, à son désir de savoir. Oui, c'était difficile. Et chaque fois qu'elle lui adressait de nouvelles paroles, il se sentait plus faible qu'auparavant. Comme s'il allait céder subitement, ce qu'il ne voulait pas. Alors il se persuadait intérieurement qu'il était véritablement préférable de ne rien dire, quoi que cela lui coûte. « Je dois te le chanter, te le mimer, te le dire en chinois peut être ? » lança-t-il alors, sur un ton bien plus calme qu'on pourrait se l'imaginer. « Ça suffit » reprit-il, catégorique. Il n'était pas certain de pouvoir la convaincre de renoncer avec ça. Mais c'était tout ce qu'il avait pourtant. Le regard ancré dans celui de sa camarade, il fronça très légèrement les sourcils. Peut être que s'il se mettait subitement à aboyer, elle finirait par avoir peur, ne serait-ce qu'un tout petit peu ?

On était face à un problème de taille. Gabrielle et Jackson s'affrontaient, et aucun des deux n'avait envie de céder du terrain.. D'ailleurs, la rousse se demande comme elle allait faire pour lui faire dire ce qu'elle voulait entendre, la tâche s'avérait très ardue, et Jackson était aussi têtu qu'elle, pire même. Comme si c'était possible. « Je dois te le chanter, te le mimer, te le dire en chinois peut être ? » Gabrielle soupire, la partie n'était pas encore gagnée pour elle, la belle a encore du chemin à parcourir. Mais elle sent qu'il faiblit, doucement, mais surement. « Vas-y, essaie juste pour voir. » le provoque t-elle volontairement. La rousse recule un peu, juste pour appercevoir le visage de Jackson, qui tente apparemment de paraître effrayant en fronçant les sourcils, ça la fait juste apparaître un sourire amusée sur le visage de la jeune française. « Ça suffit » Les lèvres de la rousse se pincent, face à ce refus, elle observe les traits du visage de Jackson. Il ne semble pas tellement enclin à la discussion, pour le plus grand malheure de la française. Elle recolle son front contre le torse du blond, poussant un léger soupir au passage. « Jackson, j'aime pas être mise à l'écart. » répond t-elle, très très très très déçue. Et là c'était clairement l'impression qu'elle avait, d'avoir été mise sur le banc de touche, et qu'elle ne pourrait jamais savoir ce qu'il s'était dit entre les deux candidats. Gabrielle a besoin de savoir, besoin et envie surtout. Elle enroule une nouvelle fois ses bras autour de Jackson, ses mains se retrouvent dans son dos. Ses doigts tapotent légèrement le dos du grand blond, en rythme en plus. « Tu es sûr ? » lui demande t-elle pour la dernière fois. Bon, après elle capitulerait, elle ne comptait pas passer son temps à le supplier non plus.

Un cercle vicieux. Cette discussion était un véritable cercle vicieux. Les protagonistes étaient tous deux extrêmement bornés, si bien qu'ils tournaient en rond depuis déjà quelques minutes. Quand Gabrielle désirait savoir, Jackson se braquait. Et plus il se braquait, puis elle avait semble-t-il envie de savoir. Un cercle vicieux, on vous dit. La situation devenait de plus en plus gênante du point de vue du jeune homme. Parce qu'il était véritablement partagé entre le désir d'être honnête avec Gabrielle et la crainte de l'être un peu trop. Voilà pourquoi il ne souhaitait pas lui dire ce qu'elle voulait pourtant absolument savoir. Sans doute ne comprenait-elle pas pourquoi il se refusait à lui parler. Lui savait. Il savait que c'était préférable. Il savait qu'il lui fallait à tout prix se taire s'il ne voulait pas risquer de changer aux yeux de Gabrielle, ce qu'il ne souhaitait pas. Car tout ceci semblait lui convenir. Cet affrontement semblait lui convenir. Et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'ils n'en seraient jamais arrivés là s'il avait décidé de lui parler dès le début, quand il était encore assis sur le pouf. Mais il n'avait pas souhaité le faire, comme il ne le souhaitait apparemment toujours pas. Gabrielle le provoqua. Mais cette provocation le laissa parfaitement impassible. Il se contenta de la fixer encore et toujours. Puis il fronça les sourcils, semble-t-il pour tenter de l'intimider. Sauf qu'à en juger par le sourire amusé qui prit place sur les lèvres de sa camarade, ce fut plutôt vain. Raté, donc. Pas de soucis, ça n'allait pas l'arrêter pour autant. Gabrielle revint ensuite coller son front contre le torse du grand blond. Il allait finir par y prendre goût si ça continuait. Mais alors qu'il semblait désormais sûr de lui, sûr de ne pas devoir lui parler, les paroles de la jeune femme le firent réfléchir. Elle n'aimait pas être mise à l'écart. Et lui même ne voulait pas qu'elle le soit. Si bien qu'il songea enfin à cracher le morceau. Sa camarade lui donna une ultime occasion de parler. Occasion qu'il fut tenté de saisir. « Non » fit-il tout bas. Non, quoi ? Non, il n'était pas sûr. Pas sûr de vouloir se résoudre à la laisser dans cette ignorance qui semblait tant la déranger. Pour autant, il n'était pas sûr non plus de vouloir qu'elle sache. Merde, c'était pas simple. « Et toi, tu es sûre de vouloir savoir ? » fit-il, tandis que sa main venait innocemment se poser contre le dos de la jeune femme. Il ne cherchait pas à gagner du temps, non. Bon okay, peut être un petit peu.

Elle avance de nombreux arguments, mais il ne faiblit pas, elle cogne délicatement son front contre son torse, plusieurs fois. Elle cherche un moyen de le faire craquer, sans pour autant que cela passe pour de la manipulation. Car non, Gabrielle n'est pas une manipulatrice, pas volontairement du moins, « Non » Et dire qu'elle avait failli abandonner, elle avait failli le laisser s'échapper, de justesse, mais son 'non' l'avait trahi. Sa réponse avait un parfum de victoire, elle sentait qu'elle l'avait eu, elle a gagné. Magnifique. La rousse lève la tête pour appercevoir Jackson, un sourire très satisfait sur ses claires lèvres. Elle ne répond pas, elle le laisse faire, elle le laisse en silence, il doit peser les pour et les contre, elle le sait, c'est pour cela qu'aucun son ne franchit la barrière de ses lèvres. La belle sait qu'il finira tout de même par avouer. Tôt ou tard, il finirait par tout lui dire. La française était assez sûre d'elle pour une fois, et c'était assez rare. « Et toi, tu es sûre de vouloir savoir ? » Cette réplique vient lui confirmer ce qu'elle sait déjà, la rousse décale sa tête, souffle sur une mèche qui lui obstruait la vue, sa mèche de feu dégage. Elle vrille ses prunelles azures à celles de Jackson. La belle l'observe en silence, sans rien dire. Une minute passe, le silence s'installe. « Je crois que je veux savoir, oui. » murmure t-elle en le regardant. C'est juste à ce moment-là qu'elle sent la main de Jackson sur son dos. Quand à elle, la rousse resserre l'étreinte qu'elle avait déjà sur le grand blond, ses bras ses referment contre son corps, les paumes des mains frêles de la jeune française se plaquent sur son dos, exerçant une légère pression sur celui-ci.

Il avait cédé. Il allait le lui dire. Il allait lui révéler ce qu'il préférerait qu'elle continue d'ignorer. En d'autres termes : c'était la merde. Pourquoi se décidait-il, tout à coup, à cracher le morceau ? Était-ce parce qu'il était faible, qu'il avait fini par craquer suite aux nombreuses tentatives de sa camarade pour le faire parler ? Ou bien était-ce parce qu'il ne voulait pas que celle-ci lui en veuille, à l'avenir, pour avoir préféré garder le silence ? On était en droit d'envisager les deux possibilités. Parce que d'un coté, Gabrielle avait fait preuve de beaucoup de détermination, alors il ne serait pas étonnant que cela ait fini par payer. Et d'un autre coté, Jackson semblait peu désireux de laisser Gabrielle dans l'ignorance, sans doute par crainte de vivre un nouvel éloignement d'ici peu. Pourtant, il y a encore quelques temps, il aurait été ravi qu'elle lui en veuille. Parce qu'il était étonnement serein quand quelqu'un lui en voulait. Il préférait cela plutôt que de s'attacher sur le long terme à une personne. Et justement, ce revirement de situation n'était pas sans concerner ce qu'il s'apprêtait à révéler à sa camarade. Celle-ci disait croire qu'elle voulait savoir. Presque aussitôt, et alors que Jackson avait précédemment placée une main dans le dos de sa camarade, celle-ci se colla un peu plus à lui, tandis que ses bras venaient se plaquer contre le dos du grand blond. Cette position n'était évidemment pas sans le mettre un tant soit peu mal à l'aise. Mais ça n'était rien comparé au fait qu'il devait désormais faire preuve d'honnêteté, ce qui était assez rare venant de lui. Regardant ailleurs - nul part en fait - Jackson se lança. « Syssoi et moi avons discuté à ton sujet » fit-il alors, d'une voix peu assurée. Bon ça, on le savait déjà plus ou moins. « Il m'a incité à " déposer le masque " que je portais » reprit-il. C'était laborieux, mais c'était mieux que rien. « Il m'a demandé pourquoi ... pourquoi tu semblais avoir tant d'importance à mes yeux. C'était pas une question évidente ... » Sans blague. Et même qu'il avait hésité avant d'y répondre, qu'il avait beaucoup douté sur le moment. Et pourtant, il y avait répondu, avec toute la sincérité dont il était capable. Encore aujourd'hui, cela le surprenait. « Je lui ai dit ... » Il s'arrêta un instant, hésitant à poursuivre. Allez Jackson, au point où tu en es, tu peux bien aller au bout. « ... que je ne savais pas, que je ne comprenais pas, que c'était étrange à mes yeux. Je lui ai avoué que j'avais voulu te séduire, parce que c'était plus facile que de prendre la peine de réellement te connaitre ... Que l'échec qui suivit m'avait servi de leçon et que le fait que tu m'en voulais me convenait ... au début. » Car ces deux mots faisaient toute la nuance de la phrase, c'est évident. « La vérité, c'est que ... » Allez, encore un tout petit effort, un microscopique effort. Il pouvait le faire, il le savait. « ... tu m'as manqué durant ces quelques semaines. J'essayais de me dire que ta rancœur était une excellente chose. Mais ça me pesait, beaucoup même. » Bon, on va dire qu'il avait fait de son mieux, hein ? Maintenant, c'était l'instant de vérité. Comment allait-elle réagir ? Lui, il optait secrètement pour un bon gros fou rire. Comme ça, il aurait la confirmation qu'il aurait mieux valu qu'il ferme sa gueule.

Okay, elle se rend compte que leur position peut-être mal interprêtée d'un point de vue extérieur, mais c'est juste que la rousse a une tendance très tactile, et ce, avec tout le monde. Elle ne veut pas quelconque ambiguité la-dedans, soyons clairs. Gabrielle reste Gabrielle, c'est à dire une fille tactile et très caline, mais c'est de notoriété publique maintenant. Elle espérait quand même qe personne n'entre dans la pièce, et ne se fasse de fausses idées, la rousse n'avait pas besoin de cela en ce moment même, vraiment pas besoin de cela. Elle se cale contre Jackson, et attend la suite, elle sait qu'il va tout lui déballer, il a déjà capituler. Il commence, Gabrielle l'écoute avec attention, son front collé contre lui. Il mentionne Syssoï, c'est évident. « Il m'a incité à " déposer le masque " que je portais » Elle soupire. « Ton masque d'indifférence.. » confirme t-elle. Mais bizarrement, au début, avec Gabrielle, Jackson lui avait paru normal, sympatique, c'est bien après qu'elle l'avait découvert sous un nouveau jour si on pouvait dire. Il continue, il hésite de nombreuses fois, c'est normal. C'est dur de s'ouvrir, cela l'este encore plus pour Jackson, elle comprend. C'est pour cela qu'elle ne le presse pas, lui laisse son rythme. Elle l'écoute, elle ne l'a jamais vu dire autant de mots en une fois, c'est une première. Elle tique sur le fait qu'il préfèrait qu'elle lui en veuille, elle fronce les sourcils, elle ne comprends pas. « Pourquoi ? » le questionne t-elle, elle veut savoir. « ... tu m'as manqué durant ces quelques semaines. J'essayais de me dire que ta rancœur était une excellente chose. Mais ça me pesait, beaucoup même. » Un sourire ravi nait sur les lèvres de la jeune femme, et elle ne peut pas empêcher cela même si elle le voulait. « Je t'ai vraiment manqué ? » lui demande t-elle en levant les yeux vers lui. « Toi aussi. » murmure t-elle très bas, seul lui pouvait l'entendre. La rousse se hisse sur la pointe des pieds, et dépose un léger baiser sur la joue du grand blond. Ca faisait du bien de lui parler, sans avoir le mot 'jouet' qui résonnait dans sa tête à chaque fois qu'il ouvrait la bouche.