Elle sautille sur place histoire de se réchauffer. Il fait super froid ce matin. Elle n'est pas sortie tres couverte ce matin, il faut qu'elle aille se chercher une veste. Gabrielle rentre dans la maison, et file d'un pas pressé dans la chambre, et attrappe le premier vêtement qui lui tombe sous la main. Qui est l'heureux élu ? Syssoï, evidemment. Il n'avait pas qu'à laisser ses fringues trainer sur leur lit, il allait falloir qu'elle lui apprenne à ranger, sérieusement. Heureusement qu'elle est là, sinon leur lit serait un vrai bordel. Elle enfile sa veste et sort de la chambre rapidement. Paquet de clopes dans sa poche arrière de son jean, et briquet dans la main, elle redescend l'escalier, et fait tout le chemin inverse et finit par sortir. Tout ce manège just pour se fumer une simple cigarette, c'est énorme. Gabrielle est quelqu'un de très motivé faut croire. Elle retourne dans le parc, mais elle n'est plus seule. Milan se trouve excatement à la place qu'elle avait laissé lorsqu'elle était partie. Elle ne connait pas, mais alors pas du tout. Elle sait jusque qu'il était l'ancien partenaire de Sixtine. Elle se salue d'un léger hochement de tête avant de se frotter les mains pour se réchauffer et de sortir son baton cancérigène pour l'allumer.

Quelques temps après le réveil. Une heure ou peut-être deux, Milan n'avait plus trop la notion du temps qui passait. Un peu mais plus trop. Tu pouvais aller dormir ou te réveiller quand tu voulais, ça n'avait strictement aucune incidence sur le reste de ta journée. Il avait juste jeté un œil à la montre de sa partenaire en ouvrant les paupières, mais c'était tout. Du coup, l'heure qu'il pouvait être, il n'en avait aucune idée. Le truc c'est qu'il s'en foutait un peu, il traînait dans le parc qui environnait le château sans trop y penser. S'angoisser avec les horaires, et tout, c'était pas trop son truc. Sauf que des fois, il avait pas trop le choix, parce qu'on le lui imposait, et qu'il était bien obligé de se plier à certaines choses. L'heure des bus, des cours, la minuterie des explosifs pour faire sauter les fondations du siège de l'extrême droite irlandaise, des réjouissances comme ça. Mais ici, non, ici, on avait la paix. Plus ou moins. C'était drôlement agréable de marcher un peu, profitant de la fraicheur de la matinée. Ça l'était encore plus de se poser tranquillement sur le petit banc qui était là, le banc en pierre. Il n'y avait personne alentour, sans doute dormaient-ils encore tous. Alors Milan se laissa tomber, ferma les yeux. Pas longtemps, car un bruit de froissement de vêtement attira son attention, pas loin de lui. Rouvrant les paupières, il aperçut en premier une chevelure de feu qu'il reconnut aussitôt comme étant celle de Gabrielle, il ne connaissait pourtant pas du tout. N'empêche qu'elle s'assit juste à côté et s'alluma une clope. Hm. Clope. Gentiment, la laissant tirer dessus une fois, il attrapa sa main, l'amena jusqu'à son propre visage, et lui vola une taffe, avant de libérer sa main. Il s'en serait bien grillé une entière, sauf qu'il en avait pas. « Déjà debout ? » demanda-t-il simplement, parce qu'il avait pas envie de rester là comme un con à rien dire.

La rousse s'assoit à côté de ce cher Milan. Elle se demande ce qu'il fout ici, assis dans le froid. Il va mourir congelé, mais bon, ça c'est son problème après. Elle contient son commentaire. Gabrielle allume sa clope, en prenant tout son temps, elle aimait bien jouer avec la flamme de son briquet. Oui, mais bon, tout le monde le savait, la rousse avait une légère fascination pour tout ce qui brûlait. C'était son trip, faut pas chercher plus loin. La candidate observe un moment son briquet avant de se décider à monter la flamme à la hauteur de son baton de nicotine, et finit enfin par l'allumer après quelques secondes. La rousse tire longuement dessus, en prenant bien soin de remplir ses poumons de la fumée cancérigène. Ouai, elle va mourir tôt, c'est obligé, avec tout ce qu'elle fumait dans la journée. D'ailleurs elle compte réduire, enfin, c'est ce qu'elle se dit tous les jours depuis trois ans, et vous voyez le résultat. Milan lui emprunte sa main, pour tirer. Elle se laisse faire, puis elle la reprend. Coinçant sa cigarette entre ses lèvres, elle sort une clope et la file au candidat. Solidarité entre fumeurs quand tu nous tiens. « Cadeau. » dit t-elle, c'est pas très compréhensible parce qu'elle a sa cigarette coincée, mais bon, elle ne peut pas faire autrement, elle rerange enfin son bien. « Déjà debout ? » Elle reprend sa cigarette entre ses deux doigts pour lui répondre. « Morphée me fait la gueule. » murmure t-elle en tournant légèrement sa tête vers lui. « Et toi ? Ta partenaire t'a poussé du lit ? T'es venue observer la rosée matinale ou je ne sais quoi ? » lui demande t-elle à son tour.

Au moins, elle l'a pas envoyé chier parce qu'il avait eut le malheur de tirer un coup sur sa sèche, et pire même, de lui toucher la main. Il en connaissait qui l'aurait traîné en justice pour moins que ça. Ce qu'il aimait pas les pimbêches de ce genre. Genre faussement pudique et effarouchée, mais aussi super égoïste et chieuse, et tout. Y'avait quoi de mal à pas être une connasse ? Enfin, encore les vraies connasses, ça le dérangeait pas. Ça le fascinait, même. Mais les connasses capricieuses et tout, dieu ce qu'il supportait pas. Mais apparemment, la Gabrielle, c'était pas une pimbêche. La preuve, aussitôt après, elle sortait une seconde clope et la lui refilait. « Trop gentil, merci. » Un sourire et il fourra la sèche en bouche, sortant un briquet de sa poche. Il avait toujours un briquet dans sa poche, allez savoir pourquoi. Ça lui prenait souvent de cramer genre des brins d'herbe ou des barrières en fer, juste comme ça. Super l'écolo. Paradoxal tu dis? Un peu. Roulant des billes jusqu'à la fille rousse, il sembla loin de compatir à ses insomnies. Si elle parvenait pas à dormir, c'était son problème. Mais quand même. Soucis de conscience, peut-être ? « C'est si étonnant qu'un gars de vingt piges puisse se lever dans les huit heures sans raison ? » La sèche coincée entre son index et son pouce, l'irlandais leva légèrement la tête, et rond. Rond. Rond. Rond. Il aimait bien faire ça. C'était classe.

Gabrielle n'était pas à une clope près, et vu le nombre de cigarette qu'elle taxait à tout le monde, elle pouvait bien lui en filer une quand même.
« C'est si étonnant qu'un gars de vingt piges puisse se lever dans les huit heures sans raison ? » Il nous faisait quoi là ? Gaby avait posé juste cette question juste pour combler le vide, non pas parce que la réponse l'interessait vraiment, juste comme ça. Sa remarque était tout bonnement inutile, fallait bien le dire, en même temps, tout comme la question de Gabrielle. Ils étaient quittes si on pouvait dire. La rousse prend une inspiration de fumée, une nouvelle fois, gonflant à maximum ses poumons. Elle ne répond pas tout de suite à sa question, et regarde droit devant elle, c'est bien mieux.
« Avoue que t'as sorti cette phrase juste pour me dire ton âge.. » murmure t-elle en tirant une nouvelle fois sur sa longue cigarette. Fallait pas qu'il se donne tout ce mal pour lui donner son âge, hein. Bon, Gabrielle, ta gueule s'il te plait. « T'es plus jeune que moi.» continue t-elle en l'observant, non pas qu'il faisait spécialement vieux, qu'il ne le prenne pas mal, mais elle n'aurait pas dis cela, en le regardant comme cela. Puis le blond tire une fois sur sa cigarette et lève la tête, pour faire des ronds avec la fumée. « Apprend-moi s'il te plait.» lui demande t-elle doucement en regard ses ronds de fumée se dissoudrent dans l'air, c'est beau.

Salut, bien dormi ? Ouais, et toi ? Super, allez, casse-toi maintenant. Les discussions, le matin, c'était pas trop ça. C'était jamais trop ça. Surtout ici. Ils avaient rien à se raconter, le matin, parce que tout ce qu'ils s'étaient déjà passé la veille, ils se l'étaient déjà raconté. La veille. Alors fallait attendre. Attendre qu'un truc se passe. Et c'était généralement pas le matin que ça arrivait, vu que la majorité des candidats roupillaient encore comme des bébés. Enfin, par matin, il entendait le vrai matin, son matin. Pas le matin des branleurs qui se levaient à midi passé. « Ça aurait pu, sauf que c'est pas mon âge. » À quasiment deux près, puisque dans quelques mois, Milan allait atteindre l'âge de vingt-deux ans. Il ne s'en réjouissait pas spécialement. Pas qu'il avait la frousse de vieillir ou quoi, juste qu'il n'avait jamais réellement fêté son anniversaire, parce qu'il trouvait ça con. Cela dit, il préférait pouvoir annoncer ses vingt-deux ans que les vingt-et-un qu'il avait pour le moment. Bizarrement, dans son esprit, les âges impairs, c'était moche, c'était fade, c'était gris, c'était... alors que les âges pairs, c'était la force de l'âge, tout ça. Un mec qui dit avoir vingt-six ans, ça passe quand même beaucoup mieux qu'un gars de vingt-sept ans. Bref, et donc, elle était plus vieille que lui. Génial. L'info du jour. Expirant le reste de sa fumée sur le côté, du bout des lèvres, seuls ses yeux bougèrent vers elle. « C'est facile. Inspire de la fumée, voilà, comme ça, mais en bloquant ta respiration au niveau de ta gorge, tu vois ? Tu fais un O avec ta bouche, puis t'expulses un petit peu de fumée... Un peu comme si tu toussais, en fait. » Il recommença une nouvelle fois, parce que faire la démonstration en même temps que l'expliquer était un peu impossible. Il savait pas comment expliquer, et avait d'ailleurs l'impression de l'avoir fait comme un con. En même temps, comment t'étais censé expliquer ça ? C'était comme demander à un mec de te décrire comment faire pour rouler les 'r' ou faire un "u" avec sa langue.