Connor

Deuxième jour à passer depuis le prime de dimanche. Un prime qui m'avait laissé un goût des plus amers, puisqu'il avait sonné le départ de Baptiste, et d'Artie. Une bonne soirée de merde, en somme. J'avais encore un peu de mal à me remettre du départ de mon partenaire, mon cuisto préféré, Baptistou. Nous étions très proches tous les deux, et le savoir désormais dehors me mettait le moral à zéro. Continuer cette aventure sans sa bonne humeur et ses talents culinaires serait difficile, mais je devais me battre pour aller le plus loin possible pour lui. Ce mardi, en début d'après-midi, j'avais ressenti le besoin de m'isoler un peu. Il y avait ici un lieu paisible, dans lequel règnait calme et silence. Je m'étais déjà rendu à la chapelle à plusieurs reprises depuis le début de l'aventure, c'était un lieu que je connaissais désormais. J'avais besoin de me vider la tête, de me trouver dans un endroit chargé d'ondes positives pour m'aider à tenir toute la journée, et celles à venir également. Un peu de motivation serait la bienvenue. J'entrai donc dans la chapelle, et pris place sur un banc. Il n'y avait pas un rat, seuls les bruits de mes pas puis ma respiration se firent entendre. Assis, là, je me courbai pour poser mon visage sur mes paumes de mains. Je soufflai un grand coup, pour expulser tout ce que je tentais de renfermer depuis dimanche. Plus que tendu, j'étais littéralement à bout de nerfs.

Pour changer, je m'emmerde, et quand je m'emmerde j'ai tendance à fumer. Si bien que ma consommation a atteint un pic particulièrement alarmant. J'ai arrêté le nombre de cigarette que j'écoulais dans la journée pour éviter d'avoir peur. Si bien que lorsque les autres mangent, moi j'suis dehors entrain de fumer. Parfois il m'arrive même de fumer dans le nid, c'est très mal j'en suis conscient mais ça caille. Ce n'est pas le cas aujourd'hui, il fait même particulièrement beau, depuis ce matin c'est super agréable. Je marche donc dans le parc du château dont l'environnement commence à changer avec l'arrivée du printemps. C'était agréable de marcher les cheveux au vent sans être obligé de se planquer dernier quatre épaisseurs de vêtements, un tee-shirt suffisait amplement. Ma petite promenade m'avait conduit jusque devant la chapelle si bien que je décide d'y entrer. Ce lieu a quelque chose de mystique, et au delà des réunions qui avait pu avoir lieu ici, c'est davantage l'aspect architectural qui me fascinait. Dans un style tout à fait celte, comme le cimetière qui fleurait bon l'Irlande, elle reflétait la culture du pays. J'étais tellement obnubilé par le lieu que j'ai faillit me casser la figure en enjambant la fenêtre. Un merde peu discret sorti de ma bouche. Jurer dans une chapelle, bon boulot Connor. Je soupire. Et puis j'avance, et là je vois Ruben visiblement mal en point. Je m'approche. « Salut ! » J'suis pas doué pour réconforter les gens moi, je vous l'ai déjà dit peut être ? « ca va tu tiens le coup ? » Voilà, je ne vous avez pas menti. Quelle phrase d'accroche, non vraiment. Je soupire une nouvelle fois, fourrant mes mains dans mes poches.

Il y a des jours où tout va mal, comme aujourd'hui. Non pas que j'étais suicidaire, pas du tout. Je ressentais juste un immense vide dans le nid depuis les départs d'Artie et surtout de Baptiste. Ces deux-là apportaient un petit quelque chose au groupe, et leur absence restait difficile à accepter, même deux jours après leur départ du nid. J'aurais cru rester seul pendant un moment dans cette chapelle, mais c'était sans compter sur l'arrivée peu discrète de Connor dans celle-ci. J'entendis un bruit suspect près de la fenêtre, sans y prêter réellement attention. Ce n'est que lorsque mon camarade s'approcha de moi et m'interpella que je sortis enfin de mes pensées. « Salut ! » Cette voix me sembla sortir de nulle part, à vrai dire. J'étais pas dans mon assiette, si bien qu'il me fallut quelques secondes pour me rendre compte que Connor était là, à côté de moi. « Hein ?! La grand-mère à qui ? » Et puis enfin, je retrouvai finalement mes esprits. « Ah, salut Connor. » Je devais pas avoir l'air con, c'est ça qui était bien. « ca va tu tiens le coup ? » Si je tenais le coup... Je pensais la réponse directement inscrite sur ma gueule, mais ma foi rien ne m'empêchait de répondre à la question de Connor. « Coussi coussa. » Sans plus, quoi. Je n'étais pas au bord des larmes, c'était certain, mais il semblait évident que je ne respirais pas la joie de vivre. « Et toi, comment tu te portes ? » Sans doute bien mieux que moi pour le coup. Je ne risquais cependant rien à le lui demander, à mon tour.