GABRIELLE

Le prime est terminé depuis un moment que je cherche toujours Gabrielle. J’ai les mains moites et la panique qui se distille sournoisement jusqu’à mon cerveau. J’ai retourné la chambre, inspecté la salle de bain, perquisitionné la cuisine et la bibliothèque, j’ai arpenté la cave et les salles de danse et de musique, j’ai visité les toilettes et le cellier, j’ai même traversé trois fois le parc, exigé des renseignements auprès de Cupidon dans la cabane, et inspecté la chapelle. Alors j’ai commencé à craindre le pire, j’ai repensé à mon faux départ, lorsque j’avais attendu que tout le monde soit sur le plateau durant le prime pour demander à la production de me permettre de partir. J’avais alors rejoins la grande porte en toute discrétion, et avait disparu du nid sans laissé de traces... Alors, je comprends ce qu’on pu ressentir ceux que j’avais laissé derrière moi, et j’accepte mieux les réactions de Gaby, Moore et Sixtine. Je me sens trahis. Elle n’a pas le droit de me laisser, je lui interdis de me laisser. C’est ce qui tourne en boucle dans mon crâne pendant que je pousse la porte, sans grande conviction, du dernier lieu que je n’ai pas inspecté, la grange. Je vois mal Gabrielle entrain de se faire un sauna ou un jacuzzi après avoir raté tout le prime. Et j’ai raison, puisqu’elle n’ait dans aucune des deux salles. Je suis à deux doigts de tout retourner jusqu’à ce qu’une équipe d’intervention débarque pour me faire sortir par la force, lorsque je remarque ce mince filet lumineux sous la troisième porte, cette porte dont l’accès a toujours été bloqué, et qui n’est autre que celui de la chambre secrète. Je le sais, parce que ça fait des semaines qu’on les voit entrer et sortir par deux de cette grange, sans qu’ils ne soient jamais ni au sauna, ni ailleurs. Je sais que je n’ai pas l’autorisation d’entrer, et que la porte restera close, mais je tente quand même, parce qu’à ce moment-là, j’ai plus rien à perdre. C’est donc avec une certaine surprise que j’entends le déclic retentir, et la porte venir vers moi lorsque je tire. Une négligence de la Prod ? Je ne me pose pas la question très longtemps, et ouvre suffisamment la porte pour jeter un oeil à l’intérieur et découvrir ma partenaire recluse dans un coin. Mon cerveau marque un arrêt, et mon palpitant manque un battement, avant de se mettre à cavaler pour rattraper son retard. « Gaby... » C’est tout ce que je suis capable de soupirer de soulagement en me dirigeant droit sur elle. J’ai l’image d’un vautour fondant sur sa proie, mais je la chasse rapidement de mon esprit pour me concentrer sur la rouquine au sol. La porte s’est refermée derrière moi, lâchant un déclic qui sent le verrouillage. Je devrais paniquer, je le sais, mais j’ai pas le temps pour ça. Je m’accroupie à sa hauteur, cherchant son regard pour le cadenasser au mien. J’ai un million de reproches à lui faire, parce que j’ai eu peur, parce que j’étais terrifié, parce que j’ai passé une soirée de merde tandis qu’elle m’excluait de la sienne, mais tout ce qui franchit la ligne de mes lèvres n’est qu’un faible « Je suis désolé... Pardonne-moi. »

Gabrielle avait loupé le prime, volontairement. En fait au départ, elle s'y était rendue. La belle s'était préparée longuement, même si elle avait déjà une ou deux heures de retard à son actif. C'est parce qu'elle s'était trop loguement attardée dans la bibliothèque et donc elle était arrivée en dernière dans la salle de bain, elle a du attendre assez longuement avant d'avoir une place sous la douche, c'était ça l'histoire de base. Avant que tout ne vienne se compliquer. Gabrielle s'était donc préparée, habillée, et avait enfilé ses chaussures, pour se rendre au prime. Mais à peine arrière aux portes du plateau, elle entend l'article de Micah.. parlant de Jackson. Et de Franckie, mais d'elle aussi, et aussi de Syssoï. C'était tellement humiliant pour elle. Gabrielle n'avait pas pu rentrer, ne serait-ce que poser un pied sur le plateau, même pour aller rejoindre Syssoï, elle ne pouvait pas, c'était au dessus de ses forces pour le moment. La française avait donc fait demi-tour, le plus rapidement possible pour ne pas que l'on ne la voit. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire pour le moment, rester invisible et se cacher pour pleurer. Gabrielle avait donc entreprit de se trouver une pièce pas très fréquentée pour se laisser aller. La rousse s'était rendue dans la chambre des amoureux. Elle était en colère, elle était déçue, elle était dégoutée. Bref, il y avait un trop plein d'émotions en elle qu'elle n'arrivait pas à gérer pour le moment. La rouquine poussa la porte de la chambre avant de se réfugier au fond de la salle, de se laisser glisser contre un mur, et de ne plus bouger. Ses larmes sortirent toutes seules. Elle resta un long moment comme cela, Gabrielle n'avait pas la notion du temps. Le prime devait surement être fini désormais, apparamment elle restait vu qu'on n'était pas venu la chercher. Mais quelques instants plus tard, la porte de la chambre s'ouvrit. Gabrielle releva la tête et vit Syssoï. Mais que faisait-il ici ? Il n'y avait pas accès normalement. La surprise passa sur son visage, le temps de deux secondes, avant qu'il ne se rapproche d'elle et descende à sa hauteur. « Je suis désolé... Pardonne-moi. » Les yeux de la belle étaient encore légèrement humides. « C'est pas de faute. » murmure t-elle en posant sa main frêle sur l'un de ses genoux.

Elle était là, recroquevillée dans un coin, comme si la charge était trop lourde pour ses frêles épaules, comme si elle se trouvait incapable d’en supporter plus. Moi, je la sais plus forte que ça, malgré ma tendance surprotectrice, je sais qu’elle est capable d’endurer bien plus que ça… et une colère m’étreint. Je ne sais pas contre qui je suis en colère, est-ce contre Jackson d’avoir été aussi stupide et irrespectueux ? Est-ce contre moi d’avoir laissé faire tout ça, d’avoir même initié tout ça ? Est-ce contre Gaby, se laissant atteindre alors qu’elle ne le devrait pas ? Je m’approche d’elle, m’accroupis à sa hauteur, tente de capturer son attention, et je m’excuse… Parce que finalement, j’ai compris à qui j’en voulais le plus. C’est moi, moi l’instigateur de tout ça, moi qui n’ai pas eu le courage de faire les choses lorsqu’il fallait les faire, moi qui me suis trouvé incapable de la rendre heureuse par moi-même et ai préféré la refiler à un autre… La refiler à un autre… Quel genre de type ça fait de moi, au juste ? Sa main se dépose sur un de mes genoux tandis qu’elle me rétorque que ce n’est pas ma faute. « Tu sais que j’ai parlé à Jackson, tu sais que c’est moi qui l’ai poussé à avouer ses sentiments, moi qui lui ai accordé ma confiance en imaginant que… je sais pas ce que j’imaginais. » Je finis par baisser les yeux et secouer la tête. Je sais vraiment pas ce que j’imaginais. J’ai un esprit à la con, adepte du ‘pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué’. « A quel moment t’as cru que c’était pas ma faute ? » Je suis en colère, à nouveau, contre moi, totalement contre moi. Mes poings se serrent, une veine palpite dans mon cou, mes rétines s’obscurcissent, même la température semble chuter de quelques degrés. Et puis, je plante mon regard dans le sien, mes mains se décrispent, ma mâchoire se desserre, et mes sourcils se défroissent. « J’aurais jamais du lui laisser ma place… » Bien ! Il t’aura juste fallu près de trois mois pour comprendre ça ! Bravo ! Vivacité d’esprit : 1/20.

Son dos s'étaot collé à la paroi, et ses jambes avaient lâché, comme si elles ne la portaient plus. Elle glisse rapidement vers le sol, ses fesses touchèrent le sol, et elle replia ses jambes contre sa poitrine. Gabrielle avait la tête droite, sa nuque collée au mur, ainsi que sa tête. Elle se demandait encore comment Syssoï avait pu rentrer dans la chambre, la prod l'avait aidé ou ... cette chambre était accessible à tous maintenant. En fait, elle s'en fichait pas mal, maintenant, il était là, et c'était le seul qu'elle acceptait de voir maintenant, en ce moment même. S'il avait été u autre, elle se serait rapidement barrée. Syssoï descend à sa hauteur, et s'excuse, elle ne comprend pas, ce n'est pas de sa faute à lui, c'est elle qui est en tord dans cette histoire. Gabrielle ne comprend pas pourquoi Syssoï s'accuse, c'est faux. « Tu sais que j’ai parlé à Jackson, tu sais que c’est moi qui l’ai poussé à avouer ses sentiments, moi qui lui ai accordé ma confiance en imaginant que… je sais pas ce que j’imaginais. » Gabrielle avait compris la moitié des choses, une fois, Jackson lui avait avoué qu'il avait parlé à Syssoi, et que celui-ci l'avait poussé à s'excuser. Mais pourquoi Syssoï avait essayé de pousser volontairement Jackson vers elle ... ? « Tu espérais quoi en faisant ça ? » lui demande t-elle doucement. « A quel moment t’as cru que c’était pas ma faute ? » Et voilà qu'il recommençait à dire n'importe quoi, mais vraiment. La rouquine était sidérée. « Je te répète que ce n'est pas de ta faute Syssoï, c'est moi. J'aurai pas du lui faire confiance comme ça, me laisser approcher ainsi. J'aurai pas du être si ... si... naïve. » murmure t-elle en le regardant. La belle fixe les poigs serrés de son partenaire, sa mâchoire contractée, ses sourcils froncés. Elle ne veut pas le voir comme cela. « J’aurais jamais du lui laisser ma place… » Evidemment! Bon au moins, il vient de le comprendre, c'est déjà ça. « T'aurais pas du, en effet, puisse que c'est ta place. » annonce t-elle d'un voix calme et douce avant que ses doigts ne s'activent et se mettent à déplier chaque phalange qui était recroquevillée en un poing. Elle détend les deux mains de Syssoï.

« Tu espérais quoi en faisant ça ? » Bonne question que je redoutais qu’elle me pose. Sur le coup, je ne pense pas avoir mal agi, mais avec du recul il y a cet aspect où je prends les décisions à sa place, qui me rebute. C’est comme si j’avais décrété qu’elle devrait aimer Jackson, sans même lui demander son avis. C’est un peu le cas, mais je ne me serais pas permis une chose pareille si je n’avais noté ce qu’il existait déjà entre eux. Alors, j’espérais quoi, en faisant ça ? « Que tu sois heureuse… » dis-je en guise de seule réponse. Il n’y en aura pas d’autre, pas besoin de demander des précisions, c’est à elle de comprendre ce que j’entends par là, à elle de comprendre que j’estime qu’avec moi, elle ne le sera jamais, heureuse. J’amorce un mouvement de bras, l’envie d’aller caresser sa joue, mais je renonce, et mon bras retombe mollement sur mes cuisses. Je voudrais qu’elle comprenne, qu’elle se rende compte de ma culpabilité, ou tout du moins de ma responsabilité dans ce qu’elle est, actuellement, entrain d’endurer. Mais elle ne veut rien entendre. Maintenant il s’agirait de sa propre faute pour s’être montrée trop naïve ? Elle ne se rend pas compte que si j’étais resté dans les parages, elle aurait pu se montrer aussi naïve qu’un enfant de 5 ans, personne n’aurait pu l’approcher à moins de cent mètres pour mettre à mal son innocence. C’était ma place que j’avais cédé, ma place et celle de nul autre. Je ne l’aurais peut être pas rendu heureuse, mais peut être pas malheureuse non plus. Quoique… J’en sais rien, finalement. Je sens mes poings se desserrer, et en baissant les yeux, je remarque ses doigts qui agissent façon pied de biche sur mes mains. Un sourire m’échappe et j’ouvre les deux mains, lui offrant mes paumes. « Et maintenant ? » je lui demande en me laissant, finalement, tomber à ses côtés, glissant contre le mur pour finir à terre avec elle. Pour la première fois j’ai le loisir de jeter un œil sur la pièce qui m’entoure. C’est une blague ?! Mes lèvres s’entrouvrent, mes yeux roulent dans leur orbite sondant l’espace. Ça se voit que je suis légèrement choqué, là ?

« Que tu sois heureuse… » C'est une réponse comme une autre, mais elle sous-entend tellement de choses. Des choses que Gabrielle n'est encore apte à accepter. Syssoï s'imagine qu'elle sera plus heureuse avec un autre, comme Jackson par exemple. Elle aurait pu être heureuse avec lui, peut-être on se ne saura jamais, mais surement pas totalement heureuse. Mais le fait que Syssoï choisisse pour elle l'agace, très profondément. La rousse aimerait faire ses propres choix, et de se faire une opinion par elle-même. Gabrielle soupire, bruyamment, elle lève les yeux vers Syssoï, les lèvres pincées, elle l'observe en silence. Elle ne sait pas quoi répondre à ça. Que dire ? Qu'il a tout faux ? Surement. La rouquine essuye ses yeux avec son pouce, faisait disparaitre les dernières traces d'humidités une bonne fois pour toute. « C'est comme ça que je serai heureuse. » répond t-elle en le regardant, elle voit qu'il a renoncé à la toucher. Gabrielle a l'impression d'avoir eu cette conversation un millier de fois, lui répétant qu'il ne lui ferait que du mal, et elle qui insistait, et ne croyait que le contraire. « Et maintenant ? » Il prend place à côté d'elle, appuyé contre le mur. C'est une très bonne question, la rouquine attrappe la main de Syssoï la plus proche d'elle. « Que veux-tu, toi ? » lui demande t-elle très directement, en tournant la tête vers lui.
« Qu'est-ce que tu as ? » lui demande t-elle légèrement surprise par sa réation, il semble choqué en regardant la pièce. La belle ne faisait plus attention au décor depuis un bail déjà, elle se demandait ce qu'il pouvait y avoir de si surprenant pour que son partnaire tire une tête pareille, c'est bizarre. La rouquine passe sa main dans sa longue tignasse flamboyante, essayant vaguement d'y remettre un peu d'ordre, mais c'est peine perdue.

« C'est comme ça que je serai heureuse. » Je ne suis pas sûr de savoir où elle souhaite en venir. Comme ça comment ? Je n’insiste pas, finalement je ne suis pas certain de souhaiter une réponse franche et définitive. Le flou, ça me va bien, en fait. J’en profite pour me laisser glisser à côté d’elle, ma main atterrissant dans la sienne par je ne sais quel miracle. J’enserre la sienne, et l’interroge sur le présent immédiat. Maintenant, qu’est-ce qu’il va se passer pour elle ? Sa réponse me surprend encore, puisqu’elle me demande ce que je veux moi. J’y ai pas pensé, je l’ai toujours fait passer elle avant mes désirs personnels, puisque mes désirs s’apparentent à des pulsions ou des instincts, j’ai toujours préféré les occulter. Si bien que… bah j’ai pas de réponse à sa question, je ne sais pas ce que je veux, et même si ce n’est pas l’envie qui m’en manque, j’éviterais de répondre par le si cliché « toi. » Et puis, il faut dire que mon esprit est un peu accaparé par autre chose, notamment le décor de cette pièce que je découvre sur l’instant. C’est quoi ce délire ? Ma surprise doit se lire sur les traits de mon visage, puisque Gabrielle me demande ce que j’ai. Je lui lance un regard en coin, puis le reporte à nouveau sur la pièce. « C’est… c’est… » je n’ai pas de mot, je crois. Je sais que la production n’a pas l’habitude de faire dans la subtilité, mais là… « On dirait l’archétype cliché d’un bordel parisien dans l’esprit tordu d’un pervers cinquantenaire producteur de films de cul. » Oui, c’est exactement ça, en fait. Je me penche légèrement en avant afin de percevoir le plafond au dessus du lit… Ha bah non, il manque le miroir pour parfaire le décor. Je promène mon regard sur les murs capitonnés de rouge, jusqu’au lit en fer forgé d’une taille indécente. Pour les orgies, certainement. « Marc Dorcel doit se planquer dans la commode et Hugh Heffner juste derrière la porte. » Oui, et la chambre est clairement sponsorisée par Manix. « C’est moche. » je conclu dans une grimace. En tous cas, c’est à des années lumières du cadre pouvant m’inspirer quelques pulsions. Même si, techniquement, j’ai jamais eu besoin de cadre.

La rousse n'eut aucune réponse à sa question, prévisible, elle avait tout son temps, un jour ou l'autre, elle obtiendrait une réponse. Elle ne sait pas trop ce qu'il le gêne en ce moment-là. La pièce ? La couleur. Le fait d'être enfermé, parce que Gabrielle avait remarqué que la pièce était close -en jetant un coup d'oeil à la porte- et que Syssoï ne montrait pas encore des signes de paniques. C'était bien.« On dirait l’archétype cliché d’un bordel parisien dans l’esprit tordu d’un pervers cinquantenaire producteur de films de cul. » Sa réponse la fait sourire, puis elle se met à son tour à observer la chambre. N'empêche qu'il n'a pas tellement tord en fait, quand on y regarde bien. C'est chambre, c'est le cliché de la luxure, mais bon y a toujours une part d'exagération chez Syssoï. Toujours. « C’est moche. » Bon au moins c'est direct, ça ne laisse pas de place au doute. Au premier abord, la rouquine avait trouvé le lieu pas mal, parce que la rouquine adore le rouge tout simplement, sa couleur préférée, qui pouvait se trouver assimiler au danger, au feu ... à pleins de choses tout compte fait. Gabrielle enlève ses talons qui lui torturaient les pieds, elle n'est pas une adepte du 'il faut souffrir pour être belle', elle jette ses chaussures sur le côté avant de poser le plat de son pied sur le sol, enfin. Mais maintenant qu'elle se retrouve à détailler la chanbre, en prenant en compte les remarques de Syssoï, la chambre a carrément perdu de son charme désormais. « Regarde pas alors. » lui dit t-elle en posant la paume de sa main sur sa joue pour faire pivoter la tête de Syssoï vers elle. Au lieu de regarder, et de décortiquer le décor de la pièce, il est obligé de la regarder, elle. La rousse approche son visage de son partenaire, ses lèvres sont à quelques milimètres de celles de Syssoï, elle reste en suspens. Gabrielle hésite, elle se demande comment réagira Syssoï cette fois-ci. La belle peut sentir son souffle chaud sur ses lèvres. Les lèvres de la rouquine frôlent celles de son partenaire, et quelques secondes plus tard, Gabrielle l'embrassait.

J’ai pas l’habitude de laisser le contrôle. Il y a tellement de faits incontrôlables dans ma vie, que j’ai appris à contrôler le reste, tout le reste, parce que c’est le seul moyen que j’ai d’éviter la crise de nerfs. Je passe souvent pour un dictateur tortionnaire, j’en ai conscience, mais le contrôle, l’absolu contrôle de tout ce que je suis en mesure de contrôler, c’est tout ce que j’ai. Alors, avouer mon erreur de jugement et céder le pouvoir décisionnaire à quelqu’un d’autre, c’est à la fois nouveau et déstabilisant. C’est comme remettre mon sort entre les mains de Gabrielle, l’autoriser à décider pour moi. J’ai beau me dire que c’est ce qu’il y a de mieux à faire, ça n’empêche pas mes nerfs d’entrer en résistance. Je suis rarement anxieux, pas même avant d’entrer sur scène, alors oui, un Syssoï qui se met à parler pour ne rien dire, s’offrant même une critique de la déco digne d’une Valérie Damidot sous acide, ça peut surprendre. A vrai dire, rien que le fait de m’entendre parler peut surprendre, alors lorsqu’il s’agit d’une diarrhée verbale de ce style, on peut imaginer que quelque chose cloche. Je suis nerveux, et ma nervosité passe par la parole et la critique, comme si cette pièce et sa décoration devenait le point d’orgue de mon quotidien, la chose la plus importante à l’instant T. « Regarde pas alors. » Oui, c’est une solution à laquelle je n’avais pas songé. Peut être que je pourrais... J’ai pas le temps de réfléchir à ce que je pourrais faire qu’une main se pose sur ma joue et me force à tourner la tête vers Gabrielle. En bon autiste, mon regard fuit vers le haut, vers un nouveau point de décoration à chier. J’essaye de revenir vers elle, mais c’est plus fort que moi, et mes yeux roulent à nouveau vers le haut. Mais lorsque ses lèvres se posent sur les miennes, mon regard réintègre immédiatement sa place d’origine. Je ne saurais dire si je m’y attendais ou pas. Une part de moi, oui, l’autre étant franchement plus surprise. Alors, la partie qui s’y attendait et le souhaitait, répond à la demande de ses lèvres, avec une certaine avidité même. Mais l’autre partie, celle qui frôle la surprise, se reprend immédiatement, et s’arrache douloureusement à cet échange. Je ne me recule pas pour autant, juste assez pour reprendre un souffle plus régulier et un rythme cardiaque décent. Mon pouce vient remplacer ma bouche sur ses lèvres, caressant doucement ce que je n’ose plus embrasser. « T’es déçue, t’es chamboulée... et terriblement tentante aussi... » Et mes lèvres se reposent rapidement sur les siennes. Qu’est-ce que je disais ? Ça ne dure qu’un instant, mais suffisamment pour illustrer mon propos. « T’es énervée. Et les gens énervés agissent souvent de manière impulsive et irréfléchie. Alors... ne fais rien que tu pourrais regretter par la suite... » Oui, je sais, je mérite des claques, mais j’essaye d’agir au mieux, la situation étant déjà suffisamment compliquée comme ça.

Elle se demande ce qu'il lui arrive, soudainement. Parce que Syssoï n'est pas un adepte du bavardage inutile, non, cela ne lui ressemble pas tellement. Gabrielle l'embrasse, soudainement. Syssoï prolonge son baiser, elle ne sait pas à quoi s'attendre avec lui, mais peu importe, elle tente, elle en avait envie, alors, elle agit. C'est tout bête. Son partenaire mit un peu d'espace entre eux enfin pas trop non plus, elle sent l'un de ses doigts sur ses lèvres. « T’es déçue, t’es chamboulée... et terriblement tentante aussi... » Un sourire amusé nait sur les lèvres de la belle, avant qu'elles ne soient occupées à autrechose que sourire, accueillir les lèvres de Syssoï. Il s'écarte une nouvelle fois d'elle, pour parler, logique. T’es énervée. Et les gens énervés agissent souvent de manière impulsive et irréfléchie. Alors... ne fais rien que tu pourrais regretter par la suite... » Ca la fait sourire, parce qu'il a raison, mais aussi parce ce qu'elle sait exactement ce qu'elle fait, tout simplement. La main de la rouquine qui était posée sur sa joue glisse jusqu'à sa nuque, endroit favori de Gabrielle. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas établi ses quartiers sur la nuque de son partenaire. Les doigts de la rousse frôlent la peau de Syssoï, tout en délicatesse, c'est Gabrielle voyons, traçant des cercles imaginaires sur sa peau. Lentement. Les caresses de la jeune femme étaient très douces. Je sais que je ne le regretterai pas. » annonce t-elle en capturant le regard de son partenaire, il le sait. Gabrielle approche une énième fois son visage de Syssoï, et ses lèvres capturent celles de Syssoï, une bonne fois pour toute. Il n'était pas prêt de parler là, avec les attaques -si on pouvait appeler cela comme ça- de la belle rousse.