sami.

Mon estomac gronde, bien fort. Trop fort. Je suis persuadée que ceux qui m’entourent l’ont entendu, et j’esquisse un léger rire avant de me lever pour me rendre vers la cuisine. Il est temps pour moi de manger, et mon estomac vient de me le faire clairement comprendre. Bon, par contre, une sérieusement question se pose. Que vais-je me faire? Mon ventre menace de s’autodétruire si je ne me nourris pas dans les dix ou vingt prochaines minutes, mais pour autant, mon cerveau, lui, reste patois devant le choix qui s’offre à lui. Parce que nous ne manquons de rien, dans cette cuisine. Le garde-manger est remplit à craquer, tout comme le frigo. Mais trop de choix, je me demande si c’est vraiment une bonne chose. Je m’emballe, de dizaine de recettes me viennent en tête… et dès que je me décide sur une, je dévie sur autre chose. Dilemme, grave dilemme auquel je fais face. Sami s’affaire dans la cuisine à mes côtés, et je me tourne vers lui, après avoir refermer pour une troisième fois le réfrigérateur. « Tu prépares quoi? Je peux t’aider, peut-être… si tu veux. » que je lui propose. Et ainsi, peut-être consentira-t-il à me léguer une part de son repas. Dis oui, s’il te plait.

Sortant de la douche, Sami posa une main sur son ventre. Non il n'était pas enceinte, rassurez-vous, il sentait juste son ventre crier famine. Bon, après s'être levé si tard, pas étonnant qu'il ait faim, il n'avait pas petit-déjeuné. Il s'affaira alors pour se sécher le plus vite possible, ne faisant pas attention aux autres candidats qui occupaient la salle de bain en même temps que lui, bientôt il se retrouva dans le dressing à enfiler un jean et une chemise décontractée aux manches remontées jusqu'aux coudes. Il resterait pieds nus pour le moment, il avait vraiment trop faim. Il descendit les escaliers quatre à quatre , se retrouvant vite fait dans la cuisine. Il y vit Anabel, à qui il sourit, puis s'avança vers le plan de travail, où il réfléchit quelques minutes à ce qu'il allait ingérer ce midi. Un truc facile à faire hein, Sami n'était pas très doué en cuisine autant qu'il l'était avec sa guitare – oui il faisait de la gratte de temps à autre et était plutôt doué à vrai dire. Après réflexion, il dénicha une salade dans le réfrigérateur, la sortit de son paquet pré-emballé et la laissa tomber dans un plat. Anabel s'approcha alors et demanda, toute innocente si elle pouvait aider en quoi que ce soit, si Sami le désirait bien entendu. Sami lui sourit, charmante cette Anabel tout de même, le cœur sur la main. Et peut-être dans le ventre aussi, sûrement, peut-être voulait-elle s'attribuer une part du repas si elle participait à sa préparation, qui sait. Tout en continuant à s'affairer devant le plan de travail, Sami lui répondit en un sourire. « Oh tu sais, j'vais me faire une bête salade vinaigrée, j'ai pas l'habitude de manger trop lourd. » Un nouveau sourire. Il réfléchit un peu et fit une moue. « Quoique j'y ajouterai bien des petits lardons » se tâta Sami, une moue indécise sur le visage. En gros, Anabel si tu veux faire quelque chose, le message codé de Sami c'est : fais revenir des petits lardons dans une poêle ma jeune.

Ma tentative d’approche plus ou moins subtile vers mon camarade masculin fut accueillit par un sourire de la part de ce dernier. « Oh tu sais, j’vais me faire une bête salade vinaigré, j’ai pas l’habitude de manger trop lourd. » Et un autre sourire. Cet homme ne cessait donc jamais de le faire, on dirait. Car depuis que je le connaissais, j’avais toujours vu ses lèvres s’étirer de la sorte, raison pourquoi il m’apparaissait plus sympathique que la plupart de mes colocataires. Toutefois, mon plan tombait à l’eau, à l'écouter. Ce n’était pas grave, j’allais bien finir par trouver quelque chose à me mettre sous la dent. Ou bien je mourrais de faim. Tragique. « Quoique j’y ajouterai bien des petits lardons. » Je tourne la tête vers lui. Est-ce une sorte de message sous-entendu? Si je consens à m’occuper de ces chers lardons, voudrait-il partager avec moi son sobre repas, qui me convient volontiers? C’est un risque à prendre. « Tu sais que je manie la poêle comme d’autre, le lasso! » laissais-je entendre, avant de laisser filtrer un léger rire. « Je veux bien m’en occuper. Mais seulement si tu partages. » Aussi bien mettre à clair tous les termes du marché avant de m’attaquer à la tâche. Pas question que je me fasse prendre à mon tour.

« Tu sais que je manie la poêle comme d'autres le lasso » s'exclame-t-elle en réprimant un rire. Bon eh bien alors montre ce que tu vaux, cowgirl. « Je veux bien m'en occuper mais seulement si tu partages » ajouta-t-elle. Évidemment, l’appât du gain, son aide n'était pas désintéressée mais cela pouvait se comprendre, Sami aurait très bien pu en faire autant pour combler le désir de son estomac. Et puis une salade aux lardons, ça n'a pas de prix, on ferait tout pour en avoir, surtout celle de Sami, après tout. Il en est devenu un spécialiste à force de s'en manger avec son coloc, quand les deux ont la flemme de faire un repas plus consistant ou plus élaboré. « Alors ces lardons ont intérêt à être irréprochables » dit-il, souriant, en insistant sur le dernier mot volontairement. Un sourire de défi s'ensuivit sur le visage de Sami. Héhé, on va voir comme tu domptes la poêle ma jolie.

« Alors ces lardons ont intérêt à être irréprochables. » Je n’étais pas sans noter la légère insistante, sur la fin de sa phrase. Doutait-il de mes capacités à préparer des lardons dignes de ce nom? Oh, mais c’est que j’avais l’impression qu’il me mettait au défi. Toute cette pression de satisfaire ces attentes, quand même. Lui offrant un grand sourire confiant, je m’empressais de mettre la main sur ce qui m’était nécessaire dans le frigo. La production avait pensé à tout, puisqu’il ne manquait de rien pour que je puisse me mettre à exécution. Un large couteau en main, je coupais en fin morceau la viande, que je déposais au fur et à mesure dans la poêle que j’avais au préalablement mit à chauffer sur le feu. Je profitais d’un petit moment d’accalmie avant de reprendre ma tâche pour me retourner vers Sami. « Tu peux aller mettre la table, en attendant. Ça sera bientôt prêt. » Dans le genre, ne doute pas de mes capacités, mon cher. Ces lardons seront les meilleurs que tu n’auras jamais savourés. D’ailleurs, l’odeur de la viande cuisante se faisait plus présente dans la pièce, faisait de plus belle rugir mon estomac, ce qui eut le don de me faire sourire. Il me tardait de me régaler de cette salade. Plus j’y pensais, et plus elle me faisait envie. Je faisais légèrement revenir les lardons dans la poêle, tel un grand chef, sans même me servir de quelconque instrument de cuisine. Ma mère détestait quand j’agissais de la sorte, toujours aussi craintive que je rate mon coup à chaque fois, mais je maîtrisais cette technique – merci au cours de cuisine! Au bout d’un petit moment, je scrutais le tout, puis, jugeant que la cuisson était parfaite, mes lèvres s’étirèrent d’un large sourire, alors que je fermais le feu. « Alors, satisfait, monsieur le juge? » On se croirait presque dans une compétition culinaire.

« Tu peux aller mettre la table, en attendant. Ce sera bientôt prêt. » Serait-ce un ordre venant de la petite brunette originalement timide ? Mettre la table, ça c'était bien une chose que Sami n'avait jamais eu l'habitude de faire, si ce n'est une assiette et un verre pour lui tout seul. Elle le mettait peut-être au défi de faire une belle table, comme il l'avait mise au défi au préalable avec la cuisson des lardons. Une idée surgit alors dans l'esprit de Sami. « Tu ne trouves pas que l'on forme un beau couple en cuisine ? » demanda-t-il, le sourire aux lèvres. Sami se dirigea vers les armoires, pour en sortir deux assiettes, deux paires de couverts, deux verres de vin – bah oui une telle équipe ça se fête – et un chemin de table d'une couleur beige ou taupe. Tout était prévu par la production évidemment. Il dénicha alors un paquet de pétales de fleurs blanches dans une armoire. Ça ça ferait une bonne impression. Oh et des bougies par la même occasion. Oui, bonne idée, il dressa tout cela sur la table et touche finale, alla chercher un vase de fleurs posé sur la table du salon pour le déplacer sur la table de la cuisine, pour leur petit repas diététique. La table dressée, sans oublier les bougies et les pétales blanches, cette dernière était fin prête. Il regarda Anabel, avec un air satisfait. « Alors satisfait, monsieur le juge ? » dit-elle. « Nous allons goûter cela mademoiselle. La table vous convient-elle ? » demanda-t-il, il s'était surpassé tout de même. Il saisit alors la poêle de lardons et les déposa dans le saladier, après avoir assaisonné la salade avec vinaigrette. Il avait d'ailleurs ajouté quelques petites morceaux de pomme, sa touche personnelle, ce qui donnait un goût autre à la salade, un petit plus pour le goût. Il déposa le plat à table et servit les deux assiettes. Un petit regard à Anabel. Alors épatée ?

« Tu ne trouves pas que l’on forme un beau couple en cuisine? » Mes lèvres s’étirèrent d’un fin sourire, alors que je ne perdais pas de vu mes lardons en pleine cuisson. Cette situation était plutôt plaisante, quand on y pensait. La bonne entente régnait entre Sami et moi, c’était presque trop parfait. « Dans le genre couple marié, c’est sûr. C’est comme si on avait toujours fait ça. » Je voyais bien que mon camarade s’affairait à mettre la table, puisqu’il passait derrière moi à plusieurs reprises, ouvrant une armoire ici, un tiroir là-bas, faisait divers aller-retour entre la cuisine, le salon et la salle à manger, tout juste à proximité. Il semblait concocter quelque chose, et j’avais bien hâte de le découvrir. Ma besogne enfin terminée, je le laissais mettre la touche finale à sa salade, puis le suivi jusqu’à la table, où il avait mis un grand soin à mettre le couvert. « Nous allons goûter cela mademoiselle. La table vous convient-elle? » Mes yeux brillaient d’émerveillement. Deux assiettes et des ustensiles auraient suffi à me satisfaire, mais il avait rehaussé le niveau et j’étais totalement charmée de la chose. Un parfait gentleman, j’avais eu raison de croire qu’il l’était. Je n’en avais pas tant demandé. « Euh… wow, c’est magnifique. » Pour tout dire, j’étais légèrement bouche bée. Mais je constatais bien vite qu’il manquait quelque chose de primordial pour rendre notre repas improvisé parfait. « Oh, attends-moi, je reviens. » Souriante, je m’éclipsais en direction du cellier, m’arrêtait devant la grande sélection de bouteilles qui s’offrait à moi, et en choisit un blanc dont le nom me semblait imprononçable. Mais sur l’étiquette, on m’assurait qu’il irait à merveille avec notre dîner. Ça ferait surement l’affaire. Je reviens vers Sami, lui présentant le vin que j’avais sélectionné pour l’occasion. « Maintenant, on peut commencer, je crois qu’il ne manque rien. » De toute façon, mon estomac n’en pouvait plus d’attendre, et il gronda le plus belle, ce qui eut le don de me faire rire.

« Dans le genre couple marié, c’est sûr. C’est comme si on avait toujours fait ça. » C'était sûr, ils avaient tout d'un couple fraîchement marié qui préparaient leur repas en amoureux, c'était plutôt drôle à voir d'ailleurs. « Euh… wow, c’est magnifique » balbutia Anabel lorsqu'elle découvrit la table que Sami lui avait préparé. Dans d'autres circonstances, on aurait pu croire qu'il aurait voulu l'épater pour arriver à des fins moins catholiques mais ça n'était pas du tout le cas, c'était ici juste par pur plaisir, preuve du pur gentleman qu'il était. « Oh, attends-moi, je reviens. » Anabel alla vers le cellier puis en revint avec une bouteille de vin blanc. « Maintenant, on peut commencer, je crois qu’il ne manque rien » dit-elle souriante. C'était parfait. « Bonne initiative, je l'avais complètement oublié celui-là, les verres se serraient sentis si tristes, vides. » Ils prirent tous les deux places à table et Sami s'occupa d'ouvrir la bouteille et de servir Anabel en premier, lui en second. Les bonnes manières seraient toujours présentes avec Sami. Bientôt leurs assiettes furent toutes les deux pleines de salade au lardons, elle avait l'air très appétissante. « À ce fabuleux repas » dit Sami en levant son verre de vin vers Anabel, en un sourire.

Un élément essentiel manquait à notre tablée pour qu’elle soit parfaite. Une bonne bouteille de vin que je m’empressais d’aller récupérer au cellier, pour le plaisir de Sami. Et du mien. « Bonne initiative, je l’avais complètement oublié celui-là, les verres se serraient sentis si tristes, vides. » Mes lèvres s’étirèrent d’un fin sourire. « Tu l’as dit toi-même, on se complète plutôt bien dans la cuisine. Et en voici encore la preuve. » Maintenant, il fallait se mettre à table, et alors que le candidat s’occupait d’ouvrir la bouteille, je servis dans les assiettes notre repas du midi. C’était si beau pour les yeux que je ne doutais pas un seul instant que ce le soit aussi pour nos estomacs. Il ne pouvait en être autrement. « À ce fabuleux repas. » Sami lève son verre pour porter un toast, et j’en fais de même. Après tout, pourquoi pas? « Et à cette aventure. » Oui, car sans elle, nous ne serions pas à même de nous délecter de ce merveilleux dîner en aussi bonne compagnie. C’est bien parce que nous sommes ici que cela est possible, il est donc plutôt logique d’en faire mention. Nos deux coupes d’entrechoquent légèrement, comme le veut la coutume, et je prends une petite gorgée du vin avant de déposer mon verre. J’ai faim, et même si le vin est bon, mon estomac ne sera pas satisfait tant que je n’aurai pas ingéré de la nourriture. Et comme j’ai bien envie de l’entendre cesser de se plaindre, j’ai tout intérêt à agir en conséquence. C’est une peu comme une explosion de saveur dans la bouche, et je ferme les yeux un instant pour savourer cet instant. « Dé-li-cieux ! » Il faudra se faire d’autres rendez-vous culinaires de ce genre, c’était inévitable. Et succulent pour le palais.