ANABEL

Deux jours que je me trouvais dans ce château. L'aventure commençait tranquillement. Pour tout vous avouer, elle aurait pu mieux débuter. J'avais encore du mal avec mon partenaire. J'y voyais là une sorte de conspiration contre ma personne. Une punition. La prod voulait me voir souffrir c'était certain. Non seulement on m'imposait un mec, mais en plus, probablement le plus associable de la demeure. Moi qui me pensais déjà plutôt mauvais de ce côté là, bah carrément, j'avais trouver mon maître. Mais soit. Ce n'était pas ça qui allait gâcher mon aventure. Non non non. Il y avait 34 autres candidats dans ce jeu après tout, qui ne demandaient qu'à être découverts. Tous ne pouvaient pas être comme mon binôme. Y avait intérêt, sinon autant me tirer une balle tout de suite. Et ça serait fort dommage d’abîmer cette belle gueule, vous ne trouvez pas ? Bref, en cette matinée, je décidai de visiter un peu plus le château. Il y avait tellement d'endroit, qu'en deux jours je n'avais pas eu le temps de parcourir réellement tous les recoins. Comme le sous sol par exemple. C'est pourquoi, je fus surpris d'y découvrir un chapelle. Quel lieu incongrue pour un jeu de télé-réalité. Comme si il y avait beaucoup de candidats très pieux. Rien de bien nouveau. Ça ressemblait à une chapelle quoi. Il fut un temps où j'étais croyant. Mais aujourd'hui j'avais perdu la foi. Pourtant me voilà agenouillé sur le sol, mes coudes sur le banc, les mains jointes, en signe de prière. Face à la statue du Christ.  « Petit Jésus. Je sais bien qu'on a pas été très ami toi et moi ces derniers temps... Mais je suis prêt à te pardonner ton abandon. Tout ce qu'il te suffit de faire, c'est de m'aider un peu tu vois. Pas grand chose. Juste un petit accident de routine. Tu sais de qui je parle n'est ce pas. Alors c'est d'accord ? »

Ma visite du château allait bon train. Mais même en deux jours, impossible d’avoir eu le temps de m’attarder partout où je le voulais. Entre aller de porte en porte, et vraiment prendre le temps de m’attarder sur les lieux, il y avait une différence. J’avais bel et bien vu la chapelle, mais je n’avais point pris le temps de l’explorer. Car même si la pratiquante était maintenant enfoui très loin dans mon passé, je restais toute de même croyante jusqu’à un certain point. Ça faisait tout de même un sacré moment que je n’avais pas mis les pieds dans un lieu de culte… peut-être aurais-je dû le faire pour me réconcilier avec celui qui se trouvait là-haut, mais le temps des regrets, ce n’était pas aujourd’hui. Je crois d’ailleurs que j’avais donné assez de ce côté, au courant de la dernière année, des derniers mois. Ceci dit, quelque chose m’arrêta alors que je pénétrais dans l’antre sacré. Ou plutôt quelqu’un. Un homme – et un candidat, aucun doute là-dessus – s’y trouvait déjà, et sa position ne laissait aucun doute sur ce qu’il s’apprêtait à faire. Je reculais, puis décidait de m’accouder contre le mur près de l’entrée, laissant ainsi toute l’intimité qu’un moment de prière requérait. J’aurais voulu ne pas entendre ce qu’il avait à dire à Dieu, mais ce fut plus fort que moi, et je tendis l’oreille. « Petit Jésus. Je sais bien qu'on a pas été très ami toi et moi ces derniers temps... Mais je suis prêt à te pardonner ton abandon. Tout ce qu'il te suffit de faire, c'est de m'aider un peu tu vois. Pas grand chose. Juste un petit accident de routine. Tu sais de qui je parle n'est ce pas. Alors c'est d'accord ? » Impossible de retenir le léger rire qui s’échappa de ma bouche. Merde, j’espère qu’il n’avait pas entendu ça. Trop tard pour y songer, mieux valait pour moi de me rendre tout de suite. Je quittais donc mon repère pour pénétrer dans la chapelle. « Des problèmes avec ton partenaire? » lançais-je à mon camarade, un sourire au bout de mes lèvres. Pas que je le comprenais... mais presque! « Je peux me joindre à toi? Peut-être qu’à deux, nos prières auront plus de chance d’être écoutés. » Je me posais au bout de la rangée où il était installée, préférant attendre son accord avant de m’inviter à ses côtés. Qui sait, peut-être préférait-il me chasser de là pour ne pas l’avoir pris au sérieux.

Certaines personnes seraient sûrement outrées que je puisse ainsi me moquer. La religion tout ça, c'était sacré. Oui parce que évidemment, que là en l’occurrence, je ne prenais guère ça au sérieux. Je ne voulais de mal à personne, même pas mon cher partenaire. Quoi que... Un léger accident. Rien de bien grave hein. Juste de quoi le faire déguerpir. Après tout, ça serait l'occasion pour Dieu de me montrer qu'il était toujours là. Non ? Bon... J'en étais là, lorsque j'entendis un léger rire résonnait dans la pièce. Le petit Jésus qui se fichait de ma gueule ? Mouais, alors il avait changé de sexe, car cela ressemblait fort à un rire féminin. Et en effet, une jeune femme pénétra dans la chapelle et me rejoignis. Apparemment, mademoiselle m'épiait et avait entendu tout ma conversation. Heureusement que je n'avais rien dit de personnel, et que ce n'était pas grand chose. Pas besoin d'explications, qu'elle comprit immédiatement ma peine. « Des problèmes avec ton partenaire? Je peux me joindre à toi? Peut-être qu’à deux, nos prières auront plus de chance d’être écoutés. » Lisait elle dans mes pensées ? Je lui souris.  « Prends place. » fis je en l'invitant d'un geste de la main à mes côtés.  « Toute aide est la bienvenue. Tu auras peut être plus de chances que moi. Si tu lui fais les yeux doux, tu pourras peut être le convaincre. Pour ma part je crois que c'est peine perdu, IL ne doit pas m'aimer beaucoup. » Soupire.  « Toi aussi t'as envie d'étouffer ton partenaire dans son sommeil ? » Je vous assure, je n'étais pas violent.

« Prends place. » D’un signe de la main, il m’invita à le rejoindre, et je ne me fis pas prier – oh, la bonne blague – pour aller m’installer à ses côtés. Je croisais mes mains sur mes jambes, puis tournait la tête vers lui, souriante. « Toute aide est la bienvenue. Tu auras peut-être plus de chances que moi. Si tu lui fais les yeux doux, tu pourras peut-être le convaincre. Pour ma part je crois que c’st peine perdu, IL ne doit pas m’aimer beaucoup. » Je laisse entendre un léger rire. « Il faut plus que des yeux doux pour le convaincre, je crois. Il y a des années que je n’ai pas priées… Je dois lui paraître bien insignifiante, pauvre petite pécheresse que je suis. » Il soupire, et je le questionne du regard. « Toi aussi t’as envie d’étouffer ton partenaire dans son sommeil ? » Je soupire à mon tour. On dirait que c’est la seule chose que je sais faire quand il est question de mon partenaire. C’est pour ainsi dire à quel point il m’exaspère. « Tu sais que ça pourrait être une bonne idée? Je n’y avais pas vraiment pensé, mais maintenant que tu en parles… » laissais-je entendre, signifiant ainsi que tout comme lui, mon partenaire me faisait des misères. « Le grand allemand blond qui lançait des insanités durant le prime? Bah, c’est lui, mon partenaire… » Cas désespéré, littéralement. Il n’y avait rien de bon à faire avec ce mec.

« Il faut plus que des yeux doux pour le convaincre, je crois. Il y a des années que je n’ai pas priées… Je dois lui paraître bien insignifiante, pauvre petite pécheresse que je suis. »  « Mais non. Dieu n'est qu'amour. Il aime tous ses enfants de la même manière. » Bien sur. « Tu sais que ça pourrait être une bonne idée? Je n’y avais pas vraiment pensé, mais maintenant que tu en parles… » Et oui, ce que j'en avais de bonnes idées.  « Remarque, on est filmé, je ne suis pas sur que ça soit la meilleure solution... Au pire, on pourra toujours essayer l'empoisonnement. » Beaucoup plus discret. Je disais, mais n'empêche, j'exagérais grandement. Ce n'était pas non plus une énorme torture d'avoir Ezéquiel en partenaire. Au moins le mec se faisait discret, et n'était pas chiant. On avait juste l'impression de parler à un mur. Un mur soit dit en passant, plutôt effrayant. C'est plutôt moi qui devrait m'inquiéter qu'il me tue dans mon sommeil je crois. « Le grand allemand blond qui lançait des insanités durant le prime? Bah, c’est lui, mon partenaire… » Aouch.  « Mes condoléances. » La pauvre, c'était probablement pire que moi. Je voyais très bien de qui elle voulait parler. Faut dire qu'il avait su se faire remarquer durant le prime. C'était sûrement le but d'ailleurs.  « Le mien a au moins le mérite de ne pas parler. » alors que l'autre blond là, il semblait ne jamais vouloir s'arrêter. Et c'était pour balancer des insultes et autres conneries dans le genre.  « Bien qu'il est flippant. Je crois que je vais plutôt prier pour rester en vie finalement. » Cela serait préférable. Je me relevai enfin, pour m’asseoir sur le banc.  « Bon, assez parler de nos charmants partenaires. J'imagine, jolie demoiselle, que tu as un prénom ? »

« Mais non. Dieu n’est qu’amour. Il aime tous ses enfants de la même manière. » Oui, c’est bien ce qu’on disait de Lui, mais j’étais tout de même persuadé qu’Il avait des préférences. Si nous, ces propres créations, n’étions pas parfaites, je doutais qu’Il le soit lui-même. La perfection devait engendrer la perfection… et un simple regard autour de nous suffisait à comprendre qu’il avait merdé, le saint patron du ciel. Je laissais alors entendre que l’idée de tuer mon partenaire durant son sommeil me plaisait. Son idée, bien évidement. « Remarque, on est filmé, je ne suis pas sur que ça soit la meilleure solution… Au pire, on pourra toujours essayer l’empoisonnement. » Hm, pas certaine que ce soit une meilleure idée. « Et prendre le risque de se tromper de cible? Qui sait si quelqu’un n’aurait pas envie de prendre le verre où il y a le poison, ou de voler une bouchée du repas qu’on aurait empoisonné. Je ne veux pas avoir la mort d’innocent sur la conscience, non, non, non! » Scénario catastrophe, panique générale. Vous imaginez la scène, vous? Moi, très bien. Je pense que je préférais encore me contenter de mon partenaire que d’être condamné pour meurtre. Comme quoi, il y avait bien pire dans la vie qu’un type allemand désagréable. « Mes condoléances. » Je ne peux m’empêcher de laisser entrevoir un léger sourire sur mes lèvres, même si c’est un peu forcé. Ces mots, je les ai entendus trop souvent. Et dans ce contexte-là, impossible de les prendre à la légère. Je n’ajoutais rien, mais l’homme dû remarquer mon brusque changement d’humeur. À croire que ces simples mots avaient suffit à me refermer comme une huitre. Pas surprenant qu’il décide de réorienter la conversation vers autre chose. « Le mien a au moins le mérite de ne pas parler. Bien qu’il est flippant. Je crois que je vais plutôt prier pour rester en vie finalement. » Je voyais bien de qui il parlait. Sans être capable de mettre un nom sur cette personne, je me souvenais d’un grand homme noir, tapi dans un coin du hall, dont le regard sombre avait quelque chose d’inquiétant. Oh oui, de toute évidence, je lui préférais mon partenaire au sien! « Bon, assez parler de nos charmants partenaires. J’imagine, jolie demoiselle, que tu as un prénom? » Il venait de se relever et de prendre place sur le banc à mes côtés. « Tu supposes bien. Je suis Anabel. » Une légère teinte rouge était apparu sur mes joues, j’avais perdu l’habitude des compliments, et ici, il se faisait nombreux. « Et toi? Tu dois bien en avoir un aussi. » Dans le genre question stupide, on ne fait pas mieux.

« Et prendre le risque de se tromper de cible? Qui sait si quelqu’un n’aurait pas envie de prendre le verre où il y a le poison, ou de voler une bouchée du repas qu’on aurait empoisonné. Je ne veux pas avoir la mort d’innocent sur la conscience, non, non, non! » Ah ce n'était pas faux. Fallait croire que je n'avais pas pensé à tout dans mon plan diabolique destiné à me débarrasser de mon partenaire.  « Bon d'accord...J'imagine que je devrais me contenter de le supporter alors. » Genre terrible déception de ne pouvoir mettre mon plan à exécution. Hm les gens derrière leur écran de télévision qui entendait notre conversation, devaient me prendre pour un psychopathe. Lorsque je lançai à la demoiselle, un mes condoléances sur le ton de la plaisanterie, je compris que je n'aurais peut être pas dû. Son changement d'humeur était léger, mais perceptible pour moi. Ces mots susciteraient elle en quelques souvenirs douloureux ? Ou peut être me faisais je des idées. Quoi qu'il en soit, je trouvais préférable de la relancer sur autre chose. Déjà quoi de mieux que de connaître son prénom, ça pourrait être pas mal. « Tu supposes bien. Je suis Anabel. » Ainsi donc elle s'appelait Anabel...d'accord. Joli prénom.  « Anabel ? Hm ok. » Ah oui, elle voulait le mien peut être.  « Keelan. Avec deux e » Comme si ça avait une quelconque importance de savoir ça.  « Alors dis moi...Pourquoi t'as décidé de faire cette émission ? » Question bateau, mais il fallait bien commencer quelque part non ? Et puis c'était toujours intéressant de connaître les motivations qui pouvaient pousser une personne à venir s'enfermer ici, sous l'oeil des caméras. A la voir là, à première vue, je doutais que ça soit pour la gloire.

« Bon d’accord… J’imagine que je devrais me contenter de le supporter alors. » Ce qui était notre lot commun à tous. J’haussais les épaules, puisqu’il n’y avait pas grand-chose à en redire. Autant lui que moi allions devoir faire avec et composer avec la présence de nos partenaires respectifs. Le pari étant maintenant de savoir lequel des deux le ferait le plus longtemps avant de craquer! Haha. Quand il changea le ton de la discussion, délaissant toutes ces allusions de morts, je me détendis, même si mon léger malaise dû être perçu par l’homme qui me faisait face. « Anabel ? Hm ok. » Léger froncement de sourcils de ma part. Je ne comprends pas ce petit commentaire à la suite de mon prénom, mais je suppose que ce n’est rien de grave. Après tout, je le vois mal faire tout un plat pour une histoire de nom. « Keelan. Avec deux e. » Je souris. « Enchantée alors, Keeeeeelan. » fis-je, exagérant l’utilisation du e, le taquinant sur cette petite précision qu’il m’avait apporté au sujet de ce mot qui sert à l’identité en tant qu’être humain. J’espère qu’il ne s’en offusquera pas, je n’ai aucunement l’intention d’être méchante dans ma remarque. « Alors dis-moi… Pourquoi t’as décidé de faire cette émission. » Je savais que ce genre de questions viendraient, mais pour être parfaitement franche avec vous, je suis toujours autant mitigé quand à la réponse que je vais offrir à ceux qui m’interroge à ce sujet. Peut-être est-ce l’endroit qui m’inspire, mais je décide d’être plutôt franche avec lui. Une chapelle se prête bien à ce genre de confessions. « On m’a un peu forcé, à vrai dire, à participer. Ma cousine s’est montrée plutôt convaincante, elle m’a même accompagnée jusqu’aux auditions pour s’assurer que je le ferais. » Songer à ma cousine me fait toujours sourire. Elle n’a pas voulu mal faire, au contraire. Peut-être que je devrais lui en être reconnaissante en sortie d’ici. « Je ne lui en veux pas, je crois qu’elle fait ça pour mon bien, pour m’aider dans mon cheminement. Je doute que ce soit la solution miracle, mais maintenant que je suis là… pourquoi ne pas essayer. » Je m’arrête, restant plutôt vague sur le sujet. Je n’ai pas tellement envie de m’avancer d’avantage. « Tu permets que je te retourner la question? »

« Enchantée alors, Keeeeeelan. » Mais...mais...C'est qu'elle se moquerait de moi là ? Vilaine ! J'esquissai un sourire.  « De même, de même » Oh oui, j'étais enchanté de faire sa connaissance. Première conversation, dans un lieu des plus...inhabituels. Je cherchais alors à en apprendre un peu plus sur la personne qui se trouvait à mes côtés. En commençant par la raison de sa venue. « On m’a un peu forcé, à vrai dire, à participer. Ma cousine s’est montrée plutôt convaincante, elle m’a même accompagnée jusqu’aux auditions pour s’assurer que je le ferais. » Elle ajouta que c'était pour l'aider dans son cheminement. Je me reconnaissais tellement dans ses paroles. Certes, ses explications étaient plutôt vagues, mais je compris qu'elle avait quelque chose à surmonter. Quoi ? Je ne saurais dire.  « Je te permets. Pour tout te dire je suis un peu dans le même cas que toi. Ma petite sœur m'a inscrit en douce. Va savoir comment, elle a réussi à me convaincre à passer les auditions. Elle arrive toujours à ses fins celle là. Je te jure, on lui donnerait le bon dieu sans confessions. » dis je en souriant. Ah sacrée sœurette. Mais je m'égarais un peu là.  « Même ma mère s'y est mise. Je crois qu'elle en avait marre que je crèche chez elle, à ne rien faire de ma vie... » Oui depuis mon retour de l'armée, je squattais chez ma mère. A 30 balais. Au début c'était provisoire. Le temps que je me remette de mes blessures, qu'elle prenne soin de moi. Et puis ça c'est un peu éternisé.  « Tu ne le croiras peut être pas comme ça, parce que je suis absolument exquis et adorable » Ou comment se jeter des fleurs n'est ce pas.  « Mais j'étais plutôt associable ces derniers temps. Alors c'est l'occasion pour moi de sortir, de faire de nouvelles rencontres, d'avancer dans ma vie... Et pour tout te dire, pour le moment, je ne regrette pas d'être là. » conclus je. Non, pour tout vous dire, j'étais même plutôt content qu'on m'est poussé à venir en fait. Peut être que je changerais d'avis dans trois semaines, mais pour l'heure, ce n'était pas le cas.

« De même, de même. » Il ne relève pas ma petite allusion, mais le sourire qui étire sur ses lèvres me fait comprendre que je n’ai pas à m’en faire avec lui. Tant mieux. Il me parait sympathique, cela aurait été dommage de toute gâcher par une simple remarque. « Je te permets. Pour tout te dire je suis un peu dans le même cas que toi. Ma petite sœur m’a inscrit en douce. Va savoir comment, elle a réussi à me convaincre à passer les auditions. Elle arrive toujours à ses fins celle-là. Je te jure, on lui donnerait le bon dieu sans confessions. » Un fin sourire étira mes lèvres, à l’image de celui qui animait les siennes. On sentait qu’il avait beaucoup d’affection pour sa cadette : je suppose qu’ils entretenaient une bonne relation, tous les deux. Ça se ressentait, dans ces paroles. « Même ma mère s’y est mise. Je crois qu’elle en avait marre que je crèche chez elle, à ne rien faire de ma vie… » Oh, quand le monde entier se ligue contre nous, comment était-il possible de s’en sortir, vraiment. « Mes parents n’ont pas forcément approuvé l’idée, mais ma psy, elle, trouvait que c’était une très bonne idée. Dieu sait comment elle a appris la nouvelle, d’ailleurs… » Je soupçonnais plus que jamais une cousine plutôt maline. Un coup monté, voilà ce que s’était. Quand elle avait une idée derrière la tête, rien ne pouvait l’arrêter. Elle devait avoir tout planifié depuis le début, avant même que je ne débarque en Europe! Ce qui expliquerait l’implication de mon psychologue dans toute cette histoire... Du coup, je venais de lui avouer avoir un suivi psychologique… la honte. Et puis quoi, encore? Quand je sortirai d’ici, je n’aurai plus aucun secret pour lui, vous pariez combien? « Tu ne le croiras peut-être pas comme ça, parce que je suis absolument exquis et adorable. » Ah oui? Ce n’était pas encore tout à fait ça, mais je pouvais au moins lui accorder qu’il semblait adorable, oh ça oui. « Mais j’étais plutôt associable ces derniers temps. Alors c’est l’occasion pour moi de sortir, de faire de nouvelles rencontres, d’avancer dans ma vie… Et pour tout te dire, pour le moment, je ne regrette pas d’être là. » Pourquoi avais-je l’impression de parfaitement le comprendre, là, tout de suite. Ces propos faisaient échos au mien, et je me sentais interpelée par ceux-ci. « Ça va te sembler idiot, mais j’ai l’impression de t’entendre parler de moi. » Un maigre sourire étire mes lèvres. « Les deux dernières années m’ont été pénibles de bien des façons. Cette émission, c’est un peu l’occasion pour moi de tourner la page sur le passé. D’avancer. » Comme lui.