« Je commence à avoir une crampe là. » Je lui fais d'une voix lasse en secouant mon bras avec plus d'insistance sous son nez. Faut-il que je la plonge de force dans l'eau, comme les parents le font avec leurs gros bébés? Si c'est ce dont elle a besoin, un électrochoc, je peux toujours m'arranger pour la noyer brusquement dans l'eau. Elle ne semble pas bien éveillée, et encore moins lourde et rapide. Je lève le visage vers le ciel d'un air blasé face à l'hésitation de la demoiselle, baigné dans ce soleil aussi doux qu'agressif, tentant de l'inciter par cette attitude profondément nonchalante et moqueuse à faire le grand saut. Il faut bien bousculer un peu ses habitudes, et j'ai cru comprendre qu'elle ne supporte pas d'être sous-estimer. Aussi je commence à baisser le bras. Ce geste provoque un déclic en elle puisqu'elle saisit aussitôt ma main, me suppliant néanmoins de rester gentil avec elle. J'affiche un sourire d'angelot. Ce n'est tellement pas mon genre. Et puis je peux me montrer patient et attentif aux autres quand il est nécessaire de le faire. J'ai bien été élève avant de devenir chef, non? La réciproque est donc valable, qu'importe la situation. Je l'attire un peu vers moi. Elle ne peut s'empêcher d'y aller avec ses commentaires et ses suspicions, à croire que c'est plus fort qu'elle. Je la coupe aussitôt d'un geste de la main. « T'inquiète bichette, aucun requin à l'horizon, juste des sirènes et quelques zombies aquatiques vengeurs. » Je me moque ainsi d'un air tout à fait sérieux en posant moi aussi mon regard vers les tréfonds de l'eau, sourcils froncés remuant le sable du bout de mon pied. De quoi rendre la progression d'autant plus angoissante pour Valentina puisque le coin translucide du lac parait bien loin devant nous. Ici plantés, il nous est impossible de voir où l'on met les pieds, l'eau est trouble. Je la fais passer devant moi avec délicatesse et commence à la pousser doucement, mains sur ses épaules. « Avance sans te préoccuper de ce sur quoi tu marches, ce n'est que de la vase. Quand tu n'auras plus pieds, tu pourras voir tes jambes et même la couleur de ton vernis tellement l'eau yest claire et propre. » Je récite solennellement, les iris fixés sur le chemin qu'emprunte la demoiselle pour parvenir jusque là. L'eau commence à border ses épaules, je choisis ce moment critique où la plage parait bien loin pour la stopper brusquement. J'adopte une moue grave, pétrifiée, et resserre un peu plus l'emprise de mes doigts contre sa peau pâle. Je me penche à son oreille, dans son dos, et commence à murmurer en détachant les syllabes. « Je viens de voir un serpent nager jusque nous. Ne bouge surtout pas, ne fais aucun geste brusque, il est sûrement entre nos jambes à ce moment. Tu le sens? » Je fais mine de maitriser la situation, la maintenant bien de dos devant moi tout en conversant un silence des plus pesant. J'arrête de respirer, un léger sourire aux lèvres que je pince aussitôt dans une moue qui tâche d'étouffer toute trace de dérision. Je fais un petit geste brusque, comme si un léger frisson venait de parcourir mon échine. Je penche mon visage sur son épaule, et reprends, soufflant entre mes dents. « Je tiens à te prévenir que ce n'est pas mon pied qui vient de frôler le tien. Ne panique surtout pas. »

« Je commence à avoir une crampe là. » Quel manque de patience. Elle a raison de se méfier non ? Vous croyez pas ? Ouais on est d'accord. Il est d'une nonchalance c'est dingue. Elle finit par saisi sa main au moment où il laisse son bras retomber. Elle lui demande avec une extrême gentillesse de ne pas lui faire de coup fourré. Il lui répond par un sourire d'angelot dont elle se méfie un quart de seconde avant de lui laisser le bénéfice du doute. Il avance ensemble dans l'eau froide, quelques frissons parcours le corps de la demoiselle. Elle lui demande une fois de plus s'il est certain qu'il n'y a pas des bêtes dans cet eaux pas très rassurante. « T'inquiète bichette, aucun requin à l'horizon, juste des sirènes et quelques zombies aquatiques vengeurs. » Elle note l'humour. Mais il se moque là, elle lui lance un regard qui se voulait noir mais rapidement son visage s’adoucit et ses lèvres s'étirent en un sourire. Ouais il se moque d'elle mais elle voit du bon dans ce jeune homme tout de même. La preuve il lui à proposé sa main pour l'aider à évoluer dans cette eau froide dont l’écosystème est incertain et plutôt.. angoissant. Il la fait passé devant lui avec une délicatesse qui lui plaît assez et ça l'amène à lui donner son entière confiance ou en tout cas pour aujourd'hui. Sans imaginer une seule seconde ce qui l'attend bien entendu. « Avance sans te préoccuper de ce sur quoi tu marches, ce n'est que de la vase. Quand tu n'auras plus pieds, tu pourras voir tes jambes et même la couleur de ton vernis tellement l'eau y est claire et propre. » Ok. Elle incline la tête en signe d’approbation. Elle se tourne vers lui le regard alarmant. « Tu reste derrière hein, tu plonge pas dans l'eau pour me faire une mauvaise blague ? » Ouais elle reste méfiante tout de même. Un sourire s'étire sur son visage, il ne fera pas ça. Elle regarde de nouveau droit devant elle et avance un peu plus, lentement mais sûrement. Elle ne dit mot et rapidement l'eau lui arrive presque jusqu'au cou. C'est ce moment là que le cuisinier décide pour l'arrêter. Elle le regarde, il a un regard alarmant, grave, pétrifié. Elle s'inquiète automatiquement. Ses doigt posé sur son dos il s'approche d'elle et lui dit quelques mots à l'oreille d'une manière grave. « Je viens de voir un serpent nager jusque nous. Ne bouge surtout pas, ne fais aucun geste brusque, il est sûrement entre nos jambes à ce moment. Tu le sens? »  Elle frissonne, elle se crispe, elle ose pas bouger, pas d'un pouce. Elle est tout simplement pétrifié et totalement effrayé. Il bouge brusquement parcourus d'un frisson. Elle a tout simplement envie de pleurer. « Je tiens à te prévenir que ce n'est pas mon pied qui vient de frôler le tien. Ne panique surtout pas. » C'est plus facile à dire qu'à faire. Ses yeux deviennent humides d'un seul coup, sa respiration devient haletante. C'est bon elle panique d'un seul coup elle bouche et lui saute au cou, le forçant à la porter dans ses bras. « Ramène moi sur le sable ! S'il te plaît, s'il te plaît ramène moi sur le sable ! » dit-elle nichant sa tête contre l'épaule du jeune homme. Il ne peut pas le voir mais maintenant les larmes roulent sur ses joues. Elle est sensible. Et ne doute pas une seule seconde qu'il lui joue un tour. Elle, elle le serre contre elle avec force elle ferme les yeux. Qu'il la sorte de l'eau là maintenant tout de suite.

« On va.. » Je commence, poursuivant sur cette blague de mauvais goût qui va très certainement ne faire rire que moi dans quelques secondes. La naïve me coupe brusquement en bondissant à mon cou, paniquée, limite suspendue comme un koala à sa branche, si ce n'est qu'elle y met plus d'abandon et qu'elle manque presque de me faire basculer en arrière. Je recule de quelques pas et la réceptionne dans un 'oh' surpris et amusé, avant de passer un bras autour de sa taille et de tendre l'autre devant moi pour stabiliser mon équilibre. L'italienne est légère comme une plume. Elle me grimpe dessus avec vivacité, c'est limite si elle n'irait pas se blottir au sommet de mon crâne si elle était un petit chat. Je me penche un peu en avant dans l'eau, lui trempant de nouveau les épaules, juste pour m'amuser un peu de sa réaction. « Hé du calme... » Je fais d'une voix plus douce et réconfortante en la redressant contre moi, portant d'un geste paternel ma main libre sur sa tête. Je la sens trembloter, son cœur bat la chamade contre ma poitrine. Je recule un peu la tête pour la forcer à me regarder, et m'aperçois de ses petits yeux brillants de larmes, et de ses lèvres secouées par un sanglot étouffé. Ma bouche forme un o tout rond, attendris par cette moue digne d'une enfant de dix ans et demi. Je rigole, gentiment, en faisant demi-tour vers la plage. « Oh pleure pas, pauvre misère, tonton Hamad est là. » Je lui dis d'une voix volontairement stupide, comme l'adopterait un père pour rassurer son enfant et détendre la situation. Parce que Valentina a sincèrement besoin d'être détendue. Suis-je un si mauvais personnage que cela? Je doute qu'elle apprécie ma petite blague si jamais je venais à lui avouer. Aussi je choisis de garder le silence sur cet aveux, et rejoins rapidement le sable, me stoppant à quelques mètres de celui-ci l'eau aux genoux, le petit singe toujours enroulé autour de moi. J'écarte mes deux bras, et ne me surprend qu'à peine de constater que la demoiselle ne bouge pas d'un centimètre. C'est à peine si elle se rendrait compte que je ne la tiens plus. Sauf qu'elle commence à m'étouffer. Je ricane. « Tout le monde descend. » Je lui annonce tout en remuant légèrement des hanches de gauche à droite afin de la faire glisser jusqu'au sol. Ou du moins, afin que ses pieds rejoignent le fond vaseux de l'eau. La chose n'est pas facile.

« On va.. » On va nulle part, elle lui saute au cou grimpant littéralement sur lui. C'est mort il faudra qu'il la porte jusqu'au sable et plus jamais elle ne remettra les pieds dans ce lac. Jamais. Vous trouvez ça certainement pitoyable de la voir pleurer là comme ça parce qu'elle a peur, parce qu'elle l'a cru. Il surprit, normal. Mais aussi amusé mais ça n'a rien du tout de drôle y a un serpent aquatique qui se balade près d'eux. Ça n'a rien de drôle c'est grave. Et lui il a la bonne idée de se pencher pour que le dos de Valentina se retrouve dans l'eau. Elle secoue les bras pour lui signifier qu'il n y pas moyen qu'il la lâche là non, il est pas si cruel non ? « Hamad! » dit-elle d'une voix rauque par ses larmes. « Hé du calme... » Dit-il la redressant, elle se remet dans une meilleure position le serrant un peu plus contre elle. Il lui tapote sur la tête comme si allait aider ? Non il faut qu'il la ramène sur la rive maintenant. Il recule la tête la forçant à le regarder, ses lèvre son secoué de larmes, ses yeux clairs noyé dans des flots. Elle le regarde presque suppliante. « S'il te plaît. » dit-elle d'une petite voix. Elle va pas le redire une fois plus elle désire qu'il la ramène sur le sable, elle ne peut pas rester une seule seconde de plus dans cette eau infesté de serpent. « Oh pleure pas, pauvre misère, tonton Hamad est là. »  Il la prend pour une idiote ou ? Elle ne fait pas attention à ça. Elle pense seulement à retrouver la terre ferme. Elle retourne nicher son visage sur son épaule et commence déjà à souffler en sentant qu'il prend le chemin du retour. Elle ouvre tout de même les yeux pour s'en assurer, toujours sanglotante. Il la ramène réellement sur le sol. Il arrive près du brod. Il se stoppe, elle ne bouge pas d'un poil. Il écarte les deux bras, elle ne bouge pas d'un seul poile. Elle ose pas remettre le pied au sol. Il ricane une fois de plus. «Tout le monde descend. » Puis il commence à bouger pour la faire glisser mais elle le tient bien. Elle relève la tête délicatement. « Attends... » dit-elle doucement desserrant son étreinte pour qu'il puisse de nouveau respirer tranquillement. Elle regarde à droite à gauche et scrute l'eau, les dernière larmes ont déjà coulé sur ses joues elle a les yeux rouge mais ne pleure plus. Ok elle peut le faire. Elle saute rapidement dans l'eau, lâchant je jeune homme. Rapidement elle court vers le sable. Elle le foule et essuie ses joues. Elle se sent stupide.. mais un serpent quoi. Elle passe une main sur son visage, ses mains en tremble encore. Elle lui tourne le dos parce qu'elle se sent honteuse d'avoir encore si peu de courage et de finir par fondre en larme pour un hypothétique serpent. Parce que soyons claire elle n'a eu aucune preuve de son existence, mais vous voyez... elle se dit que personne n’aurait l'idée de faire semblant qu'il y a un serpent dans l'eau non ? Elle se saisit de sa serviette et se couvre avec celle-si restant dans un silence absolu. Elle le regarde pas, elle sait même pas s'il est encore dans l'eau ou pas. Elle a juste honte.

Cette poule mouillée prend le temps de jauger avec attention les eaux et ses tréfonds avant de bondir pour s'échapper vers la plage où elle court se réfugier. Je l'observe, consterné, tandis que la demoiselle s'empresse de s'enrouler dans sa serviette, légèrement tremblante. Je reste planté à l'endroit où elle m'a lâchement laissé, les bras ballants le long de mon corps, les épaules délicieusement chauffées par les rayons du soleil qui se répandent sur ma peau brune. Je fais quelques pas dans sa direction, rejoins rapidement le sable que je foule de mes pieds sans faire attention avant de me poster près d'elle. « Tu sais, ce n'était qu'une petite algue en fait, je crois... » Je commence en bredouillant, le front plissé par l'anxiété à l'idée qu'elle se rebelle ou pire, fonde encore en larmes en pensant qu'elle a effleuré une algue avec ses pieds. Mon dieu, quel drame ce serait, imaginez un peu. Je baisse la tête, m'apprêtant à déposer ma main sur son épaule dans un signe réconfortant avant de suspendre mon geste, hésitant. Je serre mon poing, et l'enfonce au fond de ma poche de maillot de bain, en silence. N'empêche que j'ai réussi à faire pleurer une fille aujourd'hui, je ne suis pas très fier, autant dire que ce n'était pas arrivé depuis un bail. Je fais très rarement souffrir la gente féminine, contrairement à certains qui s'en vantent avec arrogance dans la maison. Je tapote mon ventre du plat de ma main, l'autre enfoncés dans la masse de cheveux complètement décoiffée qui trône sur mon crâne. Je soupire en regardant à l'horizon, ne sachant trop comment restaurer un quelconque dialogue en songeant à l'état de détresse de la candidate. Je m'installe en position assise sur ma serviette, jambes pliées contre mon torse, légèrement écartées. Je sèche, prenant appui sur mes genoux, avant de sortir une clope bien méritée après ce moment de grand stress. C'est que ses états d'âmes seraient presque communicatifs, dis donc. A défaut de son humour, dont elle semble a priori dénuée. Je porte la cigarette à mes lèvres et l'allume, toujours silencieux, pensif même, les yeux rivés sur le lac devant moi.

 « Tu sais, ce n'était qu'une petite algue en fait, je crois... » Quoi ? Elle lui montre toujours son dos, elle bouge plus. Est ce qu'il vient de lui avouer à demi mot qu'il vient de la mener en bateau ? Un algue ? Elle comprend là tout de suite. Elle revoit son sourire d'angelot qui sonnait faux. Elle fronce les sourcils, elle mord sa lèvre inférieur, son regard devient dure. Elle a pas besoin de l'entendre dire maintenant elle sait qu'il s'est simplement foutu de sa gueule. Il a décelé le faite qu'elle était très perplexe à l'idée d'entrer dans ce lac.. le fait qu'elle avait peut de cet inconnu qui s'offrait sous ses pieds et il s'en ai servit pour faire une.. blague certainement.. une très mauvaise blague. Elle retire la serviette qu'elle a sur les épaules, elle ne pleure plus, ne tremble plus une seule seconde.. Elle reste silencieuse et dépose sa serviette sur le sable. Elle passe une fois de plus sa main sur ses yeux pour essayer les dernières larmes et s'assoit à son tour. Elle le regarde un air passible mais il ne faut pas s'y fier. Elle est en colère. Il fume, comme la plu part des candidats dans cette saison. Elle le regarde sans dire un mot. Elle l'aime bien en plus, mais.. elle comprend pas pourquoi il a fait ça. Elle regarde de nouveau le lac. « Tu sais c'était la première fois que je me baignais dans un lac. Je me suis dis ça va être cool. » dit-elle amusé et douce dans le son de sa voix. Je vous rappelle qu'elle est en colère, une des rare émotions qu'elle arrive à contenir avec brio. Elle reste d'un calme olympien. « Mais bon maintenant je vais avoir encore plus de crainte à ce sujet parce qu'un beau cuisinier à eu l'idée saugrenue de me faire croire qu'une simple algue était un serpent et tout ça pour rire. » Oui elle a dit qu'il était beau et alors c'est pas ce qu'il y a de plus important. Elle le regarde et sourit. Elle hausse les épaules. « C'est pas grave. » Si c'est grave, elle a vraiment vraiment vraiment eu peur. Elle s'allonge sur sa serviette et laisse le soleil faire son travail pour sécher sa peau. Maintenant elle va garder le silence, elle ferme les yeux et profite du soleil. Cette fois elle a plus aucun mal à occulter sa présence elle ravale sa colère petit à petit et oublier qu'Aladin est là.

Aucune réponse, juste un silence. Un silence impitoyable qui suppose une prise de conscience lourde, sûrement douloureuse pour l'esprit innocent et pur de la jeune femme. Elle n'aime pas se faire mener en bateau? Ce n'est pas ce que j'ai cherché à lui faire en agissant ainsi. Aussi, je ne culpabilise pas en pensant qu'elle pourrait être vexée de ma plaisanterie, elle n'impliquait pour moi rien de méchant avant que toute cette histoire ne dérape en mélodrame. Je suis presque fatigué de tout cela. C'est ce genre d'évènements, imprévisibles, qui tendent à remettre en question ma présence ici, si je ne devrais pas partir maintenant plutôt que de perdre mon temps dans ce château burlesque. Heureusement, ce genre de questions, quoique persistantes ces derniers temps, ne, perturbent mon esprit qu'un bref instant. Puisqu'au fond et malgré tout, je suis bien, je me sens bien. Du moins, je me sentais bien jusqu'au prime dernier. Jusqu'à l'injustice qui m'a fait prendre conscience du caractère arbitraire et cruel de cette émission. Ou tout du moins absurde. S'attacher à des gens pour les voir partir. Valentina s'approche de moi. Cette absurdité cultive mon lunatisme marqué, je ne manifeste aucun signe de sympathie particulier. Je pourrais très aisément m'attacher à ce spécimen des plus atypiques. Je lève brièvement les yeux vers elle, suffisamment pour savoir qu'elle s'installe à mes côtés. Elle ne dit rien, elle reste silencieuse. Pourquoi? Je continu de fumer, impassible. Du moins jusqu'à ce qu'elle commence à parler. Ce qu'elle me raconte ne m'amuse pas. Malgré l'effort qu'elle voue à masquer sa colère, celle-ci est très largement perceptible entre les mots qu'elle emploie et son sourire tendre m'apparait comme détestable d'ironie. Aussi, mes lèvres se plissent à leur commissure, ma main joue avec le sable, je fume pour couper toute tentation à la réplique assassine. Et elle, elle continue sur sa lancée. Mes oreilles se dressent à l'entente de ce compliment inavoué qu'elle balaye aussi sec en me reprochant de l'avoir effrayé. Je tourne mes iris interrogatrices vers elle, la scrutant, hagard. Je ne sais pas quoi dire. Elle me certifie que ce n'est pas grave. Oui, ce n'est pas grave, il y a bien plus grave dans la vie. Je ne m'excuserai pas pour cette blague. L'italienne choisit finalement face à mon stoïcisme déroutant de s'allonger sur la serviette qu'elle a ramené avec elle. Je ne sourcille pas en la voyant tourner la tête vers le soleil, visiblement contrariée, quoiqu'elle en dise. Ses paupières closes, je coince ma cigarette entre mes lèvres et m'allonge sur le ventre à ses côtés, mon visage à quelques mètres du sien si ce n'est la perspective qui n'est pas la même. Je la domine, elle m'observe d'en bas. Du moins, m'observera. « Tu me trouves beau alors? » Je lui demande, malicieux, en tirant une latte sur le bâtonnet de nicotine. C'est tout ce que j'ai retenu.

Aucune réponse.. il est stoïque, hagard et déconcertant d’immobilité. De toute manière ce n'est pas comme si elle attendait une réponse de sa part. Non pas vraiment, elle aimerait juste qu'il comprend un peu mieux comment elle fonctionne et que ce n'est pas une façon d'agir avec elle. Et puis elle est en colère surtout elle a fait de son mieux pour la contenir en général elle est douée à ce jeu mais elle est pas certaine que ça ai marché. Il a dut capté la colère, ses narines frétillaient un peu trop. Elle allongé son corps, ferme les yeux, et laisse une respiration lente s'installer. Elle tente tout simplement d'oublier qu'il y a quelques minutes il lui a foutu la peur de sa vie. Il faut savoir qu'elle ne sort pas beaucoup de chez elle, et c'est pas pour aller dans des lac étranges qu'elle sort non pas vraiment.. Elle est étrangère à ce genre de choses un peu 'folles' se baigner dans un lac.. quelle idée saugrenue. Elle le sent bouger. Mission occulter la présence de Hamad : échec. Elle n'y prête pas attention et continue de garder les yeux clos ses paupière tremblante. Elle remonte sa jambe gauche pour se donner appuie et dépose son bras gauche au niveau du poignet sur son front. « Tu me trouves beau alors? » Lui demande-t-il une pointe de malice dans le ton de sa voix. Val ouvre les yeux sans pour autant tourner le regard vers lui, pas pour l'instant en tout cas. Ah oui elle a dit ça. Il a retenue que ce détail infime parmi tout ce qu'elle a dit. Sérieusement ? Elle ne sait pas si elle doit être plus en colère par ce manque d'attention ou amusée par son comportement. Elle laisse tomber son bras gauche le long de son corps et tourne la tête vers lui. Il est placé de telle façon à ce que son visage la domine. Elle a la bonne idée de choisir ce moment où il a une parfaite vue sur son visage pour rougir. Maintenant si t parles faudra pas bafouiller. « Hum, je-tu hein.. quoi ? » Et ben c'est pas gagné. Elle éclaircit sa gorge ferme les yeux un quart de seconde et recommence un sourire timide sur le visage. « Tu-tu n'as pas besoin de moi pour le savoir. » Il a bien assez de groupie comme ça et puis même ça se trouve qu'il est sa groupie number one et qu'il adooore son reflet.. ce serait navrant quand même y a bien assez de Andreas et Marcus dans le genre. Bon sang regardez moi cette bouille comment lui en vouloir plus longtemps ? Toute sa colère semble avoir disparut.. Elle laisse un petit rire s'échapper de ses lèvre et donne une légère petite tape sur son épaule. Elle retourne à son soleil, ferme les yeux un sourire amusé sur le visage. Roh, elle aurait aimé resté en colère plus longtemps juste parce qu'il le mérite.

Elle rougit. Elle tourne son regard vers le mien, ses paupières papillonnent allègrement et mon sourire s'accentue d'autant plus à cette vue. Elle m'amuse énormément, je me mords les lèvres dans une moue espiègle. Elle bafouille, il semblerait que je l'ai pris au dépourvu. Seulement, je ne tiens pas à m'épancher plus longtemps sur l'expérience traumatisante que je viens de lui faire vivre. Elle relativisera, et peut-être que changer de sujet aussi brutalement lui fera prendre conscience de la 'gravité' de la chose. Soit complètement nulle, étant donné qu'elle n'est pas morte, que l'on a passé un bon moment ensemble, et qu'elle ne semble pas particulièrement malheureuse d'avoir vu un serpent. En plus, elle me complimente subtilement, comme quoi elle n'a pas totalement perdu ses esprits non plus. Ma question semble la prendre au dépourvu. La blonde s'éclaircit la gorge, et me répond comme si c'était évident que je n'ai pas besoin d'elle pour le savoir. « C'est toujours agréable de l'entendre d'une bouche innocente et désintéressée... » Je lui réponds au tac au tac tandis que la demoiselle dépose maladroitement sa main sur mon épaule dans une petite tape. J'écarquille les yeux. C'est tout? Bon. Un sourcil haussé, je reporte mon attention sur le lac, ne bougeant pas d'un centimètre pour libérer l'espace que j'ai envahis quelques secondes plus tôt. Non, je suis bien comme ça. Distrait, je me saisis d'une poignée de sable dans le creux de ma paume, et desserre légèrement mon poing au dessus de son ventre plat. Une trainée doré se dessine sur son nombril, je fais un petit cercle et époussète ma main de façon à ce qu'il ne reste plus rien des petites particules cristallisées contre ma peau. Dieu sait à quel point cela peut-être désagréable. « Et puis qu'est-ce que tu entends par 'tu n'as pas besoin de moi pour le savoir' ? Tu as entendu quelque chose, vermisseau? » Je l'interroge subitement en plongeant mon regard dans le sien, fronçant les sourcils de manière à la déstabiliser un peu plus. Peut-être va elle cracher le morceau plus aisément ainsi. « Ou peut-être est-ce une partie de ta technique de drague pour me faire comprendre que je te plais, tout en accusant les autres. » Je conclus finalement en me redressant d'un air pédant, lui tournant le dos pour me débarrasser de cette clope que je n'ai cessé de fumer jusqu'à maintenant. « Tu commences à rougir. » Je lui dis sans me retourner, d'un air moqueur. Je me saisis d'un tube de crème protectrice que je lui tends d'un air nonchalant, non sans sourire, narquois. Pas sûr que ce petit tube puisse soigner sa timidité maladive, mais peut-être pourra-t-elle protéger ce défaut derrière une incapacité pour sa peau à bronzer correctement. Qui sait.