Nous étions déjà vendredi, ce qui veut dire que le prime approchait bientôt, mais comme chaque semaine je n’avais pas vraiment hâte d’y être, surtout depuis que les deux dernières semaines avaient foutu le bordel dans ma relation avec Tweedy. Chaque semaine on arrivait à s’en relever, on se réconciliait pour que, chaque dimanche, leurs rubriques ne nous descendent encore. C’était épuisant, mentalement c’était vraiment épuisant. Du coup j’avais envie d’un peu de temps à moi, pour penser en tout tranquillité et j’avais toujours trouvé que la chapelle était parfaite pour ça. Je n’y venais pas pour m’y confesser, j’avais bien trop de péchés à mon actif pour ça, j’y venais pour trouver une autre sorte de paix, une paix que je ne pouvais trouver qu’en passant un peu de temps avec moi-même. Alors, assis sur un banc, je posai mes coudes sur mes genoux et ma tête dans mes mains avant de fermer les yeux et de me laisser sombrer dans mes pensées. Je ne sais pas combien de temps je suis resté comme ça, mais quand la porte s’ouvrit j’eus du mal à émerger, je levai cependant la tête et la tournai vers l’entrée ou je vis Malo arriver. Un candidat dont j’avais entendu beaucoup de bien mais que je ne connaissais pas personnellement. « Bonjour. » dis-je simplement au candidat, avant de me souvenir que lui comme moi (et comme Aj et Tweedy) avait eu droit, cette semaine, à une analyse poussée de sa relation avec Aj en direct sur le prime. Je me demandais comment il l’avait pris mais n’osai pas poser la question, ça ne me regardait pas.

Vendredi. Elle ne lui adressait toujours pas la parole. Il avait tenté à maintes reprises de lui parler, mais elle l'évitait comme la peste. Ce qui avait le don de l'agacer. Depuis Dimanche soir, tout avait changé entre eux. Il avait l'impression de revenir à la case départ. Il ne comprenait pas pourquoi elle lui en voulait tant. C'était avec des maux de tête qu'il s'était réveillé ce matin. C'était avec une migraine atroce qu'il allait terminer cette journée tout aussi morose que la précédente. Il ne ressentait pas de la tristesse, mais de la colère et de la lassitude. Blasé et éreinté, il commençait à se sentir de plus en plus mal à l'aise dans ce château. Il eut même presque envie de quitter cette aventure tellement qu'elle devenait éprouvante pour lui. Physique et surtout, psychologiquement. Ce n'était pas l’humiliation et les moqueries du sixième prime qui l'attristent. Les commentaires des deux animateurs, il s'en fichait royalement. Cela ne changeait en rien les sentiments qu'il avait pour la rousse. Mais elle n'avait été insensible à leurs railleries. Il prit de l'aspirine pour calmer la douleur au niveau du crâne. Il décida d'aller se recueillir à la chapelle. Le seul endroit il peut être dans le silence. Un silence rassurant et spirituel. Il entra dans la pièce, sa canne à la main. Il aperçut une silhouette familière au loin. Il s'approcha. C'était Finnick. - Bonjour. Le couturier lui serra pour le saluer à son tour. Politesse oblige. Avant de venir s'asseoir à ses côtés. Il se souvint que ce soir-là, Tweedy et lui ont été la cible du duo infernal. Il s'enquit de lui demander : - T'es-tu remis de ce qui s'est passé Dimanche dernier ? Si ce n'est pas trop indiscret bien sûre. Il le regarda et esquissa un sourire qui se voulait rassurant.

Le candidat me serra la main pour me dire bonjour, ça faisais un bail que je n’avais plus fait ça, la dernière remontant à la fois où mes parents avaient voulu me faire rencontrer une jeune femme de bonne famille. Autant vous dire qu’elle ne m’avait pas plu du tout. Elle n’avait pas cette once d’espièglerie, cette liberté dans le regard, elle n’était qu’un robot comme toutes ces filles que mes parents trouvaient pourtant ‘parfaite’. Plus j’y pensais, plus j’arrivais à comprendre le désir qu’avait eu mon frère de partir de chez nous. J’étais venu pour ça, pour le comprendre, dans un sens ça fonctionnait. « T'es-tu remis de ce qui s'est passé Dimanche dernier ? Si ce n'est pas trop indiscret bien sûre. » me questionna Malo, je tournai la tête vers lui et hochai la tête. « Oui, ça va, je n’étais pas particulièrement visé en fait, j’ai l’impression que le russe s’acharne sur Tweedy a cause de l’histoire d’Ezequiel. » Je peux comprendre qu’il soit outré, mais il était de la production, il avait son mot à dire non ? Le faire partir de l’émission ça ne lui était pas passé par l’esprit ? Soit. « Et toi, ça va… ? Ils ne vous on pas loupé… » je constate. C’est vrai, je pense que Aj et Malo s’en sont pris dans la gueule que Tweedy et moi, déjà je me suis pris moins de commentaires désobligeants. Ou alors c’est parce que je suis d’un naturel je m’en foutiste et que ça ne m’a pas atteint outre mesure, à voir.

Il avait su à l'annonce de Cupidon le concernant qu'il allait être tourné en ridicule. La minute où il est entré dans la cabane en bois, en face d'un des animateurs qui n'était qu'autre que Connor. A la question qu'il avait posé, l'anglais avait pris le soin de ne pas entrer dans ce jeu et de lui offrir ce qu'il voulait entendre. En ressortant de la cabane, il eut comme un pressentiment. Dimanche arriva et il se trouva qu'en réalité que son appréhension était fondé. Cela ressemblait à un lynchage public ou un moyen pour le déstabiliser. Il n'avait pas été atteint par les propos acerbes de deux compères. Il avait connu bien pire. - Oui, ça va, je n’étais pas particulièrement visé en fait, j’ai l’impression que le russe s’acharne sur Tweedy a cause de l’histoire d’Ezequiel. Il acquiesça. Tout le monde n'était pas ravi de voir la jeune femme devenir le partenaire du colosse africain. Lui non plus, il ne voyait pas d'un très bon oeil ce partenariat. Mais il avait confiance en Tweedy et acceptait son choix malgré quelques réticences de sa part. C'était son côté protecteur prenait parfois le dessus. - Et toi, ça va… ? Ils ne vous on pas loupé… Il préférait en sourire. D'ailleurs, c'est ce qu'il fit en regardant son interlocuteur droit dans les yeux. - Crois-moi. Ils n'ont pas connu ma grand-mère. Elle était pire. Il rit. Avec sa grand-mère, leurs relations n'avaient jamais été très fusionnelles. Elle était aussi froide que la glace. Ses remarques, ses moqueries étaient impitoyables. A l'époque, il en pleurait car il n'avait que huit ans et il était orphelin. Maintenant, il préférait en rire comme cela appartenait désormais au passé. - Je ne suis pas en colère contre eux. Après tout, ils ne font que leur travail. Même si parfois c'est de la méchanceté gratuite. , dit-il d'une voix calme. Il était plutôt furieux à propos de l'attitude de AJ après ce prime. - Que les femmes sont compliquées., soupira-t-il en jouant machinalement avec sa canne.

Je fus plutôt surpris de voir Malo sourire a ma réflexion sur le prime, apparemment le candidat ne prenais pas les choses aussi mal que je l’aurais cru. Tant mieux, il ne fallait pas se miner le moral pour si peu. « Crois-moi. Ils n'ont pas connu ma grand-mère. Elle était pire. » dit-il avant de rire, ce qui me fait rire aussi. Ah les grands-mères, la mienne est plutôt terrible aussi, j’aime son humour, seule chose sur laquelle on s’entend, mais elle dirige la famille d’une main de fer et quand elle a décidé qu’on devait tous renier Jamie, on l’a tous fait… Plus ou moins, c’est mon frère quand même, l’enfant de mes parents, on oublie pas comme ça un membre de sa famille. « Je ne suis pas en colère contre eux. Après tout, ils ne font que leur travail. Même si parfois c'est de la méchanceté gratuite. » Je hoche doucement la tête, je comprends totalement et je suis on ne peut plus d’accord avec lui. « Je trouve quand même qu’ils exagèrent, mais c’est les règles de la télévision, violence, sexe,… » Voilà pourquoi Ezequiel était resté selon moi, les gens aiment le danger, ils ne sont pas conscient de ce qu’il se passe à la télévision, ils pensent que c’est pour du faux, qu’Anabel et Laoise n’ont pas vraiment eu peur, qu’elles n’ont pas vraiment eu mal. « Que les femmes sont compliquées. » conclut-il, je hochai la tête en lâchant un soupire. « Je ne peux qu’approuver ! » Mais un jour, on finirait par les comprendre, je ne désespère pas, du moins pas encore. «Aj m’a l’air d’être une femme intelligente, elle finira par ouvrir les yeux. » je lui dis avec un sourire, j’en suis persuadé en fait, même si je ne la connais pas encore bien, elle me semble assez intelligente pour comprendre que Malo tiens vraiment à elle, en tout cas moi qui ne suit pas doué pour ce genre de choses, je l’ai compris, qu’il tenait à elle.

Quelques bribes de la discussion entre des animateurs mais il les chassa de son esprit facilement. Se faire rabaisser par des énergumènes pareils, il s'en fichait royalement. Leurs remarques avaient pour but de déstabiliser voire même le provoquer. Mais il n'avait rien ressenti ce soir. Son esprit était ailleurs ce soir-là. Il s'inquiétait plus pour AJ que pour lui, car il savait qu'elle allait mal le prendre. - Je trouve quand même qu’ils exagèrent, mais c’est les règles de la télévision, violence, sexe,… Le moindre sentiment, la moindre sensation étaient exacerbés dans ce jeu. Cela devenait limite grotesque, voire même grossier. Il acquiesce aux propos du jeune homme. Il avait raison. Il approuva le fait que les femmes étaient des êtres complexes et compliqués. Cela le réconfortait dans une certaine mesure, car il n'était pas le seul à le penser ainsi. - Aj m’a l’air d’être une femme intelligente, elle finira par ouvrir les yeux. Elle avait un caractère de feu. Avec elle, tout prenait des disproportions hallucinantes. Elle était d'humeur changeante, limite lunatique. Elle avait un mauvais tempérament. - Malheureusement, ce n'est pas aussi simple. Surtout avec elle., soupira-t-il. Dès le départ, il savait que cela n'allait pas être simple avec elle. Plus les semaines passaient, plus elle rendait les choses difficiles. Il faut dire qu'il avait également sa part de responsabilité dans cette histoire. - Elle aime me pousser à bout. Je vais devenir dingue. Il n'était pas que préoccupé par l'attitude de la jeune femme envers lui, mais aussi par un tas de choses. Notamment, concernant son secret. Un secret qui commençait à le peser.

« Malheureusement, ce n'est pas aussi simple. Surtout avec elle. » Constate le candidat, je fais une grimace, ah je connais ça. Enfin pour le moment tout se passait encore bien avec Tweedy mais combien de temps avant qu’elle n’en puisse plus de m’attendre ? Selon moi j’avais encore un peu de temps, mais c’est vrai qu’on en avait plus discuté, ça pourrait éclater à n’importe quel moment… Autant ne pas y penser, sinon ça va me stresser. « Elle aime me pousser à bout. Je vais devenir dingue. » Ajoute-t-il. Je soupire. « C’est dommage, mais connais-tu une seule relation facile ? » Lui demandais-je en souriant, un peu résigné. Et oui quand les sentiments s’en mèlent, même si ce n’est que d’un coté, ça complique tout. Surtout si ce n’est que d’un coté en fait, j’imagine que si j’avais été amoureux de Tweedy moi aussi, tout aurait été plus simple. Je ne sais pas si Malo a des sentiments pour Aj mais je pense que si, ou du moins qu’il commence à en avoir… Mais elle ? Peut être que c’est à cause de la défunte femme de Malo, il faut dire que les deux gus ont bien insistés là-dessus…

Même avec sa femme, cela n'avait jamais été facile non plus. Ils n'avaient pas le temps de se voir autant qu'ils le souhaitaient car la carrière de chacun occupait une grande place dans leurs vies respectives. Jusqu'au jour où Viola se blessa à la jambe en faisant une chute dans les escaliers. Suite à cet accident, elle apprit qu'elle ne pourrait plus jamais être danseuse. Elle était devenue dépressive. Leur mariage commençait alors à être sur le déclin. - C’est dommage, mais connais-tu une seule relation facile ? Non, il n'en connaissait aucun. Certes, il y avait l'amour mais il ne fallait pas oublier l'amitié. C'était aussi compliqué de gérer les relations amicales, selon lui. Une autre forme d'amour. Puis, vint la famille. Il n'avait pas eu la chance d'avoir une véritable famille. Il le vivait bien. Il lui restait encore sa cousine à ses côtés. Il répondit : - Tu sais, même en mariage, tout n'est pas idyllique. Avec ma femme, nous nous sommes mariés très jeunes. Mais plus le temps passait, plus je commençais à m'éloigner d'elle. Pus tard je me suis rendu compte que je ne l'aimais pas autant qu'elle l'aurait voulu. Nous sommes restés ensemble plus par dépit que par amour. Puis, elle est morte ... Son regard s'assombrit. Le fait d'en parler ravivait des souvenirs douloureux en lui. Un passé qu'il souhaitait oublier à tout prix. - Avec AJ, c'est quelque chose de différent. Que je n'arrive pas encore à décrire. Tout ce qui se passe entre nous, c'est nouveau pour moi. Je ne suis pas un adepte des histoires d'amour. J'ai eu très peu de petites amies. La plupart des femmes n'était que des conquêtes, avant que je ne me marie. Un mariage précipité. A l'époque, je pensais que Viola était la femme de ma vie. Mais je me suis complètement fourvoyé., poursuivit-il d'un air stoïque.