Laoise se faisait bien moins bavarde et enjouée que d'habitude et ça me faisait honnêtement très chier. Où était passée la Laoise pleine de joie de vivre, toujours de bonne humeur que j'avais appris à connaitre durant ces six semaines d'aventure ? Disparue, visiblement. Sans doute était-elle encore là, quelque part, mais certainement pas avec moi cet après-midi dans l’enceinte de cette piscine. Okay, je commençais à vraiment piger là, elle m'en voulait beaucoup pour mon comportement lors du prime de dimanche. Seulement je n'avais fait que me montrer moi-même ce soir-là, n'en déplaise à Laoise. Mon caractère avait juste pris les devants, ajouté à une bonne dose de ras-le-bol. Le résultat avait été incontestable : je l'avais envoyée chier et ça lui avait fortement déplu. Je pouvais peut-être regretter mon attitude, les propos tenus, néanmoins je ne risquais pas de m'excuser. Ah non, ça ne risquait pas d'arriver. Et puis c'était clairement pas mon genre d'abord. Après une petite discussion au bord de la piscine, je conviai la jeune femme à nager et bientôt elle se laissa tomber dans l'eau et partit nager plus loin, en solitaire. Pas question de me laisser snober par la demoiselle. Je la rejoignis vite jusqu'à me trouver à ses côtés, avant de ne l'aborder. J'avais fait un effort quand même, dimanche, en portant le fameux t-shirt qu'elle aimait tant. Est-ce qu'au moins un tel geste lui avait fait plaisir ? « Je suppose que oui. » Wow, super réponse merci Laoise. Avec ça, vraiment, je ne regrettais pas de l'avoir porté, hein, ce foutu t-shirt tout moche. J'avais bien envie d'ajouter que si ça n'avait pas été sous demande de sa part, je n'aurais jamais accepté. Car oui, il sembla que je l'avais fait pour elle. Aussi étrange que cela puisse paraitre, d'ailleurs. Je n'ajoutai pas un mot de plus, me contentant de la regarder dans le blanc des yeux quand bientôt elle reprit la parole. « L'autre jour, » J'étais parfaitement à l'écoute. À quoi allait-elle faire référence ? Je n'allais pas tarder à le savoir. « au spa, tu m'as dit que tu lisais en moi comme dans un livre ouvert et tu n'as pas voulu en dire plus. » En effet, je lui avais bel et bien affirmé une telle chose. Et c'était toujours le cas d'ailleurs. « Tu n'es toujours pas décidé à en dire davantage ? » Ah, toujours aussi curieuse la petite Laoise. Au moins une chose qui n'avait pas changé et que j'étais ravi de retrouver chez elle, à défaut d'avoir en prime un sourire de sa part, sourire qui commençait à me manquer il faut bien le dire. « Je... ne préfère pas. » Comme elle, j'excellais dans les réponses claires, précises. Tout cela pour dire que je ne comptais pas lui en dire d'avantage, non. C'était pour le moment quelque chose que je souhaitais garder pour moi. Mais comme je lui avais déjà annoncé, elle ne tarderait pas à en savoir plus. Il fallait juste me laisser un peu de temps. « Bon Laoise... j'en ai marre là. » Ouais c'est bon, ras-le-cul, clairement. De quoi ? Oh mais j'avais le lui dire, ne vous en faites surtout pas ça venait. « Il sont passés où ton sourire, ta folie ? T'es plus toi, là. » J'avais vraiment pas l'impression de me trouver en face de la même Laoise, et ça me perturbait beaucoup. Sans doute ce changement n'était dû qu'à mes récents agissements, mais voilà fallait vraiment que tout cela cesse maintenant.

Rappelez-moi de ne surtout plus jamais lui faire l'honneur de porter lors d'un prime une tenue qu'elle aurait elle-même choisie. Bah, ça servait clairement à rien de faire un tel effort, puisque ça ne semblait pas lui faire plus plaisir que ça au fond. Franchement, j'avais été bien con. Moi j'avais fait ça pour elle, hein. Je n'aurais pas réagi de la même sous demande d'une autre personne, qu'on se le dise. Non mais j'avais compris le message, c'est bon. Suite à ça, elle chercha à savoir si il y avait du nouveau depuis que je lui avais signifié pouvoir lire en elle comme dans un livre ouvert. Souhaitais-je lui en dire un peu plus aujourd'hui ? Clairement pas. Puisqu'elle n'eut visiblement pas la réponse escomptée, la belle se permit une petite remarque. « Tu ne lis pas en moi comme dans un livre ouvert. » annonça-t-elle. Elle n'en savait rien, strictement rien. Je n'avais pas la prétention d'affirmer de telles choses dans le vent - quoi que, la prétention et moi... Le but là, c'était juste de me sous-estimer et, dans la foulée, de me déstabiliser. Mais elle perdait son temps. Moi je vous le dis. « Personne ne lit en moi si facilement. » Si, moi. Une personne ici en était capable, contrairement à toutes les autres, et cette personne n'était autre qu'Andreas. « Si personne n'en est capable, alors moi je le suis. Car je ne suis pas comme tout le monde, sache-le. » Au fond elle ne savait rien de moi. Fallait peut-être qu'elle réalise, quand même, que j'étais du genre... exceptionnel. Tout ce dont autrui n'était pas capable, et bien moi je l'étais. Tout ce qui était impossible aux autres m'était possible à moi. C'était simple comme bonjour, vous en conviendrez. Parallèlement à tout ça, je n'avais pas l'impression de me trouver au côté de Laoise, la vraie, celle avec qui j'avais failli me foutre à poil dans la forêt, celle sur le dos de qui j'avais renversé tout un flacon d'huile de massage aphrodisiaque. Cette Laoise-là avait semble-t-il disparu pour laisser place à une demoiselle froide, complètement à l'opposé en somme. Mais où étaient donc passées sa joie de vivre et sa folie ? Et son sourire, surtout, plus absent que jamais cet après-midi, ou était-il ? « Ils sont partis en vacances. » signifia-t-elle, en esquissant un mince sourire. Mouais, j'en voulais plus moi. Bien. J'allais peut-être pas insister, car de toute évidence elle était dans un mauvais jour et rien que je puisse lui dire ne la sortirait de cette humeur massacrante. « Tu penses qu'il y a moyen d'en revenir aux rapports qu'on avait avant toi et moi ? » Ou alors j'allais la voir me tirer la gueule encore longtemps, et dans ce cas je préférais encore me casser de suite. J'ignorais si elle souhaitait réellement continuer à m'en vouloir pour cette histoire de prime - si elle était vachement rancunière, ça durerait encore un moment, c'est sur. Mais bon, notre complicité me manquait quand même un peu. Je crois.

Mais enfin, j'étais à mon sens doté de toutes les capacités requises pour aisément parvenir à lire en Laoise comme dans un livre ouvert. Pourquoi est-ce qu'elle avait tant de mal à y croire, franchement ? Ça me dépassait juste complètement. Je veux dire, dans la mesure où j'étais quand même un type tout à fait brillant, je pensais réellement être le plus apte à pouvoir entreprendre une telle chose. Et, qu'on se le dise, je n'étais pas comme tout le monde. Donc ça n'était pas parce que les autres en étaient incapables que moi je l'étais. Au contraire, ça me laissait juste toutes mes chances. « Loin de moi l'idée de te contredire, » Mais ? Bah oui, avec Laoise, il y avait souvent un mais. « mais tu ne peux pas être si différent que cela. » Pourtant c'était bel et bien le cas. C'est bien simple je n'étais juste semblable à personne sur cette terre. Pas même à mes propres parents, ni physiquement, ni psychologiquement. J'étais donc unique. « La preuve que si, je le peux. » Non mais cherchez pas, elle ne parviendrait pas à me faire changer d'avis là-dessus. Elle avait son opinion sur le sujet, mais tout à fait honnêtement celle-ci était la même que beaucoup de monde. Et donc, je m'en foutais. Ce dont je me foutais moins, par contre, c'était l'évolution de notre "relation" ou, disons, de nos rapports. Il y a encore deux semaines, tout allait parfaitement bien entre nous, on rigolait bien, on se taquinait aussi, pas le moindre orage à l'horizon en somme. Mais depuis le prime dernier, tout avait considérablement changé. Laoise n'était plus la même, j'en étais le premier responsable et quelque part cette situation ne me laissait pas indifférent. Alors, avais-je seulement une chance qu'elle oublie un jour tout ça et qu'enfin nous puissions en revenir à nos rapports d'avant ? « Moi qui pensais que ça t'était bien égal, qu'on t'apprécie ou non... » Il ne s'agissait pas de m'apprécier là. Je voulais juste pas qu'elle ait cette opinion de moi quand, il y a encore peu de temps, on était super proches elle et moi. C'était dommage, vraiment. « Oui, sans doute. Je ne peux juste pas accepter qu'on me parle comme tu l'as fait et je pense que c'est compréhensible. » Ouais, si on veut. M'enfin j'allais pas non plus changer de caractère, de personnalité et de comportement pour ses beaux yeux non plus, hein. Après, c'est sur, j'avais pas à lui parler de la sorte. Je me dirigeai alors vers le bord avant de ne me hisser sur celui-ci pour, finalement, me lever et jeter un dernier coup d’œil du côté du bassin dans lequel Laoise se trouvait encore. « Quand tu voudras que tout redevienne comme avant, tu me feras signe. » signifiai-je, avant de ne me diriger vers la sortie, direction les vestiaires où se voulaient posées mes affaires. Tant que la situation ne s'arrangeait pas et qu'elle n'y mettait pas un minimum de volonté, plus question d'être confronté à elle. Tout ceci était trop... pesant. Laoise, je voulais pas m'en faire une ennemie. Simplement.

sujet terminé pour Andreas.