J’avais adressé à Hamad ma certitude de rester au sein du nid ce soir. Ouai, si les candidats ne m’appréciaient pas, j’étais certaine qu’il n’en était pas de même avec les téléspectateurs. Après tout, ce sont toujours les personnages haut en couleurs qui plaisent ou qui font vendre et non les personnages sans saveurs et cul-serrés. Et il y en a dans ce jeu… N’étant ni forcément du matin, sans pourtant être une férue de grasse matinée, je me levais sans trop de problèmes. Surtout que neuf heures du matin, ce n’est pas grand-chose finalement. C’est alors toute guillerette que je me levais, sans faire trop attention à Aj à côté de moi… si elle l’était encore… Je ne voyais pas pourquoi je ferrais la gueule se matin (je l’ai déjà fais toute la semaine). Avant de m’engager alors dans les escaliers, dansant un pied sur l’autre, fredonnant l’air d’une chanson, je remettais bien mon combishort/pyjama. J’arrivais dans la cuisine, passant à côté de quelqu’un. Je lui jetais un coup d’œil : ce quelqu’un était Nora… ouai… J’attrapais une tasse pour me la remplir de café, face à la jeune femme. J’arquais un sourcil, ne la voyant pas réagir à mon arrivée. « T’es morte ou quoi ? » Lui lançais-je, en arrêtant de me dandiner, plaçant mon visage à la hauteur du sien. Je n’attendais pas une réaction de sa part, agitant immédiatement une main devant son visage. « Ouuuuuuhouuuu ! » Criais-je légèrement. Soit elle l’était vraiment, soit elle avait appris une technique pour dormir les yeux ouverts, soit elle n’était pas du matin et je risquais de me faire engueuler…

Je n’aimais pas ces gens de mauvais poil des le matin. Ou les gens trop ailleurs. Exactement comme Nora en ce moment. Qu’est-ce qu’elle avait au juste ? Elle n’était pas censée dormir jusqu’à pas d’heure, pour assister à un prime ce soir où, peut importe l’issue, la laissait encore dans la course. « …de l’intérieur très certainement » Je la sondais l’espace de quelques instant, arquant un sourcil. « Hum d’accord… » Lâchais-je en faisant une légère grimace. Là, comme par magie, elle sembla s’animer ou se réveiller, enfin, elle bougeait quoi et autre chose que son bras. D’ailleurs, le mien, je le bougeais pour amener la tasse brûlante à mes lèvres, pour souffler dessus. « T’es pas stressée ? » Je la regardais quelque instant, avant de planter mes yeux dans les siens, tout en ayant toujours mon sourcil relevé. Il était vrai que j’avais une bonne raison pour être stressée, ou énervée ou dans le pâté. Bref, pour être exécrable. « Non, pourquoi ? Je devrais l’être ? » Lui demandais-je en haussant les épaules. Je bu une gorgée de café. La réponse était évidente : je devais l’être à cause de cette putain de nomination, mais non. Oui, ce n’était pas grand-chose… encore, si j’avais été nominé aux côtés de candidats plus prestigieux, mais là… Tout était parfait. Ma bonne humeur matinale était inaltérable. Pourquoi ? Parce que je n’étais plus du genre à être stressée. Tout le monde avait déjà remarqué que je vivais ma vie sans me soucier des autres, ou de ce que l’on pourrait penser de moi… « T'as déjà des pronostics pour ce soir ? » Lui demandais-je, curieusement.

J’avoue ne pas manquer de confiance en moi. Un atout autant qu’un défaut, me dira-t-on et je le concevais. Je pouvais énerver encore un peu plus les autres avec débordement de confiance, mais j’étais comme ça. Au moins, je voyais les choses positivement… bon ce n’était pas dis que je serais toujours aussi positive si, par malheurs, je venais à m’en aller ce soir. Ce n’était pas non plus qu’un excès de confiance : je priais pour rester parce que j’avais ma place dans le jeu, je le savais, mais aussi parce que ça les ferait chier de me voir encore rester au moins une semaine. Après tout je suis la dernière arrivée, mais pas forcément la plus discrète. « ...Parce qu’on est dans un jeu ? » Je dodelinais de la tête : exact nous étions dans un jeu, merci pour cette précision. J’esquissais un sourire amusé : dans un jeu oui, face à trois autres candidats… comment dire… il est vrai que le résultat des précédentes nominations m’avait coupé le souffle, donc il serait fort probable de me dire bye-bye à la fin du prime. « C’est vrai… » Déclarais-je, en soufflant sur la surface de mon café pour le refroidir. Oui c’était vraiment, mais justement, ce n’était qu’un jeu. Justement, en parlant de jeu, je voulais voir si la charmante demoiselle avait un pronostic pour ces nominations. « Pas vraiment » Je fis une petite moue ; personnellement j’en avais… « Je crois que Sive va rester, après, pour le reste je ne sais pas trop. » Un léger sourire étira mes lèvres. S’il fallait en rester une avec moi, c’était bien elle. Oh il faut me comprendre : sans Sive, le goût de l’aventure ne serait pas le même… « Puis, je me dis que ton personnage doit certainement plaire. Hamad est intéressant à sa manière. Et, London était déjà sur la ligne la semaine passée. » Ce sourire se transforma en un, plus satisfait. Toutes ces phrases sonnèrent dans mes oreilles comme un : tu vas rester avec Sive et les deux autres vont dégager. Intéressant et plaisant… puisque c’était un peu ainsi que je voulais voir le prime se terminer. « Toi ? » J’arquais un sourcil, en buvant un peu de café. Pour moi c’était on ne peut plus simple, à en croire ce sourire qui restait inlassablement accrochée à mes lèvres. « Pour moi Sive restera. Hamad ne sert à rien… London a déjà été sur la ligne, comme tu dis, la semaine passée, et la semaine d’avant et la semaine encore avant… » C’est bien simple, depuis que je suis arrivée, je crois qu’elle a toujours été nominé. Qu’est-ce qu’elle foutait encore là ? « Alors évidemment, selon mes calculs, je vais rester… » J’haussais les épaules. C’est qu’entre nous quatre, la Sive et moi-même étions les plus importantes… surtout moi évidemment !