« Il faudrait déjà que tu le mérites. » Ah oui, il est certain que s’il me considérait comme une ingrate jeune femme, il n’irait pas m’amener le petit déjeuner au lit : je ne le méritais visiblement pas. Non mais je donnais une terrible image de moi-même à ce pauvre Keelan qui n’avait rien demandé, et je ne le faisais même pas exprès. À croire que ça tombait toujours sur lui. Je ne répondis pas à sa pique, de toute façon, il ne cherchait qu’un moyen de me provoquer, rien de plus. Limite, je lui fis une petite grimace à mon tour pour me venger. Et voilà qu’il m’avoua une bonne partie de ce qui s’était passé aux remparts, ce soir-là dont je n’avais aucun souvenir. Où avais-je eu la tête pour jouer les suicidaires comme ça! Mais ce n’était pas tout, je m’en doutais, mais j'avais osé espérer qu'il n'en était rien. « Possible...Il y a peut-être eu un baisé d'échangé aussi...Mais pour le reste, c'est mieux que tu ne saches pas tout. » Quoi ! Un baiser ? Dans quelle circonstance? Que c’était-il passé pour qu’on en arrive là, d’ailleurs ! Je n'y comprenais plus rien. « Oh, bon sens. » Je me sentais honteuse, et le lui fit savoir, puis cachait mon visage dans mes mains. Mais sincèrement, le spectacle que j’avais dû lui offrir ce soir-là avait du être fort décevant… déjà que je tolérais plutôt mal l’alcool. « Je suis vraiment désolé que tu aies du supporter ça. » Que dire d’autres, c’était la moindre des choses que je m’excuse, pour ainsi lui prouver que non, je n’étais pas ingrate! Mais sans blaguer, j’étais des plus sincères. Ce genre de situation me mettait fortement mal à l’aise, il aurait du me laisser cuver mon alcool toute seule…

« Oh, bon sang. » Anabel ne cachait pas sa honte, d'ailleurs elle enfouit son visage dans ses mains. Voilà pourquoi je ne lui avais rien dit plutôt. Ce n'était pas un comportement très glorieux, qu'elle aurait aimer se rappeler. Donc finalement, ce n'était pas plus mal si elle se souvenait de rien. Mais bon, je lui avais quand même rafraîchi quelques peu la mémoire. En omettant certains passages. Comme le fait qu'elle hurlait à qui voulait l'entendre qu'elle était une meurtrière. « Je suis vraiment désolé que tu aies du supporter ça. » J'haussai les épaules.  « Moi je suis content d'avoir été là » Dieu seul sait ce qu'il aurait pu se passer si je n'avais pas été à ses côtés. Heureusement que ce soir là, je l'avais cherché partout dans le château, et n'avait aps abandonné avant de l'avoir trouvée.  « On a tous nos moments de faiblesse, ce n'est pas grave. » Qu'elle ne se mette pas martel en tête pour ça. Je regrettais déjà de lui avoir confié tout ça, si c'était pour la mettre mal. Elle était bien mieux dans l'ignorance.