Installé dans le salon, j’attends avec impatience qu’Irène dise à Ennio si il a raison ou tord. J’opte plutôt pour un mauvais buzz mais il s’avère que le brun a visé juste. J’écoute avec attention les propos de la blonde. Je trouve ça assez trash quand même. Un visage à moitié arraché, sa pote qui perd ses jambes. Berk. C’est pas ce qu’on peut appeler un beau secret. Mais alors que je m’apprête à quitter la salle, la candidate reprend la parole pour faire une annonce de choc. Elle a changée de sexe. Oh putain ! Je reste choqué pendant quelques secondes, un peu comme tous les candidats. Je pense alors à tous les hétéros avec qui elle a couchée. Un petit rictus s’affiche sur mon visage que je m’empresse de faire disparaitre en me mordant la joue. Rire après la révélation de la candidate serait mal venu. Je me contente donc de glisser discrétos quelques mots à l’oreille d’Andreas. « Courage mec ! » Je lui donne alors une petite tape sur l’épaule en me marrant devant sa tête décomposée. Pour ma part, tout va bien, je n’ai fait qu’embrasser la blonde ou plutôt le blond à deux reprises. Ma sexualité n’en prend pas un coup puisque je suis bisexuel. En tout les cas, je comprends mieux à présent pourquoi je trouvais qu’Irène embrassait comme un mec. Hum.. Je plains quand même ceux qui ont couchés avec la blonde. Elle leur a fait là un sale coup. Et le pire, c’est qu’ils ne se sont rendu compte de rien. Ah ah. C’est pas tout, mais à présent, il est temps d’aller se préparer pour le prime. Je quitte donc sans plus attendre le salon.

L'intitulé buzzé par Ennio se tenait. Du moins, d'après ce que Tweedy avait commencé à réfléchir au sujet du possible secret d'Irène. Honnêtement, elle était encore bien loin d'une telle réflexion, mais celle d'Ennio lui paraissait on ne peut plus censée. Restait maintenant à savoir si le jeune homme venait ou non de découvrir le secret de la jolie blonde. Et justement, cette dernière ne tarda pas à prendre la parole. Tweedy posa alors son regard sur la candidate, un fin sourire en coin, comme pour lui donner du courage - quelle bêtise - puis l'écouta très attentivement. Oula, ça commençait fort. Tout indiquait d'emblée qu'on assistait là à la découverte d'un secret, hm. Mais autant la laisser poursuivre pour en être bien sûre. Le récit fait par Irène avait de quoi surprendre, et surtout stupéfier. Les attentats de Londres, un changement de vie ... La vache. Tweedy avait naturellement beaucoup d'admiration pour cette jeune femme qui n'avait pas hésité à changer radicalement de mode de vie suite à une grande prise de conscience. Sans doute que ça n'avait pas du plaire à tout le monde - à ses parents, hm - mais elle avait tendance à la comprendre pour le coup. Puis vint l'annonce la plus improbable, la plus surprenante. Celle de son changement de sexe. Alors Irène avait en fait été ... Ah ben ça alors. Quoi qu'il en soit, Tweedy serait là si Irène ressentait le besoin de parler de quoi que ce soit. Elle osait d'ailleurs espérer que la jeune femme le savait.

Nous étions tous dans l'attente d'une réponse de la principale intéressée, Irène herself, après qu'Ennio ait exposé sa piste. Et celle-ci prit quelques instants plus tard la parole, tandis que nous nous trouvions tous suspendus à ses lèvres. Enfin, façon de parler, vous l'aurez compris. Au final Ennio avait vu juste, puisqu'un attentat avait poussé la jeune femme à radicalement changer de vie. Ouais, d'accord. Une telle révélation ne m'empêcherait pas d'en dormir cette nuit... à moins que la suite ne m'en empêche, finalement. Car non contente d'avoir évoqué les raisons qui l'avaient poussée à changer de mode de vie, Irène fit une annonce coup de poing à laquelle, pour sur, personne ne s'attendait ici. QUOI ?! ELLE AVAIT... QUOI ?! Du calme Andreas, tu te faisais peut-être vieux, ton ouie te faisait de sales tours mais non, en fin de compte t'avais pu que mal entendre. Mais en fait non, il en était ainsi : Irène avait véritablement changé de sexe. Un aveu qui me poussa à me lever subitement de mon siège. J'étais juste... fou de rage. Non pire que cela encore, j'étais... hors de moi. « C'est une blague je présume ?! » En fait j'attendais réellement qu'elle se mette à rire, et qu'elle réplique "haha, je vous ai bien eus bande de saumons !". Mais elle semblait sincère, comme si avouer une telle chose lui déchirait le coeur. En parlant de coeur, le mien ne tarderait assurément pas à sortir de ma poitrine, j'annonce. Mon regard s'intensifia, mes pupilles se dilatèrent. « Je... c'est... TU ME DEGOUTES PUTAIN ! » Non mais allo les gens, j'avais baisé, à trois reprises, avec un homme. J'avais quand même le droit d'être légèrement énervé, là, non ? « Je vais vomir. » Et effectivement je quittai précipitamment le salon direction les toilettes. Rien à faire, ça ne passait pas. En même temps, c'était juste pas possible d'encaisser un truc pareil.

Cupidon nous convoqua tous dans le salon, pour une nouvelle révélation. Ennio pensait avoir découvert le secret d'Irène. Très bien. Je m'installai donc dans un des canapés, attendant sagement qu'il nous explique sa théorie. Ainsi elle aurait radicalement changé de mode de vie. Pourquoi pas. Ça ne m'étonnerait pas en tout cas. J'attendis patiemment qu'Irène réponde, très intéressé par ce qu'elle allait dire. Je l'écoutais attentivement, en silence. Son récit était poignant. Je ne savais trop ce que c'était de survivre à un attentat terroriste...Je comprenais mieux maintenant sa réaction, quand je lui avait avouer avoir perdu ma femme ainsi. Cela aurait dû me mettre la puce à l'oreille. Mais ce n'était pas tout. L'attentat, n'était qu'une partie de la révélation, ce qui allait suivre, allait être bien plus déroutant. « J’ai changé… de sexe aussi… » Hm, pardon ? Elle ne venait pas de dire ce que je pensais qu'elle venait de dire, si ? Elle était un homme...avant ?? Attendez, QUOI ? Vous voulez dire, que la première personne avec qui j'avais eu des relations sexuelles en trois ans, était un trans' ? Ah mais j'étais sur le cul là. Ceci dit ma réaction n'était clairement pas aussi violente qu'Andréas, qui balança carrément qu'elle le dégoûtait, avant d'aller probablement vomir. On se calme mon gars. J'étais plus que bien placé pour comprendre qu'il puisse le prendre mal, mais quand même. Pour ma part, elle ne me dégoutait pas. Il allait juste me falloir un peu de temps pour digérer la nouvelle. Une chose est sure, elle m'avait carrément bluffé. Ah je n'y avais vu que du feu. Je ne savais pas qui était son chirurgien mais ce type mériterait une médaille.  « Félicitations. T'as su cacher ton secret...à merveille » Hm c'était le cas de le dire. Il fallait quand même le reconnaître. Sur ce, je quittai la pièce, histoire d'aller me remettre de mes émotions.

Les gens arrivent, plus ou moins rapidement. J'repère rapidement Adie, à qui j'adresse un sourire. Elle ne vient pas, c'est bizarre. Et puis j'suis con parce que j'avais oublié que j'étais dans un fauteuil, à une place donc. Bon, tant pis, j'pense qu'on peut rester trente minutes sans être collés l'un à l'autre non ? Oui. Bref, Ennio ne tarde pas à énoncer sa théorie. Bon d'accord, pourquoi pas. Ça se tient, en même temps, j'saurais pas dire parce que de toute évidence, j'suis pas le mieux placé, j'ai pas cherché à la connaitre. Elle explique qu'elle a changé de vie, et donc qu'Ennio à raison, félicitation mon gros. Enfin, gros. Bref, elle a survécu à un truc donc Irène. Ok, ça va je comprends, c'est sûrement pour ça qu'elle agit comme une peste, ouais sans doute j'en sais rien. Mais la suite, je ne m'y attendais pas, oh ça non. Putain, un mec ? Genre, vraiment ? Ca veut dire que les autres se sont tapés un ancien mec ? Oh mon dieu bonjour la claque. Ouais parce que je n'ai rien contre les transsexuels, qu'on se le dise. C'est juste que c'est mieux d'être au courant. Enfin j'trouve. D'ailleurs, je remercie, le seigneur ici présent de m'avoir détourné de son décolleté, putain, j'ai eu chaud. Et mine de rien, je ne peux pas m'empêcher de comprendre la réaction d'Andreas, j'sais que j'aurais pas été aussi ... Virulent dans mes propos, néanmoins, j'sais que je l'aurais mal pris. Ouais ça c'est sûr. Alors je quitte le plateau, non sans avoir félicité Ennio avant, qui avait eu l'oeil.

Nous étions tous convoqué pour savoir si Ennio avait trouvé le secret d'Irène ou non. Je m'étais laissé tombé dans l'un des canapés, intrigué par ce qu'ils auraient à dire. Après tout, ça ne pouvait que m'intéressé puisque je m'entendais plutôt bien avec la blonde. Je regardais à gauche, à droite. Attendant qu'Ennio annonce ce qu'il pensait avoir trouvé. En écoutant le candidat parler, je me dis que c'est pas si bête que ça et qu'il se pourrait bien qu'il est raison par rapport à ce qu'il vient d'énoncer. D'ailleurs, dès son arrivée dans la pièce, Irène le confirme. Elle a bel et bien vécu une catastrophe qui a bouleversé sa petite vie tranquille. Mais le plus choquant de l'histoire n'est pas là ... C'est sa dernière phrase qui attire toute mon attention. Elle a changé de sexe bordel de merde ! Elle a changé de sexe et je l'ai embrassé ... Plusieurs fois. Allant même jusqu'à sa poitrine, j'y voyais que du feu. J'sais pas comment réagir à ça, et chaque homme de ce château réagit à sa façon ... Le plus extrême est Andréas qui est dégoûté, je peux le comprendre en fait. Je crois que c'est l'une des seules fois où je peux comprendre Andreas. En avouant cela, je pense d'ailleurs qu'Irène a perdu une bonne partie de ses plans culs au sein de ce château. Je pense d'ailleurs que je ne la toucherais plus, c'est au dessus de mes forces. J'grimace, ajoutant simplement « merde quoi. » Avant de quitter le salon.

Ennio, en découvrant le secret d'Irène, tu viens de remporter la somme de 12 500€ directement extraite de sa cagnotte personnelle.

Mon secret était loin d’être léger. Loin d’être un simple ‘je suis enceinte’ – pardon Adie. Mais seulement, mon secret n’incluait mon changement de sexe que secondairement. J’avais choisi d’être honnête envers eux et de révéler qui j’étais. Autrement, j’aurai pu très bien me contenter de révéler que j’avais juste changé de vie après être passé près de la mort. D’ailleurs, c’était drôle de voir que toute la partie attentat de mon secret était tombée dans des oreilles de sourd. Ouai, on s’en foutait pas mal de l’horreur que j’aie pu vivre de l’intérieur. Eux ont tous du voir des images dans leur télévision à l’époque. Moi j’étais au milieu des corps ensanglantés, me réveillant à côté de ma meilleure amie, inconsciente, ses deux jambes sciées par une barre ou je ne sais plus quoi. Je m’étais réveillé, avec une bonne partie de mon visage meurtrie, pire encore, brûlé presqu’au troisième degré. Ils ne pouvaient pas se rendre compte du choc que ça avait pu me causer. Des nombreuses opérations réparatrices que j’ai endurées, pour reconstruire mon visage et m’enlever les morceaux de verre soufflés restés coincés sous ma peau. Ils ne pouvaient pas non plus se mettre à la place de ma meilleure amie, qui n’a plus de vie à présent. Sur le coup, je pensais à la femme de Keelan morte dans un attentat… alors que pendant un long moment, j’ai regretté de pas être mort, tout comme ma meilleure amie, dans l’attentat. Tout aurait été bien plus simple pour elle et moi. Réellement. Non, tout ce que l’on retenait, c’était mon changement de sexe. Un long processus qui m’avait fait renaître. Non, naître plutôt, car je ne vivais effectivement pas avant. Mes yeux étaient rivés sur mes mains tremblantes, mais je les relevais immédiatement. J’avais certes « peur » de leur réaction que j’imaginais depuis mon entrée déjà, comme négative, mais je ne voulais pas qu’ils croient que j’étais honteuse. J’étais au contraire fière de ce que j’avais fais. Peu de personne peuvent se venter d’être aussi courageuses que moi et en parler, comme je le faisais, à la télévision qui plus est. C’était une mise « à nue », ce que je faisais là. Tout les millions de téléspectateurs savent ce que je suis maintenant. Lorsque mes yeux se relevèrent, je vis Adie s’approcher de moi pour m’embrasser. J’eus un rictus en premier lieu sur mes lèvres tout en me décalant, avant de me rendre compte que c’était plutôt gentil de sa part. Peu réagirait comme ça et j’en avais la preuve immédiatement. Entre ceux qui partaient et ceux que je sentais me juger de leur regard silencieux : il y avait ceux qui réagissait violement. Un en particulier évidemment. Je n’en attendais pas moins de sa part. « C'est une blague je présume ?! » Avais-je l’air de blaguer, vraiment ? Mes yeux se posèrent sur lui, silencieuse, habituée mine de rien à ce genre de situation. « Je... c'est... TU ME DEGOUTES PUTAIN ! » J’essayais de réprimer un sourire, restant simplement assise dans mon fauteuil, les mâchoires serrées pour ne pas répliquer. « Je vais vomir. » C’est ça, va vomir, entre temps, ce qui est fait et fait. S’il croyait me blesser de quelques manières que ce soit, il avait totalement tord. Qu’un inconnu me sorte que je le dégoûte n’était rien comparé à mes parents, me traitant de monstre, avant de me jeter dehors sans rien. « Félicitations. T'as su cacher ton secret...à merveille » Mais autant mon visage était resté impassible lorsqu’Andreas fit sa scène, autant il restait tout autant impassible quand Keelan me félicitait. Vous savez, autant d’Andreas j’en avais rien à foutre, autant ça me peinait – si ça pouvait un tant soit peu me peiner – un peu plus pour lui, qui était un chic type. Mon regard se porta sur lui, tout simplement. C’était vraiment les deux seules réactions qui attirèrent mon regard, mais pas les mots. Je n’avais rien à ajouter que ce que j’avais avoué. J’avais pourtant tant à dire, mais je me contentais de ça. J’étais toujours dans cette même optique que cela ne les regardait pas et qu’ils n’en avaient rien à battre de toute manière. « J'suis heureux et fier de te connaître, Irène. » Seule cette phrase d’Ennio me fit sourciller et relever le menton, comme j’avais tant l’habitude de faire. J’avais envie de lui répondre une chose gentille, mais c’était tout bonnement impossible. Je me mordillais les lèvres restant les yeux plantés dans les siens. C’était horrible de se sentir tout d’un coup vulnérable, mise sur la place publique devant tout le monde et jugée comme ils le faisaient tous et ça faisait d’autant plus mal, que certain ici me verrait à présent différemment, moins méchamment peut-être. Qu’ils me verraient moins détestable. « Merci. » J’esquissais un difficile et timide sourire. Non, vous ne rêviez pas, je venais de remercier quelqu’un. Ca devait faire au moins deux/trois, peut être quatre ans que je n’avais pas prononcé ce mot. Je me devais de le faire, sans pour autant lui expliquer la signification de ce merci. Je me contentais de me lever et de me barrer, sans vraiment savoir où aller, sauf aller loin de tous.

Je me suis lâchée, désolé, j'étais obligée x). Vous n'être pas obligé de lire