On est le 4 juillet, c'est la fête nationale chez moi, enfin si tant est que je la fête, non c'est pas ça le problème. Du coup j'pense à ma famille et j'ai un coup de blues, pas un gros, mais ça m'empêche de dormir. Ma fille doit être en vacance ou presque à l'heure actuelle, et du coup j'en viens à espérer que le temps est plus clément à Paris, elle déteste être enfermé. Et puis mon fils, qui doit avoir énormément changé, ça change tellement à cet âge. Je l'imagine cavaler partout dans la galerie, et rire, il rit tout le temps. Et leur mère, elle me manque aussi. Terriblement. Et c'est étrange, mais je me surprends à regarder Adie, et j'peux pas m'empêcher d'être inquiet. Parce que je ne sais pas où on va, mais je sais qu'on y va. Je sais qu'elle a des craintes, pour son bébé, son regard à la réalité, l'après émission ça peut faire peur. Moi ça ne me fait pas peur du tout, mais j'imagine que c'est normal. Parce que je m'en fous moi, de la réaction des gens, entre autres choses. Je me surprends à la regarder dormir une bonne partie de la nuit, parfois même, je lui caresse délicatement son visage, très subtilement, ça m'empêche de ruminer, d'avoir cette boule à l'estomac, ce truc qui vous prend aux tripes, et qui vous donne la gerbe. J'ai pas envie que mes pensées soient obstruées par cette sensation étrange, parce que je sais que si je me mets à penser à eux de cette façon, j'vais m'enfermer dans une spirale et c'est la fin de tout. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là à la regarder, mais étant donné que mes yeux se sont parfaitement adaptés à l'obscurité, ça doit faire un long moment. En plus, je la sens s'éveiller doucement, je l'observe toujours, le sourire aux lèvres. Elle va être surprise de me voir réveillé je pense, ce n'est pas une habitude. « Bonjour la belle au bois dormant. » Je murmure alors qu'elle a ouvert les yeux. D'ailleurs, j'ôte doucement des mèches qui obstruent son visage, le lui caressant légèrement par la même occasion. « Bien dormi ? En tout cas tu avais l'air sereine. » Et c'est plutôt agréable à regarder lorsque on souffre soit même de troubles du sommeil. J'trouve pas ça frustrant, j'trouve ça apaisant au contraire. Et puis je me tais afin de laisser s'éveiller tranquillement.

Si elle devait s’amuser à faire le compte, Adie serait certainement surprise de se rendre compte à quel point elle pouvait passer son temps à dormir depuis quelques semaines. Entre les siestes et ses heures de coucher, elle arrivait facilement à un temps considérable de sommeil. Il faut dire que l’ennui n’arrangeait pas les choses, tous les jours à ne faire quasiment rien et puis, il y avait aussi la grossesse qui la fatiguait tous les jours un peu plus et surtout si elle s’était lancée dans une quelconque activité. C’était grisant mais Adie aimait bien dormir, s’il n’y avait qu’elle, elle passerait la journée au lit. Il y faisait chaud, contrairement à l’extérieur et son soleil qui avait foutu le camp, personne ne venait l’emmerder et c’était confortable. Et puis, cerise sur le gâteau, parfois elle n’y était pas seule et ça c’est plutôt agréable en général. Pourtant suite au prime et à cette question dérangeante, Adie avait eu le sommeil quelque peu agité. Rien de bien grave, quelques mauvais souvenirs remontant à la surface et se transformant en rêves compliquées sans queue ni tête. C’était donc avec plaisir qu’elle avait enfin passé une nuit normale, calme, sans cauchemars ni autres pensées folles dans sa tête. Elle avait dormi d’une traite et ça, ça n’avait pas de prix. Mais bientôt, le sommeil commença à devenir moins lourd et les bruits alentours ainsi que les mouvements de Slavin l’extirpaient lentement de sa torpeur ayant pour conséquence de la faire bouger légèrement. Elle entend alors une voix, très basse certes mais elle l’entend et elle ne peut se retenir de couiner. Bon sang, qui est le chieur qui est entrain de la ramener à la réalité ? Elle grimace et ouvre les yeux alors qu’elle sent ses mèches de cheveux s’envoler toute seule. Ah non, c’est Slavin. Pourquoi il est réveillé lui ? Il est quelle heure ? Midi ? Nan, impossible. « Il est trop tôôôôôt ! » dit-elle en grimaçant et se tortillant alors qu’il lui caresse le visage. Bon bah maintenant, elle est réveillée, c’est fichu et elle sait que de toute façon, elle n’arrivera pas à se rendormir, elle n’y arrive jamais. Alors autant en profiter pour une fois que lui aussi est réveillé. Elle se décale donc et se colle à lui, passant ses bras sur son torse nu et ses jambes sur les siennes. Elle n’a pas brûlé son pyjama comme il lui avait demandé la semaine passée, elle est juste passée à une version plus légère, débardeur et mini shorty. Non parce que dormir nue, ça va un moment, mais imaginez que la couette se dérobe et qu’elle offre son corps à la vue de tout le monde, non merci. Elle referme les yeux, peut-être qu’elle va réussir à se rendormir finalement.

J'crois que je l'ai réveillé, parce qu'elle couine, merde, quel con. Quoi que peut être qu'elle couine toujours au réveil. Elle se réveille souvent avant moi, ou alors lorsque je me réveille avant, elle est toujours endormie. Tiens c'est la première fois qu'on se réveille ensemble. Enfin ça c'était si j'avais pu dormir, mais soit. C'est plutôt agréable en faite de se réveiller ensemble, sauf que malheureusement, j'crois que c'est moi qui l'ait réveillé et ça c'est moins drôle. Elle râle, se tortille, et m'ignore totalement. Je souris.Il n'est pas si tôt, il doit être au moins.. Je me tortille à mon tour pour essayer de voir l'heure. Huit heures. Ah oui, il est tôt. « Mais non, il n'est pas si tôt, et tu dors depuis des heures et ... » Mais elle ne m'écoute pas, puisque déjà elle s'installe contre moi, mêlant ses jambes fraîches contre les miennes, oh là. « Non tu peux pas dormir, me laisse pas, pitié, pitié. » J'suis convainquant là non ? Bon bien évidemment, j'profite qu'elle soit là contre moi, pour la serrer, oh tiens. C'est vrai que sa nouvelle tenue c'est plus agréable que l'ancienne. Plus light. Au moins j'sens sa peau, sans être obliger de creuser sous la couche de fringue. « Réveille toi, je te rapportes ton petit-dej, ou même on peut continuer le câlin mais c'est mieux si t'as les yeux ouverts, allez, allez. » J'ai l'impression d'être aussi chiant que ma fille, mon dieu qu'est-ce que ça peut être chiant quand un gosse vient dans votre lit pour vous réveiller sournoisement, surtout quand vous, vous n'avez dormi que trois heures. Ou moins. La phase de câlin juste après c'est tellement agréable, en faite. Alors bon. Bref, elle n'est pas entrain de dormir là ? Si. Bon. « On peut aussi attendre que tu te réveilles, sinon... » Je murmure finalement, presque déçu, mais bon si elle est fatiguée aussi, j'peux pas l'empêcher de dormir quand même. C'est tout de même pas de sa faute si elle a besoin de sommeil, j'peux pas être si cruel, et égoïste alors bon, j'attends. J'attends, mais je joue tout de même avec l'une de ses mèches de cheveux qui me chatouille le torse, hum. Sinon j'espère qu'elle ne va pas dormir trop longtemps quand même.

Naaaaannnn, je veux dormir. Ça c'est la voix dans la tête d'Adie, celle qui prend le contrôle quand elle est trop fatiguée, trop énervée, trop triste, trop n'importe quoi. Et là, la voix dans la tête veut dormir. Sauf qu'une certaine personne ne l'entend pas de cette oreille vraisemblablement. On est pas sensé être tranquille dans le nid, genre sans le boulot, sans les parents, sans les chieurs qui vous appellent à huit heures du matin pour vous vendre un aspirateur ? Bah visiblement, non. Encore, c'est Slavin donc déjà, il a de la chance. Ça aurait été quelqu'un d'autre, elle aurait pu être largement moins sympathique. Finnick peut en témoigner. Mais c'est Slavin donc bon. Il cause, il dit des trucs mais les mots ne s'enchaînent pas dans la tête d'Adie. Elle entend certes mais n'écoute pas franchement. Tout ce qu'elle comprend à un moment, c'est un appel à la pitié et puis, il la serre dans ses bras. Ah là, c'est déjà mieux. Oui parce qu'Adie, elle n'arrive jamais à se rendormir, c'est impossible alors là, en effet, elle joue la comédie. Parce que c'est drôle et qu'en plus, ahah, ça marche. Un petit déjeuner, un câlin... Ça marche vraiment bien, faudra qu'elle y pense la prochaine fois qu'elle aura la flemme de se faire son petit déj'. Bonne idée, non ? Et puis elle est bien là, contre lui, avec sa peau chaude et son odeur enivrante. Sauf que rapidement, il se résigne et commence à bouder. Elle l'entend murmurer, visiblement déçu ou frustré, au choix. Roh, c'est plus drôle là ! « Arrête de bouder. » dit-elle les yeux toujours fermés, toujours affalée contre lui. Et puis d'un seul coup, elle se retourne et se met sur le dos, sauf que, bien évidemment, elle ne savait pas qu'il était entrain de jouer avec une mèche de ses cheveux qu'il avait bien en main. Résultat, un tirage de cheveux dans les règles, avec la bonne petite douleur de d'habitude, un vrai régal. « Aïïïïïïïe ! » crie-t-elle presque. Là, c'est clair, elle est réveillée, y'a pas de doute. Elle passe sa main dans ses cheveux, frottant à l'endroit de la douleur histoire de la faire passer plus vite, si tant est que ça marche. Bon, il n'a pas fait exprès, c'est ce qu'il faut se dire. Elle se redresse alors, dos à la tête de lit et tourne la tête vers Slavin. « Jveux un bisou pour la peine. » Ouais, elle ne perdait pas le nord...

Bon, j'crois qu'elle ne m'entend pas, qu'elle ne m'écoute pas sans doute. J'sais pas en tout cas elle a l'air bien installé là. Elle ne me dérange pas que ce soit bien clair, au contraire, j'suis même plutôt content de la sentir contre moi, c'est pas ça, c'est juste que c'est pas drôle si elle dort. Du coup je n'insiste pas, j'suis résigné, j'pourrais être plus têtu, sauf que je me sens suffisamment coupable alors voilà, je me contente de jouer avec une mèche de ses cheveux ébènes, croyant innocemment qu'elle dort. Sauf que non. « Non mais j'boude pas. Je te laisse dor... » Sauf que là brusquement elle se retourne, mais moi je ne m'y attendais pas alors au lieu de lui lâcher les cheveux, je ressers légèrement mes doigts. Et là, c'est le drame. Oh putain, je viens de lui tirer les cheveux, je lâche la mèche forcément. Et je me sens con. « Oh putain, j'suis désolé. Adie. J'suis désolé. » Merde, merde, merde. Je me redresse brusquement me retrouvant appuyé sur le genoux, pour lui faire face. Et puis ça fait mal de se faire tirer les cheveux. Si j'pouvais je me planquerait sous la couette, et m'évaporer là maintenant, je pense que je le ferais. Ouais, sur le champs même. Merde. Ca va, elle ne semble pas m'en vouloir, bon de toute façon, elle a bien compris que je ne n'avait pas fait sciemment non ? Elle réclame un bisou, oui bon ça va de soit. Je m'approche d'elle, me penche pour déposer mes lèvres sur les siennes, particulièrement tendre. Je pose ma main sur son visage tout en évitant de toucher ses cheveux, pour l'instant, on est pas à l'abris d'un nouvel incident. Même si j'déteste ce moment, nos lèvres se séparent, je fais la moue et me détache ensuite. Je m'appuie contre la tête de lit tout en observant ma partenaire du coin de l'oeil. « Est-ce que ça va Adie ? » Je demande finalement, je ne parle pas de son crâne, elle le sait autant que moi. Je sais que cette question l'a perturbé au prime, ce n'était pas le moment d'en parler, j'ai même laissé passé deux jours avant d'évoquer le sujet, mais il arrive un moment où je ne parviens plus à me taire, parce que mine de rien, ça me tracasse tout ça.

Elle est réveillée, bien comme il faut à présent, merci au tirage de cheveux. Mais bon passons. En plus, Slavin, ah non, Evan s'excuse et semble réellement désolé, pas le genre qu'on dit par politesse pour être gentil même si ça va, elle va pas mourir non plus. Mais c'est bizarre, depuis la révélation, son cerveau n'arrête pas de faire des ajustements ce qui est... fatiguant. Slavin, Evan, Slavin, Evan, faut s'y faire et même si Adie était au courant, les habitudes lui font la vie dure et elle n'est pas à l'abri de quelques erreurs, malheureusement. Et puis, elle s'en veut de faire des erreurs, parce que ça doit être énervant pour lui de se faire appeler par un autre prénom constamment, ça fait un peu foutage de gueule, non ? Adossée contre la tête de lit, elle l'entend s'excuser encore ce qui la fait sourire. Il ne rechigne même pas lorsqu'elle en profite pour lui demander un bisou. Au départ, elle pensait à un bisou sur la joue, de bon matin comme ça, elle ne voulait pas lui imposer son haleine fraîche mais il dépose ses lèvres sur celles de la jeune femme, tendrement tout en caressant sa joue. Il compte la faire fondre là tout de suite ou quoi ? Parce que ça marche très bien. Lorsqu'il détache ses lèvres des siennes, elle lui sourit. « C'est bon, tu es pardonné Evan. » dit-elle en appuyant sur son prénom comme pour lui montrer qu'elle fait des efforts et que pour une fois, elle ne se trompe pas. Lui, il fait la moue et elle sent qu'il a quelque chose sur le cœur, rien qu'à voir ses coups d’œil en coin. Il lui demande si ça va et comme elle n'est pas idiote, elle sait très bien qu'il ne parle pas de ses cheveux. C'était à prévoir de toute façon, il y avait toujours ce temps de latence d'un ou deux jours avant qu'Evan fonce dans le tas. Comme la semaine dernière quand ils se faisaient la gueule et maintenant aujourd'hui, avec cette satanée question. Plus elle y pensait et plus Adie regrettait sa réponse. Elle aurait du faire comme avant, éluder le sujet de l'ex et ne rien dire, juste qu'il l'avait largué, point à la ligne. La vérité étant légèrement plus compliquée. Elle ne sait pas trop quoi lui répondre, si elle dit oui, il saura qu'elle ment, si elle dit non, il faudra lui en parler et elle ne sait pas vraiment ce qu'il attend. « Oui ça va. » Ce qui n'est pas totalement faux parce que oui elle va bien, il suffit juste qu'elle ne pense pas à tout ça. « Et toi ? » Changeons de sujet tiens...

J'ai l'impression d'emmerder les autres avec ce secret, ce changement de prénom et tout ça, enfin j'y peux rien moi, c'est qu'un prénom, tout ça. Bref, j'sais bien que c'est pas totalement volontaire, et que c'est particulièrement bizarre d'appeler un type que tu crois connaître depuis un certain temps d'une façon. Et changer totalement du jour au lendemain ou presque. C'est vrai que ça ne doit pas être évident, et quelque part j'en veux à personne, c'est juste... Frustrant, ouais c'est ça. C'est pas le problème, j'imagine que ça va passer. De toute façon, j'suis trop préoccupé par le tirage de cheveux dans les règles que j'oublie totalement mes propres peines. Elle me réclame un bisou et automatique je pense à ses lèvres pas une quelconque partie de son corps, c'est presque automatique, ouais, j'trouve ça normal. Je ne devrais pas ? En tout cas elle ne semble pas trouver quelque chose à y redire puisqu'elle sourit. Et annonce qu'elle me pardonne. En utilisant mon prénom. Le mien, le vrai. Je souris un peu plus. « Merci. » Je murmure tout simplement avant de m'inquiéter de tout à fait autre chose. Comme de son état général pardi, parce que cette histoire m'inquiète mais évidemment, elle m'assure aller bien. Oui évidemment, ça crève les yeux. Enfin là en l'occurrence ça va mais du coup je n'insiste pas puisqu'elle n'a pas envie d'en parler avec moi, ou d'en parler tout court, j'en sais rien mais le résultat est le même. Je me laisse finalement glisser contre le rebord du lit pour m'y allonger à nouveau, bon. Elle me retourne la question, le coup classique, je me place sur le côté afin de l'observer puis souris. « Non, enfin oui, mais j'ai connu mieux, c'est tout. » Je baisse les yeux regardant un instant ses jambes, je remonte jusqu'à son ventre, toujours aussi plat. Je me demande, quand ça commencera à se voir un peu. « Mes enfants me manquent... » Je soupire, et remonte les yeux afin d'accrocher son regard, alors que j'viens poser mon menton sur sa cuisse. « Raconte moi un truc sur toi, n'importe quoi, mais j'refuse de me mettre à déprimer. » C'est carrément pas cool, d'autant que mine de rien, on ne se connaissait pas bordel. Absolument pas. Totalement frustrant.

Lâchant un bâillement, Adie essaie de trouver une place confortable contre la tête de lit ce qui est... compliqué. Toujours entrain de se masser le cuir chevelu, Adie lui sourit alors qu'il la remercie. C'est la moindre des choses pourtant, se faire appeler par son vrai prénom surtout qu'il devait en avoir marre de Slavin. C'est comme si Adie s'était faite appeler Jessica, ça lui aurait pompé l'air au bout d'un certain moment et en prime, elle aurait fait des tas de gaffe. Ouais donc le secret de la fille enceinte, c'est plus simple au final. Voilà alors qu'Evan se baisse et reprend la position allongée. Genre là, maintenant, il allait s'allonger et se remettre à dormir ? Sérieusement ? Quel chieur vraiment... Encore heureux, il ne se rendort pas et se met sur le côté en lui souriant. Venant de lui renvoyer la question, elle s'attendait forcément à ce qu'il lui réponde mais pas à cette réponse là. Il allait mal et elle n'avait rien vu. Elle se sentait conne, et idiote aussi. Et puis, il parle de ses enfants. Les enfants, un de leurs points communs enfin, bientôt. Bizarrement, elle comprend un peu ce qu'il dit, elle comprend ce manque parce que son bébé à elle, elle commence petit à petit à l’accepter et parfois, elle a hâte. C'est un peu comme du manque non ? « Ils sont comment tes enfants ? » lui demande-t-elle alors en souriant. Genre blonds, bruns, qui pleurent tout le temps ou qui rigolent... Parce qu'elle savait qu'il avait deux enfants, une fille, un garçon mais à part ça, pas grand chose de plus. Il baisse les yeux avant de poser ses yeux sur son ventre ce qui lui fait bizarre. Dans le schéma logique, elle serait avec le père, ils seraient amoureux, il regarderait son ventre, poserait sa main dessus et tout serait parfait. Sauf que non, elle était seule et voilà, fin de l'histoire. Donc c'était bizarre. Il pose son menton sur sa cuisse et lance alors les hostilités. Lui dire un truc sur elle ? Oui mais... quoi ? Parce que y'avait rien à dire ou tout à dire, mouais, par où commencer ? « Euh et bien... Je sais pas moi. J'ai été dans une école privée jeune, genre Poudlard tu sais, le truc à l'anglaise, uniforme. C'était... cool. Enfin, je sais pas. Et puis après, je suis partie en Inde avec mon père pendant quelques mois. Il tournait un reportage sur je sais plus quel animal de là-bas et à notre retour, je me suis inscrite à la fac aux Etats-Unis mais j'ai pas bossé, j'ai préféré partir en road-trip, tu sais le truc bien cliché qu'on voit dans tous les films là. Ça a duré un an et puis, jsuis rentrée à Londres. Histoire de faire quelque chose de ma vie... Ma biographie en une minute, même pas condensé, intéressant, non ? » Ou pas hein. Adie savait que sa vie n'était pas très classique mais pour elle, ça lui paraissait chiant. Et puis, c'était bizarre de parler de sa vie comme ça. Ouais bizarre.

Pourquoi elle me regarde comme ça alors que je me rallonge, ça défonce le dos ce truc. En plus j'ai mal à la tête un peu, alors bon. Bref, c'est vrai que j'aurais pu ne pas répondre à sa question, sauf que moi je ne me défile pas. Elle n'a pas envie d'en parler j'vais pas la forcer si ? Non. J'imagine que c'est trop tard de toute façon, parce que là, j'ai déjà répondu. Et j'crois qu'étrangement ça fait d'autant plus mal de l'avouer à voix haute. J'sais que ça va passer, ça passe toujours, néanmoins quand ça arrive j'ai besoin de temps. Elle me demande des précision sur mes enfants. « Ma fille, elle a six ans et demi, j'sais pas si tu savais. Elle est blonde, pleine de vie, elle est plutôt adorable, elle sourit tout le temps, elle est vraiment très caline, avec moi surtout et j'pense que c'est ce qui me manque le plus. Elle est bavarde, trop bavarde et elle a toujours ce petit air, trop adorable quand elle fait une bêtise, parce qu'elle sait qu'elle va se faire gronder, elle est plutôt facile à vivre, elle s'est rapidement habitué à notre vie sentimentale étrange à sa mère et moi. Cette petite est parfaite. » Je souris malicieusement, oui bon normal, c'est ma fille, ma chair, mon sang, j'vais pas la dénigrer. J'reprends finalement mon sérieux. « Mon fils, il a hum. Dix-sept mois maintenant, lui par contre il a un caractère bien plus affirmé. C'est déjà un aventurier, il grimpe partout, n'a peur de rien. Il est un peu plus grognon, mais ça ne dure jamais trop longtemps. Il a un peu plus de mal à partager sa mère, je suis quasiment le seul à pouvoir l'approcher. Il est très câlin aussi, c'est un véritable bonheur d'aller le chercher dans son lit le matin, parce qu'il te lâche plus, ça dure des heures, c'est génial. » Je souris à nouveau, tout en me rendant compte que je me suis largement laissé emporté. Mais c'est le problème quand je commence à parler d'eux, j'ai beaucoup de mal à m'arrêter. Mais j'imagine qu'elle va bientôt le savoir, puisqu'elle même va bientôt donner la vie. C'est sans doute pour cette raison que j'observe un instant son ventre avant de me rendre compte que c'est étrange. C'est pas vraiment mon rôle. Bref, c'est bizarre. Je détourne les yeux et les plante dans les siens. Lui demandant ensuite de me raconter quelque chose sur elle. Je l'écoute, légèrement perplexe. « Très oui, sauf que ça, je le savais déjà, j'ai lu ton blog. » Je lui souris légèrement espiègle avant de me redresser légèrement. Non en faite, j'attendais un truc plus personnel, plus, j'sais pas. Autre chose quoi. J'saurais pas dire quoi, mais quelque chose qui lui semblait nécessaire de me dire. Bref. « Tu vas te ruiner le dos comme ça... » Je murmure, dans mon langage ça signifie donc ne reste pas là, viens me faire un câlin et vite. Sauf que si j'étais aussi clair ça se saurait et ce serait nettement moins drôle aussi.

En fait, Adie vient de comprendre pourquoi c'est bizarre. Tout simplement parce qu'ils ne parlent jamais comme ça et encore moins au réveil. En général, elle se réveille tôt, alors que tout le monde dort encore et Evan, à côté d'elle, est encore affalé, en plein sommeil. Du coup, ils ne se voient pas car comme elle ne se rendort jamais, elle se lève et commence sa journée. Pour une fois, il est réveillé, elle aussi, il est tôt et c'est bien différent de d'habitude. Evan lance la conversation sur leurs vies respectives, exercice difficile pour Adie qui ne sait jamais vraiment quoi raconter sur sa vie. Enfin, elle dit ça mais elle sait très bien où voulait en venir Evan au départ... Lui ayant demandé de lui parler de ses enfants, Adie se rend rapidement compte qu'il en est complètement gaga. Il n'y a qu'à le voir les décrire, parler d'eux, de comment ils sont avec lui. Cette facette là d'Evan, Adie l'avait bien déceler dans la façon dont il était si prévenant avec elle mais elle ne l'avait jamais vu comme ça. Comme une idiote, elle se met à sourire tout simplement parce que c'est trop mignon. Mais ce qui la touche le plus c'est quand il décrit son fils, le petit dernier, celui qui est tout jeune. Dans quelques mois, ce sera Adie qui aura un petit monstre comme ça et un instant, elle sent l'envie monter. C'est encore rare mais parfois, elle a hâte. Hâte de le voir, de le serrer contre elle, de le faire sourire. La fin la fait sourire d'autant plus, lorsqu'il parle de son fils qui s'accroche à lui et ne le lâche plus. « Si ça peut te faire plaisir, jpeux toujours m'accrocher à toi le matin pendant quelques heures. Bon, je risque d'être un peu lourde par contre ! » L'idée est conne mais dans sa tête, elle imagine plus le bout de chou qu'elle donc forcément ça rend mieux. Et puis, elle ne dit pas ça en pensant à elle, juste à lui, parce que ça doit être dur de manquer tout ça. C'est ensuite à son tour de parler d'elle et comme elle est nulle à ça et bien, elle sort la même chose que d'habitude, rien de bien personnel donc. Ce qui semble d'ailleurs ne pas plaire à Evan qui lui dit avoir lu son blog. « Ah, bah, jme souviens plus de ce que j'avais dit hein, ça remonte ! Et puis... Tu lis mon blog toi ? » lui lance-t-elle, le regard mutin. Parce qu'il n'a pas du aller lire les blogs de tout le monde, si ? Passons. Il murmure et Adie comprend bien ce qu'il attend par là, elle commence à se perfectionner en langage Evan ! Elle se baisse alors à son tour, retrouvant le matelas et la couette puis elle vient se coller contre lui, c'est bien ce qu'il voulait non ? Elle repense alors à ce qu'elle vient de lui faire découvrir, c'est à dire rien et un peu honteuse après ses confessions à lui, elle cherche quelque chose qu'elle pourrait lui dire. « Hum... » Oh et puis merde, autant le dire maintenant même si elle a du mal, même si elle ne gère pas encore totalement. Elle était en sécurité là non ? « Il s'appelle Matthew, il est banquier. Enfin, dans la finance. Je l'ai rencontré dans une soirée pour je sais plus quelle marque de luxe, il devait faire partie du cabinet financier j'imagine. Assez indépendant. Je savais bien que... enfin que ce serait pas du long terme mais il était... différent enfin... il se prenait pas la tête. Il était bagarreur aussi mais enfin... jsais pas, j'imagine que je trouvais sexy. Putain, c'est débile. » Et elle s'arrête parce que raconter ça à Evan, c'est trop bizarre, elle a l'impression d'être une gamine, une pauvre fille idiote. Sa voix était lente, un peu cassée mais elle ne voulait pas craquer, elle avait déjà été assez conne pour le reste de l'année. « Jpensais juste pas qu'il serait aussi... impulsif avec... moi. Enfin, jdis pas qu'il m'a frappé hein. J'ai eu peur c'est tout. »