Contrairement à ce que l’on pourrait croire, je ne passais pas toute mon aventure collé à Tweedy, en fait je pense que ça ne l’aurait pas dérangée le moins du monde mais moi, ah non, je ne pouvais pas. Attention ce n’est parce que je l’aimais moins ou une connerie du genre, non c’est juste que si ça continuait comme ça, j’allais vite en avoir marre. Donc je passais quelques heures par jours seul, comme maintenant, dans la salle de musique où j’avais pris une guitare pour chipoter un peu. Je ne sais pas jouer de l’instrument, enfin je connais les base et le solfège bien sur mais je n’ai pas la technique, le doigté si vous voulez, pour la guitare. Je suis pianiste hein, à la base. J’essaie reproduire la seule mélodie qu’on m’ait apprise : les jeux interdits. Et encore, la version simple ou t’as un seul doigt sur le manche pendant tout le morceau. C’est à ce moment-là qu’Anabel entra dans la pièce, je lève les yeux sur elle et avec un petit sourire je lui demande. « Tu sais jouer de la guitare ? » Bon je pourrais demander à mon frère de m’apprendre, mais elle passe par là alors…

Plus de quelques jours, deux semaines tout au plu, et cette aventure deviendrait un souvenir, un évènement passé de ma vie, un évènement marquant, dois-je même précisé. La fin approchait à grands pas, je le sentais, de par l’ambiance qui régnait dans le Nid, de par notre nombre qui faiblissait. Étais-je prête à partir? Non. Du tout. Mais de toute évidence, je risquais de ne pas avoir tellement le choix. Aussi bien tenter de me faire à cette idée, et ce, le plus rapidement possible. Et le plus important, surtout, il me fallait profiter du mieux que je le pouvais de la présence de mes camarades – non, de mes amis. C’est ce qu’ils étaient devenus, au fil des semaines. Bientôt, notre vie extérieure nous rattraperait, et les liens que nous avions établis risquaient de disparaitre en poussières, si l’on n’y prenait pas garde. En pénétrant dans la salle de musique, mon regard croisa celui de Finnick qui se trouvait déjà sur les lieux, guitare à la main. Il me sourit, je le lui rendis, c’était un peu notre façon à nous pour nous dire bonjour. « Tu sais jouer de la guitare ? » me demanda-t-il, et je fus forcé de lui répondre par la négative. « Non, du tout. En dehors de la flute à bec, je ne maîtrise pas grands instruments… le triangle, peut-être aussi, mais c’est tout. » Je n’avais aucun talent artistique, aucun. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Par contre, j’étais une cuisinière hors pair… ça compensait. Je tirais le banc du piano, et m’installait dessus, me tournant toutefois vers mon camarade. « Tweedy va mieux ? » La jeune femme semblait souffrante, en début de semaine. Puisque je n’étais pas particulièrement proche d’elle, Finnick était surement le plus apte pour m’informer à son sujet.

En voyant entrer Anabel dans la pièce je m’étais tout de suite dis qu’elle pourrait m’aider pour jouer de la guitare et que, donc, elle savait en jouer. Logiquement quoi. « Non, du tout. En dehors de la flute à bec, je ne maîtrise pas grands instruments… le triangle, peut-être aussi, mais c’est tout. » Dit-elle, ce qui eut tendance à me décevoir un peu mais tant pis, je range alors la guitare sur on stand qui est juste a coté du fauteuil où je me trouve, si bien que je ne bouge pas de ma place, toujours assis en tailleur. J’ai toujours vu les guitaristes faire ça, mais à mon avis ce n’est pas très pratique pour jouer. Soit. J’ai essayé, mais j’arrive pas, je prendrai des cours. « Tant pis alors, je laisse tomber pour aujourd’hui. » Dis-je en souriant, ce n’était pas la mort après tout, Tweedy elle jouait de la guitare non ? Ah ouais non, elle, elle chante. Bon… « Tweedy va mieux ? » A croire qu’elle lit dans mes pensées ! Je fais la moue un instant, je n’aime pas tellement savoir Tweedy malade même si ce n’est rien, ça me saoule c’est tout. « Un peu, elle est au lit normalement, si elle m’écoute encore ! Mais la connaissant elle s’est faufilé en dehors du lit pour aller faire je ne sais quoi. » Très probable. « Du moment qu’elle est là quand je reviens. » Ouais enfin surtout pour elle parce que je l’avais obligé à garder le lit, elle arrêtait pas de se plaindre d’avoir mal partout et d’être fatiguée alors bon. Si ça se trouve elle dort et je l’accuse à tort, aussi.

Peut-être aurais-je dû prétendre être une grande guitariste de renom, et ainsi, faire plaisir à Finnick, jusqu’au moment où il m’aurait fallu jouer… Et alors là, je me serais lamentablement planté, c’est le cas de le dire. Fort probable que je l’aurai déçu aussi. Hm, au final, j’avais bien fait de mettre carte sur table dès mon arrivée. Ça n’aurait pas été gentil de me jouer de lui de la sorte. Pas tellement mon genre, non plus. Quoique… passons. « Tant pis alors, je laisse tomber pour aujourd’hui. » Il y avait surement meilleurs musiciens que moi dans ce nid, j’étais fort à parier qu’une personne serait mieux qualifiée que moi pour lui apprendre quelques accords, quelques mélodies aussi. Je savais à peine tenir l’instrument, alors vraiment, mes qualifications restaient assez limitées. Voire même carrément inexistante. Le seul lien que je possédais avec la musique était l’amour que je lui portais, c’est tout. Je n’allais donc pas m’étendre sur le sujet. Non, je préférais me renseigner sur l’état de santé de la copine de mon camarade. « Un peu, elle est au lit normalement, si elle m’écoute encore ! Mais la connaissant elle s’est faufilée en dehors du lit pour aller faire je ne sais quoi. » J’esquissais un fin sourire. Imaginer Tweedy immobilisé dans un lit, impossible. Elle avait la bougeotte, j’étais persuadée qu’elle devait se sauver quand Finnick n’était pas dans les parages. « Du moment qu’elle est là quand je reviens. » Il veillait sur elle, s’inquiétait pour elle. Je trouvais ça terriblement mignon. « Vous avez de la chance… de vous être trouver, tous les deux. » ne puis-je m’empêcher de commenter. « Tu ne croyais pas trouver l’amour, en entrant dans ce jeu, je me trompe? Ça te fait quoi de savoir que tu ne sortiras pas de ce jeu, seul ? » Ah, mais quelle fouine je pouvais faire. Je ne pouvais taire ma curiosité. De toute façon, rien ne l’obligeait à me répondre.

Depuis quelques jours, Tweedy était malade. Je savais très bien pourquoi même si elle ne m’en avait pas encore parlé de son propre chef : Keelan l’avait foutue à l’eau tout habillée. Ca, encore, je m’en foutais royalement, c’était plutôt ce que j’avais vu par la suite qui m’avait dérangé. Heureusement qu’Adie avait été présente avec moi dans la salle de vidéo surveillance ce soir-là, car si ça avait été quelqu’un d’autre, je n’aurais pas été apaisé. Pour ça il me fallait Adie, ou Anabel. Bref, du coup, je m’inquiétais quand même un peu pour la jeune femme, a qui j’avais obligé de rester dans son lit. Mais Tweedy n’est pas du genre à écouter ce qu’on lui dit, du coup j’imagine qu’elle s’est sauvée. « Vous avez de la chance… de vous être trouver, tous les deux. » Je souris et hoche la tête doucement. Oui c’est clair qu’on a de la chance mais on a longtemps été sur deux longueur d’ondes différentes. On ne s’est pas compris pendant deux bonnes semaines. J’essayais de lui faire comprendre que je tenais a elle sans comprendre à mon tour qu’elle ne pouvait pas supporter le fait que je ne sache pas où j’en étais. Alors que j’étais persuadé qu’elle voulait juste me presser. « Tu ne croyais pas trouver l’amour, en entrant dans ce jeu, je me trompe? Ça te fait quoi de savoir que tu ne sortiras pas de ce jeu, seul ? » Bonne question, je soupire, passe mes doigts dans mes cheveux et finis par répondre. « C’est clair que je ne pensais pas tomber amoureux ici, pas aussi vite, pas aussi… Facilement. Parce que crois-le ou non, c’était trop facile. » Ah ouais et pourtant, ça n’avait pas l’air, hein. Pour un mec comme moi c’était rapide et facile, dans le sens où il ne m’avait fallu que deux semaines pour comprendre que je l’aimais autant qu’elle. Peut être qu’elle l’avait réalisé le matin même où nous avions briser toutes les barrières physiques entre nous, mais moi je faisais ça tellement souvent à l’extérieur que ça ne m’était apparue que… Comme une fois de plus. « C’est… Effrayant, je n’aime pas les relations de couples. J’ai déjà été avec une fille avant, bon je sais maintenant que je ne l’aimais pas vraiment mais je sais aussi qu’un couple ça ne dure pas toute la vie. Jamais, il faudrait être idiot pour penser que l’amour ça dure toujours. J’ai juste peur de savoir lequel de nous deux lâchera prise en premier. » Moi, surement, je pense que si les gens devaient parier sur celui des deux qui quittera l’autre, on miserait tout sur moi. Mais personne ne ressent ce que je ressens quand je vois l’objet de toutes mes pensées, de tous mes désirs,… C’est trop puissant pour que ça puisse un jour s’arrêter. Du moins pas aussi vite.

Pour avoir maintes fois discutées avec Finnick, je sais… je sens que ces sentiments pour Tweedy sont sincères, et que ces deux-là se sont vraiment trouvé dans cette émission, mais s’ils leur à visiblement fallut un certain temps pour se comprendre, et pour mesurer l’ampleur de leur sentiment respectif. Il sourit, d’ailleurs, lorsque je lui mentionne la chance. Qu’ils ont de la chance, tous les deux. Malgré les obstacles, semble-t-il que leur amour ait surmonté les obstacles. Un amour qu’ils ne se doutaient même trouver dans cette aventure, de toute évidence. « C’est clair que je ne pensais pas tomber amoureux ici, pas aussi vite, pas aussi… Facilement. Parce que crois-le ou non, c’était trop facile. » Il est vrai que ces deux-là s’était attaché assez rapidement l’un à l’autre, et Tweedy, visiblement, avait développé des sentiments pour ce dernier avant même qu’il ne soit prêt, lui-même, à avouer en avoir pour elle en retour. Ce qui leur avait causé un lot incomparable de soucis – dont l’histoire avec Keelan, et notre petit écart de conduite dans la piscine. Mais heureusement, tout ça relevait du passé, n'est-ce pas ? « C’est… effrayant, je n’aime pas les relations de couples. J’ai déjà été avec une fille avant, bon je sais maintenant que je ne l’aimais pas vraiment mais je sais aussi qu’un couple ça ne dure pas toute la vie. Jamais, il faudrait être idiot pour penser que l’amour ça dure toujours. J’ai juste peur de savoir lequel de nous deux lâchera prise en premier. » J’arque un sourcil face à sa remarque. Pourquoi un couple ne durera pas toute la vie? Il s’agit peut-être de sa vision de l’amour, mais certes pas de la mienne. « Je ne suis pas d’accord avec toi… » me sentis-je le besoin de lui dire. « Je veux dire, quand on s’aime, on fait tout en notre pouvoir pour que ça dure… Songer à qui flanchera le premier, c’est… inquiétant. À mes yeux du moins. » Je m’arrêtais un moment, et passait à mon tour une main dans mes cheveux, allant la poser dans le creux de mon cou. « Si tu penses constamment à la possibilité qu’elle pourrait te quitter, ou inversement, comment veux-tu arriver à imaginer un avenir, proche ou lointain, avec elle? » Cette façon de voir les choses me troublait, car pour moi, je croyais en l’amour, je croyais aux âmes sœurs, et au bonheur éternel. J’avais passé sept ans de ma vie avec un homme que j’aimais, et maintes fois je m’étais imaginé vivre le reste de mes jours avec lui. Certes, sa mort avait tout changé, mais ça n’avait pour autant pas ébranlé mes valeurs et mes convictions.

Ma vision du couple est franchement pessimiste, il n’a suffit que d’un échec cuisant pour comprendre que l’amour ne dure pas toujours. Enfin… Si, selon moi ce que j’éprouve pour Tweedy je pourrai le ressentir toute ma vie mais un couple ce n’est pas que question d’amour. Ce serait tellement plus simple… C’est la confiance, le mode de vie, la compréhension de l’autre… « Je ne suis pas d’accord avec toi… » C’était sans appel. Je penche la tête sur le coté, fronçant légèrement les sourcils. Elle était mignonne, elle était comme Tweedy : naïve. « Je veux dire, quand on s’aime, on fait tout en notre pouvoir pour que ça dure… Songer à qui flanchera le premier, c’est… inquiétant. À mes yeux du moins. » Je me redresse, fais la moue un instant. « J’ai l’impression de me protéger comme ça, ne pas trop m’attacher pour ne pas trop souffrir mais c’est idiot évidemment, complètement idiot parce que je l’ai déjà dans la peau et quand je m’en suis rendu compte, c’était trop tard. » « Si tu penses constamment à la possibilité qu’elle pourrait te quitter, ou inversement, comment veux-tu arriver à imaginer un avenir, proche ou lointain, avec elle? » Je soupire. « Je ne l’imagine pas. » C’est aussi simple que ça, je ne fais pas de plan sur la comète avec Tweedy. Il m’est déjà arrivé de penser à faire d’une pierre deux coups avec elle. A la fin de mes études : tout plaquer et vivre avec elle à paris, abandonner ma famille et surtout les contraintes qu’elle représentait. Mais ce n’était qu’une vague idée qui passait à travers mon esprit. Il faudrait déjà qu’on tienne un an, pour ça. L’un en Irlande et l’autre en France. J’en avais le souffle coupé rien qu’a y penser, ce serait trop dur évidemment et ni elle ni moi n’allions le supporter longtemps. « Tu… Tu crois qu’elle s’attend à ce que je m’imagine un futur avec elle ? Qu’on… fasse des projets ? » Ca me fou les jetons, clairement, je ne suis avec elle que depuis deux semaines, ou trois, je sais plus. Elle a déjà vu mon mouvement de frayeur quand elle m’a parlé de mariage et de famille, c’est trop tôt et puis a quoi bon penser à ça ?