La journée c’était déroulée anormalement vite, trop rapidement à mon goût même. J’avais l’impression de n’avoir rien fait. Entre discussion, prise de contact, boulettes éventuellement et compagnie. J’avais l’impression d’avoir glandé ou presque rien fait de grandiose dans ma journée. Cependant j’en étais satisfaite, tout autant que l’attitude que j’adoptais pour l’instant du moins. Mon côté de sale gosse de riche capricieuse absolument insupportable et imbue d’elle-même n’ayant pas encore -ou très peu- fait son apparition. Je regardais par la fenêtre et soupirais. « Temps de merde » soupirais-je lassée laissant une jeune demoiselle, dont le nom m’échappais encore, avec qui je venais de converser, parcourant ensuite la maison, me disant ensuite que l’Australie me manquait affreusement, l’Australie et son soleil, son climat juste parfait. Heureusement qu’ils chauffaient suffisamment sinon j’aurais gueulé. Tout était, pour l’instant, à ma convenance. Bref.
J’entrais à présent dans une pièce vide, sombre surtout, la pierre avec laquelle était faite la maison n’aidait franchement pas. Puis sans vraiment me poser de question je tâtonnais cherchant l’interrupteur des doigts pour allumer la lumière. Une fois trouvé je l’actionnais. J’entendais ensuite un espèce de cri, un juron où Dieu seul sait ce que c’était mais ce ne devait pas être bon signe. « Une entrée fracassante. Électrique aussi. » entendis-je en fronçant les sourcils ne comprenant pas. « Je te demande pardon ? » fis-je perplexe avant mes yeux ne balayent la pièce: une ampoule au sol, une main amorphe, une lumière précédemment éteinte. Je percutais et écarquillais les yeux éteignant, sans trop savoir pourquoi la lumière, comme si ca allait changer quelque chose. « C’est vraiment pas ma journée, mais alors c’te boulette c’était la meilleure. » lâchais-je en m’avançant vers le jeune homme guidée par les quelques rayons de lumières restant offert par les fenêtres et le jour tombant.

J’avais la poisse aujourd’hui ou quoi. Je ne comprenais pas, c’était quoi le délire: tout pour Rusty ? Je soupirais ensuite, certes j’avais pour but de gagner et m’amuser, surtout m’amuser ici, mais alors faire tomber une dans les escaliers puis en tuer un autre en l’électrocutant ca pouvait être drôle dans un sens mais c’était pas tellement mes objectifs.. Bien que…non rien. « Ne touche à rien et ne bouge pas trente secondes. » dit le jeune homme dont j’apercevais l’ombre qui se déplaçait. « T’inquiètes, je ne voudrais pas faire s’écrouler le lustre sur ta belle gueule » lançais-je. Oui je me doutais bien que comme beaucoup ici il devait être un de ses beau garçons que la production était allée se dégoter auprès des agences de mannequinat. « Aie » lâchais-je en grimaçant surprise en le sentant me percuter. « Perdone » s’excusa-t-il ensuite. « No se preocupe » répondis-je presque au tac au tac, arquant un sourcil me demandant d’où ceci me venais puis haussais les épaules avant de pivoter vers lui en voyant la lumière s’allumer. « Ne fais pas cette tête, ce n'est en rien ta faute. J'aurais dû me montrer plus prudent. » Je lui souris mon visage se décrispant. « Oui jouer les électricien sans formation n'était pas très malin et puis si tu voulais une vision du septième ciel suffisait de demander » plaisantais-je malicieuse et tout sourire. « Puis je rêvais de connaître la sensation du coup de foudre, c'est chose faite. » Je le dévisageais avant de tirer la langue. « En plus grâce à moi, c'est que je m’en sentirais presque fière » répondis-je mon sourire rayonnant toujours affiché sur mon visage de poupée. Il m’amusait le fourbe, et le "courant passait" apparemment entre nous. Hmm.. c’était le cas de le dire. Ok c’était facile. Bref. Je le voyais s’accroupir vers les bouts de verres et dans mon immense bonté j’allais l’aider. « C'était une journée maladresse? » demanda-t-il ensuite. « Carrément » soupirais-je sans plus m’étaler en repensant à la pauvre Alisk, qui quelques heures plus tôt s’écroulait dans les escaliers par ma faute et ses fichus cartons. « Mais, maintenant je promet d’être sage.. » ajoutais-je mutine avec cet espèce de petit air malicieux qu'était mien.

Sa façon de s’excuser me fis sourire. L’espèce de jeu qui s’était crée entre nous m’amusais également et je me laissais happer la dedans. « Excuses acceptées Signore » répondis-je le même ton, tout aussi classieux que le sien, ses lèvres effleurèrent le dos de ma main et j’affichais un sourire en coin malicieuse. « Il m'aurait plus de découvrir le septième ciel en ta compagnie, il est dommage que cette ampoule s'en soit chargée la première, elle est certainement bien moins douée. » A cette réponse, je me retint de rire, la tournure que prenait la chose me plaisant. « La garce ! » fis-je ensuite en arborant un air pseudo offusqué avec un sourire en coin. « Je ne te le fais pas dire » ajoutais-je avec un sourire carnassier presque sournois. « Je ne saurais te remercier assez. » dit-il ensuite. « Mais je t’en prie voyons. Tout le plaisir fut pour moi » répondis-je en lui accordant une gracieuse révérence toujours souriante.

Notre gout pour le ménage pris ensuite le dessus et nous nous attardions à ramasser les bouts de verres qui jonchaient le sol. « Dis toi que normalement c'est terminé. A moins que tu n'ais brisé un miroir et ainsi attiré sept ans de malheur sur toi. » « Me voilà donc rassurée » ironisais-je tout sourire avant de vriller mes iris noisettes vers lui. « Sage vraiment? » souffla-t-il en me fixant de ses iris azur. Je me perdais ensuite dans l’intensité de ses yeux océan quelques instants avant de vite me reprendre. C’était moi qui troublais autrui et non le contraire. Nan mais. Puis une idée me traversa l’esprit et j’approchais mon visage du sien avec une lenteur extrême, espiègle, ne lâchant pas son regard. « Subitement, je n’en suis plus si sure » murmurais-je en arquant un sourcil taquine, maligne, poussant la provocation un tantinet plus loin histoire de voir jusqu’où ceci pouvait aller.. La provocation était comme dirait-on "mon élément" et maintenant que j'avais trouvé une proie dès plus intéressante je ne pouvais m'en empêcher.

Si je parlais italien c’était seulement grâce à mes nombreux voyages dans ce pays. Je me souvenais également lorsque, petite, ma mère m’y trainais presque de force, et qu’au final j’en étais bien contente. Là en l’occurrence encore plus. J’arrivais présentement à ressortir quelques mots, phrases dans cette langue. Pratique. J’en serais même à dire que je venais de trouver une des rares utilités de ma mère. Mais passons. Je souris de nouveau à sa réponse quand à l’ampoule. En effet, l’homme était bien faible et je ne pouvais qu’acquiescer d’un hochement de tête. D’ordinaire je n’étais pas tellement maladroite, dotée d’un pied gauche et d’un pied droit dont je savais me servir à la perfection mais fallait croire que là ils me faisaient quelque peu défaut. Cependant pas à tord et je n’allais certainement pas m’en plaindre. Quelle meilleure façon que de capter l’attention d’un jeune homme, ô combien séduisant et joueur, en l’électrisant. A cette pensée je souris, on me disais novatrice mais à ce point je ne l’aurais, moi-même, pas soupçonné.
Un sourire provocateur s’étira sur ses fines lèvres alors que mes prunelles auburn scrutaient toujours aussi intensément les siennes. Qu’est-ce que j’y cherchais ? Je ne savais pas trop. Il ne recula pas plus qu’il ne cilla ou que je ne bougeais. « Ce serait en effet dommage... Une femme féline est bien plus intéressante qu'une petite fille sage. » murmura-t-il ensuite, son souffle chaud effleurant mes lèvres et que je ne me mordille la lèvre inférieure. « Je ne te le fais pas dire.. Cependant méfies toi, certaines cachent très bien leur jeu.. » murmurais-je de la même manière, aguicheuse, conservant la proximité de nos visages, avant d’ajouter dans un même murmure d’une voix qu’on pourrait qualifier de suave. « Ton prénom bel inconnu » Ce qu’on appelait faire durer le jeu ou faire grimper l’espèce de tension, presque palpable qui c'était crée via l'atmosphère que nous avions sciemment établie, d’un cran.

Évidement qu’il existait des manipulatrices, et dans certaines situations j’en faisais partie, et pour une raison simple, en effet, je préférais de loin être celle qui « dominait » si je puis dire ou « contrôlait » la situation plutôt que le contraire, plutôt que de me retrouver comme soumise à quelque chose qui m’échappais complètement. Sentiment d’infériorité ou quoi que ce puisse être d’autre que je ne supportais pas. Bref. « J'en suis conscient .. Je ne demande qu'à voir. Ou admirer. » répondit-il de la même manière que précédemment, son souffle caressant lentement, presque lascivement, ma peau, mon visage de poupée. « Joueur... » murmurais-je malicieuse, mes prunelles contemplant ses traits harmonieux qui composaient son visage. « Ou alors… maso » le taquinais-je ensuite esquissant un nouveau sourire.

« Rester le bel inconnu me plaît assez .. » répondit-il une lueur brillant dans ses yeux azur. Sa répartie me plaisait d’autant qu’elle me fit sourire à nouveau. J’allais finir par en avoir des crampes, pensais-je. Et il réduisit un peu plus la distance qui séparait son visage du mien et j’arborais toujours cet air malicieux. « Et si... en revanche, moi, ca me frustre... bel inconnu » soufflais-je ensuite amusée en détachant les mots, approchant ensuite un peu plus mon visage du sien sans pour autant briser le contact visuel établi ou le toucher. Tout en réfléchissant, plissant les yeux, mais oui, j’avais déjà entendu son prénom lors de nos premiers pas dans le nid d’amour prononcé par la jolie blonde avec qui il était à ce moment là… Cependant impossible de m’en rappeler.