→ rumer.

Vendredi. Je suppose qu'on est vendredi. Depuis mon arrivée ici, j'ai perdu toute notion du temps. Mon seul repère n'étant plus que la lumière du jour. D'ailleurs, ça me donne davantage l'impression de m'être retrouvé coincé à l'époque de lucky luke. Je ne sais pas combien de temps il va me falloir pour m'adapter à ce mode de vie, mais je vais m'y faire. J'en reste convaincu. Ou du moins, j'essaye de m'en convaincre. Parce que le dépaysement, moi, il me frustre plus qu'autre chose là, pour le moment. Tellement que j'en arrive à me réveiller aux aurores- chose plutôt extraordinaire pour un mec qui ne s'était encore jamais levé avant onze heures en quatre ans de chômage. D'ailleurs, là, à en juger la position du soleil- pour ne pas dire le nombre de lits vides-, je miserai plutôt sur les coups de dix heures. Ça me fait chier quand même.. de me réveiller en même temps que tout le monde, je veux dire. C'est toujours dans ce genre de situation là que je me retrouve à attendre qu'une douche se libère. Trois pommeaux pour je ne sais combien de personnes, c'est pire que de l'esclavage ça! Tant pis. Je me brosse les dents, attrape mes affaires et me hâte vers le dortoir masculin- d'ailleurs pourquoi j'me retrouve à pioncer dans un truc pour femelles, moi?- avant que ce dernier ne soit bondé aussi. Coup de chance ou miracle du tout-puissant ? Pas un chat qui ère. Enfin presque. Vous avez déjà vu une nana avec des cheveux roses, vous? Moi, oui. Je lui adresse un sourire poli et pose mes quelques affaires sur le côté. Je ne me rappelle pas l'avoir aperçu au premier prime, ni de toute la semaine d'ailleurs. Il faut dire que le village s'étend sur des kilomètres. « Je suis assez pudique. » Elle n'a pas l'air de comprendre là où je veux en venir. Je m'approche donc vers elle, lui attrape délicatement les mains et place ces dernières sur ses yeux. « J'en ai pas pour longtemps, promis. », lui susurré-je à l'oreille.

J'ai à peine le temps de lire "bandes de ci.." sur le paquet qui vient de s'écraser sur le sol que sa propriétaire me fait part de son étonnement. « Attends, toi tu es pudique ? » Comment ça, MOI je suis pudique? Parce qu'il y a des critères spécifiques qui feraient qu'un mec puisse être en droit d'être pudique ou non, maintenant? C'est nouveau ça. J'émets un léger rire, toutefois troublé par sa vive réaction. Bon au moins, elle a compris le concept des yeux bandés, c'est déjà ça. « On est pas prêts de faire des galipettes ensemble alors, et je te laisse mesurer la déception qui m'envahit. Je peux te dire qu'elle est amère, je vais jamais m'en remettre. », dit-elle, apparemment pleine d'amertume. Je souris d'un sourire dont elle ignore l'existence puisqu'elle dissimule toujours ses grands yeux bleus derrière ses mains, comme je le lui avais demandé et commence tout doucement à me déshabiller pour pouvoir entrer dans la douche. « Sérieusement, je crois que je vais pleurer. », qu'elle renchérit. Prêt à subir l'effet de l'eau bouillante sur mon corps, je me dirige vers la douche, dans ma somptueuse tenue d'Adam.. si vous voyez ce que je veux dire. « Pudique ou pas pudique, je ne suis pas entré seul, dans ce jeu. » Car blondie- si on peut encore l'appeler comme ça- semble avoir oublié Sven dans l'histoire. Et ça m'étonnerait que ce dernier soit d'accord pour que je m'envoie en l'air avec une inconnue dans la salle de bains.. ou ailleurs en fait. « Mais je suis content de voir que j'puisse encore faire de l'effet. », lancé-je en me munissant du pommeau de douche. Ouais, sa réaction est plutôt flatteuse en fait. On m'a toujours dis que les mecs en couple finissaient par se laisser aller et perdre de leur charme. Ce n'est apparemment pas mon cas. « J'ai le droit de connaître le nom de mon ex-admiratrice ou c'est trop demandé ? » Ex, car je suppose qu'après ces quelques petites confessions, elle a arrêté de mouiller dans sa culotte à la vue de mon minois.