Effectivement, et Raphaël était tout à fait de l'avis d'Ismay, Daphné avait subit un acharnement particulièrement injuste samedi dernier. En réalité, il avait déjà eu l'occasion de se rendre compte que la jolie blonde avait été la cible de bon nombre de critiques, notamment sur son blog. Il avait assisté à cela, naturellement sans oser participer à tout cela, mais avait tout de même eu l'occasion de réaliser que ce qui avait été dit n'avait pas toujours été correct, et pas uniquement du coté de la jeune femme, visiblement un peu trop directe pour être appréciée par ici. Au fond, il était certain qu'elle avait des qualités. Il ne prétendait pas savoir lesquelles, dans la mesure où il ne la connaissait pas, mais il trouvait particulièrement dommage que beaucoup semblaient prendre désormais plaisir à s'acharner sur la jeune femme. Elle ne méritait pas ça, c'était certain. « Il me semble qu'il y a tout un groupe de candidats qui ne la portent pas dans leur cœur. Il y a aussi ceux qui, comme moi, n'osent pas aller vers ceux qui s'isolent. Mais Elliot, qui était assise à coté de moi, était sur le point d'aller rejoindre Daphné, il me semble. Je pense qu'elle s'est simplement dit qu'une seule présence serait suffisante. » En gros, peu de gens auraient été susceptibles d'aller consoler Daphné. Ismay avait alors d'autant plus de mérite d'avoir eu la bonté de le faire. Vraiment, c'était assez honorable aux yeux de Raphaël. Peut être lui en fallait-il peu, mais si c'était le cas, il l'assumait volontiers. Par la suite, Raphaël en vint à évoquer sa partenaire, Candace. Il ne connaissait pas tellement la jeune femme, étant donné qu'elle était du genre énigmatique et peu expressive, mais le peu qu'il avait vu lui avait plutôt plu. Le soir du premier prime, Candace s'était montrée présente et compréhensive. Elle l'avait aidé à ne pas trop paniquer, lui avait donné des conseils ... Il n'oublierait pas cette rencontre. C'était peut être idiot, mais il s'était senti en sécurité avec elle. A la réplique d'Ismay, le jeune homme haussa doucement les épaules. Au fond, le partenaire rêvé ne devait pas exister. Alors peut être les désillusions de Candace ne seraient pas trop brutales, hm. « Candace m'intimide tout de même un petit peu. Elle fait si mûre, si assumée, si déterminée ... je me sens ridicule en comparaison. » Il est vrai que sa camarade avait beaucoup de prestance, qu'elle semblait savoir ce qu'elle voulait. Tout le contraire de lui, ô pauvre petite créature perdue et se faisant régulièrement marcher sur les pieds. Si un jour elle avait dans l'idée d'en faire son repas, il se laisserait probablement faire. Hélas. Quoi qu'il en soit, et puisqu'il était maintenant temps d'évoquer Otello, Raphaël n'avait pu s'empêcher de demander à Ismay si son partenaire était aussi "froid" qu'en apparences. Disons que les fois où il le croisait, il avait tendance à être impressionné. Au fond, il lui faisait un peu le même effet que Candace. Lorsqu'Ismay compara le visage d'Otello à celui d'une statue, Raphaël se mit à sourire. « Je ne suis donc pas le seul à trouver ses traits fascinants. » Fascinants, mais un peu inquiétants également. Disons qu'il craignait que son camarade soit aussi dur qu'il en avait l'air. Mais ça n'était probablement pas le cas. Il n'y avait qu'à entendre ce qu'Ismay avait à dire à son sujet. « Il a l'air sérieux et cultivé. Je ne le vois pas au milieu d'une salle de sport, plutôt dans un musée, et je ne parle pas de ce que tu m'as confié au sujet de sa possible ressemblance avec une statue ... » Il se surprit à rire légèrement. Ça lui faisait du bien. « Quels défauts penses-tu avoir ? » Parce qu'elle était restée très vague là dessus. Peut être ne voulait-elle simplement pas en parler, mais dans le doute ...

Raphaël disait vrai. Candace ne lui était pas franchement semblable. Peut être n'était-elle pas celle qui différait le plus de lui au sein de ce jeu, mais pour une partenaire, elle lui était tout de même relativement différente. Mais au fond, peut être était-ce une bonne chose. Après tout, lors du premier prime, la jolie brune était parvenue à le rassurer, à calmer ses doutes et ses craintes, à lui faire prendre un départ bien loin d'être aussi foireux qu'il l'avait cru en se rendant ici. Alors certes, elle était impressionnante, car déterminée et visiblement sûre d'elle - tout ce qu'il n'était pas, en somme - mais cela n'empêchait pas le courant de passer plutôt bien. Ou disons en tout cas que les choses auraient pu démarrer bien moins agréablement que cela. Mais voilà qu'après avoir évoqué leur partenaire respectif, notamment Otello, le charismatique partenaire d'Ismay, ayant officiellement des traits semblables à ceux d'une statue, Raphaël se risqua à poser une question un tantinet délicate à sa camarade. Elle avait précédemment affirmé que son partenaire l'acceptait malgré ses nombreux défauts. Ainsi donc, elle s'en comptait beaucoup. Combien au juste ? Et lesquels ? Pourquoi s'en trouvait elle ? Tant de questions qui se regroupèrent plus ou moins dans l'intitulé d'une seule interrogation. Bien sûr, Raphaël avait conscience du fait que sa camarade puisse ne pas tenir à lui répondre, ce qu'il comprendrait tout à fait. Si cela était trop dur, trop gênant ou trop éprouvant, il ne la forcerait pas à se confier. Même s'il est vrai que Raphaël était un peu curieux. Le terme "défaut" ne lui était en réalité que trop familier. Lui même s'en était toujours trouvé des dizaines, aidé par sa mère d'ailleurs, alors il était quelques peu intéressé par le fait que sa camarade se dise elle même pleine de défauts. Dans son fort intérieur, il avait tendance à ne pas la croire sur parole. Des qualités, voilà ce qu'elle semblait avoir en un grand nombre. Mais des défauts, non, il ne pouvait pas le croire ... La jeune femme prit alors la parole et il l'écouta avec une attention toute particulière. Il comprenait ce qu'elle voulait dire. Tout comme il comprenait qu'elle ne puisse pas lui en dire davantage. A vrai dire, elle en avait dit suffisamment pour qu'il saisisse. « Personnellement, j'aurais apprécié te connaitre à l'extérieur de ce jeu. Je pense que tu dois être de celles qui enjolivent, qui égaient une vie ... Et je n'ai pas vraiment l'impression, à t'entendre, qu'il s'agit de véritables défauts. » Même, certains points évoqués par la jeune femme semblaient on ne peut plus positifs. Cela revenait plus ou moins à ce qu'il avait dit à Elliot. L'une comme l'autre se disaient porteuses de multiples défauts. Or, elles exagéraient. Du moins, de l'avis de Raphaël, qui ne prétendait ceci dit pas les connaitre mieux qu'elles mêmes. Cela va de soi. « Les candidats me paraissent assez ouverts d'esprits. La plupart d'entre eux, en tout cas. Je pense qu'ils ne cherchent pas des défauts aux autres, tout récemment. » Ce qui, bien évidemment, était valable vis à vis de tout le monde, sauf de lui. L'évidence même, hm.

Oui, les candidats du programme paraissaient pour le moins ouverts d'esprits. Disons, en tout cas, que la plupart d'entre eux semblaient l'être, hm. Il n'avait pas encore eu l'occasion d'apprendre à connaitre la totalité de ses camarades, mais pour ceux avec qui il avait eu l'occasion d'avoir une conversation, il pouvait clairement dire qu'une certaine tolérance était toujours de mise dans le coin. Vous pensez bien, évidemment, que ça ne l'empêchait pas de se sentir jugé, critiqué et persécuté de jour en jour. C'était son problème, cela venait de lui, et ses camarades n'y étaient probablement pour rien. Quand il en venait à penser qu'untel allait volontairement le pousser dans les escaliers, ou qu'untel allait se faire une joie de brûler son lit dans son sommeil, ça ne signifiait pas pour autant qu'il rejetait la faute de ses troubles sur ses camarades. Après tout, il était malade depuis suffisamment longtemps maintenant pour avoir eu le temps de prendre pleinement conscience de l'origine du problème : lui. Mais le fait d'être entouré de gens à priori disposés à faire preuve d'ouverture d'esprit avait plutôt tendance à le rassurer. Qui sait, peut être que les jours où il ne serait pas profondément malheureux et psychotique, il parviendrait à se sentir bien au sein de cette aventure. Il avait beau avoir tout juste confié qu'il y était pour le moins malheureux, il avait pourtant tendance à apprécier le moment présent. C'était au moins ça, hm. Aux paroles de sa camarade, il hocha doucement la tête. « Se prendre pour quelqu'un d'autre, pour ce que l'on n'est pas, ça n'est pas utile. Comme tu le dis, autant se montrer tel que l'on est. » Il ne prétendait pas que des gens d'ici jouaient un rôle, mais il est vrai qu'il ne se voyait pas, pour sa part, adopter une attitude différente de celle de tous les jours. Okay, il était triste, renfermé et craintif, mais il ne voulait aucunement se donner un genre en se prenant pour un type sûr de lui et déterminé. Ah ça non. L'un comme l'autre aurait visiblement été désireux de se connaitre à l'extérieur. C'était plutôt plaisant, hm. Ismay disait alors penser que Raphaël était quelqu'un de bien, quelqu'un de passionnant. Il se mit à rougir quelques peu, souriant légèrement. « C'est gentil. Et ça me fait plaisir de t'entendre dire ça. » Il ne prétendait pas lui même être quelqu'un de bien et de passionnant, mais entendre sa camarade le lui dire avait tendance à lui plaire. Les compliments, il avait généralement du mal à les gérer. Mais ici, et puisqu'il voyait qu'elle était sincère, cela le ravissait légèrement. « Je viens de Suisse, de Neuchâtel. Si tu ne connais pas, ou que ce nom ne te dit rien, c'est plutôt normal je pense, étant donné que l'on connait surtout de la Suisse des villes comme Genève ou Zurich. » Mais tout de même, Neuchâtel bénéficiait d'une certaine notoriété là-bas. La faute au chocolat, hm. « Je suppose que tu es anglaise ? » demanda-t-il à son tour, dans un sourire. Raphaël parlait aussi bien le français que l'anglais - malgré son accent suisse - et il reconnaissait généralement ceux qui provenaient de Grande Bretagne. Là aussi, une simple question d'accent.