Raphaël n'avait jamais fréquenté ce genre d'endroits. Il ne doutait pas du fait que cela aurait du être le cas, mais le fait est que son enfance quelques peu particulière ne lui avait pas tellement permis de fréquenter les mêmes lieux que les gamins de sa génération. Ainsi donc, il ne connaissait rien des fêtes foraines, de leurs stands, de leurs attractions ... Tout cela lui était parfaitement étranger, sachez-le. Mais tout cela avait surtout tendance à le rendre particulièrement curieux. Lui qui n'avait jamais eu accès à ces formes d'amusement était particulièrement intéressé par ce qui se trouvait à l'intérieur de cette fête foraine fantôme. Alors il marchait à travers celle-ci depuis déjà quelques minutes, à détailler du regard le majestueux carrousel qui dominait l'endroit, à s'intéresser également au stand de confiseries et à observer attentivement la silhouette qui se trouvait un peu plus loin. Une silhouette pour le moins familière. Et pour cause, il s'agissait de celle de Sven. Ce dernier était peut être nostalgique de la période où il avait du connaitre toutes ces choses. Car Raphaël devait assurément être le seul jeune homme d'une vingtaine d'années à ne pas avoir fréquenté ce genre d'endroits durant son enfance. Quoi qu'il en soit, c'est doucement qu'il s'approcha de son camarade, histoire d'avoir le temps de faire demi-tour s'il se mettait brusquement à penser qu'il serait mieux de le laisser seul. Mais ce ne fut étrangement pas le cas alors il finit par se poser aux cotés de Sven. « Je me sens nul. Je ne t'ai toujours pas trouvé de surnom. La vérité, c'est que je n'ai pas la moindre imagination. Et je ne saurais pas trouver quelque chose d'inventif et d'affectueux. » Parce qu'il appréciait Sven, évidemment. Il s'était montré gentil et compréhensif à son égard, et il n'oublierait pas ça. « Tu m'en veux beaucoup ? » Parce qu'évidemment, c'était là quelque chose d'ignoble et d'impardonnable. Oui, évidemment.

Trouver un surnom à quelqu'un qu'il ne connaissait pas tellement, ça ne s'avérerait assurément pas évident. Il était même très possible qu'il ne parvienne jamais à en associer un à Sven, qui pourtant de son coté avait trouvé le moyen de surnommer Raphaël d'une manière très ... amicale, disons. Vraiment, il doutait d'être capable de le surnommer en faisant preuve d'autant d'imagination, alors il allait très certainement s'abstenir. D'autant plus que son camarade ne semblait pas s'en offusquer, bien au contraire. Le sourire de Sven le rassura, tandis qu'il hocha doucement la tête lorsque son camarade lui assura que "Sven" lui irait tout à fait. Bien, voilà qui était plaisant à entendre. D'autant plus qu'il avait tendance à se sentir bien aux cotés de son camarade. Ce dernier s'était montré gentil et compréhensif à son égard, et son coté un peu "délirant" lui plaisait bien. Par contre, ce qui lui plut bien moins, ce fut la question que lui posa le jeune homme. Visiblement, il n'avait pas oublié les images qui avaient été diffusées lors du prime. Des images qui avaient clairement embarrassé Raphaël. Surtout que la tape sur la fesse que lui donna Sven, suivant ainsi sa question à la fois embarrassante et indiscrète, n'arrangeait rien. En gros, Raphaël ne put que rougir, malgré le fait qu'il sache pertinemment que Sven ne disait ça ni pour se montrer méchant, ni pour se moquer. « Ce n'étaient que ... quelques baisers » articula-t-il alors, en baissant les yeux. En réalité, tout cela avait eu une dimension toute particulière à ses yeux. Le moment qu'il avait passé avec Lulu dans les souterrains lui avait fait le plus grand bien. Certes, ça l'avait surtout gêné, mais il en avait presque eu de quoi être content, au fond. Lulu était quelqu'un de confiance, et il se sentait en sécurité avec lui. « J'aurais vraiment préféré que les images ne soient pas diffusées. Ça m'a mis dans un état épouvantable. Et j'avais grandement envie que personne ne sache ... Je ne veux plus être jugé continuellement. » Jugé par qui, au juste ? Sa défunte mère ? Le diable ? Et les quelques protagonistes maléfiques qui squattaient son esprit ? Hm oui, assurément.

Ce ne fut pas franchement une bonne idée de se permettre de donner une petite tape au niveau du fessier de Raphaël, dans la mesure où les contacts physiques avaient déjà généralement tendance à l'embarrasser. Vous vous doutez bien que cet endroit-ci n'avait pas le moindre besoin d'être tapoté par qui que ce soit. D'autant plus que ça n'était pas sans lui rappeler les vilaines fessées que sa mère lui avait longtemps donné. Et dire qu'il n'avait jamais été un enfant turbulent ... Quoi qu'il en soit, la question que lui posa par la suite son camarade ne manqua pas de l'embarrasser également. Le fait est qu'il n'avait pas franchement envie de parler de ce qu'il s'était passé avec Lulu la semaine passée, et ce malgré le fait qu'il apprécie Sven. Suffisamment de personnes étaient maintenant au courant au sein de ce village, et il avait bien du mal à vivre avec l'idée qu'on pouvait rire de lui dans son dos à ce sujet. Croyez bien qu'il n'avait pas le moins du monde besoin de ça. Surtout que Sven trouva le moyen de remettre en doute sa réponse, insinuant que Raphaël aurait pu vouloir plus que quelques baisers échangés avec Lulu. Le suisse le fixa alors, laissant apparaitre une expression clairement gênée face à tout cela. « Je ne pensais pas du tout à cela, non » répondit-il alors, après avoir légèrement rougi. Effectivement, il n'avait jamais eu envie de "lui sauter dessus pour le désaper entièrement". Il avait profité de ses baisers, de ses caresses, mais n'avait jamais osé attendre plus. Personne ne voudrait de plus avec lui, et il le savait. Tout comme il s'interdisait lui même d'y penser. Mais voilà que Sven ne tarda pas à lui faire savoir qu'il n'avait rien à faire là, s'il ne voulait pas être jugé ou critiqué. La mine de Raphaël s'attrista légèrement. Effectivement, il allait devoir supporter quelques jugements avant de pouvoir enfin aller mieux. Et encore, si tant est qu'il le puisse. « Je ne suis pas venu ici pour m'exposer, tu sais. Je sais très bien qu'il est inévitable qu'on juge mes faits et gestes, mais je ne veux pas me donner en spectacle. Je ne veux même pas me faire remarquer. » Et probablement qu'il se débrouillait très bien à ce niveau-là. Et voilà pourquoi le fait que de telles images aient été diffusées l'embarrassait, hm. Sven lui proposa alors du popcorn. « Oui, merci » fit-il alors, tout en se servant. Son regard se posa à nouveau sur son camarade. « Comment fais-tu pour ... pour parler de choses qui sont aussi gênantes à mes yeux, d'une manière aussi évidente ? » demanda-t-il alors timidement. Au fond, ça l'intriguait. Et il le jalousait aussi un peu, c'est vrai.

Mieux valait assurément oublier le fait que Sven venait de déposer - même furtivement - sa main à un endroit où elle n'avait jamais rien eu à y faire. Oui, il était assurément préférable de laisser cela de coté et de ne surtout plus y repenser. Disons que c'était préférable pour la santé psychologique de Raphaël, hm. Ce dernier ne fut en tout cas pas aux bouts de ses peines, lorsque Sven insinua d'une étrange manière qu'il aurait pu vouloir davantage que quelques baisers avec Lulu, comme s'il était du genre à avoir ce genre de pensées à l'esprit, comme s'il se permettait de penser à quoi que ce soit d'un tant soit peu charnel. Bon, il est vrai que Lulu éveillait chez lui une passion aussi surprenante qu'agréable, mais Dieu sait qu'il en avait trop honte - en tout cas à cet instant précis - pour oser le préciser. D'autant plus que Sven avait beau être un amour avec lui, il avait tendance à craindre sa spontanéité, qui parvenait hélas bien souvent à le gêner. Quoi qu'il en soit, savoir qu'il ne pourrait faire autrement que d'être jugé au sein de cette émission, cela avait grandement tendance à faire peur au suisse. Il était là pour changer, pour guérir, et pas pour revivre à plus petite échelle ce qu'il vivait au quotidien.Bien sûr, il se doutait qu'il était nécessaire d'en passer par là pour véritablement espérer guérir, mais le fait est qu'il avait peur de ne pas y parvenir, au final. Son camarade passa alors son bras au niveau de son épaule, créant ainsi une proximité amicale qui ne parvint pas tellement à le gêner - étonnant - et confirmant le fait qu'il n'avait effectivement pas à se faire remarquer, si telle n'était pas son intention. Et ça ne l'était pas, évidemment. Il voulait passer inaperçu, et simplement voir ce que cette expérience lui apportait. Faire parler de lui, coucher à droite et à gauche, ça ne lui ressemblait clairement pas. Et si cela faisait de lui le candidat de télé-réalité le moins intéressant au monde, et bien soit, il tâcherait d'assumer. Il esquissa un sourire aux paroles de son camarade. Il ne voulait pas jouer un rôle pour s'attirer la sympathie du public. Personne ne pouvait véritablement l'apprécier, de toute façon. Après avoir remercié Sven pour le pop corn qu'il lui tendit en un sourire plus prononcé, phaël se risqua finalement à poser une question à son camarade. Une question un peu particulière, mais à laquelle Sven fit l'effort de répondre. « Tu as bien raison » articula-t-il alors, toujours souriant, avant de déposer doucement sa tête sur son épaule. « Tu sembles assumer qui tu es, et n'avoir peur de rien. Je ne sais pas si tout ça n'est en fait qu'une façade, qu'une manière finalement de cacher certaines choses, mais ... j'aimerais être un peu moins "moi", et un peu plus "toi". » Il se redressa légèrement et capta son regard avec tendresse. « Tu sais que ... si un jour tu as besoin, ou envie de parler de certaines choses ... je ... je serai là pour t'écouter, comme tu es là pour moi depuis le début de cette aventure. » reprit-il, dans un sourire, tandis que son camarade se permit carrément de le nourrir lui même. Alala. Il appréciait le fait que Sven se montre compréhensif, quoi que parfois un peu trop direct. Tout cela faisait naturellement son charme, et il commençait véritablement à l'apprécier. Il était sans conteste l'une de ses plus belles rencontres ici. Doucement, Raphaël porta à son tour un pop-corn aux lèvres de Sven, se permettant au passage de caresser un tantinet sa mâchoire. Il ne savait pas tellement pourquoi, mais cela lui avait pris, comme ça, sans raison. En signe de son affection pour lui, probablement.