Je venais de quitter Elliot, la tresse trônant sur le dessus de mon crâne terminée et agrémentée d'un petit nœud. Cette fille est un ange et tout mes vieux démons semblaient s'être éloignés en sa compagnie. Je m'étonnais même à avoir un petit sourire permanent sur mes lèvres, contente de notre échange. Mon cœur était beaucoup moins lourd. Ma peur de décevoir les autres à cause de mon secret, ou de devenir celle qu'il ne faut pas fréquenter, s'était envolé aussi. Je ne débordais pas de joie, mais je n'étais pas non plus aussi cafardeuse que depuis samedi. Je ne ressentais même pas les sensations de manque qui pouvaient parcourir mon corps. En bref, je me sentais bien l'espace de quelques instant. C'était bien d'un pas léger et insouciant que j'avançais vers l'auberge, qui se trouvait en face de la fontaine, cette fontaine même qui s'était vue transformée en salon de coiffure durant ce court laps de temps. Sans même pénétrer dans les lieux, un enchaînement de notes, émanant d'un piano, attira mon attention. Un enchaînement plutôt spécial, accompagné bientôt d'un rire. Mon sourire se mit inexorablement à s'élargir. Je ne souhaitais pas déranger la personne présente et qui, d'après mon ouïe, ne savait sûrement pas jouer de l'instrument, mais ma petite curiosité me poussa à entrer tout de même dans l'auberge, rien que pour voir l'auteur de cette performance musicale... Inoubliable. Joshua. Jamais je ne lui avais adressé la parole jusqu'ici. Il faisait partie de ces personnes qui, je ne sais pas, par leur façon de paraître, m'intimidaient. Je n'avais jamais osé aller vers lui dans le sens où je ne voyais pas pourquoi j'irais le déranger. Il me prendrait pour une emmerdeuse, ce que je ne suis pas et nous serions perdant tout les deux. Je m'approchais doucement de lui, sans faire de bruit, le regardant avec intérêt, mes yeux grands ouverts. Je me mordillais l'intérieure de ma joue. J'aimerais beaucoup l'accoster et lui parler, mais j'avais bien trop peur de le déranger dans son élan. Qu'il m'envoie paître, pour ne pas dire chier. Alors je me postais de l'autre côté du piano, lui adressant un petit sourire, bien loin de ces larges sourires découvrant mes dents que je savais si bien faire pourtant.
(J'suis désolée pour cette réponse horrible !)

Spoiler:

Pour une fois dans la semaine, l'on pouvait dire que je me sentais à peu près à l'aise. J'étais même, comme qui dirait, guillerette. Pour pas grand chose, mais après quelques jours de brouillards, ça faisait du bien de se détendre un peu. De sourire. D'approcher les gens, toujours aussi maladroitement et timidement, à l'image de mon approche avec Joshua. D'ailleurs, celui-ci me fit un signe. Alors, comme il me conviait, je fis le tour de l'instrument pour me retrouver face aux touches, m'approchant de lui, restant debout, près de lui. « Joue-moi du Mozart. » Je le regardais avec de gros yeux, secouant lentement ma tête d'incompréhension. J'eus sur le coup, un moment de panique car je ne savais absolument pas jouer du piano, moi, alors Mozart. Mais très rapidement elle me rassura, ô que oui. « Attends, je te donne un exemple. » Je lui adressais un sourire en guise de oui, attendant alors son exemple, qui fut... Hilarant. Oui, je lâchais un petit rire enfantin en le voyant exploser les touches de ses doigts, pour former un énorme vacarme. « Magnifique, n'est-ce-pas ? » Je secouais la tête. « Oui, totalement ! » Lui répondais-je, toujours un sourire étalé sur mon visage. C'était à mon tour. Je détournais un peu mon regard de lui, pour finalement le poser sur le piano. Piano sur lequel je me penchais finalement, approchant une seule de mes mains, dont les doigts frôlaient les touches doucement... Puis je me mis à appuyer dans tout les sens, alternant blanches et noires, un coup par-ci un coup par-là. J'étais terriblement gênée de faire ça, mais en même temps je ne pouvais pas nier une chose : « Ca défoule ! » Je rougissais un peu, avant de reprendre. « Mais je ne suis pas aussi douée que toi... » J'avais toujours un petit sourire aux lèvres, un peu plus en confiance à présent. « Tu ne serais pas musicien, par hasard ? » Je me moquais un peu, mais c'était mon moyen de faire connaissance avec lui.