L'une des choses qui étaient particulièrement difficiles à définir pour Raphaël, c'était assurément le rapport qu'il entretenait avec Dieu. Cela avait toujours été assez étrange, assez inexplicable, assez irrégulier surtout. Car autant certains jours, il se sentait proche du Seigneur et lui adressait toutes ses pensées, autant d'autres jours, il en venait presque à douter de son existence, à lui en vouloir, à lui adresser non plus cette fois ses pensées, mais plutôt ses reproches. Le fait est qu'il s'était senti à plus d'une occasion abandonné par celui qu'il avait toujours pris la peine de contacter en cas de soucis. Bizarrement, il n'avait connu que peu de retours. Aussi, Raphaël avait longtemps vécu au sein d'un foyer non-croyant, mais plus encore, anti-religion. Sa mère n'avait jamais voulu que l'on prie, ni à table, ni au moment du coucher, tout comme aucune de ses sœurs n'avait jamais ressenti le besoin d'être baptisée. Lui, si. Alors il l'avait été, sans demander l'avis de qui que ce soit, parce qu'il avait mine de rien longtemps ressenti une certaine communion avec Dieu. Dans les moments de doute, de désespoir, cela l'avait au final grandement aidé de se dire que quelqu'un pouvait supposément l'écouter, s'intéresser à ses malheurs. Bien sûr, personne ne lui avait jamais prouvé l'existence de Dieu, mais personne ne lui avait jamais prouvé le contraire non plus. En tout cas, le "nouveau Raphaël" n'avait rien perdu de ses croyances, de ses idéologies religieuses. Il n'était pas un grand pratiquant, mais il n'en était pas moins un croyant assidu. Au fond, on ne lui avait jamais fait l'école de la moindre religion, et c'était peut être ça qui, justement, lui avait d'autant plus donné envie d'en connaitre une, d'en comprendre une. Il ne savait pas tellement ce qu'il était, mais il savait qu'il croyait en Dieu. En ce moment, plus que jamais, oui, il croyait en Dieu. Parce qu'au final, peut être celui-ci l'avait-il véritablement aidé à s'en sortir. Peut être y était-il lui aussi pour beaucoup, dans cette si belle guérison. Il était possible qu'il se soit manifesté, soit directement, soit par le biais d'un être bon et serviable, comme Raphaël en avait beaucoup connu ces temps-ci. Allez savoir. C'est en tout cas l'esprit léger et apaisé que le suisse gagna l'église, marchant à travers celle-ci, mais remarquant bientôt qu'il ne s'y trouvait pas seul. Quelqu'un était là, oui. Dagga. Visiblement, il l'avait surprise, elle qui devait être en train de se reposer sur l'un des bancs de l'enceinte de l'église. « Ça n'est que moi, Dagga » annonça-t-il alors, comme pour la rassurer, l'apaiser. Il s'approcha doucement, sans geste brusque, ayant déjà connu ce genre de sursauts, ce genre de craintes. Car elle semblait craintive. Elle semblait pleine d'angoisse. « Je ne voulais pas te déranger. J'ignore si j'ai fait du bruit en entrant, mais si c'est le cas, je te pries de m'en excuser. » Il n'avait pas à importuner qui que ce soit, après tout. Alors par correction, il préférait s'excuser, oui. « Mais quelque chose me dit que je tombe à point » osa-t-il finalement supposer, dans un petit sourire. Si elle avait des tracas, il pouvait être là pour elle. Mais si elle ne voulait véritablement pas de lui, évidemment, il s'en irait. Encore une fois, il n'avait pas à importuner qui que ce soit, hm.