La première soirée est terminée. C’était pas si pire que ça, non ? En fait, je pense que c’était désastreux. Pas pour moi, mais pour mon partenaire. Parce que moi, à part avoir eu l’impression que c’était emmerdant et qu’il n’y avait pas eu beaucoup d’action, que le stresse m’avait manger une partie du corps… j’avais trouvé le début totalement passable. Normal quoi. Je me laisse entrainer à l’étage par Mickey, alors que nous découvrons notre chambre au même moment. Je fais un tour de la pièce lentement avant de finalement revenir vers mon partenaire. J’aurais bien envie de me laisser lourdement tomber sur notre lit pour tester le confort de ce dernier, mais j’ai comme l’impression que Mickey n’apprécierait pas. Au pire, je pourrais tout de même le faire, je n’ai jamais vraiment agit en conséquence de quelqu’un d’autre. On pourrait dire que c’est des caprices de jeunesse, moi je sais que ce n’en est pas. Je suis sur le point d’ouvrir la bouche, poser une ou deux questions pour apprendre à peut-être connaître mon partenaire d’une façon moins rigide, même si je crois qu’il est une cause perdue. Mais je n’ai pas le temps. Je le regarde, stoïque, l’écoutant, alors qu’une tonne de sentiment me traverse au même moment. Non mais WHAT THE FUCK ?! Il est qui lui pour me parler comme ça ? Sérieusement, on dirait mon père. Et encore, même mon père ne me fait pas autant de reproche. Le couvrir de ridicule ? C’est la meilleure ça. Est-ce qu’il s’est regardé avant de parler. Dans le genre ridicule, on fait pas mieux moi je dis. « Et pourquoi je devrais me racheter? Parce que tu vois, à mes yeux, je suis parfaitement normale. Et je n’aurais peut-être pas réagit aussi fortement si tu n’avais pas dès le début fait ton gros chieur de service. » Je sens la colère monter en moi, je me sens bouillonner, et ce n’est jamais bon signe. Je ferme les yeux, je pense à ce que m’a dit Helen lors de ma dernière consultation. Elle parle toujours de grande respiration, de détente et de truc du genre. Mais ça fonctionne jamais, merde. Jamais. J’ouvre les yeux alors qu’il reprend la parole. « Hey oh, on est à la télévision… Tout ça c’est du spectacle. » J’ai élevé légèrement le ton sans même m’en rendre compte. Je ne suis jamais conscience de ce qui se produit, jusqu’à temps que se soit terminé. « Alors ce n’est pas l’univers qui est contre toi, mais seulement une production sensationnaliste qui veut foutre le bordel dans les relations interpersonnelles des gens à l’intérieur de leur télé-réalité toute pourrie. » Je sers les dents, avant de finalement me décider à m’asseoir sur le lit. « Et tu sais ce qui serait bien… que t’arrêtes de me juger, parce que c’est ce que tu as fait à partir du premier moment que tu m’as vu et que t’essaies plutôt d’apprendre à me connaître. » Je soupire. Ça va, je ne me suis pas trop emporté, ça aurait pu être pire. Ça peut toujours être pire.

Je ne vois pas pourquoi Mickey est déjà sur mon dos et ce, dès notre première rencontre. D’accord, nous avons des caractères différents, là-dessus, il n’y a absolument aucun doute. Mais de là à me faire autant de reproche, ce n’est pas un peu exagéré comme réaction. Bon, je suis peut-être mal placé pour parler de réaction exagérée, puisque je suis entrain d’hausser le ton alors qu’il n’y aurait pas vraiment de raisons de le faire. « Tu l'as dit. Vous êtes une belle bande de zouaves. » Je fronce les sourcils en l’entendant. Il a l’air de se croire supérieur à tout le monde. À ce que je sache, il est ici, en ce moment même, dans cette télé-réalité avec ces zouaves comme il dit. Et je suis la première à dire que je suis venu m’enfermer avec des fous, mais tout de même. « Bande de zouaves dans laquelle tu fais partie mon cher ! » dis-je sarcastiquement, avant d’enchainer sur le sujet et lui faire comprendre que notre couple à été choisi pour justement, qu’on s’arrache les cheveux de la tête. Et ça semble bien partit pour que la production réussisse. Parce que bien franchement, il m’exaspère, et cela semble réciproque. « Tu reconnaitras tout de même que la tape sur l'épaule, c'était... puéril. » Je lève les yeux au plafond, alors que je suis assise sur le lit, commençant à jouer nerveusement avec mes doigts. « Je m’excuuuuuse. D’accord ? J’aurais pas du te taper sur l’épaule. C’était une horrible erreur. » Je soupire puis lève les yeux vers lui. Ça va, je suis plutôt sincère bien que mon ton ne semblait pas l’être. C’est juste que je n’ai pas l’habitude de m’excuser pour les gestes que je pose. Je les regrette souvent plus tard, mais je suis trop orgueilleuse d’admettre mes erreurs. Je ne peux l’accepter, puisque accepter que mes agissements sont mauvais, c’est d’accepter un côté de ma personnalité auquel je ne crois pas. « Et c’est bon, si tu ne veux pas me connaître, je ne ferai pas d’effort de mon côté. Je n’ai pas de temps à perdre avec un con comme toi. » Je me lève d’un seul coup pour aller en direction de ma valise et y sortir un pyjama blanc, simple. Je ne me sens pas bien, puisque je me rends bien compte qu’il ne m’apprécie pas, et que cela risque d’être ainsi durant toute l’aventure. Et j’ai beau crier haut et fort que je me fous de tout, ce n’est pas vrai. Et ça ne serait jamais vrai. Je jette un regard autour de moi, pour remarquer qu’il n’y a personne dans la pièce. Je fais donc dos à Mickey, n’ayant pas nécessairement envie de me changer devant lui, comme ça, de dos, il ne pourra pas regarder mon corps. M’examiner, me fixer. J’ai un frisson qui traverse mon corps en entier alors que j’enlève ma robe et la laisse tomber sur le sol. J’enfile vite mon pyjama, laissant ma robe sur le sol et ma valise ouverte avant de me glisser sous les draps du côté gauche du lit. « Je dors de ce côté. » Je ne sais pas s’il m’écoute, au moins, je l’ai dit.

« Oh je t'en prie, ne me mets pas dans le même sac que vous tous. » Je soupire à nouveau. Je sens l’énervement se faire de plus en plus pressante en moi. Ce genre d’émotion qui me gagne et qui me fait perdre tous mes moyens, comme si ce qu’il était entrain de me dire était la fin du monde. D’un côté, ce l’était un peu. « Ah mais oui, c’est vrai, qu’est-ce que je dis là, toi t’es un saint, un dieu, un roi !!! » Je parle for à nouveau. À chaque fois qu’il dit quelque chose, je me sens obligée de répliquer, de lui faire comprendre qu’il dit complètement n’importe quoi. Mais bon, tout ça ne mène à rien, c’est d’un ridicule incroyable et c’est ce qui me pousse à m’excuser, à ma manière. Il me remercie, c’est au moins ça de fait. La situation n’est pas réglée, mais au moins, j’ai fait un effort. Ce qu’il ne semble définitivement pas vouloir faire. Alors oui, je l’insulte. C’est un moyen de défense comme un autre. Et je ne compte pas arrêter. Parce que oui, à mes yeux, il agit comme un con en ce moment. Il n’en a rien à foutre de moi et ça me vexe. Ça me pousse à me dire que je vais vivre un enfer à ses côtés alors que je préfèrerais réellement pouvoir l’ignorer. Mais est-ce que c’est possible d’ignorer la personne qui dormira dans le même lit que moi toutes les nuits ? Je ne crois pas, malheureusement. Je me sens épuisée, vide de tout, la colère m’ayant grugé mon énergie, parce que retenir mes émotions était encore plus dure que de les laisser exploser. Je finis par me glisser sous les draps après avoir enfiler mon pyjama, levant les yeux vers Mickey pour remarquer l’expression sur les traits de son visage. Qu’est-ce qu’il y a encore ? « Attends, rassure-moi, tu comptes pas laisser tes fringues trainer dans la chambre ? » Je tourne la tête en direction de ma robe qui traîne sur le sol de la chambre. Je fais des allé-retours entre ma robe et Mickey, ne comprenant pas vraiment où est le problème. Puis subitement il tire les couvertures du lit. Non mais oh, on se calme !! « Debout, tu ramasses tes affaires, et ensuite je te laisse dormir. Allez hop ! » Je le regarde, n’en croyant pas mes oreilles. Non mais sérieusement, il est réellement pire que mon père, j’ai jamais vu ça ! Et alors que j’avais été capable de maîtriser la gamme d’émotions qui avait traversé mon corps depuis les dernières minutes, tout s’envola en un claquement de doigt. Sans attendre un instant de plus, je me lève debout sur le matelas, le dominant maintenant de grandeur. « Oui je vais laisser ma robe là ! Et je vais touuuuut ramasser demain !! Non mais tu vas arrêter de me parler comme si j’étais la dernière des attardées !! T’es réellement la personne la plus énervante de la planète ! » Je parle fort, je ne me possède plus. Il voulait me chercher, il m’a trouvé et ce dès le premier soir. « Tu vas me faire quoi, si je ne la ramasse pas ? HAN, TU VAS FAIRE QUOI ??? » Vas-y, j’ai pas peur de toi mec, j’ai pas peur. De rien, de tout. Je m’en fous.

« Tu peux aussi parler moins fort, hein. Je ne suis pas sourd, et je doute que tes braillements intéressent quiconque. » Non. Non, je ne peux pas parler moins fort. Parce que si je le pouvais, si je pouvais contrôler quoi que se soit, je ne serais pas là à m’engueuler avec lui. Ou peut-être que oui, au fond, parce qu’il est un gros chieur qui adore me faire la morale, on dirait bien. Mais ce qu’il ne comprend pas, c’est que toute cette situation n’aurait pu être évité. Je n’y arrive pas, ça me tue, ça me ronge de l’intérieur. Mais il a vraiment piqué là où il ne fallait pas. Et il allait devoir vivre avec. Il allait devoir me supporter dans les bons comme dans les pires moments. Ce n’était pas de ma faute, moi, si nous avions été mis en couple. Non, sérieusement, si j’avais pu avoir le choix, jamais, au grand jamais, il aurait fait partie de mon premier choix. Sauf que les circonstances sont ce qu’elles sont, alors faudrait peut-être en revenir et arrêter de me reprocher tout ce que je fais. J’avoue, je suis la première à l’insulter. Et oui, ce comportement est loin d’être mature, mais c’est mon moyen de défense. C’est la seule façon que j’ai de me protéger, bien que cela ne fasse pas vraiment de sens au bout de la ligne. Alors je cris, et je cris encore plus fort, comme si le fait d’émettre haut et fort à quel point il m’énerve me permettra de me calmer. Ce qui n’est finalement pas une bonne solution, puisque cela me met encore plus en colère. Je n’ai pas de limite, et même si je sais que je dépasse clairement celles établies par la norme, je ne sais pas quand m’arrêter. Debout sur le lit, j’ai un regard noir, alors que mon cœur bat à une vitesse folle. Il me saisit par la taille sans attendre, pour me faire descendre du matelas, ce qui ne me plait évidemment pas. « J'en ai assez entendu. Si tu veux laisser tout ça trainer par terre tout la nuit, fais-le. Après tout ce ne sont pas mes affaires que les autres candidats piétineront lorsqu'ils remonteront dans cette chambre au beau milieu de la nuit, complètement éméchés après avoir descendu trois ou quatre coupes de champagne. » Non mais on s’en fout. Il a vraiment l’art d’exagérer les choses alors que rien de tout cela n’est grave. « Arrêteeeeee, tu dis n’importe quoi ! Et au pire, ce n’est pas la fin du monde si quelqu’un marche dessus !!! » Voilà, ce n’est pas la fin du monde. Et la robe appartenait à la production, alors je n’en avais rien à faire si elle était un peu froissée. « Je peux néanmoins te dire une chose, ce soir, tu te trouves un autre lit. Tu m'as bien entendu, je refuse de faire lit commun avec une jeune fille aussi bordélique. En somme, je te souhaite bon courage pour te dégoter un endroit où passer la nuit. » Euh… Quoi ? Il plaisantait là. Il croit qu’il a le pouvoir de prendre cette décision. Parce que monsieur n’a pas envie de partager son lit avec moi, alors monsieur aura ce qu’il a. « Toi, t’as qu’à aller dormir ailleurs si je suis si insuportable et bordelique ! Je ne vois pas pourquoi je devrais t’obéir ! Non mais là, c’est la meilleure ! » Je cris, je ris et curieusement, j’ai aussi une forte envie de me mettre à pleurer. Je ris, parce qu’il est ridicule avec cette histoire, et ce n’est certainement pas moi qui passe pour la plus folle des deux. J’ai envie de pleurer, parce que je me sens vidé de toute énergie, et j’ai presque l’impression que je vais m’écrouler sur le sol. Je n’ai pas mangé depuis ce matin, ça non plus, ça n’aide pas à ma cause. « Non mais tu rêves en couleur si tu crois que je vais bouger mon cul de ce lit. » Et sur ce, je retourne sur le matelas, tirant le drap qu’il tient dans ses mains pour pouvoir me couvrir de celui-ci.