La veille, Carmen avait eu le loisir de visiter une partie du nouveau village, à l'image d'une enfant de cinq ans dans un parc d'attractions. Trottinant joyeusement, elle avait profité des environ sous un ciel incroyablement gris sans ne jamais perdre de sa bonne humeur, rarissime. Si la jeune italienne ne perdait jamais une occasion de montrer son vrai caractère seulement, il lui arrivait aussi de retomber en enfance. Penser à cette période difficile de sa vie avec nostalgie et ainsi, perdre ne serait-ce qu'un instant son caractère de cochon pour adopter celui d'une bambina adorable. C'est avec une certaine excitation qu'elle enfila son maillot de bain dans a salle de bain commune, ne prenant pas même garde aux caméra la surveillant, incapable de ressentir une once de gêne. Plusieurs couches de vêtement par-dessus ce bikini et la jeune italienne trépignait, sautillant jusqu'à la piscine joyeusement. Arborant un adorable minois, elle se déshabilla lentement face aux cameras l'épiant à la piscine, jetant chacun de ses vêtements à la manière d'une strip-teaseuse avant de plonger avec sensualité dans l'eau chaude non sans un soupire d'extase. Quelques brasses plus tard, Carmen accueillit avec un sourire angélique l'homme qui se présentait à elle. Incapable de se souvenir si son regard avait croisé le sien l'avant-veille, elle afficha une moue concentrée avant de l'inviter à la rejoindre et lui tendre la main. « Carmen, piacere. » lui lança-t-elle joyeusement, espérant qu'il reconnaisse au moins son accent. Fière, peut-être même un peu trop, de ses origines, la demoiselle ne perdait pas de temps et dès que l'occasion se présentait, oubliait son anglais pour revenir à sa langue maternelle, bien plus chantante. « Rassure-moi, tu n'es pas aussi grognon que mon partenaire hein ? » Autant mettre les choses au clair dès le premier regard, après tout.

Le corps de Carmen se déplace avec aisance dans l'eau qui détend lentement mais sûrement chaque parcelle de son corps. Parfois, un soupire s'échappe de ses lèvres gourmandes, un soupire de plaisir, parce que l'eau chaude et la chaleur du lieux l'emportent et l'enveloppe dans un cocon doucereux duquel elle espère ne jamais sortir. L'espace d'un instant, l'italienne oublia son aventure. Tout ce que Fake Lover était sensé lui apporter. Toutes ces caméras épiant les moindres de ses faits et gestes, zoomant très certainement sur son corps. Qu'importe. De nature peu encline à la pudeur, à la moindre gêne, la blondinette n'avait aucune face à l'exhibition de sa peau laiteuse, de ces formes qu'elle pensait avantageuses. La présence d'Hyram, ses yeux océan la parcourant la satisfit, laissant un frisson de plaisir parcourir son échine tandis que ses billes bleues imitai le jeune littéraire – à un juger par son livre. « Monsieur est poète.. j'adore. » ronronna-t-elle d'une voix ensoleillée, d'un anglais presque parfait, ponctué d'un accent méditerranéen. Cet homme la fascinait, ses mots l'atteignirent comme un plume pouvait la caresser. Légèrement, avec douceur. La poésie la passionnait, les beaux mots également. Bien que Carmen ne sache pas réellement les utiliser, les écouter la ramenait à devenir une enfant de cinq ans écoutant des champs de noël emmitouflée dans un gros plaid au coin du feu. « Continue. » lui intima-t-elle avec sévérité mais toujours d'une certaine douceur, son accent aidant. Pendant qu'Hyram avait dit ces mots, l'avait captivée, Carmen s'était approchée, complètement apprivoisée par cet homme retranscrivant à merveille les plus beaux vers du monde. Ses coudes s'étaient posés avec délicatesse sur le rebord de la piscine, tout près de lui, comme si plus près, plus près encore, elle pouvait s'imprégner de ses mots. « Je vis de petits boulots, je vais de bars en bars, je vol, je tente de gagner ma vie comme je peux. Comme la vie me l'a permit. Mes parents n'ont jamais pu me payer d'études alors, je me débrouille. » répondit-elle, baissant sa garde face à cet homme mystérieux, ténébreux, lui inspirant soudainement confiance. « Et toi, Hyram, parle-moi de toi. »

Carmen était passionnée par cet homme qui symbolisait un ange, une apparition, peut-être. Les mots dévalaient la barrière de ses lèvres charnues à une vitesse folle et leur beauté touchait la jeune italienne en plein cœur. Son sourire en témoignait. Radieux. Ses yeux également. Scintillants. Plus qu'une sirène nageant paisiblement, la blondinette virevoltait, son esprit volant au gré des vers de ce grand brun ténébreux qu'elle enviait. Son anglais parfait, son accent adorable, les mots répliqués à la perfection, les pauses faites au bon endroit et au bon moment rendaient sa voix lascive et affreusement sexy. Appuyée sur le rebord, près de lui, espérant ainsi attraper ses mots au vol et s'en imprégner toujours plus. Hyram était-il capable de déglutir d'autres mots que ceux piquer à de grands auteurs ? Carmen se posait la question, espiègle, tandis qu'elle se présentait à lui telle qu'elle était réellement. Une pauvre fille incapable de s'instruire, incapable d'être heureuse, sans enfance, faute d'argent. Elle ne regrettait rien, n'en voulait à personne pour cette situation et se contentait des petites choses de la vie qui constituaient son bonheur. Il répond à sa question par un vers de Baudelaire et la jeune femme réagit instantanément, affichant une moue boudeuse sur cet adorable minois trempé. Sa main menace de l'éclabousser mais elle se retient, ne sachant pas réellement comment il réagirait. La première semaine, Carmen désirait faire bonne impression bien que son naturel revienne inexorablement au galop. « Je trouve que tu choisis extrêmement bien tes mots, pourtant. » Elle, pauvre filles des rues de L'Aquila (bien que cette ville ne soit pas en soi un ghetto) ayant l'italien comme langue maternel, un italien des rue, apprit à l'école, jamais utiliser autrement qu'à l'écrit. Et il en allait de même pour l'anglais. Hyram quant à lui paraissait poète. Ses mots étaient pesés et réellement bien associés. D'un mouvement vif, poussant sur ses bras, l'italienne s'assit à côté du candidat, qu'elle éclaboussa au passage. Sa main sur sa bouche, son regard mutin. Oups. « Et en même temps, tu as le physique d'un publicitaire. Un physique avantageux, je veux dire » en somme, Hyram était plutôt double, plutôt contrasté. « Tu ne m'en dévoileras pas plus ? » avide d'en savoir d'avantage sur sa vie, ses conviction. Carmen se réjouissait de tout, de rien.