Oh, c'était une mauvaise idée, une très mauvaise idée de mettre seize candidats dans une même chambre. Je le savais puisque je n'étais vraiment pas très facile à supporter dans cette pièce, j'avais quelques petites exigences qui pourraient bien les énerver un jour où l'autre. Les hommes restaient dehors dès que je m'habillais, personne n'avait le droit de toucher à mes affaires, que la première personne levée ne réveille pas les autres, de toujours faire les lits, d'avoir toujours le choix en ce qui concerne le côté du lit, bon cette règle s'applique bien évidemment qu'avec Isis. Je sentais que ces derniers allaient très vite se lasser de moi et ne perdront pas de temps afin de m'exclure de cette première chambre. Nous vivions actuellement notre tout premier réveil dans l'aventure et il faut dire que le mien ne fut pas très discret. « AAAAAH ! » Que se passait-il ? C'était simple, j'avais fait un cauchemar. Je détestais cela et je finissais en pleur à chaque sursaut et ce n'était pas dans le nid que je fis exception, en effet, enveloppée par les draps, je pleurais, je tentais d'être discrète, mais ce fut un échec et j'étais parvenue à réveiller ma partenaire de l'aventure, Isis. La pauvre, en moins de vingt-quatre heures, je me montrais sous mes mauvais jours, allait-elle tenir douze semaines de cette manière ? Elle n'avait guère le choix. En pleur, j'observais ma partenaire qui pour la première fois de la matinée, portait son regard sur ma petite personne. Une mine désolée apparaît sur mon visage. « Ce n'est rien, je suis seulement très contente d'être ici. » Je ne pouvais pas lui dire que j'avais un cauchemar, enfin, ce n'était pas Isis le problème, mais bel et bien les caméras. Je souhaitais prouver à tous que j'étais capable de devenir une femme à part entière dans cette aventure, il me fallait tout juste du temps afin de réaliser cet objectif, en effet, nous ne naissions pas femme, n'est-ce pas ? J'espérais tout de même ne pas avoir énervée la jolie brune, je ne voudrais pas que notre relation se détériore dès le premier jour.

La veille, je n'avais pas mit bien longtemps à m'endormir, parce que mine de rien, la journée avait été plus éprouvante qu'il n'y paraissait. Dire que je m'étais couché tôt aurait été un mensonge, puisqu'il était environ une heure du matin quand j'ai rejoint la chambre. Mais lorsque je me suis couchée, j'étais loin d'imaginer que ma coéquipière me sortirait de mon sommeil réparateur aux alentours de huit heures. « AAAAAH ! », c'est lorsque ce doux cri parvient à mes oreilles en repos que mes yeux commencent à papillonner. Le matin, il ne faut pas m'en demander trop d'un coup, je ne suis jamais vraiment rapidement opérationnelle, alors me réveiller en sursaut est quasiment impossible pour moi. Je me mets sur le dos, regarde le plafond de la chambre pendant une seconde en soupirant avant de finalement réaliser que ma jeune coéquipière vient de crier. Je tourne la tête dans sa direction, et remarque quasi-directement les larmes qui coulent sur ses joues, son teint rosâtre, ses yeux humides et sa façon d'être enroulée dans ses draps. Je lâche malgré moi un petit « Owh.. » désolé. Je n'ai jamais eu l'envie d'avoir des enfants, aussi surprenant que cela puisse paraître. C'est vrai, j'ai jamais vraiment eu l'envie d'enfanter un autre être vivant, notamment parce que je suis persuadée que je ne pourrai jamais m'en occuper correctement et que je serai certainement la plus médiocre de toutes les mères du monde. Cependant, j'aime déjà ma coéquipière, qui est bien plus jeune que moi et qui a l'air d'être vraiment adorable, à défaut d'être sociable. « Ce n'est rien, je suis seulement très contente d'être ici. » Et ça, c'est certainement le mensonge le plus mal formulé de l'histoire de l'humanité. Je lui souris gentiment, histoire de bien lui faire comprendre que quoi que soit l'origine de son problème, je serai présente pour l'écouter. Après tout, je vais passer douze semaines (ou du moins, je l'espère) "en couple" avec cette petite, alors autant être compréhensive et à l'écoute avec elle. Et puis, moi aussi j'ai eu 18 ans, alors je peux comprendre les maux de son âge. « C'est cool alors... » dis-je simplement. « T'as bien dormi ? » Non, je ne suis pas fâchée qu'elle m’aie réveillé, c'est pas grave... Si elle avait pu faire ça une heure plus tard, ça aurait été cool aussi, mais je ne lui en veux pas. Et puis finalement, je chuchote un « Tu veux... un câlin ? », pas très assurée par ce que je propose actuellement. J'ai pas tellement l'habitude de ce genre de marques d'affection, mais si elle en a besoin, je veux bien me porter volontaire.

J'étais très triste, premièrement à cause de ce cauchemar et deuxièmement à cause du réveil de ma partenaire. C'était de ma faute et je m'en voulais terriblement d'avoir réveillé cette dernière qui aurait pu dormir un peu plus longtemps. Nous nous sommes couchés aux environ d'une heure du matin, personne ne méritait d'être coupé dans son sommeil et puis sept heures ce n'était rien du tout, l'être humain était censé dormir un minimum de huit heures par jour si je ne me trompais pas. Peu importe. J'avais crié et je n'y pouvais plus rien, le mal était fait et je le regrettais vraiment, je ne souhaitais pas embêter mon monde dès le premier jour, j'allais devenir très soulante à la longue sauf si ces derniers étaient réellement patients, ce qui me surprendrait plus qu'autre chose. Ma partenaire porta son regard sur le mien, je m'empressais d'essuyer les larmes restantes sur ma joue à l'aide de la manche du haut de mon pyjama. Je sortis un mensonge afin de rassurer la jolie brune, mais cela ne marchait pas, à force de dire la vérité à chaque fois, je ne savais plus mentir, cela me jouera également des tours pour la suite de l'aventure. « T'as bien dormi ? » Ah, peut-être que c'était passé finalement le coup du « j'étais contente », une autre personne n'aurait pas manqué de me traiter de stupide avec ce mensonge. « Oui ça va. » Enfin, à part le fait que j'ai failli me faire tuer dans mon cauchemar, tout allait bien. Je ne souhaitais pas embêter Isis avec toutes ces histoires, non mais sérieusement, elle avait sûrement mieux à faire que de m'écouter raconter cela, cette dernière n'était pas ma mère et encore, ma mère m'aurait sûrement coupée avant la fin de mon histoire. « Tu veux... un câlin ? » Elle était décidément la meilleure partenaire que je pouvais avoir. Je ne pus m'empêcher de sourire à la jolie brune avant de m'approcher de cette dernière pour la prendre dans mes bras. « Merci. » Enfin une personne rassurante dans ce jeu.