En arrivant dans cette aventure, je ne pensais pas avoir de contact avec l'extérieur, restés enfermés et seuls avec les candidats, le temps allait être long, mais c'était bien avant que j'apprenne que tous les candidats sans exception avait un blog. Je ne me pré-occupais pas de ça, il faut dire que je ne connaissais pas le mode de fonctionnement, il faut dire que moi et les outils informatiques - je supposais que c'était sur ordinateur - ça faisait deux, voir trois. Jusqu'à aujourd'hui, j'étais quelque peu effrayée de demander de l'aide à un autre candidat par peur de me faire passer pour une inculte ou je ne sais quel autre défaut, je souhaitais toujours être parfaite dans toutes les circonstances et dès que je ne pouvais pas, je préférais prendre la solution de facilité, c'est-à-dire l'abandon. Je comptais changer, je souhaitais maintenant demander de l'aide à une personne, mais où était donc Isis ? La première personne qui me vint à l'esprit, mais cette dernière était introuvable, m'avançant sans le savoir jusqu'au salon, je tombais nez à nez avec Mado. Mon dieu, Mado. L'une des candidates, si ce n'est la candidate qui me faisait la plus peur. Je ne la connaissais pas, mais d'après plusieurs personnes, elle n'était pas très facile à supporter, j'avais réussi jusqu'à présent de l'éviter, mais j'étais bien obligée de lui faire face en ce moment précis. Nous pouvions lire sur mon visage la peur que j'avais envers la jolie Mado, d'ailleurs, la jeune femme n'avait pas l'air de comprendre pourquoi. Revenons-en à mon soucis, mon blog, je souhaitais mettre un commentaire avant de quitter l'aventure, mais quoi ? Que mettre ? Elle allait peut-être m'aider. « Dis, hm .. » Toujours légèrement effrayée, j'eus l'impression que cette dernière allait me gifler, pourquoi ? Je n'en savais absolument rien. Disons que les impressions des autres candidats m'étaient restés dans le crane. « Je ne sais pas quoi mettre sur mon blog, tu voudrais bien m'aider à trouver une petite phrase, un commentaire, enfin je ne sais pas quoi pour poster un truc. » Ou sinon, j'aurais pu partir sans pour autant lui demander de l'aide. Elle était la première personne que je voyais après mon idée, j'allais pouvoir observer son comportement par mes yeux, elle n'était peut-être pas si méchante que ça, j'avais le don d'exagérer les choses, je la prenais limite pour une sorcière.

Qu'on se le dise, Mado n'était pas serviable. Elle avait beau avoir l'esprit d'équipe dans certaines occasions et être disposée à faire preuve d'un minimum de pitié lorsqu'un cas lui semblait mériter sa clémence, elle n'en était pas pour autant du genre à rendre service à tout va, à dépanner n'importe qui simplement pour aider. Aider, c'était bien une chose qu'elle faisait rarement. Et étrangement, les autres semblaient l'avoir compris, car peu nombreux étaient justement ceux à se risquer à lui demander de l'aide. Sans doute parce qu'elle ne dégageait rien de franchement positif et qu'on avait tendance à se méfier d'elle. Sa réputation la précéderait-elle ? C'est ce qu'elle se mit à imaginer lorsqu'une jeune femme s'approcha d'elle en affichant une mine embarrassée, mais surtout partiellement craintive. Alors quoi, Mado faisait-elle si peur que ça ? Après avoir traumatisé Mason, allait-elle récidiver ? Telle n'était pas son intention, simplement, cet air peureux l'intriguait. Est-ce qu'elle avait déjà bouffé quelqu'un ? Non, sérieusement, est-ce qu'elle avait déjà donné à quiconque une raison de véritablement avoir peur d'elle ? Dans ses souvenirs, non. Elle n'avait tué personne, ni menacé quiconque. Tout ça n'était que les conséquences d'idées reçues assez regrettables, à ses yeux. Elle n'était ni un monstre, ni un être décidé à exterminer son prochain. Elle pouvait même se montrer pour le moins avenante et compréhension selon ses rencontres. Bien sûr, il était certain que Mado avait un sale caractère, qu'elle était impulsive et parfois un peu injuste, mais elle n'en était pas moins un être humain. Il fallait simplement la prendre avec des pincettes, ne pas lui chercher des noises, ne pas chercher à l'embrouiller, car là elle pouvait effectivement devenir méchante. Dans la majorité des cas, sinon, elle était disposée à agir normalement. Enfin, à sa manière quoi. Sa camarade, après avoir semble-t-il hésité, lui demanda alors si elle pouvait l'aider - outch - à poster quelque chose sur son blog. Hm, comment lui dire qu'elle s'en foutait un peu, quand même ? « Pourquoi est-ce que je ferais ça ? Je veux dire, tu n'as rien à m'offrir en échange, et je place mes intérêts personnels avant ceux des autres, alors ... pourquoi ? Pourquoi partir du principe que ça pourrait m'intéresser ? Je n'ai aucun intérêt à te rendre service. Aucun. » D'accord, Mado était parfois un peu dure. Mais elle était surtout perpétuellement étonnée par la naïveté des plus jeunes d'entre eux. Cette fille ferait un beau mariage avec Mason, elle en était certaine. « Si tu ne trouves rien à dire, c'est peut être parce qu'il n'y a rien à dire, justement. » Elle disait ça comme ça, elle, c'est tout. Si cette jeune femme n'était pas inspirée d'elle-même, c'était peut être la preuve qu'elle n'avait tout bonnement rien à poster. « Tu pourras toujours te vanter d'avoir survécu à notre rencontre, vu que tu m'as l'air un peu flippée là. » Comme si Mado allait lui faire du mal, non mais oh, quand même pas.

Pourquoi avoir crée ce système de blogs ? Personnellement, je ne comprenais pas grand-chose à tout ce baratin, étais-ce trop difficile pour moi ou alors je devais prendre un peu plus de temps afin de regarder tout cela. Parmi cela, ma première idée fut de demander de l'aide à l'un des vingt-cinq candidats encore présents dans l'aventure et malheureusement, je tombais sur la personne la moins serviable de l'aventure, pour ma défense, je ne les connaissais pas tous. Cette personne était Mado. Nous connaissions tous Mado dans cette maison, non pour sa beauté et sa gentillesse extrême, mais bien pour le contraire. Non pas qu'elle était moche, mais son caractère laissait à désirer. « Pourquoi est-ce que je ferais ça ? Je veux dire, tu n'as rien à m'offrir en échange, et je place mes intérêts personnels avant ceux des autres, alors ... pourquoi ? Pourquoi partir du principe que ça pourrait m'intéresser ? Je n'ai aucun intérêt à te rendre service. Aucun. » Exactement, cela laissait à désirer. En premier lieu, je fus surprise de sa réponse, mais en y réfléchissant bien, je me suis dit que c'était évident. Je devais m'attendre à ce genre de réponse et pourquoi pas préparer ma réponse à l'avance, mais sur le coup, je ne savais pas quoi dire. Je me contentais de hausser les épaules afin de le laisser terminer ce qu'elle avait à dire. « Si tu ne trouves rien à dire, c'est peut-être parce qu'il n'y a rien à dire, justement. » J'étais bel et bien forcée à croire qu'elle avait raison, je baissais légèrement la tête avec ma petite mine triste d'une gamine de huit ans, c'était ce que je faisais de mieux, d'ailleurs. « Tu as sûrement raison. » Il n'y avait plus aucune raison pour prendre le temps de Mado, la candidate avait sûrement mieux à faire en ce moment que de discuter avec moi. « Tu pourras toujours te vanter d'avoir survécu à notre rencontre, vu que tu m'as l'air un peu flippée là. » Moi ? Non, du tout, enfin quand même un peu, mais j'essayais tant bien que mal de ne pas le montrer, ce qui était un échec vue la phrase de la jeune femme. Il était maintenant temps que je parte afin de laisser Mado dans ces occupations. « Tu n'es pas obligée d'être si désagréable. » Oh mon dieu, qu'avais-je fais ? Là, je sentais la gifle arriver. Je ne savais pas ce qui m'avait pris en ce moment même, j'aurais mieux fait de me taire.

Cette jeune femme était un peu trop naïve, somme toute. Elle arrivait, telle une petite fleur innocente, et venait demander de l'aide à celle qui était assurément la moins disposée à lui accorder la sienne, justement. Mado n'était pas du genre serviable, et n'était guère plus sympathique généralement. Et clairement, elle ne comptait pas se montrer sous un jour fourbe et superficiel simplement pour gagner l'affection de sa camarade. Alors non, elle ne fit pas l'effort d'aller contre son naturel, qui avait encore une fois besoin de pleinement s'exprimer. Elle n'avait en effet rien à gagner si elle venait à rendre service à sa camarade. Celle-ci n'avait assurément rien à lui offrir en contre-partie et vu qu'elle se fichait pas mal du karma et de toutes ces conneries, elle se voyait assez mal faire ça gratuitement. Cela n'était pas tant un refus qu'une manière comme une autre de lui faire comprendre qu'elle ne s'était tout bonnement pas adressée à la bonne personne. Il y avait plein d'autres candidats par ici, plus sympathiques que Mado, mais surtout plus disposés à offrir leurs services sans rien attendre en retour, de manière tout à fait désintéressée. Qu'elle aille demander à Luce, à Fitz ou bien à Israël, elle serait assurément bien mieux reçue. En tous les cas, Mado avait tendance à penser que la raison pour laquelle sa camarade ne trouvait rien à poster sur son blog, c'était qu'elle n'avait tout simplement rien à y dire. Pourquoi chercher midi à quatorze-heures ? Si l'inspiration ne venait pas, alors autant ne pas insister et renoncer à l'idée de mettre son blog à jour. Après, si vraiment elle y tenait, c'était à elle de faire en sorte de trouver. Mado, elle, venait justement de dire qu'elle n'était pas franchement certaine que ça puisse l'intéresser, pour ne pas dire qu'elle était sûre que ça n'était pas le cas, hm. Donc oui, elle avait raison. Elle n'aimait pas nécessairement donner à cette jeune femme l'impression qu'elle lui faisait perdre son temps, mais autant se rendre à l'évidence, ses histoires de blog n'étaient pas censées l'intéresser. Elle semblait en tout cas relativement effrayée, ou en tout cas angoissée par cette rencontre. Est-ce que la réputation de Mado avait joué contre elle ? Ou bien avait-elle simplement une mauvaise aura ? Elle disait en tout cas de Mado que celle-ci était désagréable. Sa question, elle, laissa la brune perplexe. « Je ne suis pas obligée, c'est vrai. Et contrairement à ce que l'on peut croire, je ne le fais pas exprès. Je suis juste comme ça, peu avenante, peu sympathique. Je ne suis pas de ceux que l'on affectionne de suite. Je ne suis pas de ceux que l'on affectionne tout court, en fait. » Ici, elle n'avait qu'Ezra, et un ou deux candidats susceptibles de ne pas la juger comme les autres le faisaient. Elle n'irait pas jusqu'à dire qu'elle se sentait seule, mais disons qu'elle n'était pas franchement entourée, hm. « Pour ton blog, ne te prends pas trop la tête. Rien ne sert de tout planifier. Tu peux simplement poster une pensée qui te parvient spontanément, une photo que tu viens de prendre ... Ce sera plus "naturel" que si tu organises tout un truc vachement calculé. Tu ne devrais avoir besoin de l'aide de personne, en soi. » Ce n'était même pas un reproche, simplement une opinion qu'elle préférait lui communiquer. Et puis, dans un certain sens, elle décidait finalement de l'aider. Oui, quelques fois, Mado ne se comprenait pas elle-même.

Je regrettais de mettre adressée ainsi à Mado, mon ton n'était pas agressif, mais je me sentais très mal, si la jeune femme était désagréable, ce n'était peut-être pas de sa faute. Je me mis à cet instant à penser à plusieurs raisons de ce caractère, un problème dans sa famille ou peut-être alors son secret, tout simplement. Trois semaines que le jeu avait débuté et il fallait dire que la chasse aux secrets n'étaient pas réellement pris au sérieux par la plupart des candidats, enfin disons plutôt que nous nous en occupions pas. Je pensais faire changer cela et me concentrer sur le secret de Mado puisqu'elle m'intriguait de plus en plus, j'espérais à ce moment même de ne pas faire partie des deux nominés annoncés par Cupidon ce soir aux environ de dix-huit heures. Il n'y avait que cinq personnes nominables et j'en faisais malheureusement partie. « Je ne suis pas obligée, c'est vrai. Et contrairement à ce que l'on peut croire, je ne le fais pas exprès. Je suis juste comme ça, peu avenante, peu sympathique. Je ne suis pas de ceux que l'on affectionne de suite. Je ne suis pas de ceux que l'on affectionne tout court, en fait. » Elle ne le faisait pas exprès, je ne pensais vraiment pas le contraire, l'idée qu'elle ne soit pas si méchante que ça me vint à l'esprit et si les autres candidats avaient exagérer en ce qui concernait le comportement de la brune ? Et si moi j'avais exagéré à ce sujet ? Je devais sûrement revoir mes propos. « Pourquoi tu te comportes comme ça ? Enfin, je sais, tu ne le fais pas exprès, mais il y a une raison ? Ton passé ? Ton enfant ? » J'avais entendu qu'elle avait un enfant, c'était peut-être le problème. Je n'en savais rien et ce n'était peut-être pas une bonne idée de ma part d'endosser le rôle de psy, cela m'allait pas du tout et puis Mado ne serait certainement pas la patiente idéale. « Pour ton blog, ne te prends pas trop la tête. Rien ne sert de tout planifier. Tu peux simplement poster une pensée qui te parvient spontanément, une photo que tu viens de prendre ... Ce sera plus "naturel" que si tu organises tout un truc vachement calculé. Tu ne devrais avoir besoin de l'aide de personne, en soi. » Oh oui, avec ce sujet, j'en avais même oubliée mon problème en ce qui concernait le blog. J'écoutais attentivement la réponse de mon interlocutrice qui peut-être sans le vouloir m'avait aidée, en effet, la jeune femme vint me mettre une idée dans la tête. Une photo. « Tu me laisserais prendre une photo de toi ? » Elle m'avait donné l'idée, c'était une façon ou d'une autre de la remercier, enfin, c'était ce que je pensais après avoir posé ma question à cette dernière.

Oula, mauvaise idée. Très mauvaise idée d'essayer d'analyser le comportement de Mado. Tout simplement parce qu'il était des plus ambivalents et parfois dénué de toute logique apparente. Mado était tout simplement une fille compliquée. Parfois complètement impossible à comprendre, à suivre, à saisir. Elle était désagréable la plupart du temps, oui. Mais elle ne le faisait pas exprès, non. Pour autant, se risquer à se poser tant de questions au sujet de son cas n'était pas l'idée du siècle, non, clairement pas. C'était même un coup à se donner la migraine. Car Mado détestait les questions. Et puisqu'elle les détestait, il est certain qu'elle s'employait soit à ne pas y répondre, soit à embrouiller le malheureux qui avait cru judicieux de s'interroger à son sujet. Diana pensait sans doute bien faire, ou était peut être simplement intriguée par l'énigme qu'était en soi Mado, mais il aurait tout de même été préférable qu'elle s'abstienne de se lancer dans ce genre d'interrogatoires. C'était un peu malvenu, maladroit surtout, et un brin personnel tout de même. « T'es de la police ? » demanda-t-elle alors subitement, le ton amer et la mine grave. Elle voulait rarement adopter une telle attitude, mais elle s'y sentait souvent forcée. C'était finalement comme une carapace qu'elle mettait en avant pour se protéger. « Y'a moyen de faire venir mon avocat, ou ... ? » Réflexe typique de la Mado contrariée : se foutre gentiment de la gueule d'autrui. « Tes questions m'emmerdent. J'ai pas à y répondre. » Elle était sèche et ferme, parce qu'elle ne voulait simplement pas avoir à lui fournir la moindre réponse. Il y avait des choses qui ne regardaient personne. Il y avait des choses qui ne regardaient qu'elle. Heureusement que Mado fut plus disposée à tenter malgré tout d'aider sa camarade, avec son histoire de blog. En soi, ça ne la concernait pas, et elle avait très doucement tendance à s'en foutre, mais au moins ça la calmait. Ce n'était pas négligeable. Mais lorsque sa camarade lui demanda si elle pouvait prendre une photo d'elle, la brune ne put que sourciller, preuve de sa perplexité. « J'ai toujours eu un peu de mal avec les photos » avoua-t-elle, plus pour se montrer honnête que pour refuser sa demande. D'ailleurs, elle ne la refusa même pas. « Mais je suppose que je peux faire un petit effort. » Oui, une fois n'étant pas coutume, elle pourrait se laisser prendre en photo. Et genre souffrir deux secondes. Ouais, allez, disons qu'elle survivrait.