Cette aventure était bien trop unique et rare pour être gâchée uniquement pour un mec, c’était ainsi que je concevais ma nouvelle philosophie de vie et je m’en sortais plutôt bien depuis. Il faut dire que je n’avais pas recroisé Israel plus d’une minute et je m’étais arrangée pour ne pas trop lui adresser la parole. C’est tout bonnement terrible de lui tenir rigueur du fait qu’il soit sous le charme d’un autre et je le savais mais je m’étais fait de faux espoirs et toute l’étendue de ma frustration s’exprimait ainsi par l’aigreur que je lui accordais. Chacun sa manière d’exprimer sa colère. Maintenant j’étais de nouveau en forme, après ma nomination de laquelle j’avais pu réchapper de justesse alors que Maverick avait été éliminé et le fait que je sois certaine d’être présente dans l’aventure au minimum quinze jours supplémentaires je peux vous dire que tout allait pour le mieux. D’ailleurs je ne sais pas vraiment pourquoi est-ce que je m’étais retrouvée à faire un tour dans la bibliothèque, un lieu que je n’appréciais pas réellement dans la vie de tous les jours mais toujours est-il que je me retrouvais quand même ici face à Emilien. Le jeune homme était déjà installé lorsque j’avais mis les pieds ici et même si au départ je ne voulais pas le déranger je m’étais souvenue d’une petite discussion et d’un type de jeu qu’il m’avait proposé récemment, il ne s’était surement pas rendu compte qu’il m’avait surprise mais, je peux vous le dire, ses propos n’étaient pas tombés dans l’oreille d’une fille sourde. De plus, je ne voulais pas qu’il soit aussi sympathique et en prenne plein la gueule à cause d’une connasse nommée Harlow qui n’arrêtait jamais de le prendre et de le jeter, c’était tout bonnement inadmissible à mes yeux. « On se le fait ce strip quelque chose ? » Lui demandais-je taquine, okay j’avais besoin d’un passe-temps et alors ?

Il avait trouvé refuge dans ce lieu. A la bibliothèque. Il n’y avait pas un chat dans cet endroit, ça ne devait pas être le lieu dont tous les candidats étaient friands. Les livres, devoir lire, ça devait être une corvée pour certains. Leur lecture devait certainement s’arrêter à celle des notices de construction des meubles, et encore… il n’y avait même pas besoin de lire pour ça. Il suffisait juste d’observer avec attention le schéma dessiné. Enfin, Emilien n’était pas venu ici pour philosopher sur l’intelligence et la culture des autres. Il n’était pas non plus là pour parler de lui. Il était venu pour lire, certainement. Après tout, dans une bibliothèque, il n’y avait que cela à faire. Il prit l’un des premiers livres qui lui tomba sous la main. L’Ecume des Jours, de Boris Vian. Le petit bijou littéraire en main, il s’installa sur l’une des tables. Il aurait pu partir ailleurs, pour aller lire tranquillement. Il aurait pu s’installer sur l’une des chaises de la terrasse, ou encore sur le balcon, ou au bord de la piscine. Il aurait pu, oui. Mais aujourd’hui, il avait décidé de rester enfermé. Resté enfermé dans ce petit lieu suintant l’érudition. Il se lança alors dans la lecture de ce livre. Dévorant chaque mot, chaque énoncé avec un certain appétit. Mais rapidement, son instant d’échappatoire fut interrompu. Il releva la tête. La releva tout du doucement. Posant sa main sur sa page, pour ne pas perdre la ligne qu’il était entrain de lire. Alecia, c’était elle. Elle venait de lui demander quelque chose d’un peu audacieux. Elle lui demandait s’ils se le faisaient leur strip-quelque chose. Emilien fronça légèrement les sourcils. Un petit « euh… » s’échappa de sa bouche avant qu’il prenne la parole. « Ce n’est pas vraiment l’endroit approprié pour faire une telle chose… ». S’adonner à un jeu où l’un des principes consistait à se déshabiller ne se faisait pas dans un tel endroit. Surtout pas une bibliothèque. Les auteurs défunts s’en retourneraient dans leur tombe. Quoique, un certain marquis de Sade apprécierait peut-être cet instant. Il cligna des yeux plusieurs fois. Peut-être toujours un peu surpris par les paroles tenues par Alecia. « … Et … tu sais quand j’ai proposé ça, je ne t’étais pas sérieux… ». Non, il n’était pas du tout sérieux. Et il espérait qu’Alecia l’ait comprit, cela. Mais à croire que ce n’était pas le cas.

Les derniers jours avaient été trop lourds, trop sérieux pour moi et je ressentais comme un besoin vital de me vider la tête tout en passant du bon temps, c’est ce qui me revenait en tête alors que je me retrouvais face à Emilien. Il plaisantait probablement lorsqu’il m’avait proposé de faire un strip-poker ou tout autre jeu qui commençait par le mot strip et qui consistait à ce qu’au final l’une des personnes se retrouve plus ou moins à poil mais je me disais qu’il ne serait pas trop mal de pousser le jeune homme dans ses retranchements, ce n’est pas comme s’il avait pour habitude d’avoir l’air complètement décomplexé et prêt à faire des activités exubérantes, non, il me ressemblait bien plus qu’on ne pouvait le penser au départ, lui aussi n’était pas vraiment attiré par le sexe gratuit juste pour dire de se vider un coup comme ça, il ne cherchait pas forcément à plaire à tout le monde ni à faire des activités excentriques à souhait, non il était très simple et bien trop gentil, c’est lors du prime alors que tout s’écroulait comme un château de cartes pour moi que je l’avais compris. Aujourd’hui j’étais bien décidée à le délurer un peu tout en faisant de même pour moi par la même occasion, il était hors de question qu’il continue à être le pauvre con aux yeux des autres et tout particulièrement d’une certaine fille nommée Harlow, elle le prenait et le jetait lorsqu’elle n’en avait plus besoin et je trouvais ça vraiment pitoyable. « Ce n’est pas vraiment l’endroit approprié pour faire une telle chose… » Parce qu’il y avait un endroit précis pour un strip je ne sais quoi ? Non, on est d’accords. Mauvaise raison, je m’attendais à ce qu’il se confesse enfin sur sa volonté de passer outre. « … Et … tu sais quand j’ai proposé ça, je ne t’étais pas sérieux… » Je soupirais répondant du tac au tac en lui piquant son bouquin par la même occasion. « Bon écoutes, maintenant arrêtes un peu de faire le rabat joie, tu as clairement besoin de te décoincer un peu si tu vois ce que je veux dire ! » De toute manière il n’aurait pas le choix, je n’allais pas le lâcher de la journée s’il me disait encore non. « Je reviens j’ai une idée ! » Je marchais jusque dans le cellier pour prendre un petit quelque chose revenant vers Emilien. « Tiens, prends une gorgée ça te feras du bien ! » Je lui tenais ma bouteille de vodka, quoi ? Je ne suis pas alcoolique, je sais juste comment on peut faire pour être moins coincé.

Il fallait croire qu’Alecia avait pris au pied de la lettre les propos d’Emilien, lors de leur dernière soirée passée ensemble. Pourtant, il n’avait pas été sérieux dans ses dires, et elle devait bien se douter que cette invitation à l’un de ces jeux osés n’était pas franchement du genre d’Emilien. Comme si lui, le petit gars tranquille, s’adonnait à ce genre de jeux… Il espérait au fond de lui qu’Alecia rigolait en disant cela. Qu’elle se moquait de lui. Se moquer de lui, elle aussi. Pourtant, elle n’avait pas l’air de rigoler. Surtout quand il remarqua la façon dont elle lui retira son livre des mains. Il lui lança un bref regard. Ce petit regard qui voulait dire « non, mais tu es sérieuse, là ? », voyez-vous. Elle lui dit alors d’arrêter de faire son rabat-joie. Emilien fronça un peu plus des sourcils au fur et à mesure des paroles de la jeune femme. D’après elle, il avait besoin de se décoincer. Se décoincer, être coincé ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? C’était quoi la norme pour être catalogué dans la case des coincés, et celle des décoincés ? Comment pouvait-on savoir si on était coincé ou non ? Il devait il y avoir des normes bien définis par notre société, n’est-ce pas ? Elle avait fini par un « tu vois ce que je veux dire »… Clairement non. Non, il ne voyait ce dont elle parlait et surtout où voulait-elle en venir. Il n’avait pas besoin de se décoincer lui. Pourquoi se décoincer ? Alecia finit par se lever, et disparut. Elle aurait une idée, apparemment. Emilien voyait d’un mauvais œil les propos de la jeune femme. Lorsqu’elle était partie, il en profita pour reprendre son livre. Il n’allait quand même pas le priver de ce petit moment de lecture. Il sursauta doucement lorsque la voix d’Alecia retentit au creux de ses oreilles. « Tiens, prends une gorgée ça te feras du bien ! ». Il lança un regard critique à la bouteille d’alcool que la jeune femme lui présentait. De l’alcool, de la vodka plus précisément. Etait-elle sérieuse là ? Emilien secoua doucement la tête. Non. Lui, il ne voulait pas boire une gorgée de ça. « Je n’ai pas soif… » déclara-t-il, en repoussant la bouteille à l’aide du revers de sa main. Alecia le regarda intensément. Peut-être un peu trop même. « Tu… tu ne vas quand même pas m’obliger à boire ? ».

J’avais toujours apprécié le caractère posé d’Emilien, il était un jeune homme innocent qui ne cherchait pas à faire le buzz en entrant dans cette émission, nous étions tous les deux très semblables mais lors du prime il m’avait vraiment brisé le cœur, Harlow avait été une telle salope avec lui que la nausée me reprenait rien que d’y penser. Non, c’était décidé, tous les deux nous étions toujours ceux qui nous retrouvions abandonnés au pied du mur et ça allait changer, pour une fois nous allions prendre du bon temps sans avoir besoin de quelqu’un d’autre. Avant cela je devais néanmoins faire comprendre à Emilien qu’il était peut-être trop coincé, un peu comme moi et qu’il était important que pour une fois il puisse lâcher prise quitte à se taper une cuite. Okay, ce n’était pas un remède miracle mais un très bon moyen pour voir qui était l’Emilien pompette qui faisait le con et délirait sans avoir une certaine retenue. Je souhaitais aujourd’hui lui briser ses chaines et je savais qu’il allait être plus difficile que prévu de le convaincre, sa proposition que j’avais prise au second degré le soir où il me l’avait proposée était placée dans un contexte différent aujourd’hui et même si je ne tenais pas à le voir nu après l’avoir battu à un jeu, puisque nous savions tous que j’étais très forte aux jeux (a), je me disais que ce serait un bon moyen de rigoler. Revenant de la cuisine avec une bouteille de vodka neuve que je lui tendais je pouvais percevoir son regard accusateur. Les parents du jeune homme allaient surement me haïr devant leur télévision, moi qui délurais leur petit chéri. « Je n’ai pas soif… » Je ne le quittais pas une seule seconde du regard, il n’allait pas s’en sortir comme ça, croyez-moi. « Tu… tu ne vas quand même pas m’obliger à boire ? » Je soupirais répondant du tac au tac en prenant place face à lui sur une chaise. « C’est une idée… Non mais sérieusement, Emilien arrêtes d’être aussi sérieux deux minutes, tu n’as pas envie de montrer à Harlow que toi aussi tu sais t’amuser sans avoir besoin d’elle et je parle sans sous-entendus, je ne compte pas te droguer pour te violer ensuite ! »

Emilien se demandait bien ce qu’il pouvait bien se passer dans la tête d’Alecia. Jamais, il ne se serait imaginé la jeune femme entrain de lui proposer de boire de l’alcool. Emilien fronça un peu plus les sourcils face à la bouteille qui semblait ne plus vouloir le quitter du regard. Il releva alors la tête, observant les traits du visage d’Alecia. Elle ne semblait décidément pas rigoler. Et elle ne perdit pas d’ailleurs une seconde pour répliquer. A croire qu’elle avait prévu chaque réplique d’Emilien à l’avance et qu’elle saurait avec exactitude ce qu’elle allait lui répondre. Vraiment ? Avait-elle préparé ce vil plan dans son coin ? Il lui lança un regard critique. Il fallait qu’il arrête d’être aussi sérieux, selon elle. Pourquoi arrêter d’être ce qu’il était ? Emilien haussa les épaules. Un haussement d’épaule d’indifférence. Il ne put s’empêcher de baisser du regard, à la simple évocation du prénom d’Harlow. Elle lui demandait alors s’il n’avait pas envie de montrer à Harlow que lui aussi, il savait s’amuser, et sans elle. Mais pourquoi devoir lui montrer cela ? Puisqu’elle se fichait de lui. Ca ne servait à rien ça. A rien du tout. Emilien laissa échapper un long soupir de sa bouche, avant de daigner reporter son attention sur Alecia. « Je n’ai pas envie de me rabaisser à ce genre de chose, Alecia. J’veux dire par là, je ne veux pas boire juste pour prouver que je sais m’amuser, ça n’a pas de sens ça. Je sais m’amuser… souffla-t-il alors, avant de marquer une brève pause. Et… je n’ai rien à montrer à Harlow. Et je ne vois même pas pourquoi tu me parles d’elle. » lâcha-t-il finalement, un brin amer. Il ne voulait pas parler d’Harlow, lui. Il ne voulait plus. Ca ne servait à rien de parler d’elle.

Je n’étais pas persuadée du fait qu’Emilien allait être bien coopératif mais je ne perdais pas espoir pour autant, tôt ou tard il allait finir par prendre cette bouteille et en boire au minimum une gorgée, ce n’était qu’une question de temps et j’étais certaine de réussir mon coup. Pourquoi est-ce que j’embêtais le jeune homme comme ça ? Parce qu’il parvenait à m’émouvoir et je voulais vraiment qu’il se vide la tête pendant un temps pour sortir du cadre bien trop sérieux que c’était sa vie, certes il pouvait se perdre momentanément en chemin mais qu’est-ce que ça pouvait importer qu’il ne se reconnaisse pas pendant une heure ou deux ? Ne voulait-il pas essayer une fois dans sa vie de voir ce qu’il pouvait faire d’autre que d’être reconnu pour son sens de l’assiduité intellectuelle ? Okay il était un beau garçon sérieux mais au-delà qu’est-ce qu’on pouvait dire de lui ? « Je n’ai pas envie de me rabaisser à ce genre de chose, Alecia. J’veux dire par là, je ne veux pas boire juste pour prouver que je sais m’amuser, ça n’a pas de sens ça. Je sais m’amuser… » Je répondais en lui coupant la parole, la politesse était quelque chose de fondamental pour moi mais si je faisais tous dans les normes il allait finir par me trouver un argument que je ne saurais pas réfuter et là je serais dans de sales draps. « Tu sais t’amuser ? Prouve-le ! » Mon regard était plus que défiant, je voulais le pousser à bout quitte à ce qu’il me déteste pendant un temps mais je savais qu’au fond ça lui ferait plus de bien qu’autre chose de s’échapper ne serais-ce qu’un petit moment, nous avions tous besoin de mettre en pause notre vie de temps en temps pour se ressourcer. « Et… je n’ai rien à montrer à Harlow. Et je ne vois même pas pourquoi tu me parles d’elle. » Je ne m’étais pas montrée très fine, en réalité je n’aimais pas Harlow alors je ne vois pas pourquoi je jetterais Emilien dans la gueule du loup, c’était un autre motif que j’invoquais en réalité. « Je parle d’elle parce que j’ai envie que tu puisses montrer à cette connasse que tu es tellement mieux qu’elle et que jamais malgré ses tentatives elle ne pourra être une aussi belle personne que toi ! » Rapport avec le jeu et l’alcool ? Aucun mais j’étais sincère, le reste passait juste comme un moyen honorable de nous amuser un moment sans se prendre la tête.

Emilien ne voulait pas boire, il ne voyait pas l’intérêt à tout ceci. Boire ? On buvait quand on avait soif, n’est-ce pas ? C’était de la pure logique. Emilien ne comprenait pas pourquoi Alecia voulait le faire boire. Si elle voulait faire boire quelqu’un, elle aurait dû faire s’attaquer à une autre personne, à un autre candidat. A n’importe qui, sauf à Emilien. Boire, ce n’était pas franchement son genre. Puis c’était quoi cette fâcheuse idée qu’elle avait en tête. Celle qu’il ne savait pas s’amuser. Evidemment, il savait s’amuser. Comme tout le monde. Il avait juste d’autres amusements que les autres. Jouer de la musique, lire de la littérature antique, ça c’était amusant pour lui. Chose que d’autres trouveraient barbants. Il savait aussi faire d’autres choses plus communes comme par exemple raconter des petites histoires vaseuses, pas très drôles. Il avait un humour douteux, c’est tout. Elle s’exclama de quelques mots. Qu’il devait prouver, le prouver qu’il savait s’amuser. Comme si c’était nécessaire cela. Mais non. Lui, il ne voulait pas le prouver. Pourquoi devrait-il le faire ? Il n’y avait pas de raison à cela. Alecia finit alors par mentionner le prénom d’Harlow. Il ne voulait plus entendre parler d’elle, pas pour le moment en tout cas. Puis, il n’avait rien à lui montrer. Un soupir s’échappa des lèvres du jeune Suisse. « Je parle d’elle parce que j’ai envie que tu puisses montrer à cette connasse que tu es tellement mieux qu’elle et que jamais malgré ses tentatives elle ne pourra être une aussi belle personne que toi ! » lui dit-elle alors, en guise de réponse. Cette connasse. Elle devait certainement parler d’Harlow. Oui, ça devait être ça. A croire qu’elle ne la portait pas dans son cœur. Peut-être qu’Alecia n’appréciait pas Harlow, qu’elle ne l’aimait pas. Emilien prit une grande inspiration, et se saisit alors de la bouteille. Il ne savait pas vraiment pourquoi il venait de le faire, ni quelle raison qu’il venait de le pousser à faire cela. Peut-être les paroles d’Alecia.. Il se munit d’un des petits shooters que la jeune femme d’apporter. Il le remplit et finit par le pousser à l’aide du revers de sa manche à Alecia. Si elle voulait boire, elle n’avait qu’à le faire. «Ce n’est franchement pas sérieux là, Alecia... » soupira-t-il, en secouant légèrement la tête. D’un côté, ce n’était peut-être pas l’intérêt d’Alecia, que ce soit sérieux. « …Et tu comptes faire quoi avec ça ? A part boire ? ». Non, parce qu’autant boire, lui, il aurait préféré que ce soit une bonne bouteille de vin. Du Bordeaux, du Saumur, du Saint-Nicolas de Bourgueil, du Chinon, enfin du bon vin français quoi. Pas de la vodka.

Plus le temps passait et moins je percevais un intérêt à faire boire le jeune homme. En réalité je ne savais pas pourquoi est-ce que je souhaitais réellement le voir prendre du bon temps tout en décompressant et buvant de l’alcool. Je ne tenais surtout pas à le rendre alcoolique ou juste le voir dégueuler partout parce qu’il n’était pas habitué. Non, je pense qu’au fond je souhaitais juste découvrir une nouvelle partie de la personnalité d’Emilien, découvrir plus en profondeur sa vie, ses cassures et c’était quelque chose qui passait moins péniblement pour la personne qui se confiait lorsque l’alcool rendait plus joyeux. Oh et puis je ressentais vraiment le besoin de m’amuser et de zapper cette première partie de la semaine qui s’était traduite par le garçon que j’appréciais qui en emballait un autre bien trop goulument à mon goût. Voilà, vous savez tout à présent et je tenais vraiment à me construire une semaine bien plus agréable qu’elle ne l’avait été à son commencement, Emilien n’avait pas de chance, c’est sur lui que je portais mes espoirs mais quelque chose me disait qu’il en avait lui aussi besoin. Pas qu’il soit dépressif mais il avait tout de même été lâchement jeté par Harlow qui l’avait considéré comme un kleenex et je détestais ça personnellement, à mes yeux c’était réellement une trainée qui ne méritait pas le garçon, il était bien trop unique pour être avec une fille aussi imbue de sa personne qu’elle. «Ce n’est franchement pas sérieux là, Alecia... » Il s’emparait de ma bouteille et remplissait l’un des petits shooters qu’il poussait jusqu’à la partie de la table devant laquelle je me tenais assise. « …Et tu comptes faire quoi avec ça ? A part boire ? » Je m’emparais du shooter l’avalant cul sec sans sourciller, je n’étais pratiquement plus surprise par le goût et je ne faisais donc pas une trop grosse grimace. « Faut-il une raison pour boire sérieusement ? J’ai juste envie de rigoler, de passer du bon temps sans me prendre la tête ! Tu devrais essayer un jour. » Je prenais la bouteille remplissant le second verre que je poussais en sa direction.

Après avoir demandé à Alecia quel était son intérêt de vouloir boire, il lança un bref regard à la bouteille. Alecia devait avoir une idée derrière la tête. Et pas seulement la simple idée de boire. Elle devait avoir un esprit bien moins simplet que cela. Sans répondre à la question du jeune garçon, Alecia bu, en une seule gorgée, le contenu du shooter. Un petit sourcil s’arqua légèrement sur le visage d’Emilien. Elle devait avoir sacrément soif quand même. OU pas en fait. Peut-être qu’elle faisait cela pour l’impressionner. Elle lui demanda alors s’il fallait une raison pour boire. Il haussa doucement les épaules. Il ne savait pas vraiment… Lui, il buvait quand il avait soif. Il y avait des gens qui buvaient lorsqu’ils n’allaient pas bien, comme un signe d’alerte, un appel au secours. Mais Emilien ne faisait pas partie de ces gens-là. Boire ne résolvait pas les problèmes. Elle ajouta ainsi qu’elle avait envie de rigoler, de passer du bon temps sans se prendre la tête. Emilien fronça légèrement les sourcils. Si elle voulait s’amuser, elle aurait pu jouer encore une fois à ce jeu de danse auquel elle s’était adonnée, lors de la semaine passée. Il devait essayer un jour… Emilien ne savait pas s’il devait prendre bien ces quelques mots prononcés par la jeune femme. Essayer un jour. Cela sous-entendait qu’il ne savait pas. Bien sûr qu’Emilien savait, il n’avait juste pas les mêmes centres d’intérêt que les garçons de son âge. Son regard se baissa petit à petit sur le shooter rempli qui venait d’atterrir devant lui. Il leva les yeux sur Alecia avant de reporter son attention sur le petit récipient. Il s’en saisit et le fit tourner entre ses doigts. Devait-il le boire ou non ? S’il ne le faisait pas, elle se moquerait de lui, si ça se trouve. Le traitant de poule mouillée. Ce n’était pas ce qu’il était. Il prit une grande inspiration, avant de boire d’une traite l’alcool fort. La boisson venait lui brûler le fond de sa gorge. Il grimaça quelques secondes, quelques microsecondes, avant de reposer le shooter sur la table. « Tu n’as pas l’air de l’apprécier… » lui fit-il alors. Oui, elle n’avait pas l’air d’apprécier Harlow. Et il ne savait pas pourquoi il venait de lui dire ça. Il s’était pourtant promis, à lui-même, de ne plus parler d’elle. D’Harlow. Puis tout en parlant, Emilien se saisit de la bouteille. Un geste spontané et naturel. Remplissant alors les deux shooters.