Très honnêtement, Mado tâchait ici de ne surtout pas se prendre la tête, ayant promis à Fitz, mais s'étant également promise à elle même, qu'elle tâcherait de ne pas laisser cette délicate situation affluer sur son comportement. Alors oui, elle préférait grandement ne pas s'encombrer de la moindre attitude superficielle et qui aurait raison du naturel qu'elle tâchait de garder en sa présence. Elle était taquine, apte à s'amuser d'un rien, et ça lui faisait le plus grand bien. Peut être parce qu'elle avait fini par se poser les bonnes questions et qu'elle était arrivée à la conclusion que rien ne servait de jouer les allumeuses de bacs à sable et qu'il était beaucoup plus honorable de ne rien chercher de précis, et de laisser à d'autres les battements de cils et les scènes surjouées. A cet instant en tout cas, la française se plaisait à laisser croire que son camarade lui avait menti et qu'il avait en fait déjà vu Titanic. Et bien oui, il en avait quand même raconté l'exacte fin, hein. Ou pas, c'est vrai. Mais elle, ça lui plaisait de le taquiner gentiment. Comme d'insinuer qu'il était franchement susceptible de s'offusquer de la situation. Vraiment, tout cela restait bon enfant, et c'était incroyablement apaisant. Quant à la relation qui liait aujourd'hui Rosie et Mado, il est vrai qu'elle reposait sur une seconde chance, sur la mise de coté d'aprioris et de jugements probablement un peu trop hâtifs. Pour autant, si cela avait été possible avec cet ours rose comme avec Bob, il était déjà moins probable que ce soit chose possible avec quelqu'un comme Mickey, beaucoup trop buté dans son genre. A la question de Fitz, Mado fut perplexe. Voulait-il savoir ce qui les rendait globalement si butés ? Ou cherchait-il à savoir quel était précisément le problème entre Mickey et elle ? Par élimination, elle allait pencher vers la seconde éventualité. « J'ai un problème avec la façon qu'il a de se croire supérieur aux autres, et avec cette manie qu'il a de les rabaisser. C'est quelqu'un qui aime s'acharner, qui est très critique et très étroit d'esprit. Trop à mon goût. C'est ce que je lui reproche, et il me trouve quant à lui mille et un défauts. Chacun campe sur ses positions, donc bon, ça stagne. » Et elle, clairement, elle ne verrait aucun inconvénient à ce qu'ils dépassent tout ça, parce qu'au fond, elle ne trouvait pas Mickey inintéressant. Mais lui, il était assez désespérant quand même, et ça ne lui donnait pas plus envie de faire des efforts, ces temps-ci. « Ah non, si tu t'endors, moi je te laisse ici. Je ne vais pas te secouer à chaque fois, hein. » Bien sûr, elle plaisantait. Et bien sûr, elle faisait ici référence à la fois où, dans le salon, elle l'avait tiré du sommeil alors qu'il avait été oublié par leurs camarades. Donc oui, s'il s'endormait, elle veillerait à ne pas le laisser derrière elle, quand même. Bon, par contre, c'était vilain de se servir d'Ezra pour cacher le fait qu'il lui arrivait de se regarder Titanic quand le temps le lui permettait et/ou que son humeur le nécessitait. Surtout que bon, en ukrainien ... « Ah bon ? J'ai peut être confondu avec du slave ou du tchèque ... » Langues qui, également, n'étaient peut être pas disponibles sur les dvds, hein. Pour ce qu'elle en savait, franchement ... « Mais non voyons, tu ... tu n'as aucune preuve. » Ouais voilà, donc ils allaient rester sur l'idée qu'Ezra aimait mater Titanic en secret, et ce serait très bien. En tous les cas, il fut nécessaire d'avancer un peu le film pour tomber sur un passage un peu plus vivant. Rose voulait se jeter à la flotte et Jack était évidemment là pour l'en empêcher. Bah oui, logique hein. Donc oui, naturellement, Mado voulait bien commenter ce qui se voyait à l'écran, surtout qu'ici, elle pouvait au moins en faire joyeusement profiter Fitz qui, visiblement, n'était pas contre non plus. Mais voilà qu'elle ne put que faire un improbable lien entre la Rose du film, et Rosie, son nounours rose. Une similitude au niveau des prénoms qui, naturellement, n'avait pas pu la laisser indifférente. A la réaction de son camarade, elle se mit à rire. « Oui ça va, je t'assure. Je suis un peu troublée, c'est tout. » Par le hasard, oui. Le film, en tout cas, la faisait un peu chier également. Il faut dire qu'après l'avoir vu tant de fois, hm ... « Dis, ça ne te dérange pas si j'avance directement jusqu'au naufrage ? » Le moment le plus intéressant du film, quand même. En fait, sa question était plus rhétorique qu'autre chose, vu qu'elle n'attendit pas son approbation pour sauter toutes les scènes qui les séparaient du moment où l'angoisse commençait à monter et où les deux gusses commençaient à apercevoir l'iceberg. Plan sur Rose et Jack d'abord, un peu fou-fous. « Bon là, ils viennent de faire crac-crac dans une Renault 1912, alors ils sont un peu niais, il faut leur pardonner hein. » Ouais voilà. Donc machin et bidule finissent (enfin) par voir l'iceberg, et c'est la merde. Panique à bord, c'est bien le cas de le dire. Se cramponnant fermement au bras de son camarade, Mado se crispa lorsque l'énorme bloc de glace entra en collision avec le paquebot. « Là, c'est le début de la fin ! » Bah ouais, un peu. Et chaque fois qu'elle voyait le film, Mado semblait redécouvrir cette scène. Et encore, là, ça n'était pas grand chose.

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