Que faire de ma peau en ce début de soirée ? Je viens de finir de manger. Et ensuite ? Je pense à aller regarder un film dans la salle de projection, mais quelqu’un s’y trouve déjà. Je pourrais rester, mais un film à l’eau de rose était diffusé, merci bien. J’ai juste envie ce soir d’un film d’action, avec des explosions partout, et qui ne donne pas à réfléchir. Mais non. Je n’ai plus qu’à trouver autre chose. La salle de jeux ? Occupée aussi. Certes, rien n’interdit d’y être à plusieurs, mais je préfère éviter les interactions sociales. Je me traine alors dans le salon, et voit la guitare posée dans un coin. Je suppose que je pourrais en jouer un peu. Mais ça fait tellement longtemps, que je ne suis même plus sur de savoir encore y jouer. A une époque, j’avais un groupe de musique. Oui oui. Même qu’on produisait un son plutôt pas mal, on avait performé dans quelques petites scènes. Mais j’ai tout laissé tombé et depuis je n’ai plus jamais retouché à une guitare. Ça me fait bizarre de la prendre en main. J’essaye quelques notes. Pour me rendre finalement compte que ça ne se perd pas. Je me souviens de tout, ça me revient naturellement. J’imagine que c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. J’étais là depuis quelques minutes, lorsqu’Emmeline surgit comme par enchantement à mes côtés sur le canapé. Tiens la femme de ma vie. Ah ouais non, en fait je n’ai pas tellement la force de jouer à ce petit jeu. Elle pose sa tête sur mon épaule, avant de pousser un petit couinement, genre ça la fait chier que je joue. Et là elle m’ôte la guitare des mains, pour déposer ses pieds sur moi, et s’agripper à mon torse. Euh, tranquille la vie ? Est-ce que je lui ai donné la permission de faire une chose pareille ? Je ne crois pas. « Je peux savoir ce que tu fais ? » Que je lui demande perplexe.

Emmeline m’empêche de jouer à la guitare. Peut être que je suis tellement nul qu’elle ne veut plus m’entendre. En tout cas je constate qu’elle aime bien grimper sur moi. Faudrait pas qu’elle en fasse une habitude. « Généralement, les gens appellent ça un câlin, tu vois. Là, je veux bien admettre que c'est un câlin un peu bizarre. Si tu étais debout, ça serait plus simple, mais bon... » Non sans blagues, c’est un câlin ? Je n’aurais pas deviné tout seul. Bon aussi ma question était con. M’enfin ce n’était pas tellement une description de ses actes que je voulais, mais plutôt une explication. Pourquoi est-elle dans mes bras là ? Sauf qu’avec elle il n’y a pas de raisons. Elle a envie d’une chose, elle le fait. Et étrangement c’est me faire un câlin à l’instant présent. Quoi, elle est en mal d’amour ? « Non, on est très bien comme ça, ça ira. » Pas question que je me lève. En fait au final, je crois que j’apprécie le contact. Peut être parce que moi aussi j’ai besoin d’un câlin, même si je ne l’avouerais jamais de mon vivant. D’ailleurs je pourrais la virer, mais je ne le fais pas. « T’es en manque d’affection ? » Ou elle a juste envie d’être chiante ? Ce qui ne m’étonnerait pas tiens la connaissant. « Ou t’as décidé que mes genoux sont THE place to be ? » Je me renseigne. C'est vrai qu'ils sont très confortables quand même.

Spoiler:

«Pourquoi j'aurais besoin d'une raison ? » Et bien je ne sais pas, parce que moi, jamais je ne m’en vais donner des câlins aux gens, comme ça, juste par envie. A vrai dire je n’en donne pas tout court. Mis à part à Mason. C’est fou ce que ce gosse est demandeur de câlins. Bien qu’il risque de ma laisser tranquille de ce côté-là un moment encore. Voilà qu’Emmeline se met à gigoter un peu, bah oui faut qu’elle trouve une position plus confortable. Ah c’est bon, elle semble être en place. Mais voilà qu’elle vient chercher ma main, pour la poser sur son épaule. Ah oui c’est vrai, que je suis sensé être coopératif et que généralement un câlin, ça va dans les deux sens. Je lui donne finalement ce qu’elle veut, l’enserrant comme il se doit. Ce que je suis gentil n’est ce pas ? Elle devrait être aux anges. En attendant, c’est bizarre, elle ne parle pas. Emmeline. Silencieuse. A noter dans le calendrier. « Qu’est ce qui se passe, tu as perdu ta langue ? Tu veux que j’appelle le médecin ? Parce que là ça devient inquiétant. » Oui, on devrait peut être alerter les secours tout de suite. Elle est peut être en train de nous faire une attaque, un AVC ou que sais je. Evidemment c’est juste pour la taquiner. Mais quand même. Peut être est ce plus sérieux qu’il n’y paraît, on ne sait pas.

« Shh. » Quoi chut ? Non mais je rêve où elle vient de m’intimer de me taire ? Elle qui habituellement est un moulin à paroles, et où il est difficile d’en placer une. C’est quoi ces manières. On ne me dit pas de me taire à moi, non non non. « Tu as raison, je dois être malade, en fait. » Oh oui c’est certain. Elle semble sérieuse en plus. Moi je vous le dis, on devrait lui faire des examens. « Le pire, c'est que je ne sais même pas quoi dire. » Ah oui là c’est de pire en pire. Je passe ma main sur son front, pour m’assurer qu’elle n’est pas brulante. « Tu n’as même pas de fièvre » Bizarre, bizarre. « C’est ce câlin je crois, il te fait trop d’effet. Au point que tu en perdes tout tes moyens. » La seule explication possible. C’est évident. Mais en attendant je crois que ça vient presque à me manquer qu’elle me saoule de paroles. Peut être parce que ça m’empêcherait de penser à autre chose. Comme ma relation avec Mason. Alors que là avec ce silence mon esprit à le temps de vagabonder. « Peut être que tu devrais te détacher de moi. » Oui parce que là c’est trop pour elle, elle ne peut le supporter. Je la trouble bien trop. Ce que je peux comprendre. Je suis tellement beau, adorable, drôle, intelligent, malin, sexy, musclé, attentionné…bref l’homme parfait quoi. On ne peut pas lui en vouloir d’avoir une telle réaction à mon encontre. Elle n'est pas la première ni la dernière dans cette situation là.

« Oh alors dans une situation si désastreuse, tu me repousses ? Sympathique, merci. » Une situation si désastreuse ? Oui bien sur. Tellement dur à vivre pour elle surement. Et moi voilà que je lui propose de se détacher de moi. Mais quel monstre je fais. « Ce n’est que pour ton bien voyons, rien d’autre. » Même que je ne souhaite pas réellement qu’elle retourne sur le canapé. Ouais parce que dans le fond j’aime bien l’avoir près de moi. Je vais commencer à devenir accro aux câlins si ça continue. Enfin surtout ceux des jolies filles. « Mais puisque tu y tiens, je veux bien être sage et me pousser. Je sais, je suis adorable. » Ce n’est pas une question d’être adorable, mais de l’aider, rho. Vraiment elle ne comprend rien. Et voilà qu’elle se détache. Nooooon reviens. Bon, je blague. Quoi que. Bon alors, verdict ? Elle va mieux ? Elle a retrouvé subitement la parole ? « Ta technique est nulle, ça fonctionne pas. » Quoi ? Tss. « J’aurais pourtant parié que mon diagnostic était le bon » Faut croire que je me suis lamentablement trompé. Je ne serais pas la cause de son trouble de la parole ? Je ne la chamboule pas au point qu’elle ne sache plus quoi dire ? Mince alors. Il va falloir que je revoie mon pouvoir d’attraction sur la gente féminine. « Peut être que ça cache quelque chose de plus profond. Allonge toi, on va essayer de trouver l’origine du problème » Maintenant je me prends pour son psy, et on est en consultation. Evidemment je ne parle de s’allonger que pour faire comme en thérapie, rien de plus. Ni voyez là aucune tentative de ma part. Pas la moindre arrière pensée derrière la tête, et non. « Tu dors bien en ce moment ? » Peut être sait on jamais, que ça ai un lien. Mon dieu, n'importe quoi.