Il devait être minuit passé maintenant. Je ne savais pas réellement si j'allais dormir dans mon lit ou bien sur le canapé du salon. La raison ? A vrai dire, il n'y en avait pas une de particulière, j'avais parfois juste besoin de changement, de pouvoir me dire « tiens demain je vais faire ça ! » et puis une fois arrivé au moment propice, faire demi tour. La vie pouvait avoir plusieurs significations, la mienne rimait avec nouveautés. J'avais donc sorti deux couvertures de l'armoire et deux coussins, m'aventurant dans l'obscurité de la maison, tâtant de mes fines mains, les murs et les objets sur mon passage. Je finis par arriver dehors, sentant le froid engourdir mes membres j'accélérais le pas, me réfugiant dans la petite cabane en bois qui servait également de confessionnal. J'étendis une premier couverture à même le sol puis plaçais les deux coussins de façon à ce que cela soit déjà un peu plus confortable. Certes nous étions tout de même loin du quatre étoiles, mais j'essayais de faire avec les moyens du bord. Pour finir je m'allongeais sur le drap et me recouvrais du second. Enveloppée je commençais à fermer les yeux, trouvant tout de même le sol peu confortable.

Insomnie: privation de sommeil.

Subissais-je une crise cette nuit? Les yeux grands ouverts, mains derrière la nuque, je ne parvenais pas à m'endormir, curieusement tracassé par ma discussion avec Alisk, Rafael, les secrets, le jeu et cette fichue mouche qui n'arrêtait pas de me voler autour du nez. Tentant de chasser cette dernière en secouant la main fébrilement, je me relevais soudainement, profondément agacé et dépassé par les évènements. Il fallait que je m'isole, que je trouve un endroit où fuir le quotidien du nid d'amour ne serait-ce quelques minutes. Glissant mes jambes nues dans mon jean, enfilant par dessus mon torse nu mon sweat le plus chaud, je me dirigeai ainsi vers la cage d'escalier dont je ne tardai pas à descendre ces derniers, m'engouffrant dans le vent frais. Direction la cabane, lieu qui je le savais ne serait pas assiégé par le plus somnambule des candidats. Je tirai ainsi la porte de la petite maisonnette, plongée dans le noir complet, et m'avançai sans vraiment de prudence. C'est pourquoi à ma plus grande surprise, mes pieds vinrent buter tout deux dans une curieuse forme étendue sur le sol, me faisant m'écrouler sur celle-ci lourdement dans un cri étouffé.

Bordel mais... qui a laissé son sac à patates ici merde?

Littéralement étalé sur l'inconnu, je me mis à tâter son visage du bout des doigts, fourrant ceux-ci dans sa bouche sans le vouloir avant de les retirer aussitôt. Eurk.

Le sol n'était pas réellement confortable, disons même qu'il était carrément désagréable, mais pour moi qui voulais du changement, c'était absolument parfait. Remontant quelques peu ma couverture, je remarquais qu'il ne faisait pas très chaud, en même temps c'était un peu les aléas du fait de dormir à hors de la maison, à l'extérieur, il fait froid. Tout à coup j'entendis un bruit et une faible lumière m'éclaira le visage, je n'eus cependant pas le temps d'en placer une que je sentis une masse importante s'abattre sur l'entièreté de mon corps, m'empêchant de pousser le moindre cri de surprise. Puis une main baladeuse accompagnée de quelques paroles se rajoutèrent, sentant quelque chose plonger dans les entrailles de ma bouche avant d'en ressortir tout aussi vite, finissant par pousser l'inconnu, je reculais dans la direction opposée.

« Tu aurais pu faire attention ! » dis-je légèrement surprise avant de continuer « Tu aurais pu me faire... et te faire très mal ! »

Il faut dire que le jeune homme avait fait une belle chute. Passant une main dans mes cheveux en bataille je cherchais du regard, l'inconnu pour tenter de percer le mystère de son identité.

Tu aurais pu faire attention ! Tu aurais pu me faire... et te faire très mal !

Je fronçai les sourcils en m'écrasant contre le mur opposé lourdement, un peu sonné, la tête couverte par ma capuche. Incapable d'identifier l'inconnu grâce à la voix, j'en conclus néanmoins qu'il s'agissait d'un garçon en puberté. (a) J'étendis mes jambes face à moi, peut-être même sur l'inconnu en question, afin de prendre mon briquet dans la poche étroite de mon jean. Me penchant ainsi, grimpant presque sur ce que j'identifiai comme son bassin, j'allumai la flamme à quelques centimètres de son visage.

... TOI!

Je me reculai brusquement, m'écrasant sur les fesses, mes jambes enroulées dans un certain pêle-mêle sur Héléna. Mais qu'est-ce qu'elle foutait ici à cette heure de la nuit, enroulée dans une couette?

Mais t'es complètement timbrée ou quoi? Dormir dans la cabane par ce froid, t'as craqué ou quoi?

La réaction du jeune homme me surprit. Apparemment il ne s'imaginait pas me voir ici, mais plus que ça, son expression traduisait plus le dégout qu'autre chose. Lâchant un soupir, je me contentais d'hausser les épaules, mince, et en plus je devais m'expliquer sur le pourquoi de mes actes.

« Petite nature. » me contentais-je finalement de dire, après tout, il ne faisait pas si froid, n'est ce pas ?

Tirant la couverture ainsi que mon coussin, vers moi, je ne quittais pas le jeune homme des yeux, aillait-il finir par partir oui ? Je l'espérais de tout mon cœur. Il faut dire que son arrivée et ses quelques remarques n'avaient pas été réellement sympathique, et cela ne me donnait donc pas envie de l'être en retour, surtout pour un gosse cruellement en manque de testostérones. Finalement, je repris la parole, légèrement exaspéré de voir que celui ci ne partait pas.

« Et toi, tu es venu faire quoi ? » dis-je avant de reprendre « Si tu cherches le coin partouze, c'est la porte d'à côté. »

Et toi, tu es venu faire quoi ? Si tu cherches le coin partouze, c'est la porte d'à côté.

La jaugeant d'un rapide coup d'oeil, j'émis un long, très long soupir avant de me relever finalement, époussetant mon jean inutilement, la pièce était en effet propre comme un sous-neuf étant donné que presque personne n'y affluait, surement. Je comprenais qu'elle soit désagréable, d'un côté je l'avais quelque peu prise de haut durant le prime de Vendredi, mais ce ne serait surement pas pour autant que je m'excuserai, tout d'abord par pure fierté et ensuite parce que la jeune femme avait selon moi pousser un bouchon très loin. J'avais du mal à cerner le caractère de la candidate, penchant pour un cas de schizophrénie aiguë ou dans le cas contraire, d'une bipolarité chronique. Bref, voilà qui faisait un buzz intéressant.

Ah tu n'es pas au courant? La partouze c'était tout à l'heure, tu aurais dû te joindre à nous au lieu de t'isoler ici, peut-être aurais-je pu te redonner le sourire que tu as égaré au fond de ta tronche de cu... cadavre ces derniers temps.

D'ailleurs je ne comprenais pas toutes ces allusions au sexe à mon sujet. Oui, j'avais embrassé un bon nombre de personnes pendant la première semaine à l'issue du jeu, mais personne n'était au courant de mon petit épisode avec Sydney je crois bien... ou du moins pas celui de la piscine. Ça me paraissait tout simplement farfelu et agaçant. Je n'étais de toute façon pas venu dans la maison après avoir fait vœux de chasteté, personne d'ailleurs. M'installant sur le fauteuil de la cabane dans un petit gémissement plaintif, j'étendis mes jambes devant moi, ignorant les plaintes de la candidate encore au sol, ne tenant pas à partir dans l'immédiat. Même si je ne l'appréciais clairement pas, son cas restait néanmoins intéressant à ... étudier. Ou peut-être était-ce plutôt le froid qui me faisait rester ici.

« De cul ? Je t'en prie, la petite section c'était il y a plus de vingt ans pour moi. » HAAAAAN la vieille. « De toute façon je ne serais pas intéressée, les ados pré-pubèrent très peu pour moi, et puis ne te prend pas pour ce que tu n'es pas. L'océanologue, c'est moi... Tu m'as compris. » dis-je sèchement, tout de même légèrement amusée par la situation.

Passant une main le long de ma chevelure, je fixais le sol, quelques peu agacer de voir que le jeune homme ne comptait pas partir, s'asseyant confortablement sur le « canapé » situé non loin de moi. Il me voulait quoi le vermisseau ? Finalement je décidais de ne pas lui prêter attention, il voulait rester ? Grand bien lui fasse, cette pièce ne m'appartenait pas, bien entendu je n'allais pas déguerpir pour autant, et surtout pas pour ses beaux yeux. Tapotant dans un premier temps mon oreiller, je me rallongeais, déposant délicatement joue contre celui ci. Puis, je tirais lentement la couverture de façon à celle qu'elle recouvre l'entièreté de mon corps, ne laissant que mon visage et ma chevelure en otage au jeune homme.