+ fitz
Le sommeil se faisait capricieux, ces temps-ci. Pénible ? Oui, ça l'était, sans aucun doute. Mais elle supposait pouvoir faire avec. Elle n'avait pas le choix, de toute façon. Au pire, elle s'endormirait un peu plus tard dans la journée, sur un canapé ou sur son lit, si jamais elle se trouvait sur ce dernier lorsque le sommeil déciderait d'arrêter ses bêtises. Elle verrait bien. Elle n'avait pas envie de s'embêter avec tout cela dès maintenant. D'autant plus qu'elle venait de passer au moins une heure dans son lit, à espérer qu'elle parviendrait enfin à dormir plus de dix minutes d'affilées mais non, impossible. Tant pis. Ainsi donc, préférant éviter le mal de tête, elle quitta son lit et se rendit jusqu'à la cuisine, supposant qu'un café ferait l'affaire pour la maintenir éveillée. C'était bête puisqu'elle voulait dormir... Mais il fallait bien faire un choix, n'est-ce pas. Elle ne dormirait pas plus de quelques heures cette nuit-là, c'est tout, c'était comme ça, elle n'allait pas s'acharner. Bon. Entrant dans la pièce, étouffant un bâillement, elle n'eut aucun mal à remarquer une présence. Celle de Fitz, à vrai dire. Oui, bah, elle allait garder ses mains pour elle hein, promis. « Salut Fitz... qui n'est absolument pas attirant aujourd'hui ! T'as mal dormi ? Parce que, comme je viens de le dire, tu n'es pas séduisant, là. » Elle plaisantait, oui. Parce qu'elle pouvait blaguer sur absolument tout ? Oui, aussi. Ce n'était pas pour se moquer ou quoi que ce soit hein. Ce n'était que pour plaisanter, comme elle savait si bien le faire avec Fitz. Mais puisqu'elle ne pouvait plus vraiment faire les mêmes petits commentaires qu'avant, elle jouait sur autre chose. Bah quoi ? Si elle ne pouvait même plus taquiner les gens maintenant hein. « Je ne surjoue pas du tout... » sourit-elle, mutine. Non, pas du tout, elle n'était pas du genre à exagérer, n'est-ce pas. Hm, bref. Elle s'approcha de quelques pas, traînant quelque peu les pieds. « J'ai besoin d'un café. » déclara-t-elle en une moue. Oui, là, ça lui semblait indispensable. Juste le temps d'ouvrir pleinement les yeux et elle se servirait une tasse, voilà.

Fitz avait dormi seul, pour la deuxième nuit d’affilée et soyons clairs, cela ne lui plaisait pas. Que Mado lui en veuille, il avait du mal à saisir, surtout au point qu’elle ait finalement décidée de l’éviter parce qu’au fond, que ça ne lui ait pas fait très plaisir, ces images, au prime, c’était tout à fait prévisible, ça Fitz s’en doutait mais que ça engendre tout ça, il ne l’avait pas vu venir. Résultat, il était un peu frustré, ne sachant pas quoi dire, ni faire, l’arrivée de nouveaux habitants dans les lieux n’aidant pas il faut le dire. La nuit avait été courte donc, couché tard, suite à une petite soirée improvisée avec quelques candidats des anciennes éditions de l’émission et l’écossais n’avait pas trouvé le sommeil avant quelques heures, se réveillant ensuite aux aurores. Il était blasé, les yeux hagards, pas franchement réveillé et il n’avait besoin que d’une chose pour commencer la journée : un café. Pas un thé, comme il en avait l’habitude, non là, il lui fallait un café, fort, corsé, un truc qui lui tienne au corps et qui lui donne assez d’énergie pour la matinée. Tout juste debout, il était donc descendu à la cuisine là où il avait lancé la cafetière puis s’était servi avant de s’échouer sur la table comme une âme en peine. C’est à ce moment là qu’Emmeline arriva, la bouche en cœur, comme à son habitude et il fallait bien avouer que sa phrase d’entrée l’amusa, lui tirant un sourire sur le visage. Le tatoué n’était pas du genre à se prendre la tête, surtout pour des petites choses comme ça alors oui, ça le faisait sourire. Toute cette situation le faisait légèrement sourire en réalité, même s’il espérait que tout ça se finisse bien car personne ne pensait à mal dans cette histoire. – Oui, j’ai mal dormi, merci de me le rappeler en tout cas. Dit-il en souriant parce que bon, il valait mieux en rire qu’en pleurer. – Tu joues avec le feu tu sais… Ajouta-t-il en un léger murmure parce que bon, si ça, ça passait, il était clair que ça ne passerait pas mieux… Elle demanda ensuite un café et Fitz attrapa alors la cafetière pour lui montrer. – Je ne sais pas si tu le mérites. Ahah, petite blague.

À vrai dire, elle n'avait fait que plaisanter, elle n'aurait jamais pensé viser juste quant à la nuit que Fitz venait de passer. Certes, il n'avait pas l'air très réveillé et ses yeux annonçaient une certaine fatigue mais avoir une telle tête au réveil, c'était un peu le lot de tous, non ? D'accord, c'est vrai, quand Emmeline se levait (quand elle avait collecté assez d'heures de sommeil, bien sûr) elle n'était pas totalement à côté de la plaque. Ça dépendait des gens... elle supposait. Bref. Lorsqu'il fit remarquer qu'elle avait bien résumé sa nuit de sommeil, elle se pinça les lèvres avant de souffler un « Désolée. » Parce que, bon, si elle avait su, elle aurait évité. Elle aurait trouvé un autre moyen pour prétendre qu'il était moche, vous voyez. Oui, c'était le nouveau jeu. Eh bien, quoi ? On l'accusait d'avoir été trop tactile avec lui, de jouer un jeu mal vu alors elle changeait, elle s'adaptait. Il ne fallait pas attendre d'elle qu'elle abandonne son côté taquin, c'était impossible. D'autant plus avec Fitz. Cela dit, ce dernier lui signala qu'elle jouait avec le feu. Ah ? Elle n'en avait pas l'impression. Elle comprenait bien qu'il était en couple hein et elle respectait ça, elle ne voudrait pas se mettre entre eux, c'était certain, elle ne ferait jamais une telle chose. Cependant, si elle ne pouvait même pas plaisanter, d'une façon innocente qui plus est, alors... alors elle le prendrait sans doute un peu mal. Parce que cela reviendrait à lui dire d'être moins elle-même. Et ça... Déjà qu'elle s'interrogeait parfois sur la personne qu'elle était vraiment, donc bon. Soit. Elle secoua doucement la tête, afin de lui faire comprendre qu'elle ne voyait absolument pas tout ceci comme un jeu dangereux. Ça n'en était pas un. C'était innocent, rien de plus. Et voilà qu'après sa petite réclamation, il prit la cafetière en otage, ne sachant pas si... elle le méritait ? Non, il n'allait pas lui faire ça ! Il n'allait pas la priver de café, là. Impossible. Elle plissa les yeux, la mine faussement menaçante. « Bien sûr que si, je le mérite ! » Elle n'en doutait pas, non, pas une seule seconde. Oh mais elle allait lui prouver tout cela, aucun souci. « Essaye de mentionner une seule raison justifiant que je ne le mérite pas. » Elle le regarda en haussant un sourcil, comme si elle attendait sa réponse, mais après trois secondes de silence, elle reprit la parole. « Tu n'en trouves pas, parce que je le mérite, c'est tout. » C'était clair, court et c'était la vérité pure et simple alors elle voulait une tasse. Et tout de suite, oui.

Oh Fitz n'avait pas voulu être désagréable avec Emmeline en lui expliquant que oui, il n'avait pas passé une bonne idée. En réalité même, sa question l'avait amusé étant donné que Fitz avait très vite compris pourquoi elle avait bien insisté sur le fait qu'il avait une tête à faire pâlir. Qu'elle ait eu raison était donc un heureux hasard, en quelque sorte et elle n'avait pas à s'en excuser. - Non, t'inquiète. Dit-il en haussant les épaules, en souriant légèrement avant de la mettre en garde. Jouer à leur jeu habituel, Fitz n'était pas contre, pour sûr mais d'autres n'allaient pas tellement apprécier, tout comme ce qu'elle venait de dire, insinuant donc certaines choses. Fitz n'aimait pas cette situation, il avait cette impression étrange de revenir au temps où chacune de ses rencontres avec Everleigh était commentée, disséquée. C'était fatiguant, et frustrant et l'écossais espérait qu'à un moment, Mado comprendrait qu'elle n'avait pas à prendre tout ça aussi mal, que les relations qu'il pouvait avoir ne changerait rien à la leur. Mais pour le moment, peut-être qu'il valait mieux laisser le temps faire les choses et prendre ses précautions, au cas où. Elle secoue la tête aux paroles de Fitz, ce qui le fait sourire mais il ne dit rien. Il réagit seulement quand elle parle de café, pour la taquiner un peu même si en réalité, elle n'a pas tort, il n'a pas grande raison à lui offrir pour argumenter son point de vue. - Bon, ok... Il est trop tôt pour que je me débatte de toute façon alors je te donne la garde de la cafetière. Il lui tend alors, pour qu'elle se serve, il n'allait pas la torturer plus longtemps. - Mickey a dit quoi ? Demande-t-il alors, comme un cheveu sur la soupe. Pas que ça l'empêche de dormir mais bon... Il aimerait bien savoir à quoi s'attendre, quand il le verra lui.

Selon elle, il ne s'agissait vraiment pas d'un quelconque jeu dangereux. Un jeu, ça, oui, elle ne pourrait pas dire le contraire, c'est certain. Mais dangereux ? Jouer avec le feu ? Non, elle n'y croyait pas une seule seconde. Ce n'était pas de la mauvaise foi ou un esprit de contradiction, elle ne voyait vraiment pas où était le mal dans tout ça. D'accord, d'accord, ce n'était peut-être pas le jeu le plus normal du monde mais tout de même, ce n'était pas grave non plus. S'il y avait la moindre ambiguïté, d'accord, mais là, ce n'était pas le cas, elle ne ressentait absolument rien pour Fitz. C'est vrai qu'il n'était pas désagréable à regarder mais ça ne voulait pas dire qu'elle allait lui sauter dessus. Du moins, la semaine précédente, lorsqu'elle l'avait fait, cela avait été totalement innocent. Pour s'amuser, en fait. Comme deux gamins qui jouent, rien de plus. Pas besoin de lui faire un discours sur ô combien son comportement était abominable, pas besoin de mettre les points sur les 'i', elle n'en avait pas besoin, elle savait où elle en était. Du moins, avec Fitz, elle savait. Alors autant passer à autre chose. Elle ne dirait pas non à une tasse de café. Mais bien sûr, le candidat refusait de lui passer la cafetière, comme si elle ne le méritait pas. C'était terrible de dire une chose pareille, puisque, de toute évidence, elle méritait de boire un peu de café afin d'être certaine d'être bien réveillée. Heureusement, Fitz ne tarda pas à voir les choses de la même façon qu'elle et lui confia la cafetière. Bon, aussi parce qu'il n'avait pas envie de se batailler mais peu importe. «  Merci ! » fit-elle en appuyant bien ses paroles, comme pour dire que ''enfin !''. La rousse se sortit alors une tasse puis entreprit de la remplir de café lorsque Fitz la questionna. Sur ce que Mickey avait dit. Ah. C'est que l'écrivain lui disait beaucoup, beaucoup de choses, à vrai dire. Rien que la veille, ils avaient beaucoup parlé. Mais hm, sans aucun doute que Fitz avait en tête un sujet de conversation en particulier. « Hm... » fit-elle spontanément, un peu prise au dépourvu. D'accord, elle allait essayer de faire mieux. Il faut dire qu'elle ne s'était pas attendue à cette question hein, donc c'était pardonnable. « Il n'a rien dit de spécial... » A moins qu'elle ne soit passée à côté de quelque chose. Mais non, il ne lui semblait pas. Ils n'avaient pas abordé le sujet directement, en même temps. Et puis, elle n'allait pas répéter à Fitz tout ce que Mickey pouvait lui dire, n'est-ce pas. « Pourquoi ? Il t'a dit quelque chose ? » enchaîna-t-elle ensuite. Dans le doute, autant lui poser la question, non ? Au moins, elle serait fixée. Et puis, pourquoi Fitz l'interrogeait sur le sujet, de toute façon ? C'est pas comme si ce qui s'était passé méritait qu'on s'attarde dessus, après tout. Ça avait été innocent, fin de l'histoire. Non ?