Il y a encore beaucoup d'endroits que je n'ai pas eu le temps de visiter ou d'apprivoiser. Je dois dire que le studio est bien trop grand pour quelqu'un qui a une mémoire aussi courte que la mienne. Cependant, au bout d'une semaine, ou presque, je réussis à retrouver plus ou moins bien les lieux que je cherche. Plus ou moins, il m'arrive encore de faire de petits, ou longs détours. Toujours est-il que je finis toujours à l'endroit que je cherche, peu importe le temps que je mets tant que le résultat est là. A cet instant précis, le mur d'escalade me tente plutôt bien pour passer la fin d'après-midi. Pourquoi ? Je n'en sais trop rien, une soudaine envie. Je crois que j'ai besoin de remplacer l'adrénaline que je ressens lorsque je pilote une voiture. J'ai besoin de ressentir la même adrénaline, de prendre des risques. Mes voitures me manquent un peu, beaucoup plus que mes sœurs en tout cas. Je me suis dit que ce mur d'escalade pourrait me procurer des sensations similaires.Je n'en sais rien, en réalité j'ai dû faire de l'escalade seulement deux fois dans ma vie. Je pense toutefois pouvoir y arriver, je n'ai pas particulièrement le vertige, cela devrait pouvoir être un défi à ma portée, ou je l'espère en tout cas. Si j'ai trop peur je n'aurais de toute manière plus qu'à redescendre. J'arrivais devant le mur où je vis qu'un grand jeune homme se trouvait déjà au pied de celui-ci sans doute prêt à monter. Je m'approchais doucement pour arriver à sa hauteur. « Toi aussi tu meurs d'envie de grimper là haut, n'est-ce pas ? Et bien, comme je suis galant, je te laisse commencer. Tu peux même y rester toute la journée, ça ne fait rien, je ne suis pas pressé. Et puis, c'est bien aussi d'observer les autres, hm. » Oh ? Très bien alors, c'est gentil de sa part. « Tu es certain ? Ça ne me dérange pas d'attendre autrement. Mais enfin, merci c'est gentil de ta part. » Oui il n'était pas obligé de le faire. Par exemple, je ne sais pas si j'aurais laissé ma place à quelque d'autre. En tout cas, je m'équipais correctement avec le harnais, les mousquetons et tout le matériel nécessaire. Je le regarde pour voir s'il est certain de sa décision et je commence par mettre mon pied sur la première prise, et je jette un regard au jeune homme. Si vous voulez mon avis il n'avait pas tellement la tête de quelqu'un qui avait eu à un moment donné l'intention de grimper ce mur. « Dis moi ... Tu n'avais pas vraiment l'intention de grimper en réalité ? » Je ne le juge pas, il fait ce qu'il veut, chacun a le droit d'avoir ses propres peurs.

J’ai besoin de ma dose d’adrénaline hebdomadaire. Je n’ai jamais aimé le danger particulièrement, je ne l’ai non plus jamais recherché mais le fait est que je me suis habituée à cette sensation. Je m’y suis tellement habituée à tel point que je ressentirais presque le manque d’adrénaline. Peut-être qu’on y devient dépendant, même si très honnêtement je n’en sais rien mais, j’en doute fortement. En tout cas toujours est-il qu’ici il n’y a pas de circuit automobile, donc aucun moyen pour moi de piloter. Mais voyez-vous je m’en étais douté avant même de venir ici, j'ai largement eu le temps de me préparer. Pourtant une fois ici j'ai besoin de compenser ce manque de vitesse par autre chose. Quelque chose qui sortirait de l'ordinaire, et je sais bien qu'ici j'ai toutes les chances de trouver ce que je recherche. Je me souviens vaguement être passée devant ce grand mur d'escalade. A première vue il ne m'avait pas plus fait envie que cela, mais plus j'y pensais et plus je me disais que c'était le bon moyen de ressentir des sensations fortes. Je pouvais tout à fait me tromper, mais cela ne me coûterait rien d'essayer. Je ne prétendais pas être la personne la plus douée en escalade, mais je pensais tout de même que c'était dans mes cordes, quelque chose que je pouvais accomplir sans trop de problème. Au pied du mur d'escalade, se trouve un jeune homme blond, qui est bien plus grand que moi. Il me propose de passer en première, visiblement pas pressé de grimper. C'est vraiment très gentil de sa part, mais je préfère lui demander une nouvelle fois pour être certaine qu'il ne va le regretter. Regretter est sans doute un bien grand mot, mais je préfère m'en assurer. Mais cela ne semble pas lui poser de problème alors je m'équipe sans broncher. S'il ne veut pas passer le premier, et bien j'irai. Sauf qu'à mes yeux il n'a pas simplement l'air de ne pas avoir envie d'y aller tout de suite, mais plutôt l'air de celui qui est trop terrifié pour monter jusqu'en haut en jour. Ce que je comprendrais très bien, mais je préférerais qu'il l'avoue clairement. Ce qu'il fait, en me disant qu'il n'avait jamais eu l'intention de me mentir, mais qu'il ne voulait simplement ne pas passer pour un dégonflé. Ce que je pouvais comprendre encore une fois, chacun avait sa fierté. « Je ne te prends pas pour un dégonflé. Je comprends qu'on puisse avoir peur ou avoir le vertige. » je lui dis en souriant. Je ne reviens pas sur le fait qu'il m'ait menti, je m'en moque, je comprends pourquoi il l'a fait et de toute manière ça n'a pas grande importance. « Mais tu sais c'est pas aussi terrifiant que ça en a l'air. T'es bien attaché avec ça, il n'y a vraiment aucune chance que tu tombes. Et puis si tu te mets à avoir peur, je te fais descendre. » Je dis ça comme ça, je le force pas du tout, parce qu'il fait bien ce qu'il veut. Mais dépasser ses peurs c'est parfois une bonne chose, mais je disais simplement cela comme ça. « Ou tu peux simplement me donner ton prénom aussi. » Oui voilà c'était certainement beaucoup moins terrifiant pour lui.

S'il avait peur après tout je pouvais le comprendre. C'était peut-être aussi tout à fait autre chose, mais si j'avais du mal à saisir quoi. En tout cas je préférais qu'il me dise la vérité, parce que de toute manière je le jugeais absolument pas. Et loin de moi l'idée de le prendre pour un dégonflé ou de me moquer. Non ce n'était pas le genre de la maison. Chacun est libre de faire ce dont il a envie, si ce n'est pas son truc de grimper tout en haut de ce mur, c'est son choix. Je ne vais pas le forcer, je n'aurais de toute manière aucune raison de le faire. Mais très vite il me dit que ce n'est pas la peur qui l'empêche d'escalader le mur. Très bien, alors je serais curieuse de savoir pourquoi, parce que pour le moment je dois avouer que j'ai du mal à saisir ses raisons. Donc il a besoin d'une raison pour monter là-haut, comme pour à peu près tout. Enfin d'après ce que je comprends. J'ai du mal à saisir sa vision des choses. « Tu veux dire que tu as besoin d'un but pour chacune de tes actions ? Alors tu ne t'amuses pas beaucoup non ? » Non je ne sais pas, pour moi c'est ce qui ressort de ses paroles. Parce qu'on ne peut pas tout faire avec un but précis, pour moi l'amusement n'a pas d'autre but que de nous divertir, et est-ce que c'est un but en soit ? Pas vraiment, donc je pars du principe, qu'il ne doit pas beaucoup rire. Cela dit je n'en sais rien, je ne le connais pas, je ne fais que me questionner à son sujet. Puis il ajoute que ça doit tout de même être assez déstabilisant. « Oui je l'ai déjà fait quelques fois. Mais je t'assure que ce n'est pas déstabilisant. Si tu as le vertige peut-être bien sûr, mais sinon ça ne fait pas peur. La mort, le néant, ça fait peur oui, ça je t'assure que non. » je lui dis en souriant, à moitié sérieuse. Disons que mon père m'a appris à ne pas avoir peur, et que la mort et le néant sont aujourd'hui les seules choses qui parviennent à m'effrayer un tant soit peu. Toutefois je comprends qu'on puisse avoir peur, oui vraiment. « Appelle moi Ava. » je réponds en faisant écho à ses paroles. Ouais la seule personne qui m'appelle encore Avalon c'est ma mère parce que c'est elle qui a choisi ce prénom et qu'elle en est très fière. Il me demande alors une raison pour le pousser à grimper. « C'est toi qui vois, mais si tu ne veux pas que je raconte à tout le monde que tu es un dégonflé ... » Je souris. Je ne suis pas sérieuse évidemment, mais je ne sais pas ce qui pourrait le pousser à grimper en réalité.

J'avais beaucoup de mal à concevoir sa vision de voir les choses. Disons que je la comprenais plus ou moins bien, mais je me demandais comment il faisait pour accepter de vivre de cette manière. Je ne sais pas, tout ce que je fais n'a pas de but précis. Tout ce que je fais est pour la plupart du temps sans but en réalité. Je vois pas l'intérêt de trouver une raison à chacun de ses actes. Si on commence comme ça on ne s'en sort jamais. En réalité je n'en sais rien, je ne me suis jamais posée la question, il est peut-être très heureux dans sa vie. Sauf que pour moi il ne doit pas beaucoup s'amuser, je ne dis pas que ma vie est la plus drôle qu'il soit parce que ce n'est pas le cas, mais je sais m'amuser. Et j'aime ça, et je me divertis comme ça sans raison apparente. Tout comme j'ai l'intention d'escalader ce mur parce que j'en ai simplement envie. C'est tout, et je n'ai pas envie de me creuser la tête pour chercher dix mille raisons pour lesquelles je devrais grimper. En tout cas il me répond qu'effectivement il ne s'amuse pas beaucoup. Je m'en étais doutée. Sa vie lui convient sans doute de cette manière, je n'en sais rien. « Tu t'en fiches de ce que pensent les autres. L'important c'est que tu sois heureux comme ça. Tu l'es au moins ? Ça ne te manque pas de faire quelque chose sans te prendre la tête ? » Il faudrait que je songe à arrêter de m'improviser psy depuis le début de la semaine. Je ne suis personne pour donner des conseils aux autres, sachant que je suis incapable de suivre ce que je dis. Personnellement je ne me fiche pas de ce que pensent les autres, sauf ma mère et mes sœurs, j'ai d'ailleurs tendance à y accorder une trop grande importance. Je serais sans doute plus heureuse si je ne le faisais pas. Mais ici c'est sur le bonheur de Sully que je m'interroge, pas le mien. Je ne sais pas pourquoi je m'en préoccupe, sans doute parce que j'aime bien les gens, j'aime bien les connaître. J'aime bien apprendre des choses sur les autres, bien plus que je n'aime parler de moi c'est certain. « Ce que tu dois savoir c'est que je dis toujours la vérité. » je lui réponds simplement en souriant. Non ce n'est pas vrai, il peut m'arriver de mentir. En l'occurrence pour le coup, je lui dis la vérité. Mais la vérité de mon point de vue. Je ne trouve pas cela déstabilisant parce que mon père m'a appris à être téméraire, c'est tout. Alors personnellement je n'ai besoin d'aucune raison pour monter tout là-haut contrairement à lui. Je ne sais pas tellement quoi trouver pour le convaincre de se lancer d'ailleurs. Je lance alors l'idée que je pourrais très bien raconter à tout le monde que c'est un dégonflé, pour plaisanter bien évidemment. C'est tout ce qui me vient à l'idée. Il réplique alors en disant que ce serait du chantage, ce qui m'arrache un sourire. « Mais c'est parce que je suis très méchante en réalité. » Non pas vraiment, je ne le suis pas pour un sou. J'imagine qu'il doit voir que je ne suis pas sérieuse. Quant au fait que je pourrais faire son éloge si jamais il montait, comment dire ... « Et qu'est-ce que j'y gagne moi dans tout ça hein ? Parce que c'est bien beau tout ça, mais si tu montes en haut et que je dois au final faire ton éloge, je crois que ça ne m'apporte rien du tout. J'ai besoin d'un but moi aussi tu vois. » Je souris, non parce que bon s'il se décide finalement et qu'il monte, c'est très bien mais moi là-dedans je ne sers pas à grand chose.

Je n'ai jamais jugé qui que ce soit, tout simplement parce que le regard des autres me terrifie, que je me sens jugée en permanence, et que je n'ai pas envie d'infliger ça à qui que ce soit. De toute manière ici je ne suis personne pour juger les autres, parce que je ne les connais pas. On peut émettre un jugement sur les personnes qui nous sont familières ça je le conçois mais autrement quand on ne connaît pas les autres, il est bien trop facile d'avoir une première impression fausse dont on ne se défera jamais. Alors si Sully a besoin d'une raison avant de faire quoi que ce soit, et bien pourquoi pas. C'est son choix, pas le mien. Je n'ai pas la même vision des choses, mais je n'ai pas l'intention de lui démontrer par a+b qu'il a tort de vivre de cette manière. Peut-être que ça lui convient très bien. Je me demande simplement s'il est heureux, parce que je me demande si on peut l'être en se privant de toute forme d'amusement. Je me permets de lui demander, j'espère que ma question ne le gêne pas, mais enfin je ne le force pas à me répondre non plus. Mais il le fait alors j'imagine que ça ne le gêne pas tant que ça d'en parler. « Il n'y a personne dans ta vie de qui tu sois assez proche pour avoir envie de changer ? » je lui demande alors une fois qu'il a répondu à ma question. Je pose peut-être trop de questions, mais si c'est le cas j'espère qu'il me le dira. J'ai simplement l'impression qu'il est bien seul, mais je peux tout à fait me tromper, il me le dira lui-même. Quant à toute cette histoire d'escalade, et bien disons qu'il ne fallait peut-être pas croire tout ce que je disais. Non pas que je lui mentais, non je ne me permettrais pas, simplement j'étais plutôt courageuse. Je le dis sans aucune prétention, simplement je sais que je ne suis pas facilement effrayée. Sans doute le regard des autres est ce qui me terrifie le plus et quelque part je préférerais avoir peur du vide. Mais enfin, pour plaisanter, je lui dis que j'ai toujours raison. « Et bien vois-tu c'est exactement ce que j'allais te demander ! » je lui réponds en souriant. Bon il pouvait très légitimement remettre ma parole en doute, parce qu'il n'était pas donné que si jamais il montait, il ait une peur bleue en arrivant en haut. Non ça c'était tout à fait possible, enfin pour cela il fallait qu'il se décide à monter, ce qui n'était pas gagné. Enfin ce n'était pas non plus un drame s'il n'y montait jamais, je pense que j'y survivrai et lui aussi. Mais visiblement il semblait quand même bien décidé pour quelqu'un qui n'en avait pas envie. Il était exclu que j'aille faire son éloge à tout le monde, mais il me proposait carrément de devenir l'héroïne de son prochain film, et bien là c'était plutôt lui qui n'avait plus rien à gagner dans l'histoire. « Tu sais moi les projecteurs et les paillettes ça ne m'a jamais intéressée. Par contre tu peux m'acheter la voiture de mes rêves oui. » Bon là ça partait un peu dans tous les sens, parce que bon pour le coup là il n'avait clairement plus rien à y gagner. « Tu fais des films ? » je demande finalement. Bon j'imagine que oui hein, mais je préfère demander.