J'avais parlé à Niklas très brièvement via les blogs il y a de ça quelques jours, des échanges simples, discrets, mais pourtant j'avais bel et bien hâte d'en découvrir un peu plus sur lui. Oui, j'aimais apprendre à connaitre les gens, c'était simplement plus fort que moi. J'avais les yeux brillant à chacune des paroles qu'ils prononçaient, à chaque histoire qu'ils me racontaient. J'étais une vraie gamine, adepte de contes de fées. Et c'était tant mieux, parce qu'un monde sans un minimum de magie n'était pas un monde dans lequel je souhaitais vivre. Clairement, je n'étais pas entrain de vous raconter que j'allais me cisailler le poignet à coup de feuilles de PQs comme la plupart des émo pourraient le faire. Oui, j'avais eu ma période Rock'n Roll mais de là à tomber aussi bas, non, s'il vous plait, je souhaitais garder un minimum de dignité. Toujours est-il qu'il m'avait donné rendez vous au "décor penché" inutile de vous dire que je n'avais pas bien eu l'occasion de découvrir cet endroit. A vrai dire je crois que je ne l'avais même pas aperçu, du coup je m'imaginais une sorte de maison, vous voyez, genre tremblement de terre, et elle passe de droite à gauche, avec tous les objets qui se cassent, les vitres qui se brisent et les bouts de verres qui se plantent dans votre peau et... Stop. Ça ne devait probablement pas être de genre de décor penché. Et non, en effet puisqu'une fois arrivée je découvrais Niklas posté sur un mur d'escalade. Clairement pas ce que j'avais prévu. Celui ci prit donc la parole. « Wesh vas y tourne la tête ? » je m'exécute, tentant de comprendre avant de finalement piger. Mes cheveux étaient noués en une natte, mais pas de chouchou lotus. Je pouvais presque lire sa déception sur son visage, heureusement j'avais pensé à tout. « Mais t'inquiètes, je l'ai mis à mon poignet, tu vois, genre, comme une sorte de carte passe, un badge de reconnaissance ! » je marque alors une petite pause, observant la fleur avant de reprendre « D'ailleurs je crois que les filles au bal de fin d'année portent ce genre de trucs aussi. Tu m'imagines bien toi aussi avec une belle robe et tout, marchant super fièrement avec mon prince à mon bras ? » là dessus, j'imite une démarche -sur place- peut-être un peut trop exagérée. A la Popeye quoi. « J'serais canon. »

Je dois avoir un air bizarre sur le visage. Si elle n'a pas mit son chouchou dans les cheveux je ne m'attendais pas à ce qu'elle pense quand même à venir avec. Je l'écoute parler de promo et taper un catwalk imaginaire. Mon sourire s'élargi, un rire s'en échappe. Derrière sa légèreté - et pas celle de sa démarche on est d'accord - j'ai comme l'impression qu'elle aimerait vraiment, sincèrement y être. Je m'applique à pas lui gâcher la fête, même imaginaire, une petite voix me dit qu'elle la mérite son moment de gloire. Je me suis péter le tibia en début de semaine, c'était pas a cause des dino mais qu'est-ce qui nous empêche de kiffer cette version si la vérité pue la merde ?

«Tu serais canon ! Surtout si je suis le prince et que t'es a mon bras, les fleurs t'y attendent.»

Je pointe le lotus solitaire tatoué sur mon biceps. Aller, souriez, un boloss en mode lover c'est toujours mignon. Pathétique ? Faire connaissance pour inviter les candidats à aller au delà des apparences c'est pas évident pour quelqu'un perpétuellement sur la défensive et je n'ai pas envie de jouer le rôle des circonstances atténuantes. Pas avec celles et ceux qui comme Brune, frappent à la porte sans savoir ce qu'ils vont trouver derrière avec des étoiles dans les yeux pour remplacer celles que j'ai perdu. J'ai des tas d'histoires à raconter pour prouver que je suis quelqu'un qui vaut la peine d'être connu, mais en partant du principe que j'ai rien à prouver, je ne les ai jamais raconté à personne et j'ai été séparé de trop de monde dans le silence que j'observais pour les protéger. Soit disant.

Je lui raconterais pas que j'ai été en taule, tout le monde l'a compris dès le premier prime puisque j'ai fait en sorte de le dire à qui voulait l'entendre d'entrée de jeu comme ça c'est fait, comme ça c'est clair. Je lui raconterais pas non plus les histoires de mes terres d'origines, je garde ça pour une éventuelle soirée au coin du feu, ou n'importe quel contexte plus propice aux légendes.

Là, devant le mur d'escalade avec mon harnais, j'avais décidé de rester prudent. Et puis elle est arrivée avec sa bonne humeur et m'a donné envie de lui raconter l'histoire la plus insolite de ma réserve. Celle de Booba, le petit ourson, pas mon rappeur français préféré encore que...Tallac c'est le nom d'une montagne, dans le dessin animé elle est dure à gravir, le petit ourson voit ses compagnons de galère tomber les uns après les autres et s'exploser par terre avant d'atteindre le sommet. Lui pour une raison X ou Y qui lui échappe totalement d'ailleurs, il est plus fort que les autres et ne lâche pas même quand la gravité à décidé de lui faire un coup de pute. Un jour il réalise qu'il finira pas l'atteindre le sommet, mais qu'il l'atteindra seul s'il ne tend la main à personne.

J'ai peut être tord de faire confiance à quelqu'un que je ne connais que depuis peu mais j'ai une bonne impression, palpable, et pour une fois y'a pas de jeu de mot gravelleu. Brune est comme la gravité, elle et moi on s'entend bien. Si quelque chose doit me baiser, c'est le jeu ma pauvre Lucette. Qu'on m'achève, parce-que j'irais pas me cisailler le poignet à coup de lame de rasoir comme mon meilleur pote le weekend qui à précédé mon entrée dans le jeu. Je lui tend le bras prêt à attaquer le mur d'escalade en douceur. Le but c'est d'arriver en haut sains, sauf, et à deux.

«Tu m'accorde cette danse ? Si on arrive en haut promis je te trouverais une couronne de reine de la promo dans le hangar à accessoires.»

Malheureusement, je n'avais jamais pu assister au bal de fin d'année, ma soeur oui, mais pour ce qui était de mon cas, j'avais attrapé la grippe le même jour. De ce fait j'avais du abandonner mon amant invisible et rester dans ma chambre. Fausse excuse. Personne ne m'avait invité, et je n'avais simplement pas eu envie de m'y rendre toute seule, préférant la solitude à la honte ET la solitude. J'étais pas très douée en combinaisons. « Tu serais canon ! Surtout si je suis le prince et que t'es a mon bras, les fleurs t'y attendent. » dit-il en désignant le lotus sur son biceps en un sourire auquel se joignit le mien. pour sûre qu'il devait être sacrément élégant en costume. De toute façon, lui, il n'avait certainement pas du avoir bien de mal à se trouver une cavalière, et certainement une des plus belles, haha. Je m'étais contenté de regarder Dirty Dancing, entourée de mouchoirs, comme si la fin du monde était proche. Ce n'était pas pathétique, c'était une scène totalement normale dans la vie d'une gamine un peu trop normale pour réussir à se démarquer. Et puis de toute façon c'était une période que je préférais oublier. Une période où je n'étais pas forcément bien, ou pas grand monde n'avait voulu m'approcher. Mais tout ceci avait évolué une fois que j'avais réussi à m'épanouir dans la musique, à monter un groupe et à parcourir les plus grandes scènes du monde. Maintenant ce n'était plus moi, mais ma popularité qui attirait les plus beaux. Pas de quoi m'impressionner pour autant, j'étais une fille normale et patiente, j'avais tout mon temps pour être pleinement heureuse. « Tu m'accorde cette danse ? Si on arrive en haut promis je te trouverais une couronne de reine de la promo dans le hangar à accessoires. » un rire s'échappe de mes lèvres « Tu sais que t'es certainement le premier à m'inviter ? Je me vois mal refuser. » du coup, je me demande un instant comment enfiler un harnais. Je le glisse autour de ma taille, le passe par dessus mon épaule... par dessus l'autre épaule... c'est vraiment pas pratique... « Je crois que je vais avoir besoin d'un peu d'aide avec... ça. » je me sens bête, mais ça fait un petit moment que j'ai renoncé à toute dignité dans le monde sportif.

«Tu plaisantes»

J'avais déjà une main posée sur une prise l'autre qui se tendait vers elle prêt à nous soulever, je redescend vers elle, véritablement intrigué. Comment c'est possible que personne n'ai jamais invité une fille qui débarque à l'improviste dans ta vie comme une grenade pour t'exploser un peu de joie de vivre en pleine gueule, alors que la plupart des filles que j'ai croisé on jamais rien voulu me coller de plus que leur main en pleine tête ?

C'est de ma faute aussi, j'ai rarement été aussi courtois avec les filles que depuis que je suis dans ce jeu. Disons que ça dépend des filles en question, celles que je fréquente par défaut en dehors de mon quartier son prêtes à tout pour approcher un diamant noir de près quitte à se frotter les jambes sur l'intérieur cuir d'une Cadillac Escalade en miaulant pour frôler du doigt la montre custom. Michtonneuse, vivement la biographie de Zahia !

Je lui ai repris le harnais des mains et je l'ai remis dans le bon sens avec un air qui dois trahir ce que je pense de ce qu'elle a foutu avec, le même air que lorsque je tire de ma poche les écouteurs de mon lecteur mp3 dans le RER et que je met tellement de temp à démêler le bordel que j'ai plus vite fait d'arriver à destination. J'ai attaché la ceinture à sa taille, maintenant je recule d'un pas.

«C'est là que ça se complique»

Ca se complique mais quand on vise l'inclinaison du décors penché c'est indispensable, y'a d'autre façons de faire la une de la FOX à l'heure des actualités que de s'éclater la tête sur le bitume devant des millions de téléspectateurs. En ce qui me concerne c'est mon fond de commerce. Je veux dire, j'inspire pas toujours la sympathie je peux pas en plus me permettre d'abimer le visage qui me permet d'écarter des cuisses aussi efficacement qu'un pass navigo chargé à bloc ≻≻≻ bip ! En parlant de ça...j'aime autant qu'elle termine seule.

«Vas falloir que tu passes ça entre les jambes et autour des cuisses, tu sais le faire seule ?» rassure moi.

Oui je n'avais jamais connu les bals de promos, les belles robes ou les cavaliers aux sourires scintillants. J'étais une novice, et au lycée, on ne pouvait pas dire que j'étais la fille la plus populaire. oui, je n'avais ni été la plus belle, ni la plus intelligente, et étais clairement bien trop réservée pour oser briller d'une quelconque manière. J'étais ce que l'on appelle la masse. Ce genre de personne que tu confonds avec la tapisserie, celle qui a des amis, mais pas trop. Celle qui a une vie, mais à laquelle personne ne s'interesse. Mais c'était avant. Avant que je ne fasse le tour du monde. Avant que ces personnes ne réalisent que je pouvais mieux réussir ma vie, avant qu'ils ne me voient à la télévision. Certains d'entre eux ont même essayé de reprendre contact, mais je n'ai jamais vraiment apprécié les opportunistes, pas que je leur en veuille, cependant j'estimais que si ils n'avaient rien eu à me dire par le passé, il n'en auraient pas plus aujourd'hui. « Tu plaisantes » dit-il en redescendant comme si le fait que je n'ai jamais assisté à un bal soit étonnant, ma tête tourne de droite à gauche, négative. Il semble surpris. Mais je décide de ne pas aborder plus longtemps le sujet, inutile de parler de mon enfance, elle fait partie de moi, certes, et je n'en ai pas honte, cependant je préfère de loin celle que je suis aujourd'hui. Les moments que je suis entrain de vivre, là, plutôt que de relater du passé. Il m'aide alors un instant avec le harnais. Et en toute honnêteté, je préfère clairement me laisser faire, n'étant pas du tout à l'aise avec ces choses là. « C'est là que ça se complique. Vas falloir que tu passes ça entre les jambes et autour des cuisses, tu sais le faire seule ? » j'hoche la tête, affirmative avant de finalement m'exécuter. Bien, ce n'est pas aussi compliqué que ça en à l'air finalement. Pas sûr que j'arrive à le retirer, peut-être devra t-on utiliser les ciseaux, hm. « Et maintenant ? » je pose mes yeux dans les siens « J'ai vraiment l'air d'une novice, n'est ce pas ? » un léger rire s'échappe de mes lèvres.