I gotta stop pretending who we are + 21.05 16h14

+ lena

J'ai encore du mal à m'habituer aux lieux. Tout est tellement grand, tellement démesuré. J'ai l'impression de vivre un rêve éveillé. Mais, il m'arrive aussi souvent de me perdre. En réalité je ne cherche jamais un endroit en particulier, je me contente de découvrir chaque endroit qui s'offre à moi, autrement je suis vite déboussolée. Parfois j'aime bien m'éloigner des autres candidats, me sentir un peu seule. Je ne recherche pas la solitude, mais là je me sens angoissée de vivre avec autant de personnes inconnues. J'ai peur de ne jamais retenir qui est qui, cela me semble être un travail bien trop fastidieux pour moi. Si je passe assez de temps ici, je devrais sans doute pouvoir m'en sortir. Je l'espère en tout cas. En ce mardi, je fais un peu plus le tour de ce studio qui me semble être interminable, et mes yeux s'arrêtent sur ce terrain de jeux. Je souris à la vue de celui-ci quand je vois que tout est à taille adulte. Le contraire m'aurait de toute manière étonné, il n'y a pas d'enfants ici. J'ai toujours rêvé de pouvoir emmener mes enfants s'amuser sur un terrain comme celui-là, sauf que je n'en ai pas et que je n'en aurais jamais. Je me suis résolue avec le temps, j'ai fini par l'accepter. J'imagine aura tout de même un semblant d'intérêt même sans enfant. Pour l'heure je m'essaierais bien à certains de ces jeux, c'est sans doute un peu trop enfantin mais ils me rappellent mon père. Il était toujours le seul à accepter de m'y conduire. J'entends des pas derrière moi et immédiatement je me retourne pour faire face à une jeune femme brune. Je ne sais pas qui c'est, je n'en ai pas la moindre idée, mais je lui souris. « Je sais que ce n'est plus de nôtre âge mais ... » Enfin nôtre âge, elle ne m'a pas l'air bien vieille mais il est clair qu'elle n'est plus en âge de s'amuser de cette manière. « Tu veux faire du trampoline avec moi ? » je lui demande dans une moue presque gênée. Je sais que ce n'est pas la meilleure manière d'engager la conversation, mais que voulez-vous je ne suis pas née avec un guide de conversations.

Samedi soir Lena avait eu peur de ne pas s’intégrer au groupe, de ne pas se sentir à son aise dans ce jeu. C'était véritablement ce qui l'avait contrainte à se mettre à l'écart, au point de lui faire amèrement regretter sa participation. Bon elle avait souvent tendance à rapidement baisser les bras, mais c'était limite si elle n'avait pas été pas prête à retourner à Rosedale sur un coup de tête en laissant cette aventure à peine entamée derrière elle. Elle s'était néanmoins rapidement raisonnée. Et ces craintes s'étaient dissipées depuis, non seulement parce qu'elle avait rencontré quelques candidats fort sympathiques et lui donnant envie d'apprendre à les connaitre d'avantage, mais aussi parce que ce nid regorgeait de lieux insolites où il était toujours plaisant de se rendre, pour effectuer toutes sortes de découvertes qui raviraient à coup sûr les yeux de la jeune danoise. Et jusqu'ici elle n'avait pas été déçue. Hier un jardin botanique absolument grandiose, tout à l'heure un mur d'escalade des plus impressionnants... et maintenant, qu'est ce qui l'attendait ? Et bien, elle ne tarderait pas à le savoir, puisqu'aux alentours de seize heures Lena avait débuté une petite excursion, dans les studios toujours, à la recherche d'un lieu tout aussi atypique où elle n'aurait pas encore mis les pieds en l'espace de trois jours. Et quelques instants plus tard, elle se retrouvait au beau milieu d'une grande aire de jeux. De quoi lui rappeler son enfance, les après-midi de vacances à faire de la balançoire dans le jardin avec ses deux jeunes sœurs. La période la plus heureuse de sa vie, où son insouciance n'était pas encore pointée du doigt. Désormais elle n'était plus en contact avec sa famille, et ça lui faisait mal, vraiment très mal de ne plus voir personne. En fait, son entourage se limitait aujourd'hui à Dean, et ce dernier était tout ce qui lui restait. Peut-être qu'un jour, elle renouerait avec ses parents, peut-être qu'ils parviendrait enfin à accepter cette relation avec un homme sensiblement plus âgé qu'elle. Elle l'espérait sincèrement, et ne se voyait vraiment pas passer le reste de sa vie loin des siens. Elle avait besoin d'eux, même si elle peinait à le reconnaitre parfois. Disons qu'elle avait sa petite fierté elle aussi, et celle-ci était souvent mise à mal. Ainsi donc cette aire de jeu était le paradis pour toutes les jeunes femmes ayant conservé une âme d'enfant, et c'était le cas de Lena bien que cela n'avait pas dû échapper à grand monde ces derniers jours. Est-ce qu'elle comptait s'essayer aux tourniquets et autre jeux à disposition ? Et bien pourquoi pas. Sauf si on tentait de l'en empêcher, mais qui oserait la priver d'un tel plaisir ? Peut-être la candidate avec laquelle elle tomba bientôt nez-à-nez, et dont par ailleurs elle ne connaissait pas encore le nom. Une brune avec de très beaux yeux clairs, qui fit alors référence à ce type d'amusements, qu'elle sous-entendait n'être plus tellement de leur âge. Oh ? Mais Lena n'avait que vingt-et-un ans, autrement dit elle s'estimait toujours en âge de grimper sur un toboggan. Si bien sûr ce dernier supportait son poids, mais n'étant pas bien épaisse ça devrait aller. Bon par contre pour le bac à sable, elle s'abstiendrait sans doute. Disons que c'était limite quoi. Et voilà que sa camarade lui proposait de faire du trampoline avec elle. Sérieusement ? Mais... mais... c'était une formidable idée ça !! En voilà une qui savait comment parler à Lena. Cette dernière en trépignait déjà d'impatience. « Oh oui ! Oui oui oui ! Allons-y ! » Et là-dessus, elle se saisit de la main de sa camarade qu'elle entraina avec elle, sur ledit trampoline. Et effectuant quelques petits sauts dans un premier temps, elle reprit. « Appelle-moi Lena ! Et je ne sais pas quel âge tu as, mais laisse-moi te dire que tu fais jeune. » Elle ne se rendait pas trop compte si cette tournure de phrase était maladroite, mais ce qu'elle entendait par là c'est qu'elle n'avait pas l'air bien vieille. Elle ne tenta toutefois pas de deviner son âge, mais si elle n'avait pas eu peur de dire des bêtises et de la froisser elle aurait très bien pu s'y risquer oui, sans nul doute.

Cet endroit m'a toujours fasciné quand j'étais plus jeune. C'était un peu notre endroit à mon père et moi, après son garage bien entendu. Ma mère a toujours refusé que mes sœurs et moi allions jouer dans un terrain comme celui-ci parce qu'elle avait peur que nous salissions les vêtements qu'elle passait des heures à choisir pour nous, sans jamais nous demander si nous les aimions. Mon père lui se contentait de ne rien dire, mais si je lui demandais il m'y emmenait. A chaque fois que je le voulais même. Il n'a jamais voulu se prendre la tête avec sa femme, mais il n'a jamais été d'accord avec tous ses principes. Je me demande comment il a pu avoir cinq enfants avec elle. En tout cas j'ai toujours beaucoup de tendresse quand je passe devant une aire de jeux, parce qu'elle me rappelle mon père. Bien évidemment je ne peux m'empêcher de penser qu'il n'est plus parmi nous. Tout comme je ne peux m'empêcher de penser que je ne pourrai jamais emmener mes enfants jouer dans un parc. Parce que je sais que je ne trouverai jamais quelqu'un qui voudra de moi. Au départ ça me faisait beaucoup de peine de penser une telle chose, mais maintenant je crois que je m'y suis résolue. Ce n'est pas grave, j'ai fini par m'y faire. On ne peut pas tous avoir la vie dont on a rêvé, et clairement je ne fais pas partie de ces heureux élus. Parfois il m'arrive de regretter de ne pas être une personne comme les autres, mais je sais que me lamenter ne changera absolument rien. Alors je pourrais pleurer des heures sur mon sort devant ce terrain de jeux, qui est à taille adulte qui plus est, ou je pourrais aussi m'occuper et profiter de tous les jeux qui s'offrent à nous. C'est justement quand je pense à cela qu'une jeune femme fait son apparition. Alors je lui propose de venir faire du trampoline avec moi, c'est sans doute une occupation un peu trop infantile, mais je me laisserais bien tenter. Elle a en tout cas l'air très enthousiaste à cette idée, ce qui me fait sourire. Elle me prend la main et m'entraîne jusqu'au trampoline. Elle dégage une certaine insouciance. Insouciance qui m'a toujours fait défaut et que je lui envie. Elle se présente sous le nom de Lena, même si très honnêtement je suis certaine de ne pas m'en souvenir, et ajoute que je fais jeune, c'est gentil. « Lena, d'accord, j'espère que tu ne m'en voudras pas si jamais je ne m'en souviens pas. » Oui ce qui est d'ailleurs fort probable, mais je préfère la prévenir, ce n'est pas contre elle, non pas du tout. « J'ai trente-trois ans. Et toi, laisse-moi deviner, la vingtaine ? » Dans ces eaux-là, je ne pourrais lui donner un âge précisément. Je ne suis pas devin non plus. Je continue à sauter avec elle, me demandant si elle pourrait en avoir marre un jour, tellement elle m'avait semblé enthousiaste à l'idée de faire du trampoline. « Et sinon tu te plais ici ? Enfin je veux dire tu ne regrettes pas d'être là ? » Non elle n'a pas tellement l'air, mais je ne sais pas je ressens une sorte d'empathie à son égard, sans doute à cause de l'insouciance qu'elle dégage. Je sais que ça peut sembler étrange comme question au premier abord, mais je ne savais pas tellement par où commencer.

Lena n'avait pas de projets particuliers cet après-midi. Elle s'était d'ailleurs promenée sans destination précise avant de tomber sur cette grande aire de jeu au beau milieu de laquelle elle venait tout juste de faire la rencontre de l'une de ses camarades. Peut-être avaient-elles déjà eu l'occasion de s'échanger un regard toutes les deux, mais si elles s'étaient déjà parlé Lena s'en serait souvenu, alors non, c'était forcément la première fois que le dialogue était initié entre les deux candidates. La jeune femme, dont elle ne connaissait toujours pas le nom, lui proposa alors de faire du trampoline. Si la belle brune s'était adressée à quelqu'un d'autre, cette personne aurait très bien pu décliner son offre mais pas Lena, oh non ça ne risquait pas. Parce qu'il s'agissait là de l'une de ses activités stimulantes dont la danoise raffolait tant, et il ne lui était pas concevable de ne pas se laisser tenter alors qu'elle ne prévoyait rien de mieux à faire dans la demi-heure. Au contraire, ça l'occuperait un peu et elle avait besoin de ça pour oublier certaines choses. Oublier notamment pourquoi elle était là, ou plutôt pour qui. Oh oui il valait mieux que Lena ne pense pas à tout cela, c'était un coup à se démoraliser. Alors non, bien sûr, un peu de trampoline ne pourrait pas lui faire de mal surtout en ayant de la compagnie. Parce que bon, du trampoline seule ce n'était pas bien drôle, admettons-le. Et dans un élan d'engouement, Lena entraina même sa camarade comme si elle était l'une de ses copines de jeu, avec laquelle elle était sur le point de bien s'amuser. Oh elle était comme ça Lena, souvent très spontanée. Cette histoire de trampoline l'emballait et ça se voyait, clairement. Une fois que la candidate eut apprit son nom, elle sous-entendit qu'elle n'était pas certaine de s'en souvenir, et qu'elle espérait qu'elle ne lui en voudrait pas si c'était le cas. « Non, non, bien sûr que non ! » répondit-elle, tout en effectuant ses premières cabrioles, littéralement exaltée. Si elle oubliait son prénom, ce n'était pas dramatique, elle se chargerait de le lui rappeler. Même si "Lena", c'était facilement mémorisable, non ? Oh elle n'était pas là pour juger de ça, ce qu'elle voulait sur l'instant c'était prendre du bon temps. Sa camarade lui révéla par la suite son âge. Trente-trois ans, Lena l'aurait pensée encore plus jeune. Et selon elle, la danoise devait avoir la vingtaine. « Oui c'est ça, vingt-et-un ans exactement. » Elle avait donc vu juste. Il était rare tout de même qu'on lui donne plus, et même souvent, les gens avaient tendance à penser que Lena n'était même pas majeure. Sans doute parce qu'elle était petite, menue et qu'elle avait conservé une bouille d'enfant. Enfin quand même, de là à lui donner quinze ans... Soit. La candidate la questionna alors. Est-ce qu'elle se plaisait ici, et surtout, est-ce qu'elle regrettait de s'être embarquée là-dedans. Difficile de livrer son premier ressenti, mais Lena savait tout de même si elle avait des regrets ou pas. « Non je ne regrette pas. Enfin le premier soir ça a été difficile, entourée d'inconnus, je ne savais pas où me mettre, j'étais totalement perdue et j'appréhendais aussi beaucoup ce qui se passerait ensuite. Et à ce moment-là, c'est vrai, j'ai voulu partir en courant. Si je n'avais pas été tétanisée sur place, peut-être que je l'aurais fait. Je ne sais pas. Mais depuis ça va mieux, j'ai fait quelques rencontres, j'ai découvert de fabuleux endroits et ce n'est que le début... Je pense me plaire ici, oui. Donc pas de regrets pour l'instant. » Un sourire vint étirer les fines lèvres de la danoise, qui était aussi très intriguée par la femme qu'elle avait devant elle et qui sautillait elle aussi. Elle pouvait sans doute se permettre de la questionner à son tour. Disons qu'elle ne savait pas grand chose d'elle pour l'heure, même pas son nom, c'est dire la longueur d'avance qu'elle avait sur Lena. « Et toi alors, tu penses trouver rapidement tes marques dans le nid ? Les autres candidats sont gentils avec toi, j'espère. » Oh bah oui, ils avaient tout intérêt à l'être, car elle semblait être une jeune femme très sympathique. C'est en tout cas l'impression qu'avait Lena après avoir discuté quelques petites minutes avec elle, et elle ne pensait pas se tromper à son sujet.

Toute seule je ne sais pas si j'aurais osé m'aventurer dans ce terrain de jeux. Pas que j'avais peur que l'on me prenne pour une gamine, simplement je trouvais que c'était un endroit convivial dans lequel on passait de bons moments à plusieurs. Je trouve ça triste d'y aller seule. C'est pourquoi cette idée ne m'avait pas traversée l'esprit avant que Lena n'arrive à ma hauteur. Maintenant qu'elle était là je pouvais bien lui soumettre mon idée. Idée qui semblait d'ailleurs beaucoup l'enthousiasmer. Tant mieux, quelque part ça me faisait plaisir de voir une personne comme elle, heureuse simplement à l'idée de faire du trampoline. Je connaissais désormais son prénom, mais comme je le lui avais déjà dit, il était fort probable que la prochaine fois je sois incapable de me souvenir de son prénom. Pour des raisons totalement indépendantes de ma volonté bien évidemment, mais en tout cas voilà il ne fallait pas qu'elle pense que c'était contre elle si jamais j'en venais à oublier son prénom. En tout cas cela n'avait pas trop l'air de la déranger. Bien. « Moi c'est Avalon au fait. » Oui je venais de me rendre compte que j'avais complètement oublié de lui donner mon prénom. Ce qui n'était pas volontaire, sur le coup je n'y avais simplement pas pensé. Mais maintenant c'était chose faite. Quant à l'âge de la jeune femme, et bien vingt-et-un ans je n'étais pas si loin de la vérité. Mais les traits de son visage m'apparaissent assez juvéniles. Je vins alors à lui poser une question. Je ne savais pas trop pourquoi celle-là en particulier, parce qu'elle dégageait quelque chose qui me poussait à savoir si elle se sentait bien ici, sans doute. Encore une fois je ne saurais dire ce qui émanait d'elle précisément, mais j'avais eu envie de lui poser la question. Elle m'avoua alors que le premier soir fut difficile et qu'elle aurait alors pu partir mais que depuis tout allait mieux. Bien, je crois que quelque part cela m'aurait fait un peu de peine si elle m'avait dit qu'elle ne se sentait pas bien ici. Sans doute parce qu'elle m'apparaissent tellement candide. Mais ce n'était qu'une simple impression, et de plus je ne la connaissais que depuis quelques minutes. « C'est normal, le premier jour c'est toujours difficile, avec tous ces gens qu'on ne connaît pas, loin de ses proches. Ta famille te manque ? » je lui demande sans trop savoir pourquoi. Je crois que je m'imagine dans ma tête que c'est une gamine qui vit encore chez ses parents. Je dois certainement me tromper, mais il doit bien y avoir des gens à qui elle est attachée dehors. J'imagine que s'ils ne lui manquent pas tout de suite, peut-être un peu plus tard. « En tout cas c'est bien si tu ne regrettes pas, je suis sûre que ça va bien se passer. » Enfin je n'en sais rien bien entendu, mais je tends à croire à mes paroles. Je ne vois de toute manière pas ce qui pourrait lui arriver de très grave ici. Elle me pose alors une question, qui me fait sourire, surtout la phrase qu'elle ajoute après. « Oui tout le monde est très gentil avec moi, enfin pour le moment. » Peut-être y-a-t-il des personnes méchantes dont je n'ai pas fait la connaissance après tout, je n'ai pas eu le temps de parler à tout le monde encore. « Mais c'est vrai qu'ici c'est un peu grand, on s'y perd facilement. Et puis j'ai beaucoup de mal à me souvenir de qui est qui, mais j'imagine que ça va rentrer avec le temps. » Sinon oui pour le moment tout se passait plutôt très bien, mais après tout ce n'était que le début de l'aventure.

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Comment Lena pourrait-elle en vouloir à sa camarade si celle-ci venait à oublier son prénom ? Elle en était incapable, tout simplement parce que Lena n'en voulait à personne. Jamais. Et on pouvait même lui faire la pire crasse du monde qu'elle trouverait encore un moyen d'être indulgente. C'était propre à sa façon d'être, oui, elle pardonnait bien trop vite. Tellement vite en fait qu'elle ne laissait jamais à la rancune le temps de s'installer. Est-ce que c'était une bonne chose ? Hum non, pas forcément. Passer aussi facilement l'éponge prouvait bien que Lena était apte à tout accepter. Or oublier son prénom était une chose, mais la blesser, lui faire du mal et s'en sortir sans même qu'elle ne nous en veuille... bah ça n'était pas très juste. Mais elle n'y pouvait rien, elle était comme ça. Tout était généralement oublié la demi-heure d'après avec elle. Oh oui ça allait très très vite. Quand est-ce qu'elle en avait voulu à quelqu'un pour la dernière fois d'ailleurs, hm... et bien cela devait remonter à il y a bien longtemps, sans doute. Mais peu importe. Elle assura de toute façon à sa camarade qu'il n'était pas question qu'elle lui en tienne rigueur si jamais son nom venait à lui échapper un peu plus tard. Elle n'avait de toute façon pas la prétention de penser qu'elle était de ces filles si marquantes qu'on retenait à la fois d'elles leur bouille, et leur nom. Non non, Lena était même tout le contraire de ces filles-là, elle se voyait comme la girl next door, celle qu'on remarquait à peine, qu'on croisait sans se retourner sur elle, qu'on oubliait aussi très vite. Que voulez-vous, elle ne pouvait pas concurrencer certaines autres demoiselles, que ce soit physiquement ou intellectuellement. Mais ça lui plaisait bien de passer inaperçue les trois quarts du temps, car elle détestait attirer l'attention sur elle, de quelque manière qu'il soit. La candidate avec laquelle Lena discutait depuis quelques minutes maintenant leva finalement le voile sur son nom. Avalon. C'était peu commun, mais ça lui allait à ravir. Décidément, tout le monde avait des prénoms atypiques ici. Celui-ci l'était tout particulièrement, il faut bien l'avouer. Avalon ne tomba pas bien loin concernant l'âge de Lena. Elle avait misé sur la vingtaine, et la danoise avait récemment fêté ses vingt-et-un ans donc oui, c'est ce qui s'appelle avoir du flair. Quant au fait de se plaire dans le nid depuis son arrivée, Lena dut tout de même reconnaitre que le premier soir avait été tout sauf évident pour elle. Effectivement, elle avait bien cru ne jamais trouver sa place dans ce jeu mais au final, trois jours plus tard, tout allait bien. Sans être pour autant pleinement épanouie puisque loin de son Dean elle ne pouvait pas l'être, il y avait quand même eu du mieux depuis samedi, beaucoup de mieux. Est-ce que sa famille lui manquait ? Oh, voilà une question qui ne la laissa pas insensible, au contraire, c'est la gorge serrée qu'elle y répondit. « Oui, beaucoup. Je n'ai pas vu mes parents et mes deux sœurs depuis, pfouuu... une éternité. Donc bien avant d'intégrer cette aventure, ils me manquaient déjà atrocement. » Entre temps la danoise avait cessé de sautiller sur le trampoline, et elle reporta bientôt le regard à ses pieds, avant de soupirer. Ce n'était pas facile d'en parler, elle gardait cela au fond d'elle et souffrait beaucoup de l'éloignement d'avec sa famille. Il y avait Dean, bien sûr, mais en partant avec lui c'était comme si elle avait laissé derrière une partie d'elle-même. Mais oui, tout se passerait bien dans ce jeu, elle en était quasiment persuadée elle aussi. Si les autres candidats étaient tous aussi sympathiques qu'Avalon, le courant passerait avec tout le monde et Lena serait heureuse. Elle espérait ne pas se heurter à l'éventuelle médisance ou hypocrisie de certains. Ça lui ferait beaucoup de mal de se sentir trahie, oui, même ici et par des individus qu'elle ne connaissait encore qu'à peine. Mais pour le moment Lena n'avait rencontré que des personnes gentilles. Qui avaient d'ailleurs intérêt à l'être avec Avalon également. Oui elle méritait qu'on soit gentil avec elle, selon Lena. Elle le lui confirma alors, insistant toutefois sur le "pour le moment". Pourvu que les choses restent comme telles, sinon ce serait triste. Triste que les comportements changent, et les personnes aussi. Mais allez savoir comment certains sortiront d'ici, ce que leur émission leur aura apporté ou leur aura pris... Lena était tout de même disposée à lui donner raison sur ce point : il était facile de se perdre ici, entre les prénoms à retenir, certaines informations à assimiler, notamment celles données par la production lors du prime de samedi. Oui, ça en faisait des choses à emmagasiner mine de rien. Lena retrouva finalement son sourire. « Je crois qu'on dort dans la même chambre en plus toutes les deux ! C'est super, comme ça si une nuit aucune de nous n'arrive à dormir, eh ben on peut papoter dans un coin et se raconter des anecdotes sur notre petites vies. » Hum... n'était-ce pas là une fausse bonne idée ? « Ou pas. » Oh ça aurait pu le faire, sauf que... elle n'était pas certaine qu'Avalon soit très partante pour ça. Car en général les insomniaques s’obstinaient à vouloir trouver le sommeil, et restaient donc dans leur lit à attendre que celui-ci ne vienne au lieu de faire ce que Lena proposait. Enfin bref, c'était idiot. Ce qu'elle s'apprêtait d'ailleurs à dire à Avalon quand... gné ? Une musique se mit à retentir, soudainement. « Tu entends ? On dirait la musique qui... » Oups. La musique qui... qui... annonçait quelque chose, le fameux quelque chose dont on leur avait brièvement parlé samedi soir. Olala !! « Ils veulent qu'on s'embrasse, c'est ça ? Mais... sur la bouche ? Deux filles, ça va pas faire bizarre ? Parce que moi, j'ai jamais embrassé de fille. C'est différent d'un bisou avec un garçon tu penses ? T'as déjà essayé ? On perd de l'argent si on le fait pas, non ? » Lena n'avait pas tellement envie de voir une infime partie de sa cagnotte dilapidée pour un simple baiser. Mais c'était étrange comme situation. Avalon avait trente-trois ans, quasiment l'âge de son fiancé, et puis c'était une fille. Embrasser une fille Lena ne l'avait jamais fait. Et brusquement, son cœur se mit à tambouriner contre sa poitrine. Elle avait peut-être un petit peur de la tournure que prendraient prochainement les choses, oui, c'est vrai. « Moi je veux bien qu'on s'embrasse mais faut pas que mon fiancé l'apprenne. » Comme si Avalon allait contacter la prison de Baltimore depuis ce jeu pour tout révéler au fiancé de Lena. Non, elle ne ferait jamais ça. Mais Dean risquerait de mal le prendre, effectivement. Et encore, un baiser avec une fille ça passerait sans doute... mais si c'était un homme que Lena devait embrasser, alors là, il valait vraiment mieux qu'il n'en sache jamais rien. Pourvu que ça se limite à ce baiser-ci et qu'ensuite, cette musique ne retentisse plus jamais alors.

Spoiler:

Après plusieurs minutes à discuter, je m'étais rendue compte que j'avais oublié de lui donner mon prénom. Au final j'avais eu vite fait de réparer cette erreur. Maintenant nous étions sur un pied d'égalité. Enfin pour le moment, parce que je savais bien que je ne pourrai la reconnaître la prochaine fois que je la verrai. Tant pis, elle disait qu'elle ne m'en voudrait pas, me voilà rassurée. Je n'aurais pas voulu qu'elle s'en offense parce que je ne l'aurai pas fait volontairement. Moi je l'aime bien en plus. Je sais que c'est un peu tôt pour émettre un jugement, mais pour le moment j'ai plutôt une très bonne impression de la jeune fille. Elle m'apparaissait gentille et plutôt enjouée, assez insouciante aussi peut-être un peu trop. C'est sans doute pour ça que je lui avais demandé si elle se sentait bien ici. Question à laquelle elle me répondit par l'affirmative. Bien, c'était la réponse que j'attendais. De toute manière ici tout le monde m'avait semblé pour le moins agréable, alors je ne pensais pas qu'elle ait pu faire de trop mauvaises rencontres. Peut-être que sa famille lui manquait, je ne savais pas trop. J'espérais ne pas être trop intrusive avec mes questions, elle pouvait de toute manière me dire si je la gênais et si elle n'avait pas envie de me répondre. Visiblement elle était séparée de sa famille depuis longtemps. « Et je peux te demander pourquoi tu ne les vois plus ? » C'était peut-être trop personnel, je n'en savais rien, elle était encore une fois libre de me répondre ou pas, je ne l'obligeais à rien du tout. J'imaginais qu'elle devait avoir une bonne raison de ne plus parler à ses sœurs et ses parents. Moi j'en avais une, c'était parce que je ne les aimais pas, mais elles ne me manquaient pas contrairement à Lena à qui sa famille semblait manquer. Mon père lui me manquait oui mais c'est parce qu'il n'était plus de ce monde. Mais j'évitais de trop y penser, j'étais ici pour essayer de m'amuser, de sortir de ma routine, je n'avais pas envie d'y penser. Et puis ici je me sentais bien pour le moment, les personnes que j'avais pu rencontrer étaient toutes gentilles, et je n'avais pour le moment pas envie de partir d'ici. En même temps ce n'était que le début. Sa prochaine idée me fit sourire une nouvelle fois, elle était mignonne. « Si je trouve que c'est une très bonne idée ! Et puis c'est toujours bien d'avoir quelqu'un à qui parler quand on ne trouve pas le sommeil. » Oui ça aide à sentir mieux, à faire passer le temps et le sommeil vient plus vite qu'on ne le croit. Je ne suis pas réellement insomniaque mais c'est vrai qu'il m'arrive parfois de tourner pendant des heures dans mon lit avant de m'endormir. Et je trouve qu'il est bien mieux de parler à quelqu'un plutôt que de fixer le plafond pendant des heures. Je souriais encore jusqu'à ce qu'une certaine musique retentisse dans nos oreilles. Je crois que Lena est bien plus déstabilisée que je ne le suis en tout cas. Elle me pose plein de questions auxquelles je vais tâcher de répondre. « Oui il me semble que c'est sur la bouche. J'ai déjà embrassé une fille oui, ce n'est pas vraiment différent tu sais, peut-être un peu plus doux. Mais au final si tu oublies que tu embrasses une fille, ça ne fait plus aucune différence. Et oui on perd de l'argent si on ne le fait pas. » Voilà j'espérais avoir répondu à tout. Je n'étais pas tellement sûre de l'avoir rassurée. Cela ne me gênait pas d'embrasser une fille, j'avais déjà eu plusieurs relations avec elles, pas très longues cela dit. Mais je trouvais ça bizarre d'avoir à embrasser la jeune fille, elle était tellement jeune, insouciante. C'était presque gênant, même si je me doutais que ça l'était encore plus pour elle. D'autant plus qu'elle me disait avoir un fiancé. De toute manière c'était elle qui décidait. « Tu es fiancée ? Enfin de toute manière, on n'est pas obligée tu sais. Tu fais comme tu veux, moi je ne te force à rien. » Non je n'allais pas la forcer parce que je n'avais pas envie de perdre de l'argent. Soyons très clairs, je n'en avais pas du tout envie, mais c'était son choix à elle.

Spoiler:

Il ne lui était jamais facile de se confier, que ce soit à une personne qu'elle venait tout juste de rencontrer ou à quelqu'un dont elle était relativement proche. C'était éprouvant dans un cas comme dans l'autre. Il y avait en effet certaines choses sur lesquelles Lena avait bien du mal à revenir sans que les larmes ne lui montent aux yeux. Elle tendait à penser aujourd'hui qu'elle était une femme comblée par l'amour, mais il était fort probable qu'elle se mente à elle-même car elle n'oubliait pas quels sacrifices elle avait dû faire pour en arriver là. Car pour pouvoir vivre pleinement son histoire avec un homme dont elle était tombée éperdument amoureuse quatre ans plus tôt et dont elle était toujours raide dingue, Lena avait fait un choix - le choix le plus difficile de toute sa vie sans doute. Son homme, ou sa famille. Et tout ça, elle s'apprêtait à le confesser à Avalon qui venait tout juste de lui demander pourquoi est-ce qu'elle ne voyait plus ses deux sœurs, ni ses parents. Il y avait bien évidemment une raison à cela, et Lena devait avant tout s'efforcer de ne pas craquer car en général lorsqu'elle en parlait c'est avec les joues rouges et humides qu'elle finissait. Elle prit alors une grande inspiration, et tenta de se détendre avant de lui répondre, d'une voix tremblante. « C'est... je... ils désapprouvaient tous ma relation avec un homme bien plus âgé que moi. Au début j'ai voulu leur cacher mais ça a fini par se savoir. Le genre de bruits qui courent vite... Et j'étais mineure quand on a commencé à se voir tous les deux. Enfin voilà personne n'a compris, ou plutôt personne n'a voulu comprendre que l'amour ne se contrôlait pas, et que la différence d'âge ne nous posait pas de problème à nous. Donc je suis partie dès que je l'ai pu, même si ça m'a déchiré le cœur. On ne m'a pas retenue, au contraire, on m'a gentiment montré la porte. Aujourd'hui je ne sais pas ce qu'ils deviennent, je n'ai plus aucune nouvelle. Je doute de leur manquer autant qu'eux me manquent... » Oh ce que ça lui faisait mal de se dire une telle chose, surtout que ce devait être vrai. Lena ne pensait pas se faire de films, hélas. Ses parents lui avaient toujours dit que si elle ne se plaisait pas chez eux, elle pouvait partir et ne jamais revenir. Et face à l'intolérance de ses proches, c'est ce que la danoise avait fini par faire. Mais dire qu'elle n'avait pas de regrets désormais serait nier l'évidence. Enfin voilà, tout ceci l'avait pas mal abattue. Elle ne ressentait même plus l'envie de s'amuser en fait, mais tentait de faire bonne figure malgré tout afin de ne pas gâcher ce moment passé avec Avalon qui était d'une grande gentillesse avec elle. Pas facile quand même de sourire après ça. Mais Lena tenta quand même d'apaiser cette atmosphère qui commençait à se faire lourde, en faisant référence au fait que sa camarade et elles dormaient dans la même chambre, et qu'une nuit si toutes deux ne trouvaient pas le sommeil, elles pourraient converser comme c'était le cas présentement. Toutefois cette idée lui sembla légèrement stupide à tel point qu'elle ne tarda pas à regretter de lui avoir soumise car elle se demandait vraiment pour qui Avalon allait la prendre maintenant. Mais en fin de compte sa réaction parvint à la rassurer. Elle ne semblait pas trouver cela idiot, et rétorqua même qu'avoir quelqu'un à qui parler dans ces moments-là était tout sauf une mauvaise chose. Ah, Lena était du même avis. Alors elle se mit à sourire, enfin. Pas besoin de se forcer, cela venait naturellement. Même si ce qui suivit la contraria quelque peu. Une musique, et pas n'importe laquelle. Rah, c'était décidé, Lena ne l'aimait déjà pas cette musique. Et pourquoi est-ce qu'elle retentissait maintenant, pourquoi ici ? Elle se savait constamment épiée par les multiples caméras présentes aux quatre coins du nid, mais ça ne l'empêchait pas d'être surprise car vraiment, elle était loin de s'y attendre. Et elle s'interrogeait, oh oui beaucoup. La pauvre Avalon eut d'ailleurs droit à une avalanche de questions de la part de la danoise. Donc le baiser devrait se faire sur la bouche, apparemment. Hochement de tête. Avalon poursuivit. Oui, elle avait semble-t-il déjà embrassé une fille et cette réponse intrigua Lena, qui se demandait dans quelles circonstances, si cela lui arrivait fréquemment... Remarquez ce n'étaient pas ses affaires, Avalon était libre d'embrasser qui elle voulait. Et toujours selon elle, il n'y avait pas de large différence entre un baiser avec un garçon, et un baiser avec une fille. Si elle le disait, Lena ne pouvait que la croire. Elle en avait fait l'expérience après tout. Et enfin elle lui confirma bien qu'un baiser qui n'avait pas lieu engendrait automatiquement une perte d'argent. Aïe. Elle s'en voudrait quand même de faire perdre de l'argent à Avalon. Enfin le principal, c'était que Dean n'en apprenne rien parce qu'alors là, la nouvelle ferait l'effet d'une bombe de son côté et il serait capable de beaucoup lui en vouloir pour ça. Oui, il verrait cela comme une trahison, ne chercherait même pas à comprendre qu'elle avait dû le faire pour le jeu, pour préserver sa cagnotte au même titre que celle de sa camarade... Bref, il ne fallait pas qu'il soit mis au courant, d'une quelconque façon. Mais à priori il n'en saurait rien, n'est-ce pas. Comment pourrait-il le savoir, d'abord ? Qui irait lui rapporter ça jusqu'en cellule ? Non non, elle ne devait pas se soucier de Dean, si elle ne lui avouait rien alors personne ne le ferait à sa place. Elle était en fait la seule à pouvoir l'en avertir, et vous pensez bien qu'elle n'en ferait rien. « Oui oui, fraichement fiancée en fait. » rectifia-t-elle, même si ça ne changeait pas grand chose au final. Elle allait d'ailleurs s'abstenir de lui parler de la demande en mariage à laquelle elle avait eu droit au parloir, elle en avait déjà bien assez dit la concernant or, elle détestait tout axer sur elle, vraiment. Et puis il y avait toujours ce baiser en suspend. Rien ne l'obligeait à le faire, disait Avalon. Certes. Mais elle pouvait bien jouer le jeu quand même, cet argent était important pour elle. Elle ne pouvait pas se permettre d'en perdre aussi bêtement. « Non c'est bon, je suis prête, allons-y. » Prête était un bien grand mot, disons qu'elle était partante sans savoir si ça allait le faire, si sur l'instant elle réussirait à se laisser aller et à embrasser Avalon. La danoise, peu sûre d'elle, effectua donc plusieurs pas sur le trampoline et avança vers sa camarade. Une fois face à elle et un peu hésitante, elle approcha finalement ses lèvres des siennes et les y déposa furtivement, avant de se retirer. « Désolée, ça va ne valait pas grand chose mais c'est tout ce dont je suis capable, je crois. » Pour Lena c'était une grande première. Elle n'était pas nécessairement déçue, mais craignait que sa camarade le soit par contre. Alors sur ces mots, elle baissa une nouvelle fois la tête, pensant que ce devait être le pire baiser qu'Avalon n'avait jamais échangé avec une fille. Avec quelqu'un tout court, même.

J'espère ne pas trop la mettre mal à l'aise avec toutes mes questions. Il est vrai que j'ai peut-être tendance à me montrer trop curieuse, mais je ne peux pas m'empêcher de vouloir en savoir plus. Mais je comprenais qu'elle ne veuille pas me répondre, qu'elle en ait assez. Personnellement j'aime assez peu parler de moi. Je préfère reste concise généralement et ne pas en dire trop. Par pudeur la plupart du temps. Toutefois depuis le début elle répond à mes questions sans rechigner, mais cette fois-ci je la sens plus hésitante. Hésitante n'est pas forcément le mot adéquat, fébrile peut-être. Je sens que ça ne lui fait pas plaisir de parler de la raison pour laquelle elle ne voit plus sa famille aujourd'hui. Ce que je peux comprendre, ça a l'air de beaucoup la toucher. Personnellement j'évite le plus possible d'avoir affaire à mes quatre sœurs et à ma mère, mais il semblerait que pour elle ce ne soit pas un choix, ou enfin plutôt un choix forcé d'après ce que je comprends. Et d'ailleurs je pouvais aisément imaginer qu'elle devait avoir beaucoup souffert. C'est difficile de se heurter au refus de sa famille, à leur incompréhension. Et ça me faisait la peine de la voir de cette manière, j'avais l'impression qu'elle se faisait violence pour ne pas craquer. En tout cas je pouvais aisément entendre sa voix trembler. J'aurais voulu dire quelque chose pour la réconforter, mais je n'ai jamais été douée pour ça. Je n'ai jamais su trouver les mots justes. « Je ... J'espère que ça va s'arranger entre vous, ils ne peuvent pas te tourner le dos éternellement. » Enfin je n'en sais rien. Je ne trouve pas les mots, j'espère qu'elle ne prend pas cela pour du désintérêt parce que ce n'est absolument pas le cas. Si je lui ai demandé, c'est que la réponse m'intéresse, mais j'ai peur de dire un mot de travers. Je ne sais pas quoi dire, mon père ne m'a jamais appris, lui il se contentait de se taire et de hocher la tête. Je l'aurais bien prise dans mes bras, mais je ne suis pas comme ça, je ne prends pas les gens dans mes bras, et puis je ne la connais pas assez. D'ailleurs c'est assez gênant que la musique ait retenti à ce moment là, avec elle. Elle est trop jeune, trop innocente, je n'ai pas vraiment envie de l'embrasser à vrai dire. Toutefois il est hors de question que je perde de l'argent, ça risquerait de me donner de l'urticaire. Alors je vais le faire oui, ce n'est qu'un baiser rapide, nos lèvres qui se touchent pendant quelques secondes. Personnellement j'ai déjà embrasser une femme, plusieurs même mais pas Lena, c'est sans doute ça qui la gêne aussi. Mais je tiens à la rassurer, ce n'est pas si terrible que ça, enfin je ne vais pas la forcer d'autant plus qu'elle est fiancée depuis peu alors bon. Mais elle prête, elle s'avance et ses lèvres se posent furtivement sur les miennes. Bon ce n'était pas la mer à boire, enfin je l'espère en tout cas. Sa prochaine réplique me fait sourire, je lâche même un léger rire. Ce n'est pas un rire moqueur bien au contraire, j'espère qu'elle le saura. « Tu sais ce n'est pas si l'une d'entre nous en avait envie, le but c'était juste de le faire pour ne pas perdre de l'argent pas que ce soit bien ! » Oui je n'allais pas être déçue, clairement pas non. Non parce qu'elle a l'air de s'en vouloir, mais moi je n'en attendais clairement rien. J'ai simplement envie de détendre l'atmosphère, mais je ne sais pas quoi dire. « Alors comme ça t'avais jamais embrassé de filles avant ? Même pas pour t'amuser ?! » Oui je connais beaucoup de personnes qui ont embrassé des filles pour s'amuser sans pour autant aimer les filles. Mais je crois que ce n'est pas la meilleure question à poser pour qu'elle se sente mieux, non j'ai même peur de m'enfoncer.

Spoiler:

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