samedi huit juin deux milles treize, quatorze heures | C'était excitant ce genre de truc. C'était le jeu quoi. Ce pourquoi ils étaient tous là au final. Il aurait peut être du si mettre comme la demoiselle qui avait buzzé nan? Se mettre à enquêter ceci dit. Mais bon, malgré son super cerveau capable de trouver toutes sortes d'hypothèses plus folles les une que les autres, c'était quand même tendu du string de trouver UN secret à un inconnu. Ou alors il pouvait essayer de trouver celui de son fils... ce qui revenait strictement au même, puisqu'il ne le connaissait pas plus. Et c'était une erreur. Une grosse erreur qu'il se sentait de corriger. C'était mal de ne rien entretenir comme lien, à part cette relation instable voir super bancale qu'ils avaient. Alors Hadatt s'était mit à la recherche de Cosmas dans le nid d'amour et autant vous prévenir tout de suite, il à chercher longtemps. Avant de tomber parfaitement par hasard sur lui. Il s'approcha aussitôt, content d'avoir réussi à mettre la main sur lui. « Tu te cachais ou quoi? » lança l'irlandais en s'approchant de son gamin. Il avait encore du mal à le voir ainsi. A voir que l'homme en face de lui était la chair de sa chair. C'était tellement... peu lui. « Qu'est-ce que tu fiches ici? T'a pas une belle donzelle avec qui roucouler? » plaisanta ensuite Hadatt en venant s'installer à ses côtés. Il avait les drôles d'images sur le prime. Et il s'interessait enfin à quelqu'un d'autre que lui, ce qui était un progrès en soi.

À force de me faire invoquer par mon père, j'avais l'impression d'en devenir le favori d'une vieille mégère ... Image peu alléchante, comme vous pourriez le constater. Pourtant, Hadatt n'avait rien d'une harpie, bien au contraire. C'était juste que ... Je ne le connaissais pas, mais alors, pas du tout, et que du coup, sa présence m'opprimait, quelque peu. Pas trop, non plus ... Disons simplement qu'en ses yeux, je voyais le reflet d'un passé qui aurait pu être ... Un passé qui aurait dû être, mais qui, malheureusement, ne sera jamais, Ô grand jamais. Je me baladais, je venais de manger un de ces petits pains, là, une brioche, faite par l'un des mecs - parce que bizarrement, je crois que les mecs ici cuisinaient mieux que les nanas. Je me trompais peut être, hein - et c'est alors que je le vis, sorti de nulle part.

- Hein ? Si je me cachais ? Bah ... Non, quelle question ! Pourquoi voulait-il savoir ça ? Mais j'ai à peine eu le temps de réfléchir à une réponse que le voilà qui me torpillait d'une autre question, avec son hyperactivité qui lui était bien propre.

- Ah ? Ah, oui ... Bah ... Je sais pas. J'avais envie du calme, sans doute. C'est vrai, ça : qu'est-ce que je foutais au sommet de la tour de verre, moi ? J'espérais simplement qu'il allait pas gâcher ce calme par ses bavardages intempestifs, quand même.

Hadatt nota qu'il ne lui avait pas répondu à sa petite taquinerie, comme il aimait bien le faire souvent. Il semblait aussi fermé, un peu en retrait et cela intrigua l'irlandais qui ne trouva pas quoi répondre à Cosmas. Il se contenta de regarder le paysage et se rendit compte que c'était la première fois qu'il venait ici, ayant déjà eu plusieurs fois la fleme de monter pour admirer la vue, et elle valait le coup. « Comment va... ta mère? » demanda-t-il soudainement, faisant en sorte de ne pas regarder son garçon. Il savait que Cosmas n'avait pas de contact avec elle depuis un long moment, mais en fait, il ne lui avait jamais posé la question, même avant le jeu. Il n'osait pas. Peut être avait-il peur de le blesser ou de lui même se retrouver blessé après un coup de poing fort mérité. Donc il n'avait jamais demandé. Mais le fait qu'il ne sache rien de lui, rien de ce mec qui était son fils - il avait mit du temps à se l'avouer à lui même - devenait un véritable poids sur ses épaules. Parce qu'il sentait les efforts que faisait Cosmas pour l'apprécier, pour le supporter. « Enfin heu... Comment est-ce qu'elle.. parlait de moi? Pas pour qu'on parle que de moi hein ! Mais.. je me voilerais bien la face en me disant que la vie a été belle pour elle après... moi. » Ce dernier mot semblait difficile à dire. Après tout, il avait fuit et l'avait laissé seul.

Je le regarde, un instant, me demandant ce qu'il cherchait, celui-là, à me poser des questions pareilles.

- Euh ... T'as fumé quoi, là, maintenant ?

Non, parce qu'avec lui, il fallait s'attendre à tout. Il me faisait d'ailleurs penser à cette chère mère, à qui je devrais peut être donner un coup de fil depuis le temps. Je me mets à y penser, à cette chère mère ... Et je lui réponds, enfin.

- J'sais pas trop. Je l'ai pas trop vue, ces derniers temps ... Le boulot, la famille ... Tu dois bien savoir que la vie nous sépare de nos êtres chers. Je regarde alors l'horizon azurée après lui avoir adressé un petit sourire. Puis, j'enchaîne par :

- Elle m'a jamais dit du mal de toi, si c'est ça ce que tu voulais savoir.

La réaction ne se fit pas attendre et Cosmas fut d'une évidence implaquable : Hadatt ne savait pas s'il devait rire ou pleurer. A l'évidence, il n'avait rien prit, enfin rien fumé ou en tout cas, depuis un moment. Il ne quittait jamais réellement son petit nuage même sans avoir à fumer quoique ce soit. C'était limite impregné en lui. « Pourquoi, tu veux t'en rouler un? » demanda Hadatt comme si de rien était et que ce n'était pas une question grave. « Nan c'est pas ça... Mais, y'a des fois où, ba je m'arrêtais deux secondes, et je pensais à elle. A ce que j'avais laissé derrière moi. » fit-il sombrement, gardant un sérieux très étonnant de sa part. Pu de rigolade.

Il fallait avouer qu'avec Hadatt, s'attendre à tout et à n'importe quoi était le meilleur moyen de ne pas être déçu. Non parce que parfois, il sortait de ces conneries d'on ne sait où, et c'était limite "amuse toi à déchiffrer mes propos". Au moins, là, il parlait pas au rythme de Woody Woodpecker sur une pilule d'extasy ; ça aidait largement les problèmes de communication, ça.

- Pas spécialement, non. Plus tard, peut être. Ou pas. Depuis l'accident, j'avais souhaité mener une vie saine, et je crois que je m'y tiendrais. Et là, il me sort une phrase qui me laisse bouche-bé.

- Tu parles de ton vieux calbut' ? Je crois qu'elle l'a encore, quelque part, en fait ... Bah ouais, il lui suffisait de demander, hein.

Hadatt fronça les sourcils et se sentit blessé. C'était peut être stupide comme réaction, surtout de sa part, mais il savait que Cosmas ne cherchait pas à rigoler. Il commençait à le connaître depuis le temps. Et il savait que sa phrase avait pour but de lui faire mal. Peut être indirectement. Mais dans le fond, il essayait de lui faire de la peine comme pour se venger. « Pourquoi tu fais le connard là? » demanda l'irlandais, en tentant d'accuser le coup. Il n'y arrivait tout simplement pas. « Tu sais très bien ce que je veux dire, bordel. » Il avait essayer d'être sérieux, et ça avait râté. Il était vexé.

Je crois que je l'ai blessé. C'est pas de ma faute, aussi, il est aussi susceptible que ma fille de six ans - si si, je vous l'assure ; on sent bien la ressemblance familiale entre les deux, d'ailleurs, même si elle a les traits plus fins, évidemment. Il me demanda alors pourquoi je faisais le "connard", et je me rendis compte que j'avais pas vraiment de raison. J'étais sans doute juste dans un mauvais jour ... Ça m'arrivait, parfois. Comme les nanas quand elles ont leurs règles, moins la douleur, en fait.

- T'es vexé, vieux ? lui demandais-je alors d'une voix un peu plus douce.

Hadatt se détendit presque instantanément. C'était bête, mais il confirmait ce qu'il pensait. Qu'il ne faisait pas ça intentionnellement. Qu'il était pas si mauvais au final. Puis ce petit surnom, quoique péjoratif, il aimait bien. Cosmas ne s'autorisait jamais de familiarité avec lui, alors qu'à l'inverse, il s'en autorisait avec tout le monde. « Je fais que je fais le con tout le temps, et qu'ça doit être dur de me suivre... Mais il m'arrive d'être sérieux - bon je le reconnais, c'est très rare - mais j'suis pas venu te chercher sur un caprice quoi. Enfin je sais pas si tu comprends... » La compréhension quoi...

Il avait l'air moins crispé, d'un coup. Tant mieux, il ne serait pas constipé, ce soir. Bon, toujours était-il que cela faisait trois semaines qu'on était venus, et que comme des cons, on avait rien fait pour apprendre à se connaître, encore.

- Ouais, je vois.

Le silence s'installe, un instant. Puis, le son. Je le regarde dans les yeux et je me remets à parler, quoi. Presque timidement ... Presque.

- Et sinon, tu me racontes ta vie ? C'était toujours utile de savoir d'où on venait, non ?