J'avais gagné un accès à la nouvelle chambre en compagnie de Casey. A vrai dire, je ne savais pas vraiment où nous en étions. Si nous étions bien quelque part évidemment, puisque de toute évidence, nous apprenions encore à nous découvrir. Je savais qu'il y avait des chances pour que tout ceci ne soit qu'un malentendu, puisque c'est toujours ainsi que cela se déroulait. Je ne savais plus vraiment quoi que ce soit, j'étais totalement plongée dans un de ces flous qui vous envahissent l'esprit juste pour tenter de vous faire prendre les mauvais choix. Alors j'avais simplement décidé de me déconnecter. Parce que c'est comme ça que je me sentais mieux, c'est comme ça que je commençais à prendre des risques, à me sentir enfin vivante, à me sentir enfin moi. Je sais que vous ne devez pas comprendre tout ce que je vous raconte, que la plupart ne saisissent même pas ma façon de penser. Que d'autres encore doivent totalement se désintéresser de mon cas. Peut-être ont-ils raison. Je ne suis qu'une gamine tentant de trouver une raison à son existence, tentant de trouver son chemin dans ce bordel que l'on appelle la vie. Moi, je suis comme toutes les autres. J'attends que l'on me remarque pour me démarquer. Mais cette fois ci, j'avais voulu provoquer ma chance. J'avais voulu construire un futur que j'imaginais déjà bien meilleur que mes quelques mois passés. Je voulais que la vie me prenne dans es bras et m'embrasse. Alors j'avais simplement accepté le présent que l'on m'offrait. J'avais accepté Casey, qui était certainement une des meilleures choses qui m'était arrivée, et ce depuis pas mal de temps. Il n'en avait probablement pas conscience d'ailleurs. Et je ne voulais pas non plus le clamer haut et fort. Peut-être parce que j'avais honte. Pas de lui, non, de moi. J'avais donc pris le temps de me changer, rien de bien affriolant cependant. Mes cheveux se baladaient le long des courbes que mes épaules traçaient, mes mèches redessinant un instant ma mâchoire. J'étais simplement vêtue d'une nuisette aux couleurs sombres, recouverte d'un sweat à capuche, le temps de traverser l'extérieur pour rejoindre la chambre. Lorsque je poussais enfin la porte, une bouffée lumineuse envahit un instant mes yeux, avant que je découvre le visage de Casey, celui ci se redressant bientôt pour m'accueillir. Un sourire s'esquissa dans un automatisme presque parfait sur mon visage. « Brune ! Je me suis changé, j'espère que ça te dérange pas. Je ne savais pas trop si tu préférais que je garde mes beaux habits ou pas. Mais je me suis rappelé qu'on dormait pas avec alors c'est pas grave. J'avais pris mon caleçon Superman mais je me suis rappelé que ça faisait un peu gamin alors j'en ai mis un noir, tout simple. Enfin un boxer parce que c'est mieux, mais tu sais maintenant tu as l'habitude. Pourquoi cette pièce elle me fait parler autant ? Je... Toi t'es belle. Mais t'es toujours belle. Alors. » un léger rire s'échappa alors de mes lèvres. Je saisissais ainsi sa main, comme pour lui faire signe que tout allait bien. « Calme toi Casey, y'a aucune raison de t'affoler, ce n'est que moi. » je penche un instant ma tête sur le côté, mes yeux détaillant bientôt le reste de la chambre. Je contournais alors le jeune homme, laissant une de mes mains trainer sur les murs, longeant bientôt une comode aux nombreux tiroirs. « Y'a quoi là dedans ? » que je demande curieuse avant de tirer dessus. Et là, surprise. J'éclate de rire. « Oh... je vois. » je ne peux m'empêcher de contenir ce rire qui s'éprend de mon corps.

Il y avait des choses qu'on ne pouvait pas expliquer, que l'on ne pouvait pas prévoir. Cette idée me faisait quelque peu peur je dois bien vous l'avouer. Simplement parce que ces derniers temps, ma vie avait été dictée par d'autres personnes, parce qu'elle avait été tracé sans que je n'ai besoin d'y réfléchir. Je n'avais plus le droit d'y réfléchir à vrai dire. J'étais enfoncée tête la première dans un espace qui me dépassait. Je jonglais avec les inconnus, si bien que j'en avais pour quelques instants perdu la notion du réel. Mais là, mon destin était entre mes mains. Une nouvelle vie s'offrait à moi. Une vie où je pouvais faire mes propres choix et ne laissait personne dicter ma conduite. Je me sentais renaitre. Autant physiquement, mentalement qu'artistiquement. Je me remettais à écrire, à gratter un papier que j'avais délaissé pendant quelques temps. A reprendre gout à ma passion qui était à la musique, me redonnant ainsi le gout de vivre. J'avais commencé à écrire à l'age de douze ans, ce qui remontait maintenant à plus de dix ans. A l'époque, ce n'était pas des textes très poussés, ils reflétaient simplement l'âme d'une enfant qui cherchait à devenir femme. Et femme, je l'étais aujourd'hui. Alors pourquoi est ce que je me sentais comme une enfant aux côtés de Casey ? Certainement parce qu'il me faisait ressentir des sensations que j'avais par le passé choisi d'enfouir. Qu'une part d'insouciance et de bonheur candide choisissait de refaire surface en sa compagnie. Il prit ainsi place à mes côtés, alors que je parvenais enfin à arrêter ce rire cristallin qui s'échappait de mes lèvres. « Ils ne lésinent pas sur la protection. Je pense qu'ils doivent être sponsorisé. Ou alors c'est parce que trop d'enfants sont nés de l'émission. Tu crois pas ? » un sourcil moqueur s'arqua presque instantanément « Je crois qu'avec certains candidats, il faut savoir prendre des précautions. » cette idée me fit d'autant plus sourire. Oui, j'étais certaine que quelques uns d'entre nous n'hésiteraient pas à utiliser toute cette réserve avec les premiers venus. Finalement le jeune homme se releva de nouveau et je le suivais donc du regard alors qu'il faisait les cent pas. « Brune... Tu sais tout à l'heure. Enfin, ne va pas croire que je n'ai pas envie de... De toutes les utiliser. J'en ai envie. Enfin, si toi aussi. Je... C'est pas que je veux absolument que ça arrive. Mais si ça devait arriver, je ne veux pas que tu crois que ça ne m'a pas traversé l'esprit parce que c'est évident que si. C'est que tu es désirable. Extrêmement désirable. Je ne saute pas sur tout ce qui bouge. Tu es la seule avec qui j'ai envie de ça ici. Enfin... Je... Tu le sais. Je... » là dessus, il retira son tee shirt avant d'ajouter. « J'ai chaud.... » je me levais alors à mon tour, un nouveau rire, léger et doux s'échappant de mes lèvres. Je saisissais une nouvelle fois sa main avant de murmurer. « Viens là, idiot. » un sourire amusé s'esquissa sur mes lèvres, qui rejoignirent bientôt celles du jeune homme. Une de mes mains longea alors l'arrête de son bras, alors que l'autre écoutant un instant les battements de son palpitant. Je retirais un instant mon visage du sien, sentant son souffle chaud s'évaporer contre mes joues, mes yeux dévorant les siens. « Toi aussi, tu es désirable Casey. Et tu n'en as même pas conscience. »

Je ne savais pas trop où tout cela allait nous mener. Peut-être que le fait que je ne réfléchisse pas assez était une erreur. Une erreur que je ne voulais pour le moment pas partager, simplement parce que j'étais bien trop effrayée des circonstances que mon avis pourrait entrainer. Je n'étais pas prête. J'en prenais peu à peu conscience, mais ne savais trop si je devais lui annoncer ou non. Peut-être était-il plus attaché à moi que je ne l'étais à lui. Cette pensée me donna la nausée. J'étais vraiment répugnante comme fille. Comment pouvait-on ne pas s'attacher à Casey ? Je ne savais même plus où j'en étais. Parce que je l'aimais beaucoup bien évidemment, mais je ne savais pas si c'était assez. Cela faisait un moment que j'avais perdu toute notion de ce genre. Je déposais donc mes lèvres sur les siennes, profitant de ce baiser, déconnectée d'une réalité qui me semblait assez dure à réaliser. A comprendre. Et bientôt, je me sentais décoller du sol. Mon coeur fit plus d'un tour dans ma poitrine, d'autant plus lorsqu'il s'entrava dans je ne sais trop quoi, tout s'enchainait bien trop vite pour que j'ai le temps de voir quoi que ce soit. Et là, c'est la chute. Heureusement, nous ne tardions pas à atterrir sur le lit, une autre chute du genre aurait pu nous être bien plus douloureuse. « Ca va ? Je ne t'ai pas fait mal ? Je... » dit-il avant de finalement se mettre à rire. Rire auquel se joignit le mien. Nous étions là, allongés. Mon regard observait un instant les dorures du plafond avant de se rabattre dans celui du jeune homme. Je ne tardais d'ailleurs pas à murmurer quelques paroles, fatiguée. « Ça te dérange si on reste juste comme ça ? » juste insouciants.

Nous venons de nous écrouler sur le lit de par la maladresse du jeune homme. je l'avais remarqué dès notre première rencontre, il n'était pas vraiment adroit, et c'était certainement une des choses qui le rendaient attachant. Je n'aurais voulu tomber sur personne d'autre comme partenaire, principalement parce qu'il me semblait un peu trop gentil pour être réel. Oui, je crois que j'avais assurément le partenaire le plus agréable, le plus amusant et certainement le plus intelligent du nid. Puisqu'il avait déjà trouvé les secrets de trois candidats en à peine trois semaines, c'était quelque chose que l'on ne pouvait pas lui enlever. Nous n'avions d'ailleurs pour le moment pas été mis en danger, ce qui était quelque peu miraculeux. Pourtant il y avait une chose que je n'arrivais pas à sortir de ma tête. Etais-je prête à vouloir plus ? Etais-je prête à pouvoir en demander plus ? J'avais bien compris que Casey n'était pas contre cette idée, mais me concernant, je ne savais pas vraiment où j'en étais. J'avais envie d'être avec lui, oui, mais je ne savais pas si c'était une bonne idée. Il y avait bien trop de facteurs qui entraient en compte. Et si il devait se passer quelque chose, je me refusais de le faire souffrir. Je ne voulais pas de quelque chose d'éphémère. Alors je lui avais demandé si l'on pouvait juste rester ainsi. Parce que je ne savais pas quoi faire d'autre. Parce que j'avais l'impression que nous devions ralentir. Je ne sais pas. Je ne savais plus. J'observais donc un instant le plafond, avant de finalement prendre la parole. « Tu sais... Je suis musicienne, et... et je ne pourrai pas vivre ailleurs qu'à Nashville. Je suis souvent sur la route, je bouge pas mal et... » mes yeux descendent jusqu'aux siens. « Et je ne veux pas quelque chose qui ne durerait pas. Je... je ne sais pas si cette vie là est pour toi. Si tu serais capable de surmonter ça. » et je ne voulais clairement pas lui en demander plus. Peut-être est-ce que je me posais déjà trop de questions ? Mais je préférais qu'il soit conscient de tous les paramètres, parce que je tenais à lui. Oui, vraiment.

Ce n'est pas que je ne voulais pas, non, ni que je ne le voulais pas lui, seulement j'étais encore quelque peu confuse dans tout ça. Je n'avais jamais été très à l'aise avec mes sentiments, ni même très dégourdie avec les relations que j'entreprenais. J'étais maladroite. Chose quelque peu ironique lorsque l'on savait qui se trouvait là, juste à côté de moi. Lors de la semaine passée, quand nous nous étions retrouvés sur la plage, j'avais laissé parler mes envie, mes désirs, et peut-être un début de sentiments. Mais je n'en étais pas sûre. Je n'étais jamais sûre de ce genre de choses et ne voulais clairement pas trop m'avancer avant d'avoir mis le tout au clair. Je crois que j'avais besoin de temps. Oui voilà. Toujours est-il que le jeune homme devait être quelque peu confus par ce que je venais de dire. Parce que je m'avançais loin, toujours trop loin. Parce que je pensais trop et que pour le coup, contrairement à la semaine passée, je ne me laissais pas assez vivre. « Tu ... Enfin tu... Tu ne penses pas que c'est un peu tôt ? De parle de ça ? » il joue un instant avec l'une de mes mèches de cheveux, alors que je me mords légèrement la lèvre inférieure. « Je ne savais pas que tu voyais aussi loin. Tu ne sais même pas si tu vas me supporter. Si former un couple avec moi ce sera ce que tu veux. Peut être qu'on est complice, parfait en temps que partenaire mais pas... Enfin pas... Je.. Tu ne veux pas qu'on voit ce que ça donne et qu'on en parle après ? » Il déposa un baiser sur mon front. je ferme un instant les yeux, me sentant drôlement stupide. Il a raison, bien sûr qu'il a raison. C'est juste moi qui en demande trop. Qui m'en demande trop, comme d'habitude. « Je... » tentais-je d'articuler avant de finalement ouvrir les yeux pour scrutant les prunelles azurés de mon partenaire. « Désolée Casey... c'est juste moi qui suis... qui suis trop compliquée. » l'envie de me lapider me prend d'ailleurs, mais je décide de la refouler. « Ce que j'ai dit l'autre jour sur la plage... je le pensais. Je ne veux juste pas que l'on aille trop vite... En fait, je crois que j'ai juste peur que l'on en perde notre complicité. » et clairement, c'était la dernière chose que je souhaitais. Mes doigts se baladèrent alors le long de sa mâchoire, retraçant les creux et les bosses que sa peau formait.