ENOCH & JAILEEN
27.07 à 19h23


Faire sa valise ? Jaileen commençait à en voir l’habitude. Depuis maintenant trois semaines, chaque samedi après-midi, la blondinette passait une bonne grosse heure dans le dressing en ranger toute ses affaires dans deux énormes valises qui lui appartenaient. Elle avait pour rituel de toujours faire le tour du nid une dernière fois afin de vérifier qu’elle n’avait rien oublié. Elle ne laissait à l’extérieur que sa tenue pour le lendemain et quelques sous-vêtements. Pour le maquillage, elle piquerait celui de l’une de ses camarades. Tout comme pour une brosse à cheveux. Elle l’avait déjà fait et personne ne lui avait fait de réflexion jusqu’à présent alors pourquoi quelqu’un lui dirait quelque chose de désagréable maintenant. Il n’y avait pas de raison. Son petit tour enfin terminé, elle repassait par sa chambre, décrochant une nouvelle fois les photos de ses proches qui se trouvaient au mur et sur sa table de chevet avant de revenir vers ses bagages. Rangeant le tout dans une petite poche sur l’avant de sa valise à roulette, elle attrapait la fermeture éclair de la toute première valise qu’elle fermait sans aucune difficulté. Jetant un coup d’œil à son autre valise, une petite grimace venait alors s’installer sur le visage de la blondinette. Elle débordait de tous les côtés. Elle allait très certainement avoir du mal à la boucler. Prise d’un élan de courage, la demoiselle venait s’asseoir dessus et tout en jouant les contorsionnistes, voilà qu’elle attrapait la fermeture éclair pour commencer à se battre avec dans l’espoir de fermer cette maudite valise. Elle avait bien du mal à y arriver. Avançant millimètre par millimètre, elle pensait avoir dompté la bête lorsqu’elle glissait en arrière de son siège et que le bout de métal faisait machine arrière, laissant le bagage s’ouvrir et déborder à nouveau de tous les côtés. Les fesses sur le sol, le dos contre un porte d’armoire et les jambes en l’air, elle n’avait pas l’air très fine comme ça. Par chance, personne n’était là pour voir ça. Enfin c’était ce qu’elle croyait.

Plus qu'un jour avant le prime. Dimanche, je saurai si je reste ou pas. Pour le moment, je ne préfère pas y penser, profitant (peut-être) de mes derniers instants dans le nid d'amour. La fin approche à grand pas. Ce n'est pas une surprise que je sois nominé cette semaine. Je reste serein. Si je suis éliminé, ce n'est pas la fin du monde. Je suis fier du parcours que j'ai fais jusqu'ici. Je ne regrette rien. Chaque moment passé dans cette aventure est inoubliable. J'en garderai un souvenir impérissable. Je ne pense pas mériter ma place en demi-finale voire en finale. Cela n'a pas d'importance de toute manière. Ce que j'ai de plus important, c'est Avalon et rien d'autre. Nous avons des projets pour notre prochaine vie à deux. Je ne veux pas être séparé d'elle. Elle est la personne à laquelle je tiens le plus ici. Elle a sa place en demi-finale et je suis ravi pour elle. Je la sais angoissée à l'idée que je parte. Je lui ai fais comprendre que cela ne m'intéressait pas de gagner et l'argent m'importe peu. J'ai tout ce que je veux désormais. Elle et rien d'autre. Je finis de ranger des affaires qui traînaient dans la chambre, des livres éparpillés sous le lit que j'empile un à un. Je les emporte avec moi jusqu'au dressing où j'entends un bruit fracassant. Je pénètre dans la pièce et je vois que c'est le désordre. Je reconnais les traits d'une Jaileen contrariée, dos voûté contre l'armoire et les deux jambes en l'air. Ses affaires sont partout et sa valise est grande ouverte. Je ris légèrement en m'approchant d'elle, mes livres dans les mains que je dépose par la suite à même le sol. Je lui prends délicatement la main pour l'aider à se relever. Je vérifie qu'elle n'a mal nulle part. Je lui demande d'un ton un brin inquiet : - Ça va ? Rien de casser ? Apparemment, elle n'a aucune séquelle de la chute. Mon regard se reporte sur ses vêtements parterre. Je lui souris avec douceur. - Besoin d'aide peut-être ? Je me penche et ramasse une robe qui traînait sur le sol, puis je la plie soigneusement. Je me saisis d'un pantalon et je fais de même. Je répète le même processus avec son t-shirt. Mon regard croise celui de l'anglaise. Amusé, je lui fais un léger clin d'oeil.

Si la jolie blondinette espérait être seule au moment de sa drôle de chute, c’était raté. Alors qu’elle ne s’y attendait pas vraiment, voilà qu’Enoch, un candidat qu’elle appréciait énormément, faisait son entrée dans le dressing. Elle tentait de se relever, mais sans aucun succès. Il faut dire qu’elle se trouvait dans une position bien délicate pour espérer pourvoir bouger. Elle voulait faire comme si tout cela était normal, mais ce n’était absolument pas possible avec tous ses vêtements se trouvant un petit peu partout sur le sol. Il riait un petit peu avant de poser les bouquins qu’il tenait sur le sol pour ensuite lui tendre sa main. - Ça va ? Rien de casser ? Elle regardait autour d’elle, machinalement tout en attrapant la main de son camarade pour se relever et retrouver la terre ferme. « J’crois bien que non. » répondait-elle tout en examinant ses coudes, ses genoux, ses bras. Elle avait une peau plutôt très blanche qui marquait très vite. Ce ne serait pas étonnant de voir un petit bleu apparaître sur une partie de son corps dans quelques heures. - Besoin d'aide peut-être ? Avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, son camarade se baissait pour attraper une robe et la plier avant de faire de même avec un tee shirt et une pantalon. Machinalement, la demoiselle regardait tout autour d’elle. Ses pupilles venaient se poser sur un soutien-gorge, puis deux, puis trois, puis une petite culotte. Ses joues s’empourpraient alors qu’elle se dépêchait de ramasser le tout et de le cacher derrière son dos. « C’est gentil, mais … je crois que je vais finir toute seule. » disait-elle tout en lui adressant un petit sourire gêné. Curieuse, elle venait poser son regard sur les bouquins de son camarade. « C’est quoi que tu lis ? »

J'ai presque fini de faire ma valise. Il ne reste plus que ces livres à mettre dans mon sac de voyage et ça sera bon. En pénétrant dans le dressing, j'ai entendu un bruit fracassant. Quelque chose est tombé, ou plutôt quelqu'un. J'entre et je vois Jaileen par terre et ses affaires en vrac, dispersés un peu partout et sa valise grande ouverte. Je n'ai pas pas pu m'empêcher de rire devant cette scène. Je viens tout de même l'aider à se relever en posant d'abord mes livres au sol. Elle parvient à se remettre sur ses deux pieds. Je l'aide ensuite à ramasser ses affaires que je commence à plier soigneusement. Elle décide de finir toute seule. Je hausse les épaules et reprends mes livres. Elle me demande ce que je lis. Je réponds, avec un sourire : - Rien de spécial. La Bible, Paradise Lost de Milton et des poèmes de William Blake. Un peu de Victor Hugo aussi. Rien de bien intéressant. Ce sont des vieux livres que personne ne lit plus. Ce sont mes auteurs préférés. Les seuls bouquins que je peux lire. Je la regarde ranger. Elle a beaucoup d'affaires. Que des vêtements. C'est bien une fille ça. - Tu crois que tu vas pouvoir tout emmener ? Je sors ma valise et j'y dépose mes livres au-dessus du pile de vêtements. Je referme ma valise. Je m'assois parterre, non de Jaileen. Je lui souris de nouveau. Je lui demande : - Ça va ? Pas trop stressé pour demain ? Elle est nominée aussi cette semaine. On saura demain qui sera en demi-finale.

Se retrouver les quatre fers en l’air devant des milliers de téléspectateur n’était pas vraiment voulu pour la grande blonde de l‘aventure, mais elle n’avait pas trop le choix. Glisser de sa valise n’était pas voulu non plus. Elle voulait juste la fermer et que toutes ses affaires soient prête si jamais elle venait à quitter l’aventure. Par chance c’était Enoch qui faisait son apparition dans la pièce. Elle savait qu’il n’allait pas se moquer d’elle. Elle commençait à le connaître. Un petit peu. Beaucoup peut-être. Enoch l’aidait à ramasser ses affaires. Elle semblait gênée par certains vêtements qui se trouvaient un petit peu partout dans la pièce, et qui lui appartenait bien entendu. Du coup elle les ramassait pour venir les cacher derrière elle. Histoire qu’il ne voit pas. La demoiselle était plutôt intriguée par les livres qu’il tenait à la main. Bien évidemment c’était aussi pour changer de sujet de discussion, mais aussi parce qu’elle aimait bien la lecture. Elle lisait beaucoup avant. Lorsqu’elle était petite. - Rien de spécial. La Bible, Paradise Lost de Milton et des poèmes de William Blake. Un peu de Victor Hugo aussi. Intéressant. Posant ce qu’elle tenait à la main sur sa valise pour venir s’y asseoir dessus, elle tendait l’une de ses mains pour attraper un des livres de son interlocuteur. « Mon préféré, c’est Notre-Dame De Paris. » venait-elle avouer tout en levant les yeux vers son camarade tout en lui souriant. Pourtant, il semblait un petit peu absorbé par les vêtements de la demoiselle. Tu crois que tu vas pouvoir tout emmener ? Elle regardait tout autour d’elle avant de hocher la tête d’un signe affirmatif. « Tout est rentré une première fois alors pourquoi pas une deuxième ? » demandait-elle un air innocent sur les lèvres. Elle haussait les épaules avant qu’il ne pose la question cruciale. - Ça va ? Pas trop stressé pour demain ? Elle ne pouvait pas lui mentir. Pas à lui. Baissant les yeux, elle prenait la parole : « Beaucoup. Plus le temps passe et moins j’ai envie de partir d’ici. » Levant la tête vers lui, voilà qu’elle lui demandait à son tour : « Et toi ? Pas trop stressé à l’idée de peut-être quitter Avalon ? » C’était cruel comme question, mais il fallait bien qu’elle sache pour pouvoir le réconforter ou un truc dans le genre. Elle ne voulait pas qu’il soit triste et elle ne pouvait se montrer égoïste non plus en ne parlant que d’elle. C’était uen situation délicate.