Il fait beau. Un peu comme tous les jours en fait. As t’on déjà eu de la pluie ? Je ne sais plus. Probablement. Cela ne m’a pas marqué en tout cas. Peut être dans la nuit. En tout cas, la majeure partie du temps, on a le droit à un soleil de plomb sur nos têtes, et des températures chaudes. Ce qui n’est pas plus mal quand je dois me trimballer en petit robe courte et décolletée… Il ne vaut mieux pas qu’il fasse 10° ou je me caillerais les miches. D’un autre côté, pas trop chaud non plus, parce que ce n’est pas terrible. Déjà qu’au soleil, je ne peux pas me mettre en maillot, faire la morte sur le sable à bronzer… Non. La seule façon pour moi de me baigner, c’est tout habillée. Super non ? Bref, comme ça fait déjà quelques jours que je porte cette tenue, je me suis plutôt familiarisée avec. Déjà j’arrive beaucoup mieux à marcher avec ces chaussures à talons compensés, avec je ne sais combien de centimètres de haut. Et je suis moins gênée. Même si je le suis toujours quand même un peu. Bref, comme il fait beau, je décide d’en profiter pour aller faire un petit tour au jardin botanique. C’est très joli la bas, toutes ces fleurs…Et comme j’adore la nature, je me sens dans mon élément. J’aperçois Enoch, assis à une table. Il me dévisage assez longuement. Oui ça va. - Sun-Hi, tu as beaucoup d'allure habillée comme ... ça ? Beaucoup d’allure… Mouais, c’est pas comme ça que je qualifierais la chose. D’ailleurs je lui lance un regard noir. Tention toi. - Je ne me moque pas de toi. Pas du tout. Ce costume te va vraiment bien. Oh bah oui. C’est un mec de toute façon, je suis sure qu’il apprécie. « Ah ouais ? Faut croire que je suis née pour être une secretaire sexy… » Pour ne pas dire cochonne. Parce que bon il y a d’autres façons d’être sexy quand même. « Et donc, tu me préfères comme ça, c’est ça ? » Fais gaffe à ce que tu vas répondre mon petit. « Non je te remercie, ça ira. » A propos du thé. Il fait déjà chaud, je serais plus pour boire un truc frais, mais à l’évidence il n’a pas ça en stock. Je m’installe sur la chaise à ses côtés. « T’en as déjà croisé beaucoup des secretaires habillées ainsi toi ? » Parce que moi, clairement pas. Ils ne sont pas obligé de tirer leurs fantasmes de porno. Je remarque alors ses dessins sur la table. « Oh tu dessines ? Quoi donc ? »

- Franchement, je te préfère au naturel. Tu n'as pas besoin de ce costume. Tu es très bien comme tu es. Bonne réponse. C’est bien, il peut rester en vie. Il l’a échappé belle. « Je trouve aussi » Que je suis mieux au naturel. Là cette tenue c’est juste destiné à faire baver les mecs devant leur écran de télévision. Surtout les adolescents. Tsss. Je m’installe à ses côtés, lui demandant s’il a déjà vu des secretaires habillées de cette manière. Je me doute bien que non. Ou alors il y aurait de quoi s’interroger sur les activités de monsieur. - Les hommes passeraient plus de temps au bureau que chez eux. Ah bah ça c’est certain. « Sans pour autant être plus productifs, bien au contraire » Trop de distractions. Les pauvres chéries, déjà qu’ils ont du mal à faire deux choses à la fois. Alors s’il y a une femme outrageusement sexy et aguicheuse qui leur passe sous le nez à longueur de journée, ils ne seront pas capables de faire quoi que ce soit. Curieuse, je l’interroge alors sur ses dessins. Il tourne les pages précédentes pour me montrer ses croquis. Je suis menuisier. Ce sont des meubles que j'ai crée moi-même. Je me sers beaucoup de ces croquis pour les réaliser. Ah d’accord. « Oh je vois, tu es un manuel. » Un qui travaille de ses mains. « Mais tu fais genre des pieces uniques, ou c’est commercialisé après dans des grands magasins, tout ça ? » Monsieur Ikéa ? « Au fait, félicitations pour ton sauvetage. Je suis contente que tu sois resté. » Je suis heureuse d’avoir plus de temps pour apprendre à le connaitre. De ce que j’en ai vu jusqu’à présent, il m’a l’air d’un jeune homme tout à fait charmant.

Bon, maintenant que les remarques ont été faites sur ma tenue tout ça, on peut enfin passer à autre chose. Je préfère. On ne va pas épiloguer là-dessus deux cent ans. Si on pouvait faire comme si de rien n’était d’ailleurs ça m’arrangerait maintenant. Il peut faire abstraction de la tenue non ? Il n’est pas du genre à me mater en mode gros lourd, donc ça va. Un qui sait se tenir. Je le questionne sur son métier. Un menuisier, qui fabrique des meubles. C’est original. Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre des personnes dessinant et construisant ses propres meubles. A des fins commerciales je me doute, mais sur grande échelle ? Ou justement ce sont des pièces uniques, qui permettent ainsi d’avoir pour les acheteurs quelque chose d’original. Et que vous ne trouverez dans le salon de personne d’autre. - Oui, que des pièces uniques. Je ne suis pas pour la diffusion de mes produits. J'ai peur qu'ils ne m'appartiennent plus après. J'aime savoir qu'un meuble a été crée spécialement pour une personne. Je comprends. Même si je suppose que ça lui rapporterait plus à grand échelle ? Quoi que peut être comme ce sont des modèles uniques, il doit les vendre plus cher qu’un meuble classique. Je ne sais pas du tout, j’y connais rien. Mes meubles, je me contente de les acheter comme beaucoup de gens à Ikéa, ce genre d’endroit. Ikea, la hantise de tout mec il me semble. « Et ça marche bien ? » Que je lui demande curieuse. Après que je l’ai félicité pour son sauvetage, il me demande à mon tour mon métier. Un sujet un peu délicat, mais je décide de faire dans le simple, et de ne pas parler des choses qu’il fache. Je l’ai déjà assez raconté comme ça ici. « Professeur des écoles. Remplaçante bien sur, pour des petits en école primaire surtout. » Inutile de préciser que je suis actuellement au chômage pour m’être fait gentilment remerciée. « J’adore le contact avec les gosses. Ce qui est assez étrange dans le fond, quand on sait qu’ils n’ont jamais été très tendre avec moi durant mon enfance. » Hm pourquoi je lui dis ça moi ? Non mais c’est vrai que mon enfance n’a pas été des plus simples. Les enfants peuvent être bien cruels. Et pourtant voilà que je bosse avec eux…En même temps heureusement ce ne sont pas tous des petits merdeux. Et puis ils ne risquent plus de me blesser de toute façon. « Tu as des enfants ? »

- Tout dépend du nombre de commandes que je reçois. On peut dire que oui. Parfois, je restaure de vieux meubles pour me faire encore plus d'argent. Je fais un petit mouvement de tête. « D’accord. De toute façon, ce qui est le plus important, c’est de faire un métier qu’on aime. » L’argent devrait venir en second. Bon évidemment, on n’est pas au monde des bisounours, l’argent c’est important aussi. Il faut en gagner assez pour se payer le loyer, la nourriture, des vêtements…Parce que bon, si on fait un job qu’on adore, mais qui ne rapporte que dalle, à un moment donné, va peut être falloir changer…A moins de vouloir se retrouver à la rue. Après certains, font des métiers qu’ils n’aiment pas, mais qui paient super bien. Chacun ses priorités je suppose. Je lui demande alors s’il a des enfants. Une question à priori simple. Mais il reste silencieux un moment. Aurais-je mis le doigt sur quelque chose de délicat ? Finalement il reprend la parole. - C'est compliqué ... Je ... Oui, j’ai du toucher un point sensible.  - Oui, j'ai une fille. Mais sa mère refuse que je la vois. Ah. C’est triste. Comment peut-on vouloir refuser qu’il la voie ? A moins que ça ne soit un mauvais père, qu’elle ait de réelles raisons, mais je ne sais pas…En le voyant comme ça à priori, je dirais que c’est un très bon père. Il est gentil, réservé, attentionné… Mais bon, après les apparences peuvent être parfois trompeuses. « Je suis désolée… » Je trouve ça horrible d’être privé de voir son enfant. « Mais tu ne peux pas engager des avocats ? Obtenir un droit de visite ? » Il doit bien y avoir une solution non ? « Excuse moi, ça ne me regarde pas… » Il n’a probablement pas envie d’en parler et moi je l’embête avec ça. Il me retourne alors la question, me demandant si j’ai des enfants. « Hélas non, mais j’adorerais en avoir ! » Une chose est sure, je ne risque pas de tomber enceinte par accident. Les enfants, c’est forcément plus compliqué d’en avoir dans mon cas, quand on sort avec des filles… Même si cela reste accessible. Puis y a ma maladie… Mais bon de toute façon je suis célibataire, alors. « Mais bon je suis jeune, j’ai encore tout le temps devant moi. » Après tout je n’ai que 25 ans. Même si j’ai plein de mes copines qui sont en couple, avec déjà des gosses. Je suis jalouse.

- Je ne suis pas encore prêt à affronter cette femme. Cette femme ? C’est bizarre de la qualifier comme ça. Puis je ne sais pas, moi si on m’ôtait mon enfant, je ferais tout pour le retrouver. Mais bon, je ne peux pas juger, je ne connais absolument pas son histoire. Il doit avoir ses raisons. Comme le fait qu’il déclare ne même pas être sur de vouloir voir sa fille… Du coup j’en viens à me demander si elle connait son existence. Parce que bon si c’est le cas, et qu’elle entend ces paroles, je doute que ça fasse plaisir. Je sens que c’est un sujet délicat, et qu’il n’a pas envie d’en parler. Même si ma curiosité est piquée à vif je ne lui demanderais pas plus de détails. Hormis une chose. « Elle a quel âge ? » Ça il peut me le dire, ce n’est pas trop indiscret. On embraye alors sur moi. Mon envie d’avoir des enfants.  - Tu as l'air d'être douée avec les enfants. Tu feras une bonne mère, j'en suis sûr. J’ai l’air d’être douée avec les enfants ? Il le voit à quoi, ma tête ? Parce que bon il ne m’a jamais vu avec… Mais c’est vrai que je lui ai dis que c’était prof en école primaire, donc forcément…Il vaut mieux que le courant passe et que je ne déteste pas les gosses. « Je ne sais pas…Avec l’avenir qu’on me réserve, ça me fait un peu peur… » Si les médecins ont raisons, il y a de grandes chances pour que dans quelques années, je devienne complètement sourde. Alors élever un enfant, un bébé, dont on ne peut pas entendre les pleurs par exemple… - Tu n'as personne dans ta vie pour le moment ? Je tourne la tête de gauche à droite en signe de négation. « Non, je sors d’une rupture assez douloureuse. Je n’ai jamais été très chanceuse en amour. » Mais bon, j’ai encore tout le temps de rencontrer « the only one ». « Mais bon je ne suis pas encore désespérée. » dis je en souriant. Je ne vais pas sauter sur la première personne venue. Ni désabusée. Du genre à penser que je vais rester vieille fille. La chance tournera bien. « Je suppose que toi non plus tu n'as personne ? »