Y'avait rien de plus agréable qu'une douche brûlante après une épopée sous la pluie. Pas que je sois volontairement allé me foutre sous l'averse cela dit, il faisait encore à peu près beau lorsque j'avais pris la direction de la forêt pour aller courir ... Enfin, beau, disons qu'il ne pleuvait pas et qu'on apercevait quelques traces de bleu parmi les nombreux nuages. J'avais donc pas prévu que le temps tourne aussi vite, mais avant même d'avoir pu m'en rendre compte j'étais au milieu de la forêt, les arbres n'empêchant même pas la pluie de passer, et donc trempé jusqu'aux os. Sans parler de la boue dans laquelle j'avais du courir pour rentrer, retirant mes baskets et retroussant le haut de mon jogging avant même de passer le hall j'avais directement pris la direction de la salle de bain. Mais j'étais pas de mauvaise humeur pour autant, malgré ce qu'on pourrait penser, parce que courir m'avait fait du bien et que j'étais par définition plus à l'aise en forêt, même sous la flotte, que vautré sur un canapé à attendre que la journée passe. Mais j'étais quand même bien content d'être au sec, maintenant, enfin façon de parler puisque là j'étais sous la douche, mais bon ... Bref, j'avais fini par couper l'eau, bien que j'aurais sans doute pu rester dessous un moment, et j'avais attrapé ma serviette pour me sécher rapidement avant de l'attacher autour de ma taille et de sortir de la douche, laissant des empruntes de pas humides sur le sol tandis que j'attrapais boxer et jean pour les enfiler. Revenant près des lavabos en sifflotant le My way de Sinatra et les autres, que j'avais pour je ne sais quelle raison dans la tête depuis mon réveil, j'avais jeté un coup d’œil machinal à mon reflet dans le miroir, tandis que je passais la serviette sur mes cheveux pour les sécher un peu. Les années passant je réalisais à quel point c'était vrai, je ressemblais de plus en plus à mon père, aux photos de lui à l'âge que j'avais aujourd'hui du moins ; Les tatouages en plus, j'en avais accumulé bien plus que lui. Remettant ma chevalière à mon doigt, j'avais remarqué Camille arriver par son reflet dans le miroir et je lui avais souri « Hey, ça va ? » puis finalement je m'étais retourné vers lui, passant ma serviette autour de mon cou en attendant d'aller la mettre à sécher « Je t'ai pas croisé de la journée, j'ai bien cru que je t'avais perdu, avec toutes ces pièces. » avais-je finalement ajouté sur le ton de la taquinerie. Cela dit il était facile de ne pas croiser quelqu'un dans un espace aussi grand, j'exagérais pas totalement. Je savais aussi que Camille n'avait pas dormi avec moi cette nuit, j'aurais pu simplement supposer dormir à point fermés quand il était venu se coucher hier soir, et qu'il s'était levé avant moi, mais non. Je savais quand je dormais seul et quand ce n'était pas le cas, et cette nuit j'avais dormi seul. Pas que je lui reproche cela dit, il avait bien du dormir quelque part, et j'étais pas sa mère moi.

J'avais passé la nuit avec Tonya, principalement pour la soulager du poids qu'elle devait avoir avec son partenaire. Non pas que je n'appréciais pas Pavel, seulement que probablement autant pour lui que pour elle, un éloignement ne pouvait pas leur faire de mal. Enfin, c'est ce qu'il me semblait. Et puis j'avais appris à drôlement apprécier la jeune femme, alors je suppose que j'en avais également eu envie, de passer un peu de temps seul avec elle. Mais bon, la nuit avait défilé, et voilà que le jour s'était levé. En soit, ma journée avait été plutôt tranquille, mais je crois que toutes les journées au sein du nid l'étaient plus ou moins, puisque je ne m'étais jamais réellement fritté avec l'un des candidats. Je savais même pas si ce mot pouvait sortir de ma bouche à vrai dire. Et puis de toute façon, c'était n'importe quoi ce mot. Fritté. C'est pas comme si on mangeait des patates quoi. Enfin bref, perdu dans un débat intérieur des plus profonds, j'en avais oublié jusqu'à l'endroit même où mes pieds étaient entrain de me guider, mais heureusement, le coin de la porte était là pour me le rappeler alors que je shootais joyeusement dedans. Et c'était ainsi que l'on me voyait sauter sur un pied en me tenant l'autre, tout en tentant de contenir le moindre cri qui pourrait sortir de mes lèvres, visage totalement crispé. Bref la joie. Heureusement, personne ne m'avait vu, ce qui n'était pas plus, j'avais ainsi pu me remettre de mes émotions, hm. Après ce grand moment de souffrance -et ces paroles ne sont absolument pas exagérées, non, non- j'avais décidé qu'il était temps de faire un petit tour dans la salle de bain. Du coup, j'avais passé le pallier de la porte, en évitant cependant les coins, et avais aperçu le visage de mon partenaire, alors qu'un immense sourire venait fendre mon visage. « Hey, ça va ? » dit-il en se retournant encore à moitié nu. Du coup, mon regard dévala naturellement le corps du jeune homme sans réellement m'en rendre compte, revenant bien rapidement à la réalité alors que mes yeux venaient ricocher contre un mur, quelque peu honteux. « Je t'ai pas croisé de la journée, j'ai bien cru que je t'avais perdu, avec toutes ces pièces. » « Non à vrai dire, j'ai failli m'empaler contre une porte tout à l'heure, c'était affreux, un peu plus et il y avait du sang partout et des cadavres, oui, des vrais cadavres... C'est toujours comme ça que les gars comme moi finissent de toute façon, dans les films, c'est écrit. » punaise, mais ça va vraiment pas bien. Et puis pourquoi je rougis moi ? Du coup je m'avance pour me poser devant le miroir, attrapant instinctivement la mousse à rasée. Et je fais quoi avec ça moi ? Hochant la tête comme pour m'approuver moi même, j'avais fini par en verser un peu dans ma main. « Eh Akela ? » que je lui disais avant de me retourner vers lui, et pan ! Voilà qu'une moitié de son visage venait de se manger une insolation crémeuse. Du coup, moi, je me mets à rire, parce qu'en vrai, j'ai encore des réflexes de gosse, et qu'il a l'air sacrément malin, là tout de suite. Pour une fois que c'est moi qui ai l'air d'être le plus intelligent des deux.

Il avait toujours l'air d'un gosse un peu perdu, le Camille, un peu à la manière des gamins qui suivaient Peter Pan comme leur ombre. C'était sans doute ce qui le rendait si apprécié ici d'ailleurs, il respirait la gentillesse et la bonne volonté ; J'espérais juste que certains n'en profiteraient pas pour se servir de lui. Pas que je prévoie de rester sans rien dire si cela devait se produire, ceci dit. Pour l'heure en tout cas il avait l'air d'être dans la salle de bain sans vraiment ce qu'il venait y faire ; Peut-être cherchait-il quelqu'un, peut-être cherchait-il seulement de quoi s'occuper. Quoi qu'il en soit il resta un court instant sans me répondre avant de finalement me résumer sa journée par un « Non à vrai dire, j'ai failli m'empaler contre une porte tout à l'heure, c'était affreux, un peu plus et il y avait du sang partout et des cadavres, oui, des vrais cadavres ... C'est toujours comme ça que les gars comme moi finissent de toute façon, dans les films, c'est écrit. » C'était du Camille tout craché, et avant de pouvoir me retenir j'avais éclaté de rire. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'on ne risquait pas de lui reprocher un jour de se prendre trop au sérieux, c'était même plutôt le contraire. Réajustant la chevalière à mon doigt j'avais secoué la tête avant de relever définitivement la tête vers lui et de répondre « Nope, c'est la grande blonde avec le QI d'huître qui finis comme ça. Et le meilleur copain bridé n'a pas une espérance de vie beaucoup plus longue, généralement. » Non mais quoi c'est vrai, à force même plus besoin de regarder le film, un coup d’œil au casting sur IMDB et c'était fini on en parlait plus, et on économisait une place de cinéma en plus de ça. Ah et c'est pas parce que j'en étais que j'avais pas le droit de faire de réflexions sur les asiatiques, surtout que venant de ma part on se doutait bien que ça pouvait pas avoir quoi que ce soit de raciste, forcément. Bref, voilà en tout cas Camille qui s'empare de la bombe de mousse à raser ... pour faire quoi je ne savais pas trop, il n'avait quand même que trois poils sur le menton, faut dire ce qui est. « Eh Akela ? » qu'il fini par me demander de son air innocent, avant de se retourner et de me barbouiller la figure avec sa mousse avant que j'ai eu le temps de répondre quoi que ce soit. J'en avais même dans la bouche, et pour celui ou celle qui se posait la question non, c'était définitivement pas appétissant. En essuyant une partie d'un revers de la main, j'avais regardé Camille en fronçant exagérément les sourcils « Okay, d'accord. » et lui subtilisant la bombe des mains avant qu'il n'ait le temps de réagir j'avais passé un bras autour de ses épaules pour l'empêcher de se dérober et j'avais balancé une bonne quantité de mousse dans le col de son tee-shirt. En prenant ensuite bien soin de passer une main sur son tee-shirt pour étaler le tout, évidemment. « C'est mieux là, non ? Après tout on est partenaires, faut qu'on reste à égalité. » Un grand sourire s'affichant sur mon visage, tandis que je posais ... Non, tout compte fait j'allais la garder à la main, la mousse, sait-on jamais.

J'étais probablement l'une des personnes les plus maladroites du monde, oui, tout à fait, et ce autant dans mes paroles que dans mes gestes. Heureusement je n'avais pas encore mis le feu au nid ou casser une statuette de Cupidon, ce qui, ici, devait certainement relever de l'acte ultime à ne pas commettre. Du coup, j'évitais de toucher à tout ce qui pouvait représenter l'angelot, presque certain d'être maudit à jamais si je venais à commettre l'irréparable. Ainsi, je m'étais dirigé vers la salle de bain, ne tardant pas à trouver mon partenaire à moitié nu. Autant vous dire que cela ne me dérangeait pas réellement, bien au contraire, et puis de toute façon je commençais à être peu à peu habitué à cela, puisque nous dormions ensemble, et bien que pour ma part je mettais tout le temps un tee shirt, le jeune homme n'était pas forcément du même genre que moi. De toute façon je devais probablement être l'un des seuls garçons du nid à dormir pleinement habillé. « Nope, c'est la grande blonde avec le QI d'huître qui finis comme ça. Et le meilleur copain bridé n'a pas une espérance de vie beaucoup plus longue, généralement. » je balance légèrement la tête de droite à gauche, comme pour approuver « Oui, t'as pas forcément tord. » finalement, un sourire s'était esquissé sur mes lèvres. Il était donc entrain de dire que si jamais il venait à tourner dans un film, son sort serait donc presque tracé ? Du coup, je me demandais si c'était la même chose pour Mai-Lan et Jenni. Certainement. Mais bon, c'était dommage de tuer Akela, j'étais presque sûr qu'il serait l'élément qui attirerait le public dans les salles. C'était un peu comme tuer le personnage le plus beau au début d'une série -pour ne pas en citer, histoire de ne pas spoiler les autres personnes dans ma tête actuellement, huhu- c'était juste n'importe quoi. Enfin, ils avaient toujours bien vite fait de le remplacer, mais ce n'était jamais totalement pareil en y repensant. Parce qu'ils étaient toujours un peu moins beaux, les remplaçants. Enfin bref, du coup, bien décidé à saboter le physique du jeune homme, j'en étais venu à lui barbouiller la tête de crème à rasé. Satisfait de mon travail, un rire s'était finalement échappé de mes lèvres alors que celui ci passait une main sur une partie de son visage. « Okay, d'accord. » pour autant, sans que je n'ai de quoi réagir, il venait de me voler ma bombe et de m'en asperger le tee shirt, n'hésitant même pas à étaler la mousse sur celui ci. « C'est mieux là, non ? Après tout on est partenaires, faut qu'on reste à égalité. » faussement indigné, j'en étais venu alors à le retirer, le mettant en boule dans ma main de façon à ce que la partie contaminée soit en direction de mon partenaire, et avais frotté celle ci sur le torse du jeune homme. C'était définitif, il devrait certainement repasser à la douche. « Tiens, maintenant tu sais ce que ça fait d'être blanc de peau. » avais-je affirmé en un nouveau rire. « Il ne manque plus que les coups de soleil ! » mais bon, ça risquait d'être difficile à faire hm... Et puis, j'avais pas vraiment envie d'aller jouer avec le fer à repasser, qu'on se le dise. Oh et puis d'un coup, voilà que la musique venait à raisonner dans la salle de bain. Déposant mon regard dans celui du jeune homme, j'avais senti mon visage rougir petit à petit. « Dis... tu crois que c'est une bonne idée ? » avais-je commencé avant d'ajouter « Si tu m'embrasses, je risque peut-être de... d'aimer ça. Et t'es marié, alors bon... » autant être franc, il était mon partenaire.

Franchement je savais ce que je disais quand j'étais certain de ne jamais, ô grand jamais vouloir me retrouver au milieu d'un film d'horreur. Avec la tête que j'avais j'étais quasiment certain d'y passer, et qu'on se le dise j'avais l'espoir de mourir chez moi, très vieux, et au crépuscule d'une vie excessivement remplie. Pas dans un futur proche, donc, et pas en me faisant découper en morceaux par un psychopathe, bweh. « Oui, t'as pas forcément tort. » Bien sûr que non. J'évitais cependant d'y aller de mon petit J'ai rarement tort parce que même s'il était presque toujours dit sur le ton de la plaisanterie, j'avais compris avec le temps que certains avaient tendance à prendre cela au premier degré. Et j'avais pas vraiment envie qu'on m'accuse d'avoir un melon à la place de la tête, quoi. La conversation avait de toute manière pris un tout autre tournant lorsque je m'étais retrouvé barbouillé de mousse à raser, avant que Camille ne suive lui aussi, et que j'en prenne à nouveau pour mon grade lorsqu'il avait décidé de se servir de son tee-shirt comme d'une arme ... Ouais, de toute évidence une seconde douche s'imposait, du coup. « Tiens, maintenant tu sais ce que ça fait d'être blanc de peau. » que m'avais lancé Camille en riant, avant que mon rire ne se mêle au sien tandis qu'il ajoutait « Il ne manque plus que les coups de soleil ! » Toujours armé de ma bombe de mousse à raser j'en avais étalé sur son nez avec la paume de ma main, amusé par l'air que cela lui donnait. On aurait dit une ébauche de bonhomme de neige ; Pas que je sois en meilleure posture. « On brûle pas à Hawaii, le soleil nous aime bien trop pour ça ... Il attaque seulement les têtes de touristes comme la tienne. » avais-je finalement répondu d'un air railleur, avant d'enfin me décider à reposer cette mousse à raser près du lavabo, à sa place initiale. C'était dit gentiment, bien entendu, d'ailleurs si ma réflexion avait été péjorative ce n'était certainement pas le terme de touriste que j'aurais employé. Scrutant du même coup mon reflet dans le miroir j'avais constaté le travail de Camille, j'avais de la mousse étalée partout, on aurait presque pu croire que je m'étais roulé dedans ... Bah, moi qui était sortit presque à contre cœur de sous l'eau bouillante, je venais d'y gagner un retard direct et sans repasser par la case départ ni toucher vingt-milles briques. « Bon, je crois qu'un nouveau passage sous la douche s'imp ... » J'avais été coupé au beau milieu de ma phrase par les premières notes de cette petite musique qui décidément avait toujours le chic pour arriver au bon moment, hm. Lentement je m'étais de nouveau retourné pour faire face à Camille, histoire de tâter le terrain, parce que je savais pas trop à quoi m'attendre, surtout après la réaction déjà plus que fraîche d'Amery la dernière fois. « Dis ... tu crois que c'est une bonne idée ? » Voilà ce qu'il m'avait demandé, avant de préciser sa pensée des fois que je n'aurais pas déjà saisi ... D'ailleurs, j'avais pas vraiment saisi tout de suite, c'est vrai. « Si tu m'embrasses, je risque peut-être de ... d'aimer ça. Et t'es marié, alors bon ... » C'était pas vraiment ce genre de justification que je m'attendais à entendre, pas de la part d'un gars qui la semaine précédente rechignait déjà à retirer son tee-shirt devant quelqu'un d'autre que son reflet dans la glace. Quoi que je pouvais pas nier que y'avait eu une nette amélioration de ce côté là, comme en témoignait son tee-shirt qu'il tenait à la main. Bref, pour en revenir au sujet « Du moment que tu ne perds pas de vue ce dernier détail. » Enfin, façon de parler bien sûr, parce que je considérais pas que mon mariage soit un simple détail. « Et pour ce qui est d'apprécier, personne n'a jamais dit que c'était interdit. On est partenaires ou on est pas partenaires ? » Surtout que bon, le but d'un baiser à la base c'était quand même d'être agréable, sinon y'avait aucun intérêt. Et puis de toute façon, on allait pas débattre sur le sujet pendant cent sept ans, si ? Me plantant face à lui, prenant véritablement la mesure de la dizaine de centimètres que j'avais de plus que lui, j'avais attendu qu'il relève les yeux vers moi avant de déposer mes lèvres sur les siennes. Doucement, pour pas le brusquer, et histoire qu'il puisse m'arrêter si finalement il changeait d'avis.